POURQUOI LES IDEES DE LA CLASSE DOMINANTE S’IMPOSENT ELLES ?

A courte vue, la pensée de la classe dominante fonctionne dans un monde fait pour elle. Elle améliore l’intégration individuelle.

Il reste de nos jours la préconceptions que les idées sont deconnectées du réel. L’exemple fort, sur laquelle la classe dominanté insiste durablement, est celui des religions, qui sont présentées comme de pures croyances, inutiles, spirituelles. Or l’on sait que, en pratique, les attaques contemporaines sur le religieux sont l’avant garde des attaques sur les resistances, c’était le cas de l’antisémitisme, c’est la cas aujourd’hui de l’islamophobie.

Deux façons contradictoires et pourtant similaires de voir le ciel des idées : Soit d’un point de vue néo platonicien, où le monde lui même est illusion, et le ciel des idées est la réalité. Seule la subjectivité humaine est réelle, puisque l’on vit dedans. Soit d’un point de vu positiviste, ou le ciel des idées est faux par principe, et seule la partie positivement attesté du réel existe. Ce qui est aussi enfermement dans la subjectivité humaine, puisque seul ce qui nous parvient du monde est considéré réel.

Ce débat est pourtant réglé définitivement, le ciel des idées est produit par l’humanité à partir du réel, comme formalisation de son interaction avec le monde, la praxis. Et pour envisager sa condition réelle. Ces représentations du monde sont toutes fausses dans l’absolue, Hartmann parle de la dureté du réel, sa resistance à notre comprehension (al ghayb). Mais ces représentations ont une utilité pratique, elles nous permettent de comprendre le monde et d’agir sur lui. Il y a donc performativité du ciel des idées, la retro action de la pensée sur le réel. Quand Lénine parle de miroir, il n’exclut pas que ce miroir ai un effet sur le réel (Lukacs).

Prenont un débat connu : savoir si la concurence ou la solidarité sont le plus efficace. Le monde sera demain différent, selon les réponses choisies par le plus grand nombre. Il ne s’agit pas seulement de savoir ce qui est vrai par le passé. Il convient de s’interroger quel monde nous produiront suivant que nous sommes convaincu que la competition ou la cooperation sont le plus efficace.

Dans un monde construit autour de la mise en compétition des individus, la pensée de la classe dominante, la classe qui construit ce monde, est que la compétition est le moteur de l’histoire. C’est la critique que Marx et Engels font à Darwin : il transpose les valeurs de la classe dominante anglaise dans le savoir. Le trucage est invisible, parceque si quelqu’un cherche à vérifier dans le monde capitaliste, cette idée, il va inévitablement la vérifier. La compétition donne immédiatement du résultat quand la coopération semble hasardeuse. Ainsi la pensée de la classe dominante, qui produit l’idéologie, se vérifie empiriquement dans le monde qu’elle fabrique.

Précisons quand même que toute société est coopération : même les entreprises « régits par la concurence » sont une forme de cooperation (parmi d’autres possibles). L’état au sens large, est une forme évoluée de coopération, qui légifère les formes de coopération, qui maintient l’infrastructure et les servivces publiques essentiels. Occulter cela, c’est faire disparaitre que ces formes sont choisies, construites, et pas des formes « naturelles », comme le dit l’idéologie dominante.

On remarquera que la solidarité s’impose partout où les moyens manquent. La pauvreté renforce la nécessité de cooperation. Les quartiers populaire et les zones rurales sont marquées par la solidarité comme necessité, malgré la compétition comme réalité imposée. Il y a ainsi une idéologie de classe qui différe. L’opposition de classe dans le réel produit un conflit de classe dans le ciel des idées. Les classes développent les idées dont elles ont besoin. Les classes populaires developpent des cultures populaires, plus ou moins imprégnées de la culture dominante. Mais aussi plus forte dans la culture commune.

On reposera ici la question du religieux. Quel choix font les religions, y compris monothéistes, entre competition et cooperation ? Donc demandons nous,; quelles situations ont produit le monothéisme ? Les textes sont clairs : la situation d’immigration en egypte, les guerres judéo-romaines, le conflit contre les marchands quraysh. Y-a-t-il un conflit en france entre l’egyptologie et le monothéisme ? de quel côté des barricades sont ils aujourd’hui ? Fermons la parenthèse religieuse.

Attaquons nous à la question du coaching et de la vulgarisation de la psychologie. La résolution des problèmes est abordée de façon quasi unilatérale sous le prisme de l’individualisme, qui est la pensée dominante. On peut accepter que l’individu est une echelle passablement autonome, la pensée se fait et les décisions sont prises au niveau individuel. Pourtant, les religions, et l’ensemble des idéologies, sont des phénomènes collectifs qui s’adressent à l’individu. Le ciel des idées est une réalité collective à l’echelle de l’humanité, mais a comme principal ancrage pratique l’individu. Avec le support, la médiation des relations interpersonelles, des bibliothèques, des productions culturelles, des réseaux, etc. Autres produits de l’humanité.

Le problème du coaching c’est qu’il va s’adresser à l’individu d’un point de vue individualiste, en faisant abstraction de la réalité collective comme produit modifiable et ayant pouvoir sur lui. Le coaching intègre que le monde moderne, capitaliste, (dunya) est une réalité intangible, naturelle. Ce qui est vrai à son echelle. C’est un des points où la pensée dominante se vérifie en pratique. Il va donner des conseils d’actions sur ce postulat, et ces conseils fonctionnent immédiatement, donnent un résultat, améliorent la condition immédiate. Le coaching résoud les problèmes psychologiques d’une dissonance d’avec le monde, mais va s’éloigner des choix individuels en décalage avec la réalité capitaliste. Ou de liens sociaux empathiques, sympathiques, de relations sociales sans mediation tarifées ou technique, dont le maintien pose des contradictions dans notre réalité. Le discours est clair : abandonne ce qui ne marche pas, fonctionne selon les codes imposés, synthétiser dans le be yourself. La pensée dominante s’impose en pratique.

A courte vue, la pensée de la classe dominante fonctionne dans un monde fait pour elle. Elle améliore l’intégration individuelle. Elle possède les mêmes points aveugles que le monde alentour, et donc n’entre pas à première vue en contradiction avec le réel. Il suffit d’ignorer tous les echecs, ou de remettre ces echecs sur la faute individuelle. Faisant abstraction du choix d’organisation, des réalités sociales. Malheur necessaire, survie des plus aptes … pensée circulaire.

De fait, l’autre alternative, la solidarité, peut donner lieu à des dissonances cognitives : je nage à contre courant, je travail contre moi même. Un humain qui choisit la solidarité dans un monde qui fonctionne sur la compétition va se créer des problemes psyhologiques, des nervous breakdown. Ainsi, la psychologie individuelle resulte en grande partie des relations sociales. De l’interaction, des conflits. Un humain pacifié par une société visiblement sécurisée, mais réellement conflictuelle, se prépare des nervous breakdown. Nous sommes traversés par des contradictions, entre solidarités populaires et competition capitaliste. Et ces contradictions, males comprises, males vécues, provoquent des nevroses. Or il existe un choix alternatif au coaching individualiste, la solidarité collective et le conflit de classe assumé. L’un n’existe pas sans l’autre. Plus ce choix est partagé, donc rendu possible, plus il existe une solution pratique alternative au coaching. C’est le dilemne du prisonnier, un choix collectif.

Qu’est-ce qu’une pensée qui resiste à la pensée dominante ? Alors que le choix proposé par la pensée dominante est intégration ou conflit, civilisé ou barbare (hanif), la proposition collective est solidarité ET conflit. Prenons l’exemple d’un bateau qui se dirige vers sa destination. Imaginer des desinations autres sont des fantasmes, ou des yakafokons sans qu’on voit comment. La normalité est claire, le coaching dit « chacun fait sa tache au mieux pour lui même » et ça parait évident. Maintenant si le capitaine a décidé d’emmener le navire dans le triangle des bermudes, parcequ’il est fou, ou que c’est l’interet de l’état ou la commande de la compagnie, que faire ? Rentrer au port, s’arreter à Santiago de Cuba ou trouver une ile deserte deviennent des réalités immédiatement envisageable, des nécessités pratiques, des imperatifs moraux. Et il devient de plus en plus évident que les ordres du capitaine sont l’obstacle à ce qu’il faudra faire inévitablement. Dans la tempête, la solidarité redevient une necessité et s’occuper de soi devient immédiatement un enjeu collectif. Partir à la nage est une illusion, il faut prendre le controle du navire. Ceux qui s’accrochent à la normalité sont devenus les fous, et sont dangereux pour les autres.

D’où l’importance du groupe humain, d’une communauté qui donne sens à l’individu, qui voit des enjeux supérieures à ceux de l’état et accepte le conflit avec une organisation sociale néfaste. La mosquée, la maison de quartier, le rond point, le syndicat, des lieux humains où la solidarité prevaut sur la concurence et l’intégration. « Le communisme n’est pas pour nous un état de choses à créer, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui dépasse l’état actuel des choses. » qu’on pourrait traduire par « L’Islam n’est pas une organisation fixe du lien social, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons Islam l’ethique qui mise en pratique rétabli la fitra, permet le khalifa d’Adam, l’autodetermination de l’humanité, sur la surface terrestre ».

L’existence d’une idéologie populaire repose sur le combat contre l’injustice, qui passe par le maintien de structures collectives, de lieux de vie irl, qui sont une réponse alternative à la dissoncance cognitive d’un monde qui fonctionne contre nous.


 

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