Hanafyah et Intertextualité

Notre comprehension du rapport avec les textes précédents est prise entre la tradition musulmane et les recherches orientalistes. Il convient de répondre aux deux à la lumières des informations.

Pour ce qui est des recherches, athées ou non, elles sont faites parfois avec beaucoup de respect pour le texte et permettent d’en savoir plus (sur l’intertextualité Gobillot, Al Badawe, Zeellentein). C’est d’ailleurs un gage pour nous en France que le plus sérieux (Deroche) propos aussi des résultats qui confirment l’histoire que nous connaissont. C’est aussi le cas en Allemagne (Neuwirth). Par contre il existe toujours des publications orientalistes, qui sont plus de l’ordre de la vulgarisation que de la recherche, et dont le but est politique. J’ai déjà formuler une réponse à Dye Moezzi là dessus (https://collectif-attariq.net/wp/approche-hyper-critique-de-lislam-un-usage-politique-et-relativiste-des-sources/). Si on doit leur répondre, et s’y opposer, la quête de la vérité ne peut cependant pas nous permettre de prendre leur point de vue comme excuse pour rejeter tout ce qu’ils disent. Il faut répondre point à point, et prendre ce qui est juste. Donc répondre sur la proximité des textes qui est soulevée.

” la présence d’écrits antérieurs, quel que soit la forme ou le fond retenu dans le Coran, puissent être un “problème” pour de nombreux musulmans”

Je vais même un peu plus loin que vous sur ce sujet : “les textes antérieurs sont une richesse pour la comprehension du Coran.” car c’est là qu’on arrive, indépendemment de tout conflit politique. La recherche fournit des arguments solides sur la proximité des textes. Moi, qui ai lu ces textes, je le confirme. Et rien n’oblige à en tirer les conclusions qu’ils tirent bien au contraire. Il ne s’agit jamais d’un héritage hérétisant, mais le Coran est bien un texte autonome qui en propose une relecture (Cuypers), parfois corrige (naskh, Gobillot, https://www.academia.edu/52646298/Labrogation_n%C3%A2sihk_et_mans%C3%BBhk_dans_le_Coran).

Le problème, et il faut avoir le courage de présenter à nos frères et soeurs les trouvailles, quand il est bien ancré dans les esprits qu’on peut regarder dysney à la télé mais que les textes monothéistes sont le diable incarné. Je peux donner un exemple important. Le texte de Matthieu 23 est necessaire pour comprendre qui sont les hypocrites, “qui ont des yeux pour voir mais ne voient pas” (Isaïe). Si vous devez en lire un, lisez juste celui là. Il est une attaque frontale contre ceux là même :

فَوَيْلٌۭ لِّلْمُصَلِّينَ
5
ٱلَّذِينَ هُمْ عَن صَلَاتِهِمْ سَاهُونَ
6
ٱلَّذِينَ هُمْ يُرَآءُونَ
7
وَيَمْنَعُونَ ٱلْمَاعُونَ

La malediction وَيْلٌۭ est le même terme utilisé en syriac (malheur) dans “14 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.” Le propos est le même. Le chapitre entier (https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthieu%2023&version=LSG) permet de comprendre toute la rhétorique du Prophète Muhammad contre les hypocrites. “Le texte dit aussi être “la confirmation de ce qui a été révélé auparavant.”” Cherchons donc en quoi avant que quelqu’un d’autre s’en empare et ne l’utilise contre nous.

Le rapport textuel est comme beaucoup d’autres cas indéniable. Une théorie qui chercherait à le nier ne resistera pas au passage du temps. Il faut donc l’expliquer, et c’est dans l’explication que nous pourrons combattre l’orientalisme. Et gagner une comprehension accrue de l’Islam. Si nous croyns que notre religion est vraie, c’est qu’elle parle du réel, et la comprehension du réel ne peut nous inquiéter. On ne peut rester dans un domaine séparé que sous peine de retomber dans le domaine des légendes, des contes. C’est d’ailleursoù veu tnous emmener Chaabi, qui elle veut dire que le Coran est un texte paien destiné simplement aux bédouins, et qu’il faut en dégager le coté monothéiste qui n’est qu’un rajout posterieur. Donc affrontons nous au réel et à la recherche par nous même.

En fait on connait la proximité des arabes avec le monothéisme. La “jahilya” est un mythe, ou peut etre signifie autre chose que ce que l’on en comprend aujourd’hui. Beaucoup d’arabes du nord sont chrétiens. On sait les ghassanides et les lakhmides, mais ça va plus loin. Beaucoup de tribues sont convertis, et cela vient jusqu’au Prophète. Les Banu Kalb pâr exemple (Zayd fut parmi eux longtemps). L’histoire de la “hanafyah” merite d’être relue. Les voyages de Zayd Ibn Amr pour apprendre le monothéisme sont d’autant plus important que son fils Said ibn Zayd est l’un des premiers convertis, qu’il épouse Fatma bint Al Khattab et va finir par ramener sa belle famille dans l’Islam. On est au coeur de la oummah naissante, et il y a des chrétiens.

Et au sud c’est encore plus important. “L’Esprit vient du Yemen” dit le Prophète à propos de Abu Musa al Ashari revenant à La Mecque. Et le Yemen est chrétien. On sait que le prophète assiste à un prêche à Najran, ville qui rassemble des chrétiens arabes de trois différentes version du christianisme. Et le christianisme Ethiopien (et pas copte) a la corpus textuel le plus interessant, qui contient parmi les plus anciens textes (la didache) et beaucoup d’apocryphes, dont ceux mentionnés par le Coran. On est donc très loin de l’hypothèse syriacisante.

Ce qui se dégage, c’est que le Prophète Muhammad est en contact direct avec les plus anciennes formes du christianismes. Celles qui historiquement ont resistés à l’empire romain. Celles de l’Iraq : nazarenes, ebionites, el kasaites (les elkasaies sont probablement les sabéens du Coran). Qui sont des formes de christianisme qui remontent facilement au Ier siècle, puisqu’elles combattent Trajan et sont décimés par lui. Et l’Eglise Ethiopienne qui conserve les plus anciennes traditions. Donc il ne s’agit pas de “sectes”, mais du christianisme originel, qui bon gré mal gré a survecu à travers certaines traditions jusqu’au VIe à La Mecque.

La réalité et Le Coran convergent. On n’a pas besoin d’isoler le Coran du réel pour le préserver, ni d’écrire une réalité qui le remettrait en cause. De toute façon, Dieu qui demande de lire les textes, les connaissait Lui même. Il n’y a pas besoin de chaine de transmission si le Coran est revelé. Et ces chaines existent. Quand Muhammad prêche l’Islam, au moins une partie des mecquois, dont ses proches, connaissent les textes auxquels il fait référence. Il y a donc pertinance à les citer.

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