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Pour en finir avec l’antisémitisme

et marcher ensembles vers “ce «non-encore» qui est la vraie patrie de l’humanité”

L’antisémitisme de gauche
Le racisme est l’anticapitalisme des imbéciles. Il part de plusieurs confusion. La plus courante est la volonté de rendre concret des mécanismes invisibles. L’extrême droite, depuis les nobles en fuite jusqu’au complotisme, a toujours cherché en vain à incarner les mécanismes sociaux dans tel ou tel groupe supposé malveillant de la bourgeoisie. De la franc maçonnerie au CFR. Sans forcément nier les problèmes que posent des réunions secrètes du pouvoir, cette critique focalisée sur des « instances mystérieuses » détourne du capitalisme, qui est lui pourtant bien expliqué depuis Marx. Jusqu’à ce qu’elle retrouve le mécanisme ancestral d’utiliser les juifs comme bouc commissaire. La gauche n’a jamais été immune, ni au racisme, ni au détournement de colère anticapitaliste, ni à l’antisémitisme. Mais elle ne l’a pas pour but. Elle oscille toujours entre l’humanisme bourgeois qui pense que l’état doit assurer le bien être de tous, aux socialismes qui pensent que les travailleurs doivent prendre eux mêmes leur destin en mai, que l’égalité de fait ne sera que quand celui qui fait décide. Son hypocrisie plus ou moins marquée selon les époques envers le sort des minorités, des étrangers ou des autres luttes, est toujours un manquement, une faute, la preuve d’un détournement de ses objectifs.

Le deuxième mécanisme est celui qui a touché des figures plus connues de l’antisémitisme. Garaudy et Dieudonné. C’est la confusion entre le réel et sa représentation. L’hyper focalisation sur les représentations du réel, le discours médiatique. Les deux se sont confrontés au discours sioniste sur la Shoah, et les deux ont cherché à saper ce discours et ont fini à l’extrême droite. Or le problème n’est pas le discours, même s’il a des impacts, c’est la réalité vécue qui produit ces discours, les rapports de force qui déterminent la vision du monde. L’application de la logique pure aux discours ne produit que de la logique vide, l’idéalisme. Ce sont les contradictions du réel qui permettent la critique du discours. La Shoah ne justifie pas le colonialisme. Le combat contre le capitalisme, la lutte pour la libération de la Palestine, ne justifient pas l’antisémitisme. L’importance de la lutte contre l’antisémitisme après la Shoah, le rôle majeur de l’état sioniste dans le bloc impérialiste occidental et ses discours, n’impliquent pas que les juifs contrôlent le monde. L’importance du débat publique sur le réel n’implique pas qu’il représente correctement le réel. L’importance du focus de l’extrême droite sur la critique des médias tient justement sur ce point. Parce qu’il permet de ne pas parler du réel. Les médias peuvent mentir, la gauche peut être hypocrite, donc la critique de leur discours ne permet PAS d’aborder le réel.

Invoquons Renée Girard, sa présentation de la violence mimétique dans la formation du bouc émissaire. Si l’on applique le système girardien au génocide, il se produit comme cela : focalisions des tensions sur un groupe, qui prend de plus en plus toutes les accusations, mise à mort, et une mystification de la mise à mort, qui tend à la fois à déifier la victime et à en effacer le meurtre et l’innocence. Les assassins ont cette particularité de pouvoir construire le tombeaux ET effacer le meurtre. Ainsi la négation du génocide fait partie de l’ensemble plutôt que de s’y opposer. Le sujet devient tabou. A l’opposé, dans la défense de l’innocence de la victime, dans la mémoire des faits, dans la compréhension du processus se trouve une possibilité de compréhension du mal et d’universalisation de la défense des opprimés. En remarquant qu’ils sont bien souvent juifs, noirs, femmes. Que le même processus d’accusation revient en cas de crise sociale, que le même processus revient aujourd’hui sur les musulmans, en continuant sur les juifs, les noirs, les femmes.

Bien sûr il faut se méfier d’un philosémitisme hypocrite, celui des bourreaux qui continuent de fleurir la tombe de leurs victimes, mais la condamnation ferme de l’antisémitisme, en entrant dans le système juridique, doit permettre la mise en lumière du processus global et de sa logique, et est universalisable. Les peuples du monde, qui subissent eux aussi d’autres processus violents, ont bien saisit la nécessité de s’opposer radicalement à l’antisémitisme. Le mouvement noir par exemple a pris très tôt le bon parti. En revanche la gauche, réticente à la compréhension du religieux peut parfois confondre le tabou et la mise à mal du processus.

L’idéologie étant un miroir du réel, c’est sur celui ci qu’il faut appuyer pour changer l’image. Combattre le racisme et ses processus d’institutionnalisation. En cherchant à changer l’image, on produit soit du négationnisme, soit de l’antiracisme moral, qui essaye de crayonner le miroir. L’hypermédiatisation philosémites des juifs de droite, intégrés, soutient de l’impérialisme et caution antiraciste pour attaquer les pauvres, est pour nous antisémite. Comme les US mettent systématiquement des noirs en avant pour faire passer leurs pires actions au conseil de sécurité de l’ONU, les instances des juifs de droite sont systématiquement mises en avant pour faire passer l’islamophobie. Comme si l’on souhaitait un conflit communautaire.

Le secours vient des juifs de gauche, Tsedek, l’UJFP, Garbiel Hagai, qui se positionnent en resistance, aux côtés des luttes des autres peuples. Ils refusent que l’accusation d’antisémitisme soit dévoyée pour défendre un génocide. Continuant ainsi une longue tradition de juifs de gauche. On se souvient du procès Goldman, de l’un deux vivant au coeur des contradictions de son époque, vivant parmi les autres, assassiné par un groupe d’extrême droite issu de la police. Repensons à la culture des juifs de l’Est, bundistes, anarchistes, bolchéviques. Groupe opprimé dont la parole servait les intérêts de tous. Franco Berardi, dans La Fine di Israel, va jusqu’à écrire : «  La culture juive est le fondement de l’universalisme rationaliste, du droit et de l’internationalisme ouvrier lui-même. Les seuls Européens dans toute l’Europe, dans les années vingt et trente, étaient les Juifs. » Plus loin il cite Amos Oz : « Mon père disait toujours : trois nationalités vivent en Tchécoslovaquie, les Tchèques, les Slovaques et les Tchécoslovaques, c’est-à-dire les Juifs. » Voilà ce qui a outragé le fascisme. Ce judéo-bolshévique, ce juif de la Haskala, des lumières, ce juif errant avec sa gueule de métèque. Que penser de ceux qui construisent l’Europe sur le tombeau d’Auschwitz, qui enterrent Manoukian au panthéon ? Naomi Klein et Norman Finkelstein remettent les catégories en place : la raison du tabou sur l’antisémitisme, c’est la Shoah. Et donc en pratique le combat contre les génocides. Alors que le régime et sa frange radicale d’extrême droite utilisent le terme comme un mot magique, vidé de son sens mais dont on continue d’utiliser l’effet condamnatoire du tabou religieux. Encore une fois, il est vertigineux que ceux qui prétendent lutter contre l’obscurantisme utilisent les pires moyens du religieux, l’accusation sacrée, la frontière entre eux et nous, le bien contre le mal, la démonisation de la victime pour … défendre l’absolutisme d’état, reniant ainsi deux siècles d’histoire de France. Nous n’avons pas les mêmes valeurs.

L’autre secours vient du mouvement décolonial, qui a su mettre en avant les impensées et les apories de la gauche, y compris communiste, quand il s’agit des peuples sous la botte coloniale, des quartiers ou du tiers monde. Là encore ce n’est pas un travail militant sur le miroir, c’est le long effort d’émancipation des pays du sud et des quartiers qui rend visible leur existence et leurs conditions. La nécessité d’un antiracisme décoloniale, qui exige progressivement le statut d’égalité de tous les peuples, et donc un antiracisme pratique. Qu’est devenu le droit des peuples à décider d’eux mêmes de 1848 ? Le mouvement du Sud pour sa libération. La prise en compte de la nation arabe par Samir Amin, de la trincontinentale comme axe et boussole de l’internationalisme par Said Bouamama, l’internationalisme de l’Islam d’un Malcolm X. Il est donc possible d’être universaliste musulman et communiste. Vu de la station spatiale internationale, cela doit même sembler logique.

L’antisémitisme musulman

Léon Poliakov dans sa grande revue de l’antisémitisme, ne voit pas dans le monde musulman d’antisémitisme structurel.« De même qu’au haut Moyen Age, le clergé chrétien s’employait en vain à faire haïr les Juifs par le petit peuple d’Europe occidentale, de même le monde islamique montre à diverses époques des tendances favorables, ou du moins tolérantes, à l’égard d’Israël ». Qui plus est dans la période dite « âge d’or de l’Islam » de la révolution abbasside en 750 à la destruction de Baghdad en 1258. Si il existe des problèmes, les juifs participent pleinement de la société et peuvent accéder aux plus hautes fonctions. La dynastie Fatimide semble même judéophile selon L. Poliakov. Peut-être tout simplement parce que l’Islam ne s’est pas construit face aux juifs, Omar restaure leur présence à Jérusalem, les juifs supportent la conquête de l’Espagne face aux wisigoths, qui les persécute depuis leur conversion de l’arianisme au catholicisme. Depuis les conquêtes d’Omar, il y a des juifs en Palestine, et les communautés historiques d’Irak, du Yémen et du Maghreb sont intégrées dans le monde musulman. Nous ne rappelons pas ces faits connus pour faire l’apologie de l’Islam, mais pour rappeler aux islamophobes, comme à ceux des musulmans qui ont pu être touché par d’autres lectures, ce qu’est l’Islam.

Ce n’est qu’à partir de la fin du 19e qu’apparaît dans le monde musulman des attitudes qui ressemblent à l’antisémitisme européen. Il paraît donc difficile de justifier « par les textes » de cette idée, qui semble bien plutôt prendre racine dans le réel. La rivalité des ottomans avec les européens, l’utilisation par le colonialisme des minorités juives et chrétiennes. Qui bien plus que de le sauvegardé a fini par la destruction de communautés religieuses millénaires, témoins de traditions historiques du christianisme et du judaïsme oriental. Voilà comment sont détruites les communautés, prises dans le jeu des empires. Qui s’empressent alors de laisser publier des discours religieux supportant leurs besoins. Le discours idéologique colonial joue le même rôle que ces discours religieux, il est difficile de les opposer sur un critère de rationalité, quand ils ont la même fonction sociale. OrientXXI écrit : « 1870, la France coloniale divise juifs et musulmans ». Le sionisme, entreprise laïque et coloniale, recourant à la propagande, et parfois à la violence contre les juifs, qui vont ammener à séparer les communautés juives arabes historiques et pluri-millénaires d’Irak, du Yémen et du Maghreb, qui existaient jusque là. Les “mizraim” israéliens gardent la mémoire de ces faits et de leur traitement par les sionistes une fois déplacés.


L’antisémitisme musulman a proprement parler ne vient qu’avec la propagande nazie visant à recruter dans le monde arabe, et n’a pas un echo majeur. Tellement moins qu’en Europe. Quand Herzog, tel un Colin Pauwell, brandit un Mein Kampf prétendument retrouvé à Gaza, c’est un livre européen et pas d’un savant musulman qui est mis en avant. C’est surtout l’occupation militaire de la Palestine et le conflit dit “judéo-arabe” qui va nourrir un antisémitisme arabe. A partir de là, on peut avoir des théories du complot, visant à rendre les sionistes responsables des crimes du capitalisme et de l’imperialisme dans le monde arabe. Comme en Europe, le “complot juif” peut en venir à remplacer l’analyse de “la modernité” et de l’impérialisme. Là encore cela reste une prise de parti politique qui ne concerne qu’une partie des gens, et qui joue le même rôle nefaste qu’il joue ailleurs. Dans « Les Arabes et la Shoah », Gilbert Achcar s’emploi à montrer les destins croisées que sont la Shoah et la Nakbah. Qui selon nous auraient du, si les peuples agissaient un peu plus consciemment dans l’histoire, permettre de penser la solidarité contre la guerre et l’imperialisme. Le monde oriental subit des divisions qui amènent à sa destruction et sa vassalisation. Le destin croisé des juifs, des chrétiens et de musulmans arabes, sémite, partageant une histoire commune tumultueuse.


Cette vérité est une lame à deux tranchants. Certes elle dit aux occidentaux, occupper vous de la Shoah et de votre responsabilité dans l’antrisémitisme au lieu de faire de l’inversion accusatoire. Alors qu’en même temps que vous utilisez les juifs comme chair à canon dans le monde arabe, et laissez les sionistes exagerer avec vos armes pour construire votre mur et defendre vos dictatures. Elle dit aussi à ceux musulmans qui ont pu tomber dedans, desintoxiquez vous de l’antisémitisme européen et revenez à l’Islam. Apprennons la politique et l’histoire, devenons anti imperialiste comme l’était l’Islam au lieu de fervents nationalistes imbibés de de géopolitique coupé de son histoire. Instruisons nous sur les dynamiques economiques et politiques qui asservissent le monde arabo-musulman. L’oppsoition structurelle du colonialisme européen vs la chute de l’empire ottoman a produit sa dialectique négative, le génocide arménien. Considérons donc l’opposé de ce génocide. L’internationalisme. L’universalisme de l’Islam. Qui ne eput être qu’ancré dans une ethique de partage, de solidarité entre les peuples. Qui a toujours inclut ses minorités, ce qui est le signe des grandes civilisations.

L’Islam ne doit pas s’abaisser à l’antisémitisme.

Au contraire nous voyons dans la grande période de l’Islam, entre la révolution “abbasside” et le sac de Baghdad, l’accomplissement de l’antiquité, non seulement une excellence de science et de philosophie, mais aussi de tolerance religieuse. Même s’il y eu des choses à redire, parfois sur l’application de cette tolerance, surtout sur l’esclavage des noirs et d’autres, nous nous positionnons en affirmant : contre l’Islam. Qui a montré qu’une civilisation peut être humaine et propsère.

Nous nous positionnons ici en disant que l’Islam demande d’affranchir les nuques (des esclaves) et que le massacre des Banu Qureyzah raconté par Ibn Ishaq est un mensonge. Qu’il s’est d’ailleurs bien gardé de l’attribué au Prophète, mais qu’il l’a attribué à un autre. Et que c’est le même auteur qui a raconté qu’une chèvre aurait mangé le Coran. Que cette histoire n’est pas présente dans d’autres plus anciennes comme l’histoire de Médine, ni dans les recenssements juifs des persecutions de l’époque.

L’Islam a une histoire millénaire riche et foisonnante, nos difficultés d’aujourd’hui n’ont pas à nous faire reculer sur l’universalisme et la portée bienfaisante de notre foi. Nous n’avons besoin ni du nationalisme, ni de l’antisémitisme, ni d’une quelquonque supériorité ethnique. Avançons dans la foi, la paix, l’humilité, nous sommes l’indomptable Islam.

L’antismémitisme chrétien

Les apprentis sorciers qui agitent le tabou de l’antisémitisme évitent bien d’en rappeller l’histoire. « La chrétienté alliée d’Israel » n’est qu’une construction abstraite, un avatar pour les réseaux sociaux qui recouvre mal l’impérialisme et le racisme sous des masques des croisés spartiates. Sur le même modèle que nous avons vu plus haut pour les musulmans, cet avatar moderne n’a rien à voir avec le Christianisme des Evangiles. Nous voyons avec plaisir que le christianisme grandit dans sa défaite et redécouvre ses origines juives, araméennes, syriaque ? Mettons en avant le rôle d’Edesse comme un des lieux majeurs de formation et d’écriture du premier Christianisme. Que les avancées de l’Islamologie servent à tous.

Ce qui est peu dit peut-être c’est l’importance de l’empire romain dans la construction de l’antisémitisme. Encore ces structures impériales et guerrières. Incapable de pacifier la region face aux nombreuses révoltes juives, et d’intégrer ainsi le Dieu juif à leur panthéon, l’empire dont les légions disparaissent au moyen orient, en vient à interdire le prosélytisme juif et le mettre sous controle d’état. Après avoir maté les dernières révoltes judéos-chrétiennes et judéo arabes, nous en appellons à lire S.C. Mimouni et F. Blanchetière pour redécouvrir l’importance de la révolte de Kitos, dans la formation du christianisme oriental, en particulier l’elchaisaisme. Quand juifs, chrétiens et arabes combattirent côte à côte. L’empire romain a force de pérsécutions a dompté le courant chrétien du judaisme, va le hierarchiser et le déjudaiser. La mise au pas de l’église romaine puis la hiérarchisation des églises de l’empire s’accompagne déjà de mesures très contraignantes contre le judaïsme, dont l’interdiction de prosélytisme qui bizarrement s’est maintenue dans le judaïsme qui se transmet désormais plus par filiation que par conversion comme c’était le cas avant.

On oublie souvent cette réalité materielle de la génièse de l’antisémitisme, peut etre pour ne pas dédouaner l’eglise de qu’elle a pu produire ensuite elle même dans so effort de déjudaisation du christianisme. Mais originellement, c’est un antisémitisme romain, qui s’est sentit mis en danger dans l’occupation de la Palestine, où il perd plusieurs légions (déjà) dans les nombreuses révoltes juives puis judéo chrétiennes qui secouent l’Egypte, la Judée et la Mésopotamie de -50 à 130. On peut voir dans la répétition des mêmes schémas l’importance de la géographie sur l’histoire humaine (“alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes“, voir aussi notre article sur Dhu al Qarnyn). Autre vision d’empire, la reconquista en Espagne, effort de formation de l’état moderne, a beaucoup joué du religieux pour justifier ses actions militaires.

Comme pour l’Islam, nous saluons et supportons les nombreux efforts des Églises chrétiennes pour s’en débarrasser. Qui mènent finalement le même combat que nous. Mais il reste très présents dans certains courants fondamentalistes, en particuliers les évangélistes américains qui accompagnent l’impérialisme, en particulier en Amérique du Sud.

L’antisémitisme savant

C’est “la minute fordiste”, un passage indispensable vers le 19e siècle et ses contradictions non résolues que nous continuons de subir.


L’antisémitisme moderne se couvre de parure scientifique, derrière les mesures de cranes, l’étude de la langue, la deconstructions des textes fondateurs, la prétention à en reformuler le sens (comme vu pour l’Islam dans Approche hyper-critique de l’Islam, un usage politique et relativiste des sources ?). Le mythe indo européen, qui fixe un passé mythique, coupant artificiellement l’humanité en deux, les sémites et les autres. Ce mythe (Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, Jean-Paul Demoule), montre que la modernité n’en a pas encore fini avec le besoin d’ethniciser l’histoire. La bourgeoisie s’était faite “celte” pour s’opposer aux “francs” de la noblesse, l’Europe serait maintenant maintenant “indo européenne”. Les chercheurs sépare artificiellement une population antique proche de la mer caspienne de ses propres origines, car les individues qui vivaient là un instant, comme tous les autres, sont partis plus loins et venaient d’ailleurs. Un ailleurs qui inclue d’ailleurs des mots sémites dans le language “indo européen”,. Le terme et l’idée sont toujours présent dans le baggage scientifique, neutralisé artificiellement par son adoubement savant.

Cet antisémitisme savant est issue d’un long combat philosophique contre les lumières de la révolution française. Paradoxalement, et il faut s’attacher à cette contradiction, le courant courant irrationaliste dénoncé par G. Lukacs en philosophie, est aussi un courant anti-monotheisme. Schopenhauer, Nietzsche, Heidegger vont désigner le monothéisme comme un ennemi. Jusqu’à la participation de Heidegger au régime nazi. Notons que sur Nietzsche s’entendent assez bien R. Girard, et son athropologie chrétienne, D. Losurdo pour la lutte des classes et G. Lukacs pour la raison. On retrouve une analyse croisée, qui se continue avec l’humaniste E. Faye sur Heidegger. On a bien un courant philosophique qui reste d’actualité, mais dont on ne tire toujours pas assez les conséquences. C’est pour nous 1848 qui explique cela. La révolution de sociale et la seconde république en France, la social démocratie très particulière en Allemagne, montrent les contradictions de l’humanisme bourgeois une fois le pouvoir en main, et qu’ils refusent la perspective sociale. A partir de là il leur faut developper une nouvelle philosophie. La volonté de puissance tombe à point pour répondre à ce besoin. La philosophie bourgeoise, qui cherche après 1848 à assumer sa “volonté de pouvoir”, une distanciation progressive d’avec les lumières, l’humanisme et 1789. Qui construit sa justification contre les grands récits, en particulier monothéistes et socialistes, “la morale des esclaves”. Ces pensées se font contre la raison. Le nazisme vient plus tard, accompagné non pas de Nietzsche, mais de Heidegger. Prolongeant cette volonté de pouvoir jusque dans ses limites.

L’orientalisme incarne un sentiment de superiorité occidentale, moderniste, positiviste, qui s’ancre dans une politique coloniale et tente de rationaliser la supériorité de l’Europe du 19e contre sa propre population et ses aspirations socialistes, mais surtout contre les peuples coloniaux. Et dans les deux cas, l’attaque contre le monothéisme renforce une prétention à la supériorité morale de la bourgeoisie, qu’elle va utiliser en défense de l’état, depuis Fabre d’Eglantine. A l’opposé des efforts de Robespierre qui cherchait à inscrire la révolution dans la ligne de Rousseau (Rousseau et le marxisme, édité par Luc Vincenti). Malgré les horreurs de l’Eglise au 19e, il existait une ligne qui melait interets populaires et religieux. On lui a opposer défense du pouvoir bourgeois et orientalisme. Et E. Said note bien que cet orientalisme s’attaque également aux juifs et aux musulmans, dans le cadre de l’idéologie coloniale typique de cette époque de la fin 19e. Encore une fois, l’idéologie est ancrée dans les pratiques, on ne peut que comprendre ensemble religions, idéologies, pouvoir et lutte des classes. Mais les termes du débats sont surement à revoir. Lire avec profit Georges Labica, « Politique et religion », Pierre-Jean Luizard, « Laïcités autoritaires en terres d’Islam ».

L’anitsémitisme d’extreme droite

L’antisémitisme d’extrême droite, tout comme l’extrême droite elle même, se forme comme une excroissance de celui de la bourgeoisie moderniste, melée à une origine réactionnaire issus de l’opposition des nobles à la révolution bourgeoise, l’abbé Barruel en exil marque le début du complotisme. C’est après 1848, et la repression terrible de la république sociale, la seconde république, que leurs intérets et leurs personnes commencent à se meler face à la plebe, rappellans le libertinage de l’ancien régime combattu par Rousseau. Ces deux fils, romantiques et modernistes, se mélent au fil des ans et finissent après la guerre de 1914-18 par constituer le fascisme, un modernisme réactionnaire selon le terme de Jeffrey Herf.

L’affaire Dreyfus est un l’exemple par excellence de l’antisémitisme franco français. Elle montre comment la défense de deux militaires compromis avec l’étrangers se fait contre un juif, qui représenterai l’antifrance. Antisémitisme, défense des institutions, blanchiment des comprommissions avec l’étrangers. Au delà de cette base materielle et sociale, l’extrême droite va extrapoler à partir de l’orientalisme pour en faire un antisémitisme à la fois savant, la mesure des cranes, mystique, dans ses publications ésoteriques, philosophiques avec Heidegger, politique, contre le juif bolshevique et sans patrie, et réligieux, dans un combat contre le monothéisme.

Peut etre noter aussi que cet antisémitisme est toujours nationaliste, rarement patriote. Ou l’inverse, on ne sait plus bien. Depuis les nobles en exil qui inventent le complotisme avec l’abbé Barruel, le massacre de la commune appuyé sur les allemands, la collobaration avec le nazisme et aujourd’hui l’atlantisme de Sarkozy à Macron qui appuie sur l’islamophobie au fur et à mesure qu’ilks vendent le pays à la découpe, l’extreme droite va toujours chercher un appui à l’étranger contre la population. Seul le gaullisme fut une exception, en appuyant un nationalisme militaire et colonial sur les interets de la metropole, par son entente de fait avec le PCF et Moscou, trop contente de trouver un accord en Europe.

L’antisémitisme ne vient donc pas du monde arabe. C’est un antisémitisme d’extreme droite, de type européen, qui y a été propagé par les allemands pour leurs efforts de guerre rencontrant relativement peu de succes. On rappellera les grossieretés sionistes qui rendaient hajj al husseini responsable de l’holocauste. Même dans les ptitreries d’Herzog présentant tel un Colin Powell un livre allemand retrouvé à gaza, il s’agit là encore d’un livre allemand. Dans le monde franco français, c’est le couple dieudo-soral, alors organiquement lié au FN, qui a diffusé un antisémitisme d’extreme droite en reprennant tous ses tropes, dans les milieux populaires, qui pensaient y trouver de la subversion. Ainsi une grosse partie des fantasmes conspirationistes retouvés dans la cause palestinienne ne viennent ni de la gauche, ni de l’Islam, mais du FN. On retrouve dans leurs tropes complotistes dénonçant CFR et CRIF, le socialisme des imbéciles, qui s’attaque à des groupes particuliers, surement problématiques par ailleurs, pour détourner leurs ouailles de l’anti-imperialisme pratique et conséquents.

Extrême droite qui venait naturellement se présenter à la manifestation contre l’antisémitisme, déjà dans une vision anti populaire, contre les quartiers et le mouvement de soutient à la Palestine. Il y a donc un renversement accusatoire, ou les nostalgiques de Pétain et de l’Algérie française se retrouvent à utiliser l’accusation d’antisémitisme, c’est à dire le racisme génocidaire, pour défendre le génocide commis par le porte avion américain au proche orient. Sur un peuple sémite. A tous les niveaux, ces accusations se mordent la queue, de façon orwelienne.

C’est un antisémitisme qui refuse que les juifs soient des résistants. Il ne raconte pas les insurrections dans les camps d’exterminations. Au mieux, il utilise l’insurrection du ghetto de Varsovie comme un argument anticommuniste, passant sous silence les calculs politiques de la perfide albion. Il voit comme un malheur la participation des juifs à la révolution russe, sans qu’on sache bien pour lui si le communisme condamne le juif ou bien l’inverse.

L’antisémitisme fait toujours parti du baggage mystico politique de l’extreme droite. Aujourd’hui à peine masqué par une collaboration avec l’extreme droite sioniste, pendant que l’islamophobie joue à plein. Nous esperons que les quelques lignes qui précedent montre qu’il parait difficile d’opposer antisémitisme et islamophobie, mais qu’ils proviennent d’une même souche et jouent le même rôle antisocial.

Le Sionisme contre le judaisme.

Le sionisme lui même s’est construit contre la religion juive. Un colonialisme laïque opérant en même temps que les laïcités autoritaires au proche orient. « Israël l’autre conflit », Marius Schattner. Le commentaire de “ne monter pas sur le mur” a toujours servi de refus d’un état juif. Autant donc pour les antisémites qui condamnent le religieux juif. Mishna que l’on retrouve aussi référencée dans le Coran. Autant pour les anti talmudistes.

Quelque soit l’aspect reactionnaire patriarcale des haredim, leur continuité a refuser papier, nation et service militaire contient des restes anarchistes. Leurs manifestations contre la guerre provoque violence des policiers, et violence fasciste de la population quand un haredim se fait écraser par une voiture dans une manifestation. L’occupation faite au nom des juifs se fait en partie contre les juifs.

On notera aussi le soin particulier qu’on eut les sionistes à se débarasser des palestiniens chrétiens. Et a détruire le judaisme arabe dans la diaspora. Les millénaires communautés juives arabes du Maghreb, d’Iraq, du Yémen, d’Ethiopie, continuaient une histoire vivante du judaisme : l’extension autour de la méditerrannée depuis le premier millénaire, la communauté babylonienne, le sionisme leur a forcé la main vers Israel, puis traité sur place avec racisme, mettant fin au judaisme noir et arabe traditionnel. La communauté juive palestinienne elle même a été transformée par le sionisme. Leur judaisme même a été européanisé, une dimension négligée de l’aspect colonial du sionisme.

Qu’est-ce qui était plus précieux au judaisme ? Son implatation historique dans les lieux mêmes de son élaboration ou sa modernisation guerrière ? Encore une occasion où le suprémacisme occidental accuse la religion, juive en l’occurence, de sa propre violence. Le judaisme était pacifique avant la Shoah et le sionisme européen.

Le sionisme religieux, produit des années 70 d’une rencontre progressive dans l’occupation de la cijordanie entre le colonialisme religieux et son indispensable complement militaire n’a rien d’historique. Comme le salafisme ou l’évangélisme, il plonge ses sources dans le renouveau du religieux fin 19e et début 21e siècle. Comme le fanatisme musulman, il pousse là où les cultures traditionelles ont été déracinées. Ce n’est pas en soi un mal de repenser le religieux, mais en l’occurence c’est catastrophique. On a des fanatiques, meurtriers en puissance, qui sont le fer de lance du vol des terres palestiniennes, donc de l’expansion imperialiste du sionisme.

La guerre froide et le colonialisme ont fait subir le même sort au judaïsme qu’à l’Islam.

De l’Ethique
Nous ne suivons pas F. Lordon dans sa condamnation de l’ethique. Lukacs, fer de lance du materialisme dialectique, avait pour projet d’écrire une ethique communiste. Oui l’éthique agit d’abord au niveau individuel. Mais c’est un produit de l’époque, et c’est une construction culturelle, donc collective. Comme tout phénomène humain, elle est intelligible par le matérialisme.

Je n’ai pas aimé de Lordon ni son discours sur l’ethique, ni sa peinture des palestiniens assoifés de vengeance. C’est un tableau facile que de confondre la réalité terrible de la lutte de libération avec peindre ses militants. C’est une variante du miserabilisme, qui sous estime la conscience politique et morale des palestiniens. au moment où ils commencent justement à se demarquer des positions qu’ils avaient developpé dans les periodes de défaites. Je comprend pourquoi il utilise l’argument philosophique contre une ethique idéaliste et sans contexte à lauqelle il s’oppose. mais malheureusement son point deborde du contexte philosophique ou il le commence.

Il est interessant de voir que les fatwas palestiniennes légitimant les attaques suicides et les meurtres de civils ont été écrites dans une période de défaite, et portent une vue pessimiste de la situation et des moyens qui est déterminée par l’époque, et que le Hamas ne les revendiquent plus mais cherche maintenant à témoigner de son respect des civils. Des civils ont été tués, parfois volontairement, et il faut au nom de l’ethique musulmane, comme socialiste, condamner ces meurtres. Respecter les palestiniens c’est dire celà. Même de loin, même facilement. C’est l’ethique qui pousse tel combattant à protéger des civils, tel ado a proétger un enfant. Je ne sais à quels cannaux vous êtes abonnés, mais les premières vidéos que nous avions vu, c’était la destruction du mur, l’honneur des combattants. Ce n’est qu’après que nous avons vu celles des victimes de l’attaque, certains meurtres filmés. Chacun a donc vu autre chose le 07 octobre, et il est nécessaire que les historiens reconstruisent ce qu’il s’est passé pour qu’une parole commune puisse émerger. Il faut une enquête internationale.

Mais faut-il mettre aussi à son compte ceux des morts du 07 octobres dont les voitures ont été calcinées par les hélicopères appaches ou les maisons détuites par les tanks ? Tous les morts sont ils à mettre au compte de l’attaque initiale et de la destruction par les palestiniens des moyens de sécurité, d’intelligence et du commandement militaire dès le début de l’attaque ? La surprise justifie-t-elle le meurtre des civils ? Ou bien faut-il y lire encore un phénomène ethique, la doctrine Hannibal qui a théorisé le meurtre de ses propres civils pour ne pas avoir à négocier des otages ? Que pense l’ethique de la doctrine Dahiya qui consiste à maximiser les pertes civils de l’ennemi pour éviter toute contestation militaire ? Les israéliens sont ils fondamenatalement mauvais individuellement ? Ou bien peut on plutot lire en matérialiste que l’occupation militaire et la défense d’une frontière impérialiste impliquent une dégradation violente de l’ethique qui va impliquer à son tour les individus ?

Comme nous l’avions dans “Vers une victoire palestinienne ?”, nous pensons que l’éthique, comme pratique collective et comme conscience individuelle est nécessaire à tout mouvement de resistance, qui doit s’interdire le meurtre et le viol. Non seulement comme critère stratégique (c’est une des raisons qui ont permis la victoire des rouges sur les blancs), mais surtout comme production de peuples en lutte contre l’injustice. L’injustice créé l’éthique, l’éthique est la réponse spirituelle à l’oppression. C’est parcequ’un groupe est l’opprimé universel qu’il porte les valeurs universels. Et loin des tableaux misérabilistes, je suis persuadé que c’est le cas de la majorité des palestiniens, qui ont une culture politique forte, qui sont éduqués, et qui pour la majorité ne confondent pas lutte contre l’occupan et antisémitisme, puisqu’ils ont compris les interets imperialistes qui sont la cause de leur occupation.

Nous souhaitons que tous les peuples puissent lutte pour le libération, leur autonomie et puisse produire une culture de resistance qui soit une ethique universelle. Nous en avons besoin. L’ethique est necessaire au combattant d’une armée, l’ethique est necessaire aux militants, l’éthique est nécessaire à celui qui vit en société. En reconstruisant la société par en bas, en renforçant les liens interpersonnels, l’ethique peut sauver une société. C’est l’histoire de Jonas.

Les Contradictions de notre situation en France

Paradoxe apparent de l’époque, ce sont à nouveau les juifs de gauche qui défendent les valeurs de la république. Les parias de Tsedek, interdits de représentation à plusieurs reprise, s’inscrivent bien plus clairement dans la continuité des lumières et de l’histoire républicaine que le parti nationaliste, comme toujours compromis avec un état étranger, encore une fois un étranger génocidaire. Depuis les nobles en fuite jusqu’à la collaboration, en passant par le massacre des communards, aujourd’hui soutenant la bourgeoisie compradore qui vend le pays à la découpe aux USA, l’extreme droite combat les valeurs républicaines et la souveraineté nationale. Des judéos bolsheviques defendant les valeurs républicaines, une extreme droite antisémite défendant le sionisme, un papier anticolonial rappellant l’histoire de France, quelle époque mes amis, quelle époque.

Quelques considerations
Pourquoi en vouloir autant a tsedek et l’ujfp et les qualifier de traitres ou de faire valoir ? Quand on fait un meeting sur la situation au chiapas, on n’invite pas le gouverneur du mexique ni ses soutients, mais bien des zapatistes de la zone. Pareil pour les pays africains, où il ne choque personne qu’un nigerien ou un burkinbe parle de ses élites corrompus avec l’imperialisme. Ce ne sont pas des traitres, bien au contraire. Autant pour la construction idéologique de la haine de soi des juifs de gauche. Une idée d’extreme droite encore. Par contre si l’idéologie est dispersée par la comparaison, la structure reste : ces militants sud americains ou africins ou maghrebins sont également inquiétés, non pour une traitrise à leur race, mais bien pour leur militantisme anti imperiualiste et decolonial. C’est bien ainsi qu’on peut comprendre la mise au ban des militants tsedek, quand Edwy Plenel prefere inviter des disgressions coloniales sur une ethique idealiste.

Quels liens les juifs de gauche ont ils avec l’état colonial ? Il est difficile de parler de liens ancestraux et de les arcbouté sur l’origine génétique. Qu’on laissera volontiers de côté. Les juifs ont un lien culturel, historique, religieux avec la Palestine. Il est naturel qu’ils y aillent. Que ce soient des juifs ethiopiens, americains, français, arabes ou d’europe de l’est. Tout comme les chrétiens de toutes origines peuvent aller en terre sainte prier à Jerusalem, si possible en évitant certaines erreurs historiques. Des chrétiens eux mêmes ethiopiens, européens, americains, asiatiques et j’en passe. Des musulmans japonais ou brésiliens peuvent bien y aller faire leur petite oumra. Le monotheisme a remplacé depuis longtemps l’ethnicité par la foi. Tout comme la république française a priori, du moins selon sa charte fondatrice. Le peuple juif lui même est issu d’araméens en vadrouille se retrouvant avec d’autres levantins immigrés en Egypte. Ce qui constitua la multitude mélangée sortant d’Egypte fut avant tout l’experience commune de l’Exode et la foi qui en découle. En Judée elle mêmes, les judéens ont été constemment mélangés avec des canaanées, d’autres araméens, et mêmes des arabes banu Edom et banu Yetur. Herode lui même est un arabe, édoméen de la confédération nabatéenne.

Ce paradoxe est une contradiction essentielle du sionisme, des juifs européens, ont progressivement importé en Palestine un état nationaliste, une idéologie orientaliste, mythifiant le judaisme en même temps qu’ils le combattaient, jusqu’à la fusion étrange de nationalisme religieux qui emerge lentement après les années 70 et prend le devant de la scene coloniale. Avant leur arrivée, les palestiniens étaient juifs, chrétiens, musulmans ou appartenant à des religions diverses. L’histoire a de drole de detour pour que des orientalistes en viennent à accuser tout le monde d’antismitéisme après avoir combattu et détourné eux mêmes le judaisme palestinien, et arabe qu’ils ont fait venir plus ou moins de force de tous ses pays où il avait un veritable ancrage historique et traditionel pour l’ammener au star bucks. Et transformer Jerusalem en dysneyland commercial a la porte de Jaffa, comme les saouds le font pour La Mecque. Tout cela donne à penser “perdre son âme”, plus aucun discours ne fait sens. Seules restent cohérentes les structures capitalistes et imperialistes, les murs de Gaza et Cisjordanie, et un tramway Alsthom. Au moins ça c’est légal, du plastique laïque.

Même si on peut avoir une petite tendresse pour le côté amish des haredim de Jerusalem et des colons vivant dans des caravanes en cisjordanie, c’est reactionnaire à fond les ballons et ceux qu’on nomme progressistes sont les fers de lance et les postes avancés americains contre les arabes. On a du mal a prendre au serieux ce cadre touristique du religieux, les faits nous montrent sa violence meurtrière coloniale intrinsèque. Bien plus que la religon, fut elle juive ou musulmane, le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage.

Conclusion

Nous ne voyons pas les juifs conne une catégorie, mais, tout comme “les musulmans” ou “les français”, un peuple multi ethnique, politiquement pluriel, religieusement riche, culturellement brillant ; divisé par des rapports de classes. Comme avec tous les peuples, il y a parmi eux des camarades que l’on aime chaleureusement, des libéraux humanistes que nous respectons de loin, et des fascistes que nous combattons. Parfois des frères en religion. Parfois des ennemis en religion. Les rapports humains ne se décident pas par catégories, mais à travers les hasards heureux et tumultueux des rencontres interpersonnelles.

Nous tenons à affirmer notre solidarité avec les camarades de Tsedek contre les attaques dont ils sont la cible, avec nos frères d’Anastasis qui rappellent l’engagement social du christianisme. Et tenons à réaffirmer la liberté de religion, qui est la marque des grandes civilisations et un des remparts contre le fascisme. Nous tenons à réaffirmer contre l’époque l’importance des grands récits d’espérance, monothéistes, socialistes, humanistes des lumières tel qu’exprimés dans la révolution française, contre l’idéologie mortifère du capitalisme. Lui qui ne conçoit pas de future en dehors des déterminismes économiques, et qui fatalement fait surgir la bête immonde à chaque crise. Contre elle, nous en appelons à la fraternité entre tous les humains, “car il n’y a qu’un seul Dieu, et vous êtes tous soeurs et frères”.

Soutenons Urgence Palestine contre le fascisme

Nous sommes musulmanes et musulmans, anticapitalistes, écologistes et féministes, définitivement anti-racistes. Nous sommes pleinement mobilisés depuis des mois contre le génocide qui se déroule en Palestine et nous refusons de céder à la répression, à la déshumanisation coloniale et islamophobe. Le droit ne peut d’un coup s’effondrer pour défendre un allié de l’impérialisme américain, en important ses pratiques de guerre contre les populations. Nous soutenons nos frères mis en danger par les attaques d’extrême droite, notamment celles de Livre Noir. En résonance avec tous les camarades qui subissent le même sort.

Si l’édifice du droit international humanitaire d’après-guerre a été érigé, c’est pour que nous disposions des outils nécessaires à l’identification collective des schémas avant que l’histoire ne se répète à grande échelle” (N. Klein). Non pas l’identification ethnique des peuples, mais la reconnaissance des schémas en cours. Génocide de Gaza, menace de conflit est ouest à grande échelle, apartheid, … les dynamiques de ce début de 21e siècle rappellent les heures sombres du 20e.

Comment peut-on nier un génocide et faire l’apologie de crimes de guerre en prétendant défendre de quelconques valeurs « progressistes » ? Cette contradiction devient de plus en plus flagrante dans le débat. Pourquoi opposer antisémitisme et islamophobie ? Ces deux racismes ont l’orientalisme colonial parmi leurs racines. Les deux jettent une partie de la population en opprobre en les accusant de tous les maux du pays.

Nous musulmans et militants avertissions dès 2004 que le droit d’exception allait amener une extinction du droit pour une partie grandissante de la population, et pas seulement pour nous. C’est fait et cela va jusqu’à la disparition programmée d’Anticor : l’absence de droit contre la corruption est désormais assumée. Vingt ans après la loi contre le hijab, qui fut l’affaire Dreyfus de notre génération, nous avertissons : nous ne vivons pas seulement des « dérives sécuritaires », mais la répétition historique de la stratégie de la tension, qui conduit tout droit la France vers une situation semblable aux années de plomb en Italie.

« Islamiste fiché S ». Tout le narratif de l’enquête de Livre Noir sur l’extrême- gauche repose sur ce pivot. Urgence Palestine serait le lieu de la rencontre entre les diables absolus, les islamistes, et les damnés : féministes, antiracistes, syndicalistes, écologistes, condamnés à l’enfer pour avoir pactisé avec le mal désigné, l’homme musulman. Elias d’Imzalene et Omar Alsoumi sont érigés en têtes de gondoles déshumanisées de la promotion du torchon bizness model de l’amicale des admirateurs de Brenton Tarrant. Ils sont nos frères, comme le sont les autres musulmanes et musulmans ciblés par Livre Noir. Ils sont nos camarades, comme le sont l’ensemble des militants, élu.e.s, syndicalistes qui subissent la vindicte du fascisme, galvanisés et puissants de l’impunité que leur offre le regime.

Dans le narratif fasciste, ils jouent un rôle pivot et à travers eux tous les hommes musulmans qui ne se cachent pas de l’être y compris dans leurs combats politiques. Désignés parias et intouchables, on serait contaminés et impure si l’on franchit le cercle censé les séparer absolument du reste du monde. Ce sont aussi les hommes à abattre sans sommations, le centre de tous les maux de ce pays. Et surtout pas des êtres humains, sujets de droits et d’empathie. Islamiste fiché S ne veut rien dire en théorie et tout en pratique. C’est une classification étatique, une condamnation sans procès au bannissement dans la zone grise de l’état d’exception permanent qui co-existe en France avec la légalité ordinaire, promesse de campagne à ceux qui acceptent de subir. Qui est désigné comme « islamiste fiché S » est sorti arbitrairement du périmètre d’application du droit, qui restait en théorie le fondement universaliste des démocraties occidentales. Le fait est que la zone grise se propage peu à peu dans la société, et colonise tout : le droit, la politique, les médias.

La prétendue guerre contre la terreur se révèle pour ce qu’elle est : la terreur comme mode de gouvernance de tous les antagonismes légitimes au capitalisme, à l’écocide, à la destruction de toutes les valeurs morales et spirituelles qui peuvent faire la beauté du monde. Livre Noir propose la Dissolution Générale du beau et du bien, le programme ultime du fascisme, tentative de faire disparaître les forces positives à l’œuvre dans le monde actuellement. Celles qui en France représentent en même temps le dernier espoir et les premières Lumières lorsqu’il est minuit dans le Siècle. Livre Noir attaque le rêve en actes, celui où les réfugiés ne meurent plus aux frontières, celui où la planète n’agonise plus épuisée par le mode de production capitaliste, celui où de nouveaux rapports sociaux permettent l’émancipation des minorités pour le plus grand bien de la majorité.

Urgence Palestine a montré l’importance d’une opposition au génocide avançant avec la parole des Palestiniens. Avançant pour tous l’exemple d’une solidarité musulmane. Musulmanes et musulmans, nous continuons de croire en un Dieu de justice et de miséricorde, qui nous libère par la solidarité. Et nous n’avons nulle raison de nous en cacher, parce que nous sommes une bonne nouvelle, qui n’en exclut pas forcément d’autres.

Livre Noir fait de nous l’épreuve pour nos camarades non musulmans : soit se soumettre au narratif islamophobe fondement de la contre insurrection néo libérale, et nous exclure une nouvelle fois, soit nous accpeter en tant que tels. Face à cette perspective quasi inéluctable, ce catch 22 machiavélique, il n’y a pas de demi-mesure vis-à-vis de la perspective musulmane : ou nous sommes tous des islamistes fichés S à éradiquer, ou nous sommes un espoir pour l’humanité. Nous reconnaître comme tels est le début de la réponse à la Bête, tout comme le mouvement contre l’éradication du peuple palestinien est actuellement une des conditions de notre libération partout sur la planète.

Nous pouvons écrire ensemble pour les générations futures le livre de la résistance, celui d’une nouvelle victoire contre la Bête porteuse de la Peste brune qui contamine toujours à très grande vitesse quand on l’a laissée se développer sans y prendre garde. Et ce récit là commence par détruire radicalement le cœur du récit fasciste, celui où les leaders musulmans sont les cavaliers de l’apocalypse. Nos sœurs et nos frères sont des humains, à part entière, participant pleinement à la société, et c’est ce qu’on nous reproche.

Nous appelons tout le mouvement social à la solidarité avec nos camarades d’Urgence Palestine et de Perspectives musulmanes, directement mis en cause pour leur lutte contre le génocide qui a lieu à Gaza, Elias, menacé de mort dès qu’il s’exprime et depuis des années, Omar, pour sa défense du cortège contre une milice religieuse formée de gros bras attaquant les membres d’Urgence Palestine d’une manifestation féministe, Sari, cité nommément dans une tribune reprise par Mediapart, Rima Hassan constamment attaquée en tant que palestinienne. Anasse Kazib et Sihame Assbague inquiétés pour leur participation au mouvement contre le génocide. Et tous ceux visés soit par l’extrême droite, soit par le détournement par la macronie des instances anti-terroristes en police politique. En pleine solidarité avec les camarades sous le feu des soulèvements de la terre, des syndicats, de LFI, des gilets jaunes, et de tous ceux qui essayent d’avoir un impact sur le réel pour répondre aux urgences de l’époque, qui ouvrent en acte d’autres futurs possibles.

Collectif Attariq – Les Musulmans Anticapitalistes

Nadia Meziane, Lignes de Crêtes, fondatrice d’Urgence Afghanes

Association des musulmans végétariens de France

L’Union des Démocrates Musulmans de France

APPEL A SIGNATURES ET SOUTIENS ! via : [email protected], [email protected]

Avec le soutien de  :

International Solidarity Movement (ISM-France)

Antiracisme 94

Collectif pour Respect des parents d’élèves et des élèves CRP2E

Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR) – twitter.com/LigueJ_R

La Cause du peuple, https://www.causedupeuple.org

Jeunesse Communiste de la Loire – https://www.jeunes-communistes-42.org

Fédération Syndicale Etudiante – twitter.com/FSE_natio

Yasmine Ben Moussa, Association des Musulmans Végétariens de France

Mohammed Ben Yakhlef , Délégué syndical CGT, ancien élu LFI

SaÏd Bouamama, sociologue et militant du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), porte-parole du comité des sans papiers 59

Aicha Zountar – CGT – militante syndicale et féministe

François Burgat , chercheur, politologue sur le monde arabe et musulman

Sara Doke, autrice

Gabriel Hagai, rabbin

Dalila Brahimi, monitrice éducatrice à Epinal

Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales

Caroline Cranskens, vidéaste, militante Soulèvements de la Terre Corrèze

Jean-Christophe Grellety, racisme-social.fr

Aïcha Benabdeldjalil

Léo Genebrier, militant syndical CGT et associatif

Fathia Chaaari , éducatrice

Ghazi Dali, psychiatre

Imane Douis Réprésentante Sud Rail CSE

Nasser Derouiche El Behl, militant ANC

Salima Kidani militante décoloniale et parents d’élève

Lou Gallé, Musulmane et militante CGT Précaires et Chômeurs du Cher

Yasmine Ghallab, militante pour la Palestine

Mohammed Guellati, comédien

Faiza Hirach, syndicaliste et militante antiraciste

Mohammed Hadi Belghiti, médecin

Amal Mohammedi, formatrice activiste

Abdelhak Najib, poète, romancier, journaliste marocain

Leslie Tychsem, couturière

Skalpel (Emiliano Fernandez) Rappeur, militant , secrétaire de l’UL CGT de Melle)

Sandrine Varlet, libraire,  animatrice jeunesse

Brahim Douaouda, Comité précaire et privé d’emploi CGT de Tourcoing

Nadia Zaimeddine, éducatrice spécialisée, CGT , ANC

Émilie-Zahra Bouzerda, soignante, activiste antifasciste

Zakaria Ouled Benbrahim, enseignant, syndiqué Solidaires

Nadia Belhoum, machiniste RATP CGT

Lou Cramazouk, precaire AESH, écolo radical

Sarah Grosskopf, militante associative 

Amine Mechaï – développeur web, filmmaker

Behdja Kadadra, aide soignante

Nadia Belhoum machiniste ratp cgt

Mohamed Hadi Belghiri, médecin

Behdja Ladadra, Aide soignante.

Siham Benchekroun, médecin, ex-présidente du Collectif Blouses Blanches pour la Palestine

Alain Chancogne, retraité, athée, communiste, ANC

Nesrine TEDJINI BAÏLICHE militante anticoloniale

Nadia Chennoua – militante des droits de l’homme 

Behdja Ladadra, Aide soignante

Maud Delanaud, pair-aidante bénévole

Sandra lima, psychologue, militante féministe, libertaire et antifasciste et une alliée en tant que blanche contre le racisme

Sabri Pierre Dauphin, militant LGBT, ancien secretaire général de ACT UP-Paris.

Claudia Chaffard: professeure d’ espagnol retraitée, militante FI 

Charles Hoareau, ANC 13

Typhaine Delhaye, Travailleuse sociale

Patrick Deschene, traducteur

Marie-France Moralès, éducatrice spécialisée à la retraite, féministe

Raphaël Eskenasy. Ouvrier

Linda Forgues, antiraciste, Quebec

Manuel Ferrer, militant des droits humains, antifasciste et anarchiste

Géraldine Doriath, infirmière et solidaire

Antoine Grégoire Lignes de Crêtes

Delphine Maillet, professeure des écoles, retraitée

Thomas Guilbert, chômeur, communiste libertaire

Linda Mendy, présidente Cultures Solidaires

Sylvain Jean, Militant communiste anti-impérialiste

Patricia Panero, militante associative, LFI

Rémi Klajn, ingénieur

Sarah Clenet

Bruno Lambert, professeur de mathématiques en collège,  Militant syndical

Valérie Pico , réalisatrice

Bastien LB – charpentier – sympathisant LFI

Claudine RABAHI   militante anarchiste

Namasté Grands Morts , influenceur en développement collectif @namaste_grands_morts

Nicolas Padiauleau , militant anarchiste

Laurent Perlin, citoyen indépendant,

Patricia Panero, militante associative, militante LFI

Claude Rioux, Editions de la rue Dorion

Pascal Rousse, enseignant, élu CGT Éduc’action

Rachida Zenagui

Martin Rass, chercheur Indépendant depuis la retraite

Iris Kooyman, guide-conférencière

Noé Roland, enseignant, Lignes de Crêtes

Valérie Saibi, traductrice, militante anticapitaliste, féministe et antiraciste

Paul Sire, étudiant

Julie Souman, militante féministe

Martin Thioux, militant antifasciste, Liège

Mathilde Samson, citoyenne

Sari Hanafi, Professeur de Sociologie,  American University of Beirut

Loic Descamps Ancia,  travailleur associatif

Balthazar Gauquelin , maître de jeu 

Mael Le Bars , citoyen

Kamel Daoudi, programmeur indépendant, assigné à résidence depuis 16 ans

Jacquot Faouzi, éducateur, secrétaire général CGT croix rouge 13.

Annie Kerryell Le Meur, relectrice 

Christian Hivert, écrivain, communiste libertaire

Gaelle Pertel Pacheco

Ritchy Thibaut, militant contre l’antistsiganisme, porte parole PEPS, Gilet Jaune

Latifa Lakhsassi

Evelyne Franquet – enseignante chercheuse en écologie – Sud Éducation 13 

Slim Mansouri

BENHARREF Elhame,militante.

Maryline Clermont

Nicolas Kieffer, assistant d’éducation, communiste et militant syndical CGT Éduc’action

Hafiza B. Kreje, militante du NPA

Souvarine, gilet jaune et militant décolonial

Émilie Radjaï, CGT ferc sup 

Michel Albagnac

Caroline Hammer, traductrice

Muhammad avant l’Islam

Qui est Muhammad ?

Que se passe-t-il dans la vie de Muhammad pendant les 15-20 ans qui séparent son mariage de la révélation ? Après son mariage Muhammad a vécu dix ans dans la plus grande obscurité. Ce qui nous ammène à nous demander qui sont ses proches ? Comme suggéré par Khaled Ridha et M. Rodinson, étudier les personnes qui sont rassemblés autour de lui dans ses débuts pourrait donner un éclairage sur les 10 ans qui viennent de passer et ce qu’est devenu Muhammad depuis le hilf al fudhul.

La Famille ‘Abd al Muttalib

Le grand-père de Muhammad est Shaiba ibn Hāshim, appelé ʿAbd al-Muṭṭalib. Il est le fils de Hachim et Salma bint Amr (Banu Khazraj), qui l’a élevé à Yathrib (Médine) jusqu’à ses 8 ans. Mutallib, l’oncle de l’enfant, vient alors le chercher pour continuer son éducation à La Mecque. 

Il hérite après Muttalib du leadership des Banu Hashim et de la rifada et la siqaya, qui consistent à nourrir les pélerins à La Mecque. Avec son fils ainé Al Harith, il va creuser le puit de Zamzam. 

C’est lui qui ouvre la route commercial vers le Yémen, où il est dit avoir rencontrer le guerrier arabe Amr ibn Ma’adi Yakrib, qui participera aux batailles de l’Islam, pendant les guerres de Ridda et les conquêtes.

Orphelin

Son fils Abdallah ibn ‘Abd al Muttalib est le père de Muhammad. Peu après la naissance de Muhammad, au retour d’une caravane de Gaza, Abdallah s’arrete à Yathrib, chez sa grand mère Salma bint Amr et tombe gravement malade. Son frère, Al Harith vient le chercher ; malheureusement, Abdallah est déjà mort quand il arrive. 


Le jeune Muhammad est confié à la nourice Thuwayba, comme son oncle Hamza ibn ‘Abd al-Muttalib, qui devient ainsi son frère de lait. Elle rejoindra l’Islam par la suite. Puis Muhammad est élevé au désert par Halimah bint Abi Dhuayb, une nourrice des Banu Sa’d. Comme d’autres enfants mecquois, il grandit avec les bédouins, dont il apprend l’arabe.
A quatre ans, suite à un malaise dont il est dit que les anges lui ont retiré tout mal de son coeur, il retourne chez sa mère Aminah, jusqu’à la mort de celle-ci 4 ans plus tard, en 577. Il est alors pris en charge par son grand-père, ‘Abd al-Muttalib qui le confie à Baraka bint Thaʿlaba (Umm Ayman), esclave abyssinienne d’Abdullah et Aminah, qui s’occupe du jeune Muhammad après la mort de sa mère. Par la suite il la libérera et elle participera activement à l’Islam. 


Lors de son mariage avec Khadija, il la libère et elle épouse un Banu Khazraj Ubayd ibn Zayd. Ils ont un fils, Ayman (né en 612), qui travail avec Muhammad pour qui il garde les moutons. Tous les trois entrent dans l’Islam. Ayman tombera à la bataille de Hunayn et son père Ubayd à la bataille de Khaybar.

Elevé par ses oncles

A la mort d’Abd al Muttalib, en 578, il est élevé par ses oncles Al Zubayr et Abu Talib, qui l’emmènent dans des expéditions. Abu Talib est doué en poésie, mais vit pauvre. Malgré cela, il accepte de prendre en charge son neveu Muhammad et l’emmène dans des expéditions en Syrie où la traditions le fait rencontrer des moines et ermites chrétiens. Al-Zubayr emmène Muhammad en voyage au Yémen vers 584. Passant par le souq d’Ukaz, Muhammad assiste au prêche de Quss Ibn Sa’ida al-Iyadi, un chrétien yéménite. Il est dit aussi qu’Abu Bakr, féru de poésie, était fréquentait régulièrement l’endroit.


Ses oncles l’emmène également participer aux guerres de Fijar (vers 590, Muhammad a entre 17 et 20 ans), où Muhammad participera sur la fin en tant qu’archer.  Il a entre 14 et 15 ans. Dans le Kitab al-Aghani, il est dit qu’il se bat courageusement à la bataille de yawm Shamṭa. La tradition semble par la suite atténué sa participation.


Au retour Al Zubayr lance le hilf al Fudhul, qui regroupe plusieurs clans faibles de La Mecque en défense d’un marchand Yéménite des Banu Zubayd, Hamza et Muhammad y participent avec lui. En 605, Al Zubayr participe à la reconstruction de la Kaaba, dans laquelle Muhammad jouera un rôle important en associant les clans à équité dans la pose symbolique de la pierre noire. 


Abu Talib ayant de la peine à nourrir ses enfants, Muhammad et Hamza vont prendre en charge les deux plus jeunes, respectivement ‘Ali et Ja’ffar ibn Abi Talib.

Khadija

Khadija bint Khuwaylid, des Banu Asad. Son père Khuwaylid est un ami d’Abd al-Mutallib, ils ont ensemble combattu contre Abraha et sont envoyés en ambassade auprès de Sayf ibn Dhi Yazan, qui suite à la défaite d’Abraha, conquiert le Yemen au profit des Sassanides. Le père de Khadija, Khuwaylid ibn Asad, meurt pendant la guerre de Fijar. 
izam ibn Khuwaylid meurt également pendant la guerre. Le fils de Hizam, Hakim ibn Hizam a également combattu durant la guerre d’Al-Fidjar de 589-592. Il devient marchand de blé.

Le frère de Khadija, Awwam ibn Khuwaylid a épouser Safiyya bint Abd al-Muttalib. Awwam meurt la troisième année de la guerre de Fijar. Ils ont trois enfants :
Son fils Zubayr ibn al-Awwam, né vers 589 (656-67, son age reconnu à sa mort) est un des premiers convertis.
Hind bint al-Awwam, qui épousera par la suite Zayd ibn Haritha
Zaynab bint al-Awwam épouse de Hakim ibn Hizam

Khadija hérite d’une partie des biens de son père. Elle est aussi veuve de Atiq ibn ‘A’idh Al-Makhzumi, Malik ibn Nabash at-Tamimi. Elle a donc un pecule et cherche quelqu’un pour lancer une caravane. Elle engage Muhammad pour une caravane en Syrie. Qui s’en sort bien et reçoit les noms d’al-Sadiq et al-Amin.
Dans le batiment des enfants de Khuwaylid :
Khadija et Muhammad;
Saffya et ses enfants, Zubayr, hind et Zaynab;
Hakim ibn Hizam et Zaynab bint Awwam.

Des esclaves autour de lui

Khadija a contacté Muhammad par l’intermédiaire de sa soeur Hala et d’Ammar ibn Yasir, un ami proche de Muhammad. Ammar est le fils de Yasir, immigré des Banu Malik de la confédération Madhhij du Yemen, mawali d’Abu Hudhayfah, un riche Banu Makhzum, et de Summayya une esclave de ce dernier. Ammar et sa mère rejoindront l’Islam dès ses débuts et subiront de plein fouet les persécutions, Summaya assassinée devant son fils par Abu Jahl al-Makhzûmî. 


Suhayb ibn Sinan al Roumi, est un esclave byzantin en fuite, qui se mettra sous la protection d’Abd Allâh Ibn Judan, qui hébergea le hilf al Fudhul. Il est probablement un ami d’Ammar Ibn Yasin (les deux amis rejoindront l’Islam dès l’ouverture de Dar al Arqam).


C’est Khadija qui ammène Zayd ibn Haritha à Muhammad. Esclave, acheté par son neveu Hakim ibn Hizam au souq d’Oukaz. Zayd, sera adopté et affranchi par Muhammad. C’est l’un des tous premiers convertis. Zayd vient des Banu Kalb, une tribue chrétienne monophysiste du nord de l’arabie. 


Enfin, Bilal ibn Rabah. Son père Rabah était un esclave du clan des Banu Jumah et sa mère, Hamamah une ancienne princesse d’Abyssinie capturée après l’événement de l’Année de l’Éléphant et mise en esclavage. Né esclave, Bilal n’avait d’autre choix que de travailler pour son maître, Umayyah ibn Khalaf. Bilal fut reconnu comme un bon esclave et se vit confier les clés des idoles d’Arabie. Cependant, ils subit le racisme et sa position social. Il rentre très tôt dans l’Islam, renonce aux idoles, et va être torturé pour cela. 


Miqdad Ibn Aswad est un yéménite en fuite qui se réfugie à La Mecque et devient mawali d’Al-Aswad bin Abd Yaghuth bin Wahb des banu Zuhra, qui l’adopte. Il épouse Duba’a, la fille d’Al Zubayr ibn ‘Abd al-Muttalib et fait parti des tous premiers convertis.


Khabbab ibn al aratt est devenu l’esclave d’une femme nommée Oum Anmar bint Siba, appartenant à clan des Banu Khuza’a, et alliée d’Awf bin Abd Awf Al-Zuhri, le père d’ Abd Al-Rahman bin Awf. Umm Anmar l’envoya vers un forgeron dans le but d’apprendre la farbique des sabres. Quand il a été assez expérimenté, Oum Anmar lui a acheté un magasin. Umm Anmar a réalisé des gains importants grâce à son esclave. Et l’a probablement affranchi, il devenir mawali car pendant les persécutions il est appelé “esclave affranchi d’Oum Anmar”.

La famille de Hind bint Awf

Lubaba bint al-Harith, amie proche de Khadijah, elle est la seconde femme à se convertir à l’Islam, le même jour que Khadija. Elle est l’épouse d’Abbas ibn Abd al-Muttalib, leur fils ainé nait en 614. C’est elle qui tuera Abu Lahab avec une lance après la bataille de Badr en 624. Nous allons voir que la famille de Lubaba est très proche des Banu ‘Abd al-Muttalib. 
La mère de Lubaba et de ses soeurs est Hind bint Awf, d’après les dates retouvées, elle doit avoir avoir l’age du couple Khadija-Muhammad. Le père de Hind est Awf ibn Zuhayr ibn al-Harith, de Himyar au Yemen. Hind a eu quatres maris. 


Le premier mari de Hind est Al-Jaz’i de la tribue Zubayd du Yémen. Leur fils Mahmiyah ibn Al-Jaz’i al-Zubaydi, fait parti des émigrés en Abyssinie et est nommé trésorier de la communauté musulmane quand il rejoint Médine en 628. 


Le second mari est Al-Harith ibn Hazn, des banu Hilali, branche des Banu Amir, une tribue du Najd en guerre contre les Quraysh pendant la guerre du Fidjar. De lui elle a Lubaba bint al-Harith en 593, que nous venons d’évoquer, son père meurt alors qu’elle est jeune enfant. 


Le troisième mari de Hind (celui de cette période) est Umays ibn Ma’ad, des banu Khath’am, une tribue du Yemen, qui vit dans les montagnes du sud de l’arabie, entre les villes de Ta’if et Najran sur la route des caravanes entre La Mecque et le Yemen. Les Banu Khath’am servent dans l’armée aksumites, le royaume chrétien ethiopien. De lui, elle a deux filles, Asma et Salma (nées entre 595 et 600?) qui vont se convertir pendant la période de Dar al-Arqam. Asma’ Bint ‘Umays, va épouser Jafar ibn Abi Talib (le frère de Ali) avec lequel elle partira en Abyssinie. Salma bint ‘Umays va épouser Hamza ibn Abd al-Muttalib.

La famille de Jahsh ibn Riyab

Jahsh ibn Riyab des Banu Asad ibn Khuzayma, du Najd, vient s’installer à La Mecque. C’est un commerçant aisé car il forme une alliance avec Harb ibn Umayya à son arrivée à La Mecque. Il va épouser la tante de Muhammad Umayma bint Abd al-Muttalib (leur fils ainé nait vers 584), ses enfants vont épouser des jeunes de riches familles : des filles d’Abu Sufyan, et deux jeunes de riche famille des clans Zurah et ‘Abd al Dar. Toute la famille va partir en Abyssinie, y compris les épous(e)s des enfants. Les mariages ont donc eu lieu avant l’Islam.


Abd Allah ibn Jahsh, qui épouse Fatima bint Abi Hubaysh, 
Ubayd Allah ibn Jahsh, s’interesse au monothéisme, en particulier au christianisme déjà avant la révélation. Il épouse Ramla bint Abi Sufyan. En Abyssinie, Ubayd Allah se convertit au christianisme et divorce.
Zaynab bint Jahsh, divorce puis émigre à Médine où elle épousera Zayd puis Muhammad.


Abu Ahmad ibn Jahsh, aveugle, épouse Al-Faraa bint Abu Sufyan.
Habiba bint Jahsh, épouse ‘Abd al-Rahman ibn ‘Awf des Banu Zuhra[4].
Hamna bint Jahsh, épouse Muṣʿab ibn ʿUmayr des Banū ʿAbd al-Dār. Ils sont jeunes à l’époque de la révélation, et vont partir ensembles à Médine quand Muhammad envoie Mus’ab en ambassadeur à Médine après le premier serment d’Al Aqaba.

The Yemenite connexion

Un fait revient souvent à la lecture, c’est le lien très fort du début de la sira nabawya avec le Yemen. Celui-ci est constemment en guerre pour son indépendance des empires sassanides et aksoumites. Il semble que l’Islam va établir un lien avec l’indépendance du Yemen.

D’après la tradition ‘Abd al-Muttalib a ouvert le commerce avec le Yemen. Des bateaux mecquois circulent sur la mer rouge. ‘Abd al Muttalib rencontre de son vivant Amr ibn Ma’adi Yakrib qui sera un des premiers convertis au Yemen.

Al-Zubayr ibn Abd al-Muttalib, est à l’initiative du Hilf al Fudhul, qui vient en défense d’un marchand yéménite de Zabid. Il s’occupe de Muhammad et l’emmène en voyage au Yémen. Meurt avant l’Islam. Parmis ses enfants, deux de ses filles participent à l’Islam.

Abu Musa Al Ashari est originaire de Zabid, dans la région du Yémen, où vivait sa tribu, les Ash’ir, à l’époque préislamique. Il a accepté l’Islam à La Mecque avant l’Hégire et est retourné dans son Yémen natal pour propager sa foi.

Miqdad Ibn Aswad est né dans l’Hadhramaout, au Yémen. Il partit pour La Mecque après un incident entre lui et l’un des membres de la tribu.

Abu Bakr al Taymi rejoint le groupe au retour d’un voyage au Yemen.

Hind bint Awf. Son père est Awf ibn Zuhayr ibn al-Haarith de la tribue Himyar du Yemen. A l’époque du prophète elle est probablement mariée à Umays ibn Ma’ad , des banu Khath’am, une tribue du Yemen, qui vit dans les montagnes du sud de l’arabie, entre les villes de Najran et Ta’if sur la route des caravanes entre Yemen and Mecca. Ses filles sont parmis les premières converties et vont épouser des banu ‘Abd al Muttalib.

Quss Ibn Sa’ida al-Iyadi, eveque de Najran. Réputé avoir prêché le christianisme au Souq d’Ukaz en présence de Muhammad.

Parmi les premières sourates, on retrouve le massacre des chrétiens de Najran, des références au royaume de Saba, au barrage de Marib qui est partiellement détruit en 570 et au peuple de Tubbaʿ.

D’après un hadith, Muhammad aurait affirmé “le souffle d’al-Rahmann m’est venu du Yémen” :

  • “إني أجد نفس الرحمن من قبل اليمن”.والجواب: أن هذا الحديث رواه الإمام أحمد في المسند من حديث أبي هريرة – رضي الله عنه -قال: قال النبي، صلى الله عليه وسلم،: “ألا إن الإيمان يمان، والحكمة يمانية، وأجد نفس ربكم من قبل اليمن”
  • عن أبي هريرة رضي الله عنه قال النبي صلى الله عليه و سلم : جاء أهل اليمن هم أرق أفئدة الإيمان يمان والفقه يمان والحكمة يمانية (رواه مسلم في صحيحه رقم ٥٢)
  • عن أبي هريرة رضي الله عنه قال رسول الله صلى الله عليه وسلم : إن الله يبعث ريحا من اليمن ألين من الحرير فلا تدع أحدا في قلبه مثقال حبة من إيمان إلا قبضته (رواه مسلم في صحيحه رقم ١١٧)

Sana’ restera musulmane pendant les ridda wars.

Les Chrétiens autour de Muhammad

voir aussi Hanafyah et Intertextualité

Zayd ibn Haritah, le fils adoptif de Muhammad, est issu des Banu Kalb, une tribue évoluant dans le nord de l’arabie.Ils ont adopté le christianisme monophysiste. En conflit avec les Ghatafan, les Banu Kalb sont offusqués par les idoles incluses par ceux-ci dans un haram semblable à la Kabaa.


Ce contexte historique donne un relief aux différentes traditions sur Zayd Ibn Amr, qui avertit le prophète de ne pas consommer de viandes dédiées aux idoles, que le culte de pierres ou de bois coupés est irrationnel, car celles-ci ne peuvent ni voir, ni manger, ni aider. Toutes ces reflexions sont présentes dans la Torah et l’Evangile, et l’abstention de viande dédiées aux idoles est aussi une pratique chrétienne. Zayd appartient aux Banu Adi, son père Amr ibn Nufayl va mourrir pendant son enfance. Il a un fils Said de son premier mariage avec Fatima bint Baaja des Banu Khuza’a, une tibue convertie au christianisme. Il fait de nombreux voyages en Syrie où il interroge juifs et chrétiens. Ces voyages agacent sa seconde épouse, car en rentrant il est accoutumé à prêcher contre les idoles à La Mecque. Elle s’en plaind à l’oncle de Zayd, Al Khattab ibn Nufayl, qui finit par exiler Zayd de La Mecque. 


Son fils Said ibn Zyad va épouser Fatma bint Al Khattab avant 600. Said et Fatma sont parmi les tout premiers convertis à l’Islam et Sayd devient secretaire de Muhammad. Les frères de Fatma, Umar ibn al-Khattab et Zayd ibn al-Khattab se convertiront pendant la période d’Al Arqam et émigreront à Médine. Les recherches de Zayd ibn Amr sur le monothéisme, son prêche contre les idoles de la Ka’ba et les conseils donnés à Muhammad montrent une proximité entre le rejet monothéiste des idoles et les débuts de l’Islam. Les Banu ‘Ady n’étaient pas proches des clans du Hilf, le fait que Said et sa femme rejoignent directement l’Islam, ainsi que la conversion de Omar, ajoutent à l’importance de Zayd.


Quss Ibn Sa’ida al-Iyadi, eveque de Najran (une des première sourates évoque le massacre des chrétiens de Najran. Réputé avoir prêché le christianisme au Souq d’Ukaz (Sūq ʿUkāẓ سوق عكاظ). Une fois à Médine il lui écrira des lettres et recevra une délégation. Muhammad et Abu Bakr [8] l’ont entendu sur place.


Waraqa ibn Nawfal est le cousin de Khadija. Il écrivait depuis les livres en hébreu, y compris l’évangile. (وكان امرأ تنصر في الجاهلية، وكان يكتب الكتاب العبراني، فيكتب من الإنجيل بالعبرانية ما شاء الله أن يكتب) noter aussi l’emploi du mot nemous ( فقال له ورقة هذا الناموس الذي نزل الله على موسى). Il y avait des judéo chrétiens proche de l’arabie, comme en témoigne par exemple Epiphane dans son panarion, évoque des elkasaites venus dans le pays nabatéen et chez les assyriens après la troisième guerre judéo romaine. 

L’installation des banu Israel

Nous avons vu précédemment comment en -1500 l’expulsion des hyksos, peuple asiatique semi nomade venu en immgration en Egypte, semble être l’evenement historique de l’exode, raconté dans sa version egyptienne.

Que deviennent-ils en Canaan ? Comment expliquer l’origine d’Israel mentionné en -1230 sur la stèle de Merenptah, peuple qui se sédentarisera à l’age du Fer I (-1200, -1000) dans la vallée du Jourdain ?

Une fois de plus la vidéo d’Allan Arsmann sur le sujet est interessante.

Historiographie

1925 – Théorie de l’infiltration
Albrecht Alt en 1925 propose une infiltration progressive des Israélites en Canaan, certains pouvant être passés par l’Égypte et ayant rapporté leur tradition particulière. Ce sont des peuples nomades ou semi-nomades qui arrivent sur une période étendue. Martin Noth y ajoute l’idée d’une fédération de douze tribus liées par un dieu commun et un lieu de culte. Elle est interessante en ce qu’elle formule l’importance de la religion dans la formation du peuple (ethnogénèse), et l’importance d’un apport nomade exterieur au peuple autochtone.

1940 à 1970 – Le modèle Albright-Wright de la conquête
C’est le modèle issu de l’archéologie biblique du milieu du xxe siècle. Albright et Wright aux États-Unis et Y. Yadin en Israël représentent le fer de lance de l’archéologie biblique sioniste dans les années 1940-70.

En se basant sur les fouilles d’Albright ainsi que sur la découverte par Wright d’une épaisse couche de cendre à Beitin, ils développent l’idée que la conquête de Canaan par les Israélites a eu lieu au 13e siècle en liant les destructions de Beitin, Hazor, Lakish.

Ce modèle est devenu obsolète, il est totalement remis en cause car il représente une conquête rapide et totale de Canaan qui ne correspond ni à l’archéologie ni au texte biblique. Les destructions qui leur servaient d’exemple ont eu lieu à des moments trop espacés pour faire partie de la même campagne. En particulier la destruction de Jéricho est bien trop précoce pour ce modèle.

1962 – Théorie de la révolte paysanne
George Mendenhall propose ce modèle en 1962. Selon lui, l’apparition d’un mouvement religieux rendit possible la révolte des paysans cananéens contre les collecteurs de taxe venus des villes. Ce serait l’apparition d’un petit groupe d’esclaves venant d’Égypte qui aurait permis le soulèvement de tout un pays contre ses rois. C’est un constat sociologique et culturel qui l’amène à cette conclusion. Cette idée est reprise par Norman Gottwald dans The Tribes of Yahwe, qui, au grand dam de Medenhall inscrit cette théorie dans une version plus marxiste de l’histoire. Gottwald sera sévèrement critiqué par Niels Peter Lemche, qui reprend l’idée de Medenhall, proposant les Israélites comme descendant des Apirous, mais en fait une évolution progressive, dépourvue de la dimension sociale.

Plus récemment, dans Moïse l’insurgé (résumé interessant, qui présente bien la vision de ce camps historiographique) , Jacob Rogozinski reprend cette thèse. “Pour lui, le « dispositif mosaïque », contrairement aux autres religions de l’Antiquité, n’est au service d’aucun pouvoir royal, mais au contraire porteur de l’idée que « les asservis ont la possibilité de se soulever contre leurs maîtres et de marcher vers une terre de liberté » .

Si ces théories vont assez loin, s’ancrant notemment dans la spécificité du Fer I et ses populations shasous et du conflit social des apirous avec les cités états, elles insistent beaucoup plus sur le caractère politique, important, que sur l’aspect religieux. Perdant la spécificité de la période de formation en Egypte, du conflit hyksos et de l’importance du désert et d’un Dieu nouveau. Elle réduise à un petit groupe isolé l’apport de l’exode.

1981 – Entrée en Canaan puis occupation tardive
Ce modèle, proposé dans différentes variantes (conquête à différents moments du Bronze récent, entre le xve et le xiiie siècle av. J.-C.) s’appuie sur une relecture des textes bibliques et les avancées de l’archéologie.

Le livre de Josué indique précisément que seules trois villes sont détruites pendant la conquête, sans toutefois être occupées par les Israélites par la suite : Jéricho, Ai et Hazor. Cette conquête aurait eu pour seul effet de tuer les chefs cananéens et une partie de la population. La Bible hébraïque raconte l’échec de cette conquête rapide et les difficultés des Israélites pour s’installer en Canaan, dans un conflit long, raconté par les egyptiens et les canaanéens dans les lettres d’El Amarna.

Pour John J. Bimson, la conquête correspond à la destruction de certaines villes cananéennes qui marque la fin du Bronze Moyen, tandis que l’histoire des populations nomades et tribales correspond au Bronze Récent. C’est définitivement la thèse qui sera défendue ici, nous expliquerons pourquoi ci dessous.

1990 à aujourd’hui – Théorie de la resédentarisation
C’est une théorie de Yohanan Aharoni, développée principalement par Israël Finkelstein et William G. Dever. C’est celle du “sionisme de gauche”, qui fait disparaitre la conquête et présente les banu Israel comme autochtones, le peuple canaanéen qui serait revenus après une periode de nomadisation. Ce qui est difficile à comprendre, vu qu’il y a continuité de l’occupation canaanéene à cette période.

Si I. Finkelstein est définitivement le grand chercheurs de la sédentarisation des banu Israel à partir du 12e siècle, ses travaux de vulgarisation ont fait beaucoup de mal, en présentant avec beaucoup de support médiatique une thèse qui sous pretexte d’archéologie fait disparaitre l’aspect religieux et politique, pourtant omniprésent, voyant le succès économique des Omrides (après -950) comme seul parametre interessant.

Le modèle repose sur l’idée que la population qui se sédentarise au Fer I est une population indigène, issue de la population cananéenne du Bronze récent. Israël Finkelstein s’appuie sur la similarité de la culture et des modes de vies du Bronze récent avec ceux du Fer I, également sur le fait que les villes du Nord retrouvent une culture cananéenne au 10e siècle. La continuité des cultures montre que la population se sédentarisant était déjà présente en Palestine pendant le Bronze récent.

D’après A. Mazar, les traditions cananéenne sont générales à toutes les populations du Fer I et ne pointent pas nécessairement vers l’origine cananéenne d’Israël. La Bible décrit également un mélange culturel, les Israélites adoptant les traditions de ceux qui les entourent. Cette théorie de la resédentarisation repose sur les Shasous, or, certains shasous ont émigré en Égypte, comme le Jacob biblique. Dans un document égyptien, leur territoire est nommé « Yahu ».

Résumé

Ce qui est prouvé archéologiquement, grâce à Finkelstein, c’est la sédentarisation des Banu Israel au Fer I, après -1200, après qu’Israel soit mentionné comme un peuple nomade sur la stèle de Merenptah. C’est la sédentarisation d’un peuple nomade dans les colines autour de la vallée du Jourdain.

Les différentes théories varient sur l’origine de ce peuple, dont on sait qu’il formera le royaume de David et Salomon plus tard (les thèses sur leur inexistance se sont effondrées).

Tout le monde se réfère à ce qui est connu auparavant au 14e et 13e : les populations nomades que sont les bédouins Shasous des textes egyptiens et les Apirous des lettres d’El Amarna. En insistant ou en réduisant leur importance. Certains lieux de culte, comme Shilo et Beth-El sont à la fois utilisés par cette population nomade des hautes terres et expressément mentionnés dans la Bible comme lieus de culte des Israélites.

La destruction des villes fortifiées en Canaan, lors passage du bronze moyen au bronze récent en Palestine, n’a pas d’autre explication historique que l’expulsion des hyksos (Ben Tor), la campagne egyptienne elle même n’a pas dépassé Sharuhen.

A partir de là, la société canaanéenne décline, mais devient culturellement plus prolixe. cette destruction ne va pas marquer la fin des canaanéens, mais leur chute progressive, en accord avec le texte biblique. Le livre de Josué ne parle pas d’une destruction massive, mais de trois villes détruites, puis l’installation et la repartition des terres entre les tribues. Les livres suivants décrivent la cohabitation difficile entre les canaanéens et les banu israel, dont un conflit religieux, et la permabilité des banu israel aux idoles canaanéennes, ce que confirme l’archéologie.

La civilisation cananéenne était particulièrement développée au Bronze Moyen, et formait un ensemble conséquent de cités-États fortifiées. De nombreuses villes, comme Hazor, la ville cananéenne la plus importante, Lakish, Jéricho, sont détruites à la fin du bronze moyen, dans ce qui est appelé un effondrement systémique,  daté au carbone 14 aux alentours de -1550. Ces cités sont rapidement reconstruites dès le début du Bronze Récent et connaîtront pour la plupart une nouvelle prospérité. Cependant ces villes ne sont plus fortifiées au Bronze Récent. Que se passe-t-il au XVe siècle dans l’archéologie canaanéenne ? Les villes à haute murailles (Jericho, Hazor, …) sont détruites et laissent place à des villes bien plus petites, sans fortifications. La culture canaanéenne change à ce moment. Le récit biblique ne raconte pas un conquète immédiate, mais seulement la destruction de trois villes canaanéennes : Jericho, Ai et Hazor. Puis l’installation des israélites dans les marges, en conflit avec les canaanéens.

Voici les dates de destructions généralement acceptées, telles que proposées par les personnes en charge des fouilles respectives des villes concernées :

Le schéma montre une première strate de destruction vers -1500 qui marque le passage du bronze moyen au bronze récent en Palestine. Les cités sont reconstruites, mais sans leurs murs. La période suivante est celle des lettres d’el amarna, qui relate un combat continue entre ces cités et les rebelles ‘apirous’, qui est le pendant egyptien du conflit raconté par les ‘hébreux’ dans le livres des juges. Et relate le combat culturel entre le polythéisme sédentaire canaanéen et les semi nomades monothéistes. Vers 1200 ceux-ci se sédentarisent puis fondent leur propre “royaume” vers -1000.

-1500 à -1200 L’émergence en Palestine d’une communauté de bédouins shasous dans les montagnes autour du Jourdain. On a une mention partielle d’Israel dans une stèle présente en Allemagne et surtout la mention des Shasous de Yahwah. On a aussi le témoignage des lettres d’el Amarna qui montre au 14e siècle des combats acharnés entre les cités canaanéennes et des bandes de “renegats” nomades qui les entourent. au 14e siècle conflit entre les apirous et les cananéens vassaux des egyptiens. Le terme “apirou” n’est pas un terme ethnique, mais social, ce sont des marginaux nomades en conflit avec les autorités (lire “gitans” donnera une bonne aproximation). si l’on regarde le texte biblique avec attention, c’est bien le terme “hébreu” qui est toujours pejoratif et donner par des étrangers aux banu israel (voir Nadav Na’aman, « Habiru and Hebrews, the transfer of a social term to the literary sphere »). On observe de nouvelles destructions, étalées dans le temps qui marquent la fin de la periode, canaanéennes, les villes seront par la suite occupée par les banu israel, façon campement d’abord, avec des puits, puis reconstruction.

-1200 l’archéologie parle de la sédentarisation de tribues nomades pré existante au 12e siècle. et on a avant la sédentarisation la stèle qui donne le nom d’israel a des nomades présents. donc le 12e siècle est un terminus “ante quem”, on a la preuve qu’ils sont déjà présents à ce moment. les canaanéens ont progressivement disparu. L’archéologie décrit au XIIe siècle la sédentarisation de tribues nomades !préalablement existantes!. La stele de merenptah décrit avant la sédentarisation la présence des banu israel comme popuilation nomade. au Xe siècle se forme le royaume de David. Arrivées des philistins en Palestine (qui lui donneront leur nom). Ce sont des peuplades grecques parti s’sinstaller sur toute la méditerannée, jusqu’en Egypte. Peut etre après la fin de la guerre de Troie. D’eux font partie le fameux Goliath.

1000 la fondation d’un petit royaume dont les fondateurs sont David et Salomon. Et du temple d’Al Quds.

Les banu Israel en Egypte

« Nous te racontons, en toute vérité et à l’intention des gens qui croient, une partie de l’histoire de Moïse et de Pharaon. Pharaon s’était érigé [en despote arrogant], sur terre, et avait divisé son peuple en castes (distinctes). Il opprimait l’une d’elles, dont il faisait tuer les enfants mâles, tout en épargnant les femmes. Il était vraiment de ceux qui sèment la corruption. Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur terre et faire d’eux des exemples (à suivre) et des héritiers. Nous voulions les établir fermement sur terre et réaliser sous les yeux de Pharaon, de Haman et de leurs troupes ce qu’ils redoutaient tant de leur part. » (Coran 28:3-6)

Les hyksos, peuple asiatique semi nomade venu en immgration en Egypte. L’hypothèse développée ici, c’est que l’expulsion des hyksos est la version égyptienne et que le récit biblique est la version des banu Israel d’une même histoire. Depuis une immigration venue progressivement du levant, jusqu’à leur expulsion violente par Kamose. C’est la seule fois ou des sémites sont présents massivement en Egypte.

L’arrivée dans la vallée du Nil de bédouins sémite remonte a bien avant la période Hyksos proprement dite. Une immigration progressive de levantins vers l’Egypte, qui a un moment, pendant la seconde periode intermédiaire, devient majoritaire et s’autonomise.

Bien que l’origine levantine de ces dirigeants ne soit pas remise en question en raison de leurs noms, de leur architecture et de leur culture matérielle, ces résultats remettent en question le récit classique des Hyksos en tant que force envahissante. Au lieu de cela, cette recherche soutient la théorie selon laquelle les dirigeants Hyksos n’étaient pas originaires d’un lieu d’origine unifié, mais étaient des Asiatiques occidentaux dont les ancêtres se sont installés en Égypte pendant le moyen empire, y ont vécu pendant des siècles, puis ont régné sur le nord de l’Égypte. Le large éventail de valeurs dans l’assemblage de Tell el-Dab”a suggère que les non-locaux, que ce soit avant ou pendant le règne des Hyksos, ne venaient pas d’une seule patrie unifiée, mais d’une grande variété d’origines.Who were the Hyksos? Challenging traditional narratives

Ils ont des noms sémitiques comme Yaqoub-her ou Khyan (amorite?).

Plutôt qu’une « invasion », il semble qu’à mesure que l’autorité centralisée des rois égyptiens déclinait, les élites de Tell el-Dab’a augmentèrent leur pouvoir local jusqu’à ce que, par un coup d’État ou simplement un processus lent et pacifique, on voit l’installation d’un gouvernement autonome autour d’Avaris, que les egyptiens enregistreront dans leurs termes en 15 et 16e dynastie.

Les relations directes et intenses entre le royaume d’Avaris et le souverain de Kouch, mentionnées dans les stèles de Kamose, sont attestées par les découvertes de poteries de Basse-Égypte dans les cimetières de Kermac et dans les forteresses de Basse-Nubienne, des sceaux portant les noms de dirigeants asiatiques et des motifs Tell el-Dabaa ou cananéens trouvés dans des contextes Kerma en Nubie.

La ville d’Avaris

La ville d’Avaris, (qui deviendra bien plus tard Pi-Ramses, la capitale de Ramses II) est la capitale et le lieu principal de l’immigration levantine en Egypte.

Manfred Beitak est le responsable des fouilles de la ville d’Avaris. Il en propose un résumé ici, où l’on peut lire entre autres :

Située entre la branche la plus orientale du NIL et une branche latérale, Avaris était entourée d’eau et se trouvait au début de la route d’Horus vers le Sinaï et la Palestine.

Il semble y avoir eu des troubles plus tard, avec des statues brisées et des demeures abandonnées. Peu de temps après, un modèle de peuplement égalitaire est visible au sommet des manoirs et dans la ville de l’Est (zone A/II, phase G/1-3 (vers le 17e siècle). Les parcelles étaient vastes et les enterrements étaient effectués à l’intérieur des cours. Pendant cette période, le pourcentage de poteries de l’âge du bronze moyen importées et fabriquées localement est passé du niveau précédent de 16 pour cent à près de 20 pour cent, et peu après à 40 pour cent. Le processus d’acculturation aux normes égyptiennes non seulement s’est arrêté, mais il semble également y avoir eu une augmentation des traits et des attributs culturels cananéens.

Il existe des preuves de cultes cananéens. Un sceau cylindrique en hématite avec une représentation du dieu de la tempête de la Syrie du Nord Hadad/Ba’al Zephon date de la 13e dynastie et a été découpé localement. Dans la Ville de l’Est (A/II), un grand temple proche-oriental à larges salles a été construit, qui s’est développé peu de temps après, au cours de la phase E/3, pour devenir une formidable enceinte sacrée qui date probablement de l’époque du roi Nehesy du début 14e dynastie (vers 1720 avant notre ère). Le temple principal (III) (avec des dimensions finales de 32,5 × 21,5 m), avec un autel de feu devant, fut le premier sanctuaire à être construit. Comme les parallèles architecturaux les plus proches d’Alep, d’Alalakh et de Hazor étaient consacrés au dieu syrien de la tempête, il est probable qu’il était également la divinité titulaire de ce temple.

Sous la 14e dynastie, les animaux sacrificiels de la période Hyksos étaient des bovins, des moutons et des chèvres. Les os de porc, bien que pas rares dans les déchets des colonies, étaient largement absents. Il semble qu’une sorte de tabou du porc à des fins rituelles ait déjà été établi parmi les Cananéens vivant en Égypte.

Couches stratiagraphiques M-N
Amenemhet I (12e dynastie) a planifié une colonie, appelée Hutwaret, située dans le 19e Nome, vers 1930 avant JC. C’était une petite ville égyptienne jusqu’à environ 1830 avant JC, date à laquelle elle commença à se développer grâce à l’immigration des Cananéens (Levant âge du bronze moyen IIA). En 1800 avant JC, c’était une colonie commerciale beaucoup plus grande sous contrôle égyptien. Au cours des 100 années suivantes, l’immigration a accru la taille de la ville.[26] Des scarabées portant le nom de « Retjenu » (proche orient actuel) ont été trouvés à Avaris, datant également de la 12e dynastie (1991-1802 avant notre ère).[27]

Asiatiques entrant en Égypte à l’époque de Khnumhotep II qui régna entre l’époque de Amenemhat II et Sésostris III (12e dynastie – 19e siècle).

Couches stratiagraphiques G
Vers 1780, un temple dédié à Seth fut construit. Les Cananéens vivant à Avaris considéraient le dieu égyptien Seth comme le dieu cananéen Hadad. Tous deux dominaient la météo.[26]

Couches stratiagraphiques F
Vers 1700 avant JC, un quartier de temples dédiés à Asherah cananéenne et à Hathor égyptienne a été construit dans la partie orientale de la ville. À partir de 1700, la stratification sociale commence et une élite apparaît.[26]

Couches stratiagraphiques E
En 1650 les Hyksos arrivent et la ville s’étend jusqu’à 250 ha. On pense qu’Avaris était la plus grande ville du monde de 1670 à 1557 avant JC. Une grande citadelle fut construite vers 1550.[26]

Schéma de l’occupation de la ville. L’expansion a partir de l’immigration du levant commence bien avant la période Hyksos a proprement parler.

Une population levantine

La période hyksos proprement dite, de 1650 à 1530 commence avec des arrivées massives, constatables sur la strate E. Les travaux de Manfred Bietak montrent des liens dans l’architecture, la céramique et les pratiques funéraires cohérents avec une origine nord-levantine des Hyksos. S’appuyant particulièrement sur l’architecture des temples, Bietak montre de forts parallèles entre les pratiques religieuses des Hyksos à Avaris avec celles de la région autour de Byblos, Ougarit, Alalakh et Tell Brak, définissant la « maison spirituelle » des Hyksos : « à l’extrême nord de la Syrie ». et le nord de la Mésopotamie”. Le terme égyptien Retjenu suggère également une origine nord-levantine.

On pense qu’Avaris était la plus grande ville du monde de 1670 à 1557 avant JC. Cette ville, qui est un port sur le Nil avec accès direct à la mer, a des connections marquées avec la mer égée et la civilisation minoéenne, ainsi qu’avec le nord du levant comme on l’a vue. Ce systeme commercial méditerannéen peut être vue comme un précurseur de ce que fera par la suite la Phénicie.

Cet ensemble aussi se retrouve dans les textes : la légende d’Io, pélasge d’Argos “enlevée par des Phéniciens” et fécondée par Zeus, engendrant de là toute une descendance qui régnera sur l’Égypte… autant que la “Phénicie”, et la Crète (par Europe), prend tout son sens. De même que la légende égyptienne du Papyrus d’Astarté qui associe cette sombre période de domination étrangère au dieu levantin MARIN Yam. D’une certaine manière les légendes et l’association aux divinités, tout comme les filiations reconstruites dans le monde sémite, sont une façon de garder l’histoire des peuples.

Cependant ces immigrés levantins, dont le commerce maritime est Pendant ces 300 ans d’immigrations progressive, la ville a aussi acceulli des immigrés bédouins (la culture bédouine est largement attestée) de mésopotomie et probablement aussi des arabes. Une telle ville a forcement accueilli des marchands, des réfugiés (famines), des voyageurs, etc.


Le temple de seth

Pendant la periode Hyksos on note la présence d’un temple au Dieu Seth. Une version Hyksos de Seth, qui prend des aspects levantins est alors construite. Certains aspects font penser au dieu des tempêtes que sont les divinités principales teshub des hurrites, ou adad des amorites, ou peut etre encore le sumérien dumuzi. Vu la diversité d’origine des hyksos, il est possible qu’à travers le seth égyptiens, la population asiatique importe ses dieux suprèmes de leurs religions respectives. Les egyptiens accusent d’ailleurs les hyksos d’avoir “corrompu” seth. Le nouvel empire en fera le dieu des étrangers. Au cours de ce processus le dieu égyptien Seth a progressivement commencé à incorporer ces traits d’altérité religieuse et à assumer les caractéristiques à la fois mauvais et asiatique, également un dieu du désert.

La vidéo d’Allan Arsnann là dessus, mais il faut le corriger : ils n’adoraient pas Seth, ils ont traduit leur Dieu en Seth pour les egyptiens. Alla Arsnann fait trop de concordisme, en oubliant souvent de s’attacher aux différences, au modifications, aux prises de partis conflictuels à l’intérieur du systeme religieux antique. A l’époque des hyksos, (conc contrairement à son hypothèse) le serpent représente-t-il l’ennemi du dieu seth ? Moise le tenant dans sa main et en faisant un bout de bois semble plutot une remise en cause du serpent comme figure egyptienne, une maitrise de leurs symboles, réduits à rien. Il donne cependant des liens interessants, comme la destruction des idoles (d’après Flavius Joseph).

Apopi vs Seqenenre

Un dernier hyksos Apopi est un candidat interessant pour le Moïse historique. “”Le roi Apophis a choisi pour son seigneur le dieu Seth. Il n’adorait aucune autre divinité dans tout le pays à l’exception de Seth.” The Quarrel of Apophis and Seqenenre

Durant son règne long de plus de quarante ans, Apophi entre en guerre contre le roi thébain Seqenenrê Tâa.

« Qu’un messager aille vers le chef de la ville du Midi pour lui dire : Le roi Râ-Apôpi, (vie, santé, force), t’envoie dire : Qu’on chasse sur l’étang les hippopotames qui sont dans les canaux du pays, afin qu’ils laissent venir à moi le sommeil, la nuit et le jour»

La référence aux hippopotames est un detournement de la culture egyptienne, puisque celui-ci, une des représentations de seth, est aussi connu pour avoir tué le premier roi egyptien, Menes. Ce qui peut expliquer le malaise de Seqenre décrit par la suite. Ce roi a été tué violemment, probablement par une hache “duckbill” couramment utilisée par les asiatiques. Son premier fils meurt jeune. Pour le témoin de Jehovah Gerard Gertoux qui a fait de longues recherches sur l’histoire biblique, c’est le pharaon de l’exode. Moise, et l’exode, quelle évidence ?

La stèle de la tempête

La stèle de la tempête, écrite pendant le règne d’Ahmose marque une terrible tempête et ses conséquences sur l’Egypte. Celle-ci pourrait être liée à l’eruption de Thera et ses conséquences sur l’est de la méditerranée (voir A Storm in Egypt during the Reign of Ahmose), bien que des débats sur la chronologie continue à ce propos. Si l’on considère comme Gertoux qui appuie son analyse sur d’autres documents, comme lesTeaching for King Merikare (voir ref plus haut), que celle ci a lieu avant son règne, les dates commencent à se rapprocher, vers le début ou la mmoitié du 16e siècle.

Guerre

Kamose, le frère de Seqenenre va ensuite mener la guerre contre les hyksos et les chasser d’Avaris puis les combatre jusqu’à Sharuhen. Cependant aucune mention d’Apopi n’est faite dans ses campagnes.

Nous verrons par la suite que cette campagne et la fuite des hyksos correspondent au passage du bronze moyen II (-2000 a 1550) au fer ancien (1550 -1200) en Palestine, qui marque le début des conflits des banu Israel contre les cités états canaanites, suite de notre étude.

Y-a-t-il equivalence entre les banu Israel et les hyksos ?

Dans les textes bibliques, on ne parle pas encore d’un peuple à ce moment, mais simplement d’une famille qui va y trouver refuge. Au moment où le pouvoir égyptien commerce et est favorable aux étrangers.

La formation d’un peuple, une alliance de douze tribues autour du Dieu monothéiste, n’a lieu qu’avec Moïse. Au moment du conflit entre la population immigrée et un nouveau pharaon. Seqenenre puis Ahmose.

La Torah formule qu’une “multitude mélangée” (Ex12.38 : עֵ֥רֶב רַ֖ב) sort d’egypte. Le peuple est alors en formation, il se forme par cet évenement, avant de s’exiler de cette ville par le désert, vers Madyan. Il y a une alliance qui se forme dans la reconnaissance du Dieu de Moïse, qui rassemble, par le conflit avec le pouvoir égyptien, une multitude d’habitants, qui deviennent un peuple.

Si la présence sémite massive en Egypte fait de cette période la seule possible pour l’histoire des banu Israel en Egypte, il reste des questions a explorés:

  • ceux qui partiront avec Moise sont ils l’ensemble de la population sémitique ou une partie seulement ? y-a-t-il des conflits ou des différences entre eux ?
  • Comment comprendre les divinités Hyksos ? Dans les textes monothéistes Dieu est révélé à Moïse dans le désert de Madian, puis Moïse revient en Egypte. Le Seth/Adad des Hyksos est-il une figure hyksos de ce Dieu monothéiste avant Moïse ? Ou bien est il une forme des ba’al, les idoles moyen oriental de cette époque ?
  • Apopi n’aurait-il pas été associé à Seth, une divinité négative, par les égyptiens plus tard, pour décrire en mauvais termes le Dieu monothéistes des sémites ?
  • Qui est l’amalek en gueerre sur la voie du nord ? Une partie des hyksos, pourrait elle avoir été en opposition avec l’alliance des banu Israel qui s’enfuit ? ce que signifierait alors le probleme d’amalek sur la route du nord, un conflit entre les égyptiens de Kamose et une partie hourrite (indo européenne) des élites hyksos ? Un conflit interne aux hyksos est la théorie de cette vidéo https://youtu.be/As7DJIIUYCc?si=HSYOHdUHvqg_k6Uv&t=1009 et elle mérite d’être étudiée. La question des constructions en brique (mais qui ont lieu deux fois), y est également importante.

L’énigmatique bolchevik de Jérusalem : les mémoires de Najati Sidqi – Salim Tamari

Le sujet de ces mémoires, Najati Sidqi (1905-1979), est presque oublié dans les annales du mouvement national palestinien : même au sein de la gauche, rares sont ceux qui se souviennent de lui. Pourtant, Sidqi fût une figure marquante du communisme palestinien et arabe. Leader du mouvement syndical, il a représenté le Parti communiste palestinien (PCP) au Komintern, a été l’un des rares socialistes arabes à rejoindre la lutte antifasciste en Espagne et a contribué de manière significative au journalisme politique et culturel de la gauche. en Syrie, au Liban et en Palestine. 

Aujourd’hui, grâce à l’édition méticuleuse de Hanna Abu Hanna – et à ses nombreuses annotations et glossaire – nous possédons un témoignage précieux de ce qui s’est passé dans les coulisses des activités partisanes syriennes et palestiniennes et un récit vivant de la façon dont les socialistes et communistes arabes vivaient dans le régime soviétique.

À différentes étapes de sa carrière, Sidqi a eu des contacts personnels (et parfois intimes) avec Joseph Staline, Nicolaï Boukharine (auteur de la Constitution soviétique) et l’un des fondateurs du Komintern, Jorge Dimitrov (le chef des communistes bulgares) , Dolores Ibaruri (la légendaire dirigeante du mouvement républicain espagnol), George Marchais (dirigeant du Parti communiste français) et avec Khalid Bagdash (le dirigeant kurde du Parti communiste syrien avec lequel Sidqi avait des différends chroniques et amers sur leurs évaluations divergentes de la situation). Islam et nationalisme arabe). Il a été témoin de l’arrestation et de l’exécution de Grégoire Zinoviev et de Boukharine, de la chute de Madrid aux mains des forces franquistes et de la montée du mouvement nazi à Berlin. Il fut également témoin oculaire de l’entrée de l’armée britannique en Palestine, de l’exil du roi Fayçal de Damas et de la sortie de l’armée française de Syrie et du Liban. 

L’un des aspects importants de ces mémoires est qu’ils mettent en lumière un aspect négligé de la vie politique à Jérusalem. Pendant la période du Mandat, la ville était connue pour les rivalités factionnelles entre les deux principales familles de Jérusalem (les Nashashibis et les Husseinis) et leurs partis politiques respectifs, ainsi que pour être le siège du gouvernement colonial. Mais, en général, la vie politique était le domaine de Haïfa et de Jaffa, avec leurs activités syndicales, leur politique radicale et leur journalisme de gauche. 

Sidqi met en lumière les premières apparitions de la politique de gauche à Jérusalem – et sa propre participation à celle-ci, d’abord dans le contexte des tentatives des groupes juifs radicaux de rompre avec le mouvement sioniste, puis dans la tentative des socialistes arabes d’« s’infiltrer » des regroupements traditionnels tels que les processions quasi-religieuses de Nebi Musa (voir extraits ci-dessous). Sidqi souligne également le degré de mobilité avec lequel les militants de gauche, et probablement d’autres militants, se déplaçaient d’une ville à l’autre et la relative facilité avec laquelle ils traversaient clandestinement la frontière vers la Syrie et le Liban. Quatre ans seulement avant la rédaction de ces mémoires, la Syrie, le Mont-Liban, la Palestine et la Transjordanie faisaient partie d’un seul domaine ottoman sans frontières entre eux. 

Sidqi a publié un fragment de ses mémoires « publiques » en 1968. Les mémoires actuelles sont censées exposer l’aspect « secret » et clandestin de son histoire politique. Pourtant, ils laissent de nombreuses questions sans réponse et plusieurs problèmes non résolus, que l’éditeur, lui-même un vétéran du socialisme palestinien, aurait pu clarifier. Par exemple, pourquoi le jeune Sidqi a-t-il rejoint le mouvement communiste dans les années 1920 alors que ses sympathies étaient clairement nationalistes ? Et pourquoi a-t-il été exclu du mouvement dans les années 1940 ? Pourquoi son frère aîné Ahmad, un militant du parti qui vivait avec lui à Moscou, est-il devenu témoin à charge contre Sidqi lorsqu’il a été arrêté par la police britannique pendant le mandat – un facteur crucial dans son emprisonnement ? Mais surtout, la dimension personnelle de la vie de Sidqi est absente des mémoires. 

Dans l’introduction d’Abu Hanna, nous apprenons de manière schématique la biographie de Sidqi, mais la propre interprétation des mémoires par le chroniqueur reste rigide et énigmatique. Tout se passe comme si son style de vie militant bolchevique clandestin l’empêchait de dévoiler ses pensées intimes par crainte d’une révélation posthume. Sidqi est né dans une famille de Jérusalemite de classe moyenne en 1905. Son père, Bakri Sidqi, était un professeur de turc qui rejoignit plus tard le prince Faisal dans le Hijaz dans la campagne contre le mouvement wahhabite. Sa mère était Nazira Murad, issue d’une importante famille marchande de Jérusalem. Najati a passé son enfance à Djeddah et au Caire, puis a déménagé avec sa famille à Damas lorsque Faisal a été proclamé roi. Au début des années 1920, il retourna à Jérusalem et travailla au Département des Postes et Télégraphes où il rejoignit le PCP naissant, alors dominé par des immigrants juifs d’Europe de l’Est et des sionistes de gauche. 

En 1921, il est envoyé par le Parti étudier à Moscou à la KUTV (l’Université communiste des travailleurs d’Orient), où il fait la connaissance du poète turc Nazim Hikmat et des membres de la famille Nehru. Sa thèse universitaire portait sur le mouvement national arabe, depuis la rébellion unioniste contre l’État ottoman jusqu’à la formation du bloc national. Cette courte thèse, jointe aux mémoires, jette un peu de lumière sur le type d’études menées à KUTV et établit Sidqi comme un érudit marxiste mineur (bien qu’il soit tout à fait possible de supposer, comme le suggère Abu Hanna dans son introduction, que le manuscrit disponible – qu’il a rassemblé en fragments provenant de trois sources différentes – est incomplet). 

À Moscou, Siqdi a épousé une communiste ukrainienne qui reste anonyme, sans visage et sans voix tout au long de son journal. Paradoxalement, la seule fois où on l’entend dans les mémoires, c’est lorsqu’elle est arrêtée par des gendarmes libanais lors d’une des escapades de la famille, alors qu’elle est voilée déguisée et ne baisse la tête qu’en réponse à leurs interrogatoires. De même, son fils et ses filles – dont l’une est devenue un éminent médecin en Union soviétique – ne sont mentionnés qu’en passant. 

Après avoir terminé sa formation universitaire, Sidqi retourna en Palestine – ou plutôt fut envoyé pour participer à l’arabisation de ce qui était essentiellement un parti juif. Dans les années trente, il fut arrêté par la police britannique et passa trois ans incarcéré à Jérusalem, Jaffa et Akka. Le Komintern l’a fait sortir clandestinement du pays dans les années trente à Paris où il a édité le journal arabe du Komintern, L’Orient arabe , qui était distribué clandestinement en Afrique du Nord et au Mashriq. Finalement, les autorités françaises ont fermé le journal, probablement en raison de son ton anticolonial en Algérie. En 1936, le Komintern envoya Sidqi mobiliser les soldats marocains contre Franco. (Au début de la rébellion fasciste, il faut le rappeler, une partie importante de l’armée franquiste débarquée à Malaga était composée de mercenaires marocains, tandis que la majeure partie des Brigades internationales qui combattaient aux côtés de la république étaient des volontaires européens de gauche. C’est dans ce contexte que le mouvement communiste avait intérêt à se rapprocher des Marocains). Siqi vivait dans les rangs du mouvement républicain à Barcelone et à Madrid, distribuant des tracts en arabe aux milices nord-africaines du mouvement fasciste. (On peut imaginer à quel point ces tracts étaient inefficaces, étant donné l’arabe palestinien de Sidqi et le faible niveau d’alphabétisation des troupes rurales marocaines de Franco). Au début de 1937, il fut envoyé en Algérie pour créer une station de radio arabe, sa propre idée, pour diffuser de la propagande anti-franquiste auprès des combattants marocains – une mission qui échoua pour des raisons inexplicables. À ce stade, le Komintern a ordonné à Sidqi de s’installer au Liban où sa carrière de journaliste dans les journaux de gauche a prospéré. 

C’est à cette époque que ses relations avec Khalid Bagdash sont devenues si tendues que Sidqi a finalement été expulsé du parti. Abu Hanna suggère que la principale raison de l’expulsion était son opposition au pacte de non-agression entre Hitler et Staline en août 1939, mais cela ne ressort pas clairement du propre récit de Sidqi. En fait, l’évaluation par l’auteur de ses divergences avec les partisans de Bagdash est symptomatique d’une naïveté politique frappante qui prévaut tout au long de son journal. Il affirme, par exemple, que l’accord a été bien accueilli par les partisans du parti parce qu’il signifiait un rapprochement entre le communisme international et le national-socialisme allemand ; il s’est opposé au traité parce qu’il s’agissait d’un « faux accord, destiné à faire gagner du temps [à Staline] » (pages 165-166). Il est plus probable que ce soit le contraire qui soit vrai : les communistes arabes pro-soviétiques ont soutenu l’accord, peut-être avec quelques hésitations, parce qu’ils voulaient donner aux Russes un sursis face à leur isolement mondial. Il est extrêmement improbable, comme le prétend Sidqi, qu’ils aient été favorables à l’affinité idéologique entre les deux mouvements. 

Finalement, Sidqi se présente comme un nationaliste arabe avec des sympathies socialistes. Sa rupture avec le Komintern et Bagdash ne l’a pas retourné contre la gauche. Il a plutôt poursuivi une carrière réussie dans la critique littéraire et la radiodiffusion au Liban et à Chypre. Au moment de sa mort à Athènes en 1979, il avait produit une douzaine de livres sur la littérature russe, des pièces de théâtre et des volumes de critique littéraire. L’un de ses livres, Un Arabe qui a combattu en Espagne, sur son expérience dans la lutte antifasciste, a été faussement publié sous le nom de Bagdash – un épisode qui a enflammé Sidqi contre Bagdash et le Parti. Un autre ouvrage Nazisme et Islam, qu’il a publié pour mobiliser les musulmans traditionnels contre le mouvement nazi, a été traduit en anglais et a reçu des citations des gouvernements français et britannique. Le livre est devenu un facteur décisif dans son expulsion du parti (p. 167) car – selon Sidqi – il s’appuyait trop sur des textes islamiques au goût de ses collègues laïcs du parti. Nonobstant ces réserves, les Mémoires de Najati Sidqi apportent une contribution significative à la littérature biographique palestinienne et offrent aux historiens un aperçu précieux des étapes formatrices du socialisme arabe et palestinien d’avant-guerre.

Le bolchevisme arrive à Jérusalem 

Dans les extraits traduits suivants de son journal, Sidqi retrace sa propre implication dans le mouvement bolchevique à Jérusalem dans les années 1920, alors qu’il était fonctionnaire dans le gouvernement mandataire. 

L’immigration juive en Palestine a apporté à ce pays des idéologies, des coutumes et un mode de vie en contradiction avec l’environnement arabe palestinien. Au début des années 1920, nous avons commencé à entendre parler du bolchevisme, de l’anarchisme, de Marx, de Lénine, de Trotsky et de Hertzl. Nous avons également rencontré des mouvements ouvriers parmi ces immigrants juifs, comme l’Histadrut – le syndicat des travailleurs juifs – la « Fraktsia », l’opposition de gauche au sein de l’Histadrut, le parti Poaleh Tsion et les Kibboutzim, les campements quasi socialistes des nouveaux les immigrants. 

Les immigrés de gauche commencèrent à s’agiter parmi les Arabes. L’une de leurs premières manifestations a eu lieu dans les rues de Jaffa lors du défilé du 1er mai 1921. Ils ont brandi des drapeaux rouges dans les quartiers de Manshiyyeh et scandé des slogans en hébreu et en arabe [cassé]. Les habitants arabes les regardaient avec émerveillement, incapables de comprendre ce que criaient ces ouvriers, ni ce qu’on attendait d’eux. 

J’étais à l’époque [1921] un jeune homme employé au département des Postes et Télégraphes à Jérusalem, qui était situé dans l’ancien complexe du consulat italien, en face de la banque Barclays aujourd’hui [1939], c’est-à-dire que c’était située aux frontières séparant les zones arabes des zones juives hors des murs de la ville. 

Le département des Postes comprenait des employés des deux groupes et d’une variété d’ethnies et de modes de vie. Vous observeriez des habitants locaux portant des vêtements arabes, des Juifs ashkénazes portant des manteaux de velours colorés et des chapeaux de fourrure ; Halutsim (« immigrants juifs pionniers »), hommes et femmes, portant des shorts ; Sépharades (Juifs arabisés originaires d’Espagne) ; et Kurgis – les restes des Juifs babyloniens exilés du huitième siècle avant JC. 

Dans le département, nous avions l’habitude de nous associer avec des immigrants juifs, soit comme collègues de travail, soit dans le cadre de relations sociales. Beaucoup d’entre nous fréquentaient un petit café derrière le bâtiment où se trouve aujourd’hui la banque Barclays. Il appartenait à un juif russe de constitution robuste, qui portait toujours un pantalon blanc surmonté d’une chemise noire, dont les boutons étaient ouverts sur l’épaule gauche. Il se rasait la tête avec un rasoir pour garder la tête fraîche pendant l’été, et avait une barbe taillée et une énorme moustache bouclée à la manière russe. La serveuse était une Polonaise blonde et séduisante, aux joues rougeâtres et aux yeux bleus. 

Dans ce café, mes amis et moi nous réunissions le soir et socialisions avec ses clients étrangers. Je me souviens de cette époque d’un capitaine tsariste à barbe blanche qui affirmait que les bolcheviks s’étaient emparés de son navire à Odessa ; et un jeune employé municipal dont le père était russe et la mère arabe ; un peintre immigré qui dessinait les clients pour quelques piastres ; une dame élégante qui revenait toujours sur ses biens immobiliers perdus en Ukraine, et des dizaines de jeunes immigrés qui achetaient de l’eau gazeuse pour étancher leur soif en été. 

Je me souviens dans cet environnement des débats fréquents qui tournaient autour de l’immigration juive et de la résistance arabe ; de la rébellion de Jabotinsky, de Tell Hai au nord de la Palestine… ; de la rébellion de Jaffa [1921] ; et des affrontements armés entre Juifs et Arabes à Jérusalem après que Jabotinsky ait conduit ses partisans au Mur des Lamentations. Beaucoup de ces débats étaient accompagnés de discussions idéologiques qui nous ont été traduites par ces immigrants qui connaissaient l’arabe familier. J’ai appris que le socialisme vise à établir l’autorité des conseils ouvriers, que l’anarchisme ne reconnaît pas l’autorité de l’État et qu’il vise l’autonomie gouvernementale du peuple par le biais des syndicats. J’ai également appris que le bolchevisme (nous n’utilisions pas le mot arabe pour le communisme – shuyu’iyya – à l’époque) a établi un État socialiste en Russie grâce à la révolution et à l’Armée rouge. 

Ces discussions m’ont paru étranges et plutôt éloignées de nos préoccupations locales. Nous étions alors préoccupés par l’avenir inconnu, par l’occupation britannique et par la Déclaration Balfour. De nos parents nous avons appris que les Britanniques et les Français étaient apparemment arrivés pour nous libérer [de la domination ottomane], que Lawrence était l’ami des Arabes et que la rébellion de [Chérif] Hussein ben Ali visait à établir un État unifié. Etat arabe. Nous avons grandi dans cette atmosphère… les hordes coloniales et sionistes s’emparaient de la Palestine, tandis que les doctrines internationales imprégnaient nos pensées impressionnables. Nous étions prêts à entendre n’importe quoi et à accepter n’importe quelle préposition pour lever le cauchemar de la nouvelle occupation qui a succédé à la domination turque. 

Au Café Postal, je me suis lié d’amitié avec un groupe de nouveaux immigrants russes appartenant à la Fraktsia et au Parti des travailleurs palestiniens. Leur propagande était centrée autour des thèmes suivants : 

Premièrement, le colonialisme britannique était l’ennemi à la fois des Juifs et des Arabes et sa politique était basée sur le principe « diviser pour régner ». 

Deuxièmement, ces immigrants juifs étaient composés d’une bourgeoisie aisée et de travailleurs pauvres, et le sionisme était un mouvement bourgeois qui ne profitait qu’aux juifs riches. Les travailleurs juifs ont intérêt à s’allier au socialisme international et finiront par se débarrasser de leurs maîtres. 

Troisièmement, les effendis arabes sont des opportunistes qui collaborent avec les autorités coloniales et ne sont pas fiables en tant qu’alliés. 

Quatrièmement, seul un parti ouvrier pour tous les Palestiniens sera capable de concilier les intérêts des travailleurs des deux peuples et de résoudre radicalement le problème palestinien. 

C’étaient des notions nouvelles et intrigantes pour moi, ce qui m’a amené à y réfléchir profondément. Certains de ces immigrants m’invitaient dans leur club derrière l’hôpital allemand de Jérusalem. Là, j’ai appris l’arrestation de leurs camarades en Égypte et la mort d’un des militants, un Arabe libanais, en prison après une grève alimentaire prolongée. Ils distribuaient un journal arabe – al-Insaniyya – publié à Beyrouth par Yusif Yazbek. Ils m’ont aussi donné un pamphlet en arabe du prince Kropotkine sur l’anarchisme. 

Nous nous retrouvions alternativement au club et dans la forêt de Shniller. De temps en temps, nous nous rencontrions dans les collines de Ratzbone. Un jour, fin 1924, alors que je n’avais que 19 ans, mes camarades m’ont demandé si je serais intéressé à voyager à Moscou pour étudier à l’université sans payer les frais de voyage, d’éducation ou de subsistance. Je n’ai pas hésité un seul instant à accepter cette offre. Ils m’ont demandé de préparer mon voyage dans un délai de six mois. 

J’ai commencé par prendre des cours particuliers de russe élémentaire auprès d’un jeune immigrant russe qui connaissait un peu l’arabe. Il m’a appris l’alphabet et quelques compétences conversationnelles rudimentaires. Durant cette période, le groupe m’a invité à sa conférence de la jeunesse à Haïfa, où j’ai été élu au comité central de la section jeunesse du Parti. Ce fut mon initiation formelle au mouvement bolchevique en Palestine. Depuis ce jour, je devais assister à toutes les réunions clandestines du mouvement et distribuer les tracts et brochures du parti. 

Durant cette période, je suis devenu actif dans le festival Nebi Musa. Cette célébration a été initialement créée par Salah ed Din al Ayyubi, en même temps que la fête de Nebi Rubin à Jaffa, dans l’espoir qu’elle rappelle aux gens les conquêtes islamiques. Les partisans du parti m’ont porté sur leurs épaules. J’avais un kuffiyyeh et un iqal comme couvre-chef et je portais des lunettes noires. J’étais élevé parmi les étendards des sectes religieuses, au milieu des tambours et des trompettes, des chants et des dabkes des villages. J’ai crié quelques slogans qui me sont venus à l’esprit. Les camarades ont brandi le drapeau rouge et un immense slogan saluant la lutte pour l’indépendance. Les manifestants étaient en délire et la nouvelle s’est répandue : les bolcheviks arabes sont arrivés !! 

Cet événement a conduit les autorités britanniques à lancer une campagne pour m’arrêter. Des informateurs diffusaient des informations contradictoires à mon sujet. Certains ont affirmé m’avoir vu couvert d’une abaya de femme, avec un voile noir sur le visage ; un autre prétendait m’avoir vu dans le quartier chrétien habillé en prêtre orthodoxe avec une barbe assez longue ; un troisième a dit que le mendiant qui dort dans la Porte Sombre menant au complexe du Haram est aussi un autre déguisement, et ainsi de suite. Toutes ces rumeurs ont obligé le CID à rechercher une photo de moi à jour. Ils ont amené une jeune connaissance à moi et lui ont demandé de décrire mes traits à un artiste policier. Ils ont distribué des copies du croquis au personnel de sécurité. En quelques jours, ils avaient arrêté un professeur d’école, un courtier immobilier et un vendeur de textile ambulant. Finalement, ils les ont tous relâchés.

Salim Tamari est directeur de recherche à l’Institut d’études de Jérusalem et président du conseil consultatif du JQF.

Article Original :

Les mémoires de Najat Sidqi, PDF en arabe :

Nazisme et Islam sont ils compatibles ? PDF en arabe :

Le facteur Dahlan – Joseph Massad

Par Joseph Massad

Note de la rédaction d’Intifada-Palestine.com : Le site Al Jazeera en anglais a une nouvelle fois retiré un article du professeur de l’Université Columbia Joseph Massad quelques heures après sa publication. L’article, “Le Facteur Dahlan”, est apparu pendant plusieurs heures sur le site de l’organe de diffusion basé au Qatar à ce lien mais il a été retiré plus tard sans explication (l’article complet est republié ci-dessous). [L’article n’est plus non plus sur le site ISM Palestine, et intifada palestine n’est plus. Retrouvé, je le poste ici pour conservation. D’autres articles sont présents sur electronic intifada à propos de Dahlan.

La résurrection récente de Mohammad Dahlan par plusieurs gouvernements arabes, Israël et les Etats-Unis est un développement très important pour l’avenir de la cause palestinienne, les négociations entre l’Autorité palestinienne (AP) et Israël et Gaza gouverné par le Hamas. Dahlan est considéré par de nombreux Palestiniens comme le responsable le plus corrompu de l’histoire du mouvement national palestinien (et les prétendants à ce titre ne manquent pas).

M ohammad Dahlan, au centre, entouré par l’ex-Premier ministre du gouvernement sioniste Ehud Olmert (à g.) et l’ex-ministre de la “Défense” Shaul Mofaz


Dahlan, faut-il le rappeler, fut l’homme de l’AP en charge de Gaza après la signature des Accords d’Oslo, où il commandait à 20.000 agents palestiniens de sécurité qui relevaient de la CIA et du renseignement israélien. Ses forces ont torturé des membres du Hamas dans les geôles de l’AP tout au long des années 1990.


Sa corruption, à l’époque, était telle qu’il aurait détourné plus de 40 pour cent des impôts prélevés aux Palestiniens pour son compte personnel dans ce qu’on a appelé le Scandale de Karni Crossing en 1997.

Dahlan, qui a été accusé à maintes reprises tant par le Hamas que par le Fatah d’être un agent du renseignement étasunien, israélien, égyptien et jordanien, a tenté de fomenter à Gaza un coup d’Etat organisé par les Etats-Unis contre le gouvernement Hamas démocratiquement élu en 2007, tentative qui s’est retournée contre lui et qui s’est terminée par son expulsion de la Bande (j’avais mis en garde contre ce coup d’Etat plusieurs mois avant qu’il ne se produise).


Un coup d’Etat simultané conduit par Abbas et ses forces de sécurité soutenues par Israël et les Etats-Unis en Cisjordanie a réussi à déloger le Hamas élu du pouvoir. Dahlan s’est replié dans ce bastion du pouvoir US et israélien, à savoir la Cisjordanie sous contrôle de l’AP, où il a commencé à tramer de nouveaux complots avec ses nombreux patrons pour saper non seulement le Hamas mais aussi Abbas, dont il enviait et convoitait le poste.


Les Américains et l’Union européenne (cette dernière sur ordre des Etats-Unis) ont commencé ensuite à faire pression sur Abbas pour qu’il prenne Dahlan comme adjoint, montrant clairement qu’ils aimeraient le voir succéder à Abbas. Abbas a résisté à la pression et a refusé.


Entretemps, Dahlan a été accusé par le Hamas et par l’AP d’ourdir des tentatives d’assassinat contre plusieurs responsables palestiniens, dont le Premier ministre Hamas Ismail Haniyeh et des ministres Fatah à l’AP. Des accusations qu’il a constamment réfutées. Sa participation dans l’assassinat par le Mossad d’un responsable Hamas à Dubai en 2010 [Mahmoud Abdel Raouf al-Mabhouh, ndt] impliquait que deux hommes appartenant à ses escadrons de la mort (arrêtés plus tard par les autorités de Dubai) ont aidé à l’opération, une accusation qu’il a également niée. Sa fortune personnelle fut prudemment estimée par un groupe d’expert israélien en 2005 à 120 millions de dollars.

La somptueuse demeure de Dahlan à Ramallah, dans le quartier chic de Maysoon


Lorsque les intrigues de Dahlan sont devenues trop évidentes pour être ignorées, Abbas l’a dépouillé du pouvoir et l’a chassé hors de la Zone verte de Ramallah en 2010. Il a déménagé dans l’Egypte de Moubarak et plus tard, après l’éviction de ce dernier, à Dubai (et à l’occasion en Europe) où il est resté jusqu’à sa résurrection récente par les héritiers de Moubarak qui siègent maintenant sur le trône de l’Egypte.

L’homme de tous les patrons

Le pouvoir de Dahlan réside dans son aptitude à servir les plans de plusieurs clients. Pour les Israéliens, c’est un homme assoiffé de pouvoir impitoyable et corrompu qui se soumettrait à toutes leurs demandes docilement s’il accédait au pouvoir à Gaza et en Cisjordanie . Les Américains et les Israéliens voient en lui un homme tout-à-fait disposé à signer, sans hésitation, un accord sous parrainage US avec Netanyahu.

Pour les Egyptiens et les monarchies du Golfe (on dit qu’il est en affaires avec un dirigeant du Golfe), il s’occupera de leurs intérêts et obéira à leurs ordres en éliminant toute résistance à une capitulation palestinienne finale à Israël imposée par les Etats-Unis et en supprimant le Hamas une fois pour toutes.

Pour les putschistes égyptiens, dont le coup d’Etat est la reproduction de celui de Dahlan à Gaza en 2007, à part qu’ils ont réussi, il les débarrassera du Hamas, qu’ils considèrent comme une extension du pouvoir des Frères musulmans, et il rendra leurs relations avec Israël encore plus étroites qu’elles ne le sont déjà. Le rôle le plus important de Dahlan, toutefois, est celui pour lequel les Américains ont besoin de lui, à savoir remplacer Abbas si ce dernier ne signe pas la reddition finale que Barack Obama et John Kerry ont concoctée sur ordre de Netanyahu au cours de ces derniers mois.

Exactement comme George Bush Jr et Bill Clinton ont mis fin aux services d’Arafat après que ce dernier se soit révélé incapable de signer la capitulation palestinienne finale exigée de lui à Camp David à l’été 2000 (une incapacité qui lui a certainement coûté la vie par Abbas ou Dahlan – ça dépend avec lequel des deux vous discutez – agissant sur ordre des Israéliens, et très vraisemblablement des Américains), Obama mettra fin aux services d’Abbas s’il ne signe pas la reddition commanditée par les Etats-Unis. Et même si Abbas signe un tel accord, dans la mesure où il approche de son 80ème anniversaire, Dahlan sera nécessaire, et prêt à prendre la relève après sa mort.

C’est dans ce contexte que de hauts gradés de l’armée égyptienne ont récemment visité Israël pendant toute une semaine tandis que la chaîne de télévision privée égyptienne Dream (appartenant à Ahmad Bahgat, un homme d’affaires allié de Moubarak) a diffusé un entretien avec Dahlan dans lequel il a attaqué Abbas, dans une nouvelle tentative de le délégitimer.

Dahlan s’est vu offrir le soutien de l’homme d’affaire égyptien de droite Naguib Sawiris (tristement célèbre pour avoir couper les lignes des téléphones cellulaires pendant le soulèvement égyptien en janvier 2011 sur ordre de l’appareil sécuritaire de Moubarak), qui a chanté les louanges de Dahlan (ainsi que ceux de Mohammad Rashid, alias Khaled Salam, ancien assistant d’Arafat et lui aussi fugitif et soupçonné de corruption et de détournement de fonds) comme l’un des hommes d’affaires les plus honnêtes avec lequel il a jamais travaillé et il a ensuite traité Abbas de “menteur”.

En effet Sawiris, qui a eu auparavant des investissements en Israël, est allé jusqu’à affirmer que si la Palestine avait eu “trois hommes” comme Dahlan, “elle serait maintenant libérée.”

Pendant ce temps, après des mois de fermeture des frontières avec Gaza et de harcèlement des Palestiniens en Egypte par les héritiers de Moubarak, la fille du défunt leader égyptien Gamal Abdel Nasser, Huda, a, comme ses autres frères et sœurs, rendu un hommage public abject au leader du coup d’Etat, publié une lettre au Premier ministre Hamas Ismail Haniyeh, l’accusant lui et le Hamas de terrorisme visant les soldats égyptiens dans le Sinaï.

En outre, la Syrie n’étant plus un refuge pour les dirigeants du Hamas en exil, les Saoudiens et les Emirats arabes unis resserrent leur poigne sur le Qatar, la nouvelle base pour la direction Hamas en exil et sponsor des Frères musulmans. Ils espèrent aussi que certaines des concessions que l’Iran consentirait dans le cadre de son nouveau modus vivendi avec les Etats-Unis comprendraient l’abandon du soutien au Hamas.

Le plan de prise de contrôle

Alors qu’un tribunal égyptien a récemment rejoint Israël et les Etats-Unis pour bannir le Hamas du pays et pour le considérer comme une organisation terroriste, et tandis que les Israéliens ont menacé ouvertement cette semaine qu’une invasion de Gaza serait nécessaire, le plan de prise de contrôle par Dahlan avance lentement mais sûrement et est considéré comme une telle menace qu’Abbas a envoyé ses partisans et ses petits copains dans les rues de Ramallah pour prouver aux Américains et aux Israéliens qu’il jouit toujours d’un large soutien en Cisjordanie .

La compétition entre Abbas et Dahlan est essentiellement une lutte dans laquelle chacun veut montrer qu’il peut être plus servile aux intérêts israéliens, américains, égyptiens et du Golfe, tout en maintenant sa légitimité et son contrôle total sur la population palestinienne.

Les détails du complot ne sont pas clairs. Ils pourraient comprendre l’invasion de Gaza depuis l’Egypte et Israël (et les responsables égyptiens ont déjà menacé de lancer une telle invasion il y a quelques semaines), une sorte de coup d’Etat en Cisjordanie , et même les assassinats de Haniyeh et/ou d’Abbas.

Pour le moment, tous les paris sont ouverts puisque Abbas, comme Arafat avant lui, fait preuve d’une obéissance totale aux diktats étasunien et israélien et qu’il ira beaucoup plus loin que n’est allé Arafat, mais il ne comprend que trop bien qu’il perdrait toute légitimité et contrôle s’il signait la capitulation humiliante finale que les Etats-Unis et Israël exigent de lui. Dahlan bien sûr n’aura pas ce genre de problème.

Quant au Hamas qui, contrairement aux Frères musulmans, est un mouvement de résistance et non un parti politique, on ne peut pas le rafler ou l’écraser si facilement, et l’entrée de Dahlan à Gaza, et en Cisjordanie , entraînerait une guerre civile qui pourrait à nouveau se terminer par sa défaite, à moins d’une invasion israélienne de toute la Bande de Gaza pour le ramener au pouvoir (Dahlan a également été accusé par l’AP de collaborer avec les Israéliens lors de leur invasion de Gaza fin 2008 et a récemment été accusé d’avoir aidé la contre-révolution en cours en Egypte

Le même scénario serait reproduit en Cisjordanie .

L’avenir du peuple palestinien est en danger et les ennemis des Palestiniens les cernent, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Des plans Obama-Israël-Egypte-Golfe pour liquider leur cause et leurs droits se trament en ce moment.

Cependant, tout comme les dirigeants palestiniens corrompus du passé n’ont pas réussi à liquider les droits des Palestiniens et leur cause, le pari israélien et étasunien sur le cheval Dahlan ne fera que décupler la conviction du peuple palestinien et de ses partisans que la résistance palestinienne ne cessera qu’après la liquidation finale du racisme d’Etat et du colonialisme israélien dans toutes ses manifestations sur l’ensemble de la Palestine historique.


(1) Dans un article intitulé “L’émigration, la dernière menace au droit au retour des Palestiniens“, son auteur Qassem Qassem révélait le rôle du couple Dahlan dans une campagne dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban pour les pousser à émigrer. ISM-France, 4 mars 2014 (ndt).

Source : Intifada Palestine Traduction : MR pour ISM

LA FOSSILISATION DU SAVOIR ET LE SCHEME PROPHETIQUE

un probleme religieux que l’on observe aussi en science.

La science est confrontée au réel. L’humanité construit, à partir de la logique, des catégories et des constructions symboliques pour rendre intelligible le réel. Ces constructions ont une capacité d’explication qui fonctionne au moins partiellement. Mais ces schémas ne sont jamais qu’une construction imparfaite. Ce que va faire la science, c’est de continuellement confronter les résultats au réel, pour y arrimer la connaissance, par le moyen de tests et d’experiences. Même ainsi on voit que la démarche scientifique nécessite de periodiquemlent renouveller l’infrastructure générale de la construction symbolique par des “révolutions scientifiques”. Une révolution scientifique marque la fin d’un moment où la science s’est arcboutée sur un formalisme de constructions symboliques, en apparence logiques, mais qui ne fonctionnent plus avec les nouvelles expériences e surtout freine les nouvelles construction. Ces révolutions viennent renouveler, simplifier les anciennces constructions symboliques, devenues complexes et bancales. On se rend compte qu’on avait un ensemble devenu trop arrangé, trop branlant et que paradoxalement l’irruption du réel vient simplifier. il faut souvent une génération pour que l’humanité intègre la révolution scientifique.

La religion aussi est confrontée au réel, en particulier social, donc à la nécessité d’explication du texte et de renouvellement de la jurisprudence. Cette confrontation se fait y compris au réel du texte saint, qui lui resiste étonnament bien au passage du temps. Ainsi l’on créé des tafsirs, de la paraphrase et surtout l’on essaye de définir des catégories sur lesquelles on peut appliquer de la logique. Cet effort de compréhension subit lui aussi le passage du temps : la necessité de jurisprudence avec l’évolution de la civilisation humaine, et la construction d’interpretations religieuses. Là aussi se forme une structure de constructions symboliques, que ce soient sur les termes du texte ou bien sur la morale, la loi, qui elles aussi à leur tout deviennent bancales et contestées par le réel. Comment expliquer la tendance conservatrice du religieux ? Le prêtre, le rabbin, l’imam autonome, ancré dans sa population et guidé par sa connaissance, va constamment adapté son discours en devenant conseil, service, assistance parmi ses frères, cette approche autonome, communale, fonctionne, s’adapte. Mais plus il y a de constructions hiérarchiques, plus les symboliques sont ancrées dans le bati, le corps mort du religieux. Opposé aux corps vivant des croyants et à la vivacité de la parole prophétique, qui forme son assemblée (jama’a, ekkelsia, synago). A l’opposé, plus les religions revetent d’importance politiques pour la structure du monde (cad la structure sociale), plus elles vont devenir abstraction, symbole, resistants à la critique du réel (devenu “dictature de la vérité” dans leurs termes), et se fossiliser en idéologie de pouvoir. Jusqu’à justuifier des guerres. Le terme “sépulcre blanchi” utilisé par Jésus est d’une ironie acide, en ce qu’il décrit à la fois la fossilisation du religieux : du religieux mort, et son ancrage dans le sacrifice, le culte des morts, cad la violence sociale, autoritaire, des structures de pouvoir.

Parenthèse. J’avais du mla à situer l’ésoterisme dans tout ça : le souffisme, l’alchimie, etc. On voit bien que ces mouvements introduisent de l’intelligence, manient les symboliques avec plus de souplesse, et produisent leur propre materiel textuel, des constructions symboliques utilisées comme telles. Cependant elles perdent la litteralité du texte et ont un rapport au réel, prisonnier de leur propre symbolique, qui souvent manque de corps social. L’esoterisme semble instituer un middle ground utile pour les cercles de reflexion. En constatant la dualité de la fossilisation du savoir et l’autoritarisme appuyé sur cette structure, ils refont des constructions symboliques à mi chemin entre celles du moment et un “éternel métaphysique” assez idéel. L’idéalisme apporte la souplesse necessaire à ‘lintelligence pour survivre et répondre aux enjeux des réels. Il peut y avoir un esoterisme populaire, revolutionnaire, mué par la necessité de renverser la structure autoritaire, comme un ésoterisme de pouvoir, manié par les cercles de reflexions qui sont necessaires au pouvoir. On pensera à TENET, acronyme chrétien voyageant dans les légions romaines. Ce qui manque à mon sens ici, c’est de sortir du symbolisme, qui continue d’emprisonner l’ésoterisme. les formes poétiques semblent plus riches et porter une critique plus profonde.

Le mouvement prophétique est autre. On remarquera que les moments fondateurs du religieux monothéisme sont ancrés dans une base sociale populaire et en conflit avec les stuctures de pouvoir. La réponse monothéiste est alors formée de conflit, exil et reformulation du texte sacré, à une époque ou le religieux est la structure idéologique du monde. La critique propéhtique opère alors une démystification des textes et du religieux, ancrées dans un refus réel et pratique des structures de pouvoir. Relecture, démystification et critique sociale. Pour donner un exemple moderne, il y a de la critique prophétique dans la demarche situationiste. Ainsi Abraham va se confronter à la cité état mésopotamienne (peut etre à cause du sacrifice humain ?), fonder une caravane araméenne sur le départ et réécrire les textes mésopotamiens, désormais libérés du fantastique. Moïse se confronte au Pharaon égyptien et emmène les immigrés d’Avaris (Pi Ramses) dans le désert avec une reformulation de la morale en loi. Jésus, en plein conflit colonial judéo romain va se confronter à la prétrise herodienne compradore et appliquer la critique prophétique au monothéisme lui même (dans la tradition propéhtique des banu Israel) et à la structure clericale. Son message va décupler l’expansion du judaisme et nourrir les révoltes juives (particulierement celle dite de Kitos). Muhammad va se confronter au mercantilisme mecquois, formuler une critique sociale du mercantilsme, fonder une nouvelle société à Yathrib et fournir une deuxième critique interne du monothéisme, un renouvellement capable de résoudre ses questionnements et de confronter les empires de son époque. Le règne de l’Islam sur l’humanité de 750 à 1150 marque l’accomplissement de l’antiquité et du religieux comme idéologie humaine.

Demarre ensuite dans les croisades une nouvelle époque, qui va marquer l’expansion européenne, l’accumulation primitive du capital (colonialisme à l’exterieur de l’europe et privatisation des communs à l’interieur), où le navire et la plantation plantent un nouveau fontionnement du monde. Construction des états nations avec le capitalisme pour nouvelle forme idéologique en construction. Les sciences elles, ancrées dans la critique du réel, vont continuer à se developper à travers le monde occidental comme elles l’avaient fait dans le monde musulman. Il est interessant que la fin du capitalisme soit marquée par un renouveau spirituel, qui manque encore sa forme prophétique (méfiez vous d’ailleurs des pseudo prophètes et pseudo messie qui accompagnent l’ecroulement de la structure). Il m’a ainsi paru historiquement interessant de chercher dans les outils critique du capitalisme, la dialectique historique, l’anthropologie anarchiste, si on peut y trouver des moyens pour poursuivre la critique prophétique, et situer historiquement le monothéisme comme irruption dans la pensée des “communismes primitifs” que ces recherches ont plus ou moins mis en valeurs, tout en étant hébreu, araméens et arabes, ce que la critique a completement oublié. Peut-on renouveler l’arch ennemi du capitalisme autoritaire : formuler un judeo-bolshevisme qui permette de rassembler plus largement, et soutenir la la resistance humaine contre l’oppression par une démarche ethico pratique, qui se permet d’aborder le champs spirituel. C’est ce que nous essayons de faire au collectif attariq.

Pour la science ça fonctionne assez bien, puisque la recherche a intégré que la carte n’est pas le territoire. On va même jusqu’à ausculter tout l’univers proche pour rechercher les moyens de bousculer sa structure. Dans l’organisation sociale c’est beaucoup plus compliqué puisque la classe qui dirige la structure se bat pour continuer sa domination. Ce qui est surement une des raisons du maintien dans le ciel des idées des définitions comme carcan des structures symboliques, occultant les mouvements du réels qu’elles décrivent.

Marx pose qu’une révolution a lieu quand l’organisation des forces productives déborde les structures politiques : une révolution a lieu au moment où elle est déjà à peu près accomplie, dans la praxis humaine (l’organisation sociale du travail sur le monde). Est-ce que le monothéisme, en developpant une ethique et une pratique d’entraide et de reformation du lien entre nous peut apporter quelques pierres à la resistance ? En renouant avec l’habitus tribal des bédouins arabes, des arbres à palabre africains et des assemblées commanche, pour rassembler les sentiments confus d’un ordre du monde injuste dans des points d’ancrage de solidarité locale.

Liens annexes

  1. j’ai préféré employer “révolutions scientifiques” que changement de paradigme, ayant en mémoire la critique sur Kuhn de l’article ci dessous paru dans la recherche. invoquant l’importance du réel. l’article est disponible gratuitement en regardant une pub, et il vaut vraiment le coup des 15s de pub https://www.larecherche.fr/une-vision-corrosive-du-prog%C3%A8s-scientifique
  2. Le collectif chrétien anastasys s’est donné des buts similaires, et des groupes juifs aussi marqués par le besoin de justice sociale sont en train d’émerger. Dont Tsedek.
  3. Sur l‘aliénation en philosophie. avec la clarté de Tertulian.
  4. La démystification, critique sociale du monothéisme, initiée par Abraham ?
  5. Sur l’accumulation primitive, lire Alain Biehr
  6. Le Hilf al Fudhul, confrontation originel de l’Islam à la destruction du lien social par le mercantilisme.