Schèmes prophétiques

Un panorama socio-anthropologique du phénomène prophétique et des productions théoriques, mystiques et mythologiques des plus anciennes aux plus contemporaines.

L’idée derrière cette rubrique est de décrire le rôle joué par les prophètes dans le réel et leurs sociétés pour rendre intelligible au lecteur moderne leur propos et leur utilité, et permettre de comprendre le rôle joué par le monothéisme dans l’histoire humaine. Il nous a semblé que les lectures modernes necessitent une demystification. Nous allons donc proposer une lecture faisant l’impasse sur le religieux, pour mieux saisir l’importance de leurs oeuvres.

Les premières reflexions ont eu lieu sur Noé. Concretement Noé previent son peuple d’un phénomène à venir, un typhon, une innondation. Son peuple rejette Noé et son message. Pendant que celui-ci prend des mesures pour echapper au déluge : une arche avec des animaux et des humains.

Beaucoup de récits anciens racontent des évenements de déluge. Dont celui de Gilgamesh, qui est la plus citée en rapport avec l’histoire de Noé. Abraham en partant de Mésopotamie, faché avec la religion de ses pères, a-t-il détourné l’histoire de Noé ? Dans l’histoire de Gilgamesh et beaucoup de récits, les dieux sont méchants et l’humanité meurt à cause d’eux. Dans celle de Noé, Dieu prévient d’un phénomène peut etre prévisible et donne des actions possibles.

Noé dans le Coran s’oppose aux idoles. On ne peut s’empecher de voir dans cette histoire une réflexion sur les phénomènes sociaux : qu’est-ce qui rend une population aveugle aux avertissements sur l’avenir, incapable d’agir ? Le monothéisme focus sa critique sur les idoles. Lecteurs modernes, il nous est impossibble de ne pas voir que l’idéologie de ces sociétés – qu’incarnent ces idoles – reflete un ordre social, une construction de la société. Dans le Coran ce sont les puissants qui rejettent l’avertissement des signes. Le monothéisme y oppose le réalisme, la lecture des “signes” qui annoncent des réalités à venir. Il faut à notre sens lire la critique des idoles, de l’idéologie, comme étant également une critique de l’organsiation sociale.

Aujourd’hui on observe avec la destruction du climat un phénomène similaire. Annoncé depuis 30 ans, rien n’est fait, et la réalité annoncée continue d’être niée alors même qu’elle se réalise. Nous voyons bien que l’idéologie actuelle, bien que moderne, rationelle par beaucoup d’aspects, continue de refleter l’organisation sociale et certains champs lui restent invisible. Les puissants, et l’argent sous forme organisée, le capitalisme, continuent de masquer les conséquences de nos actions et de blamer de méchants dieux pour ces conséquences. Il reste un mysticisme, un aveuglement religieux qui couvre le réel.

Le Prophète Muhammad reprend lui ces exemples pour confronter l’injustice de la société mecquoise, ses idoles et les puissants, principalement ceux des clans des Banu Makhzum et Banu Omeyya. Le rejet des prophètes anciens, l’avertissement sur les sociéts anciennes est repris dans la critique de Quraysh, avertissant des conséquences d’une société sans ethique, et appellant à un changement immédiat.

Pour nous les critiques modernes projettant des futurs desastreux mais possible sont des apocalypses modernes, qui ressemblent dans leur fonction aux discours de Muhammad utilisés pour avertir la société Quraysh. Des livres comme 1984 ou Soleil vert jouent un rôle semblable.


 

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