Nous avons vu précédemment comment en -1500 l’expulsion des hyksos, peuple asiatique semi nomade venu en immgration en Egypte, semble être l’evenement historique de l’exode, raconté dans sa version egyptienne.
Que deviennent-ils en Canaan ? Comment expliquer l’origine d’Israel mentionné en -1230 sur la stèle de Merenptah, peuple qui se sédentarisera à l’age du Fer I (-1200, -1000) dans la vallée du Jourdain ?
Une fois de plus la vidéo d’Allan Arsmann sur le sujet est interessante.
Historiographie
1925 – Théorie de l’infiltration
Albrecht Alt en 1925 propose une infiltration progressive des Israélites en Canaan, certains pouvant être passés par l’Égypte et ayant rapporté leur tradition particulière. Ce sont des peuples nomades ou semi-nomades qui arrivent sur une période étendue. Martin Noth y ajoute l’idée d’une fédération de douze tribus liées par un dieu commun et un lieu de culte. Elle est interessante en ce qu’elle formule l’importance de la religion dans la formation du peuple (ethnogénèse), et l’importance d’un apport nomade exterieur au peuple autochtone.
1940 à 1970 – Le modèle Albright-Wright de la conquête
C’est le modèle issu de l’archéologie biblique du milieu du xxe siècle. Albright et Wright aux États-Unis et Y. Yadin en Israël représentent le fer de lance de l’archéologie biblique sioniste dans les années 1940-70.
En se basant sur les fouilles d’Albright ainsi que sur la découverte par Wright d’une épaisse couche de cendre à Beitin, ils développent l’idée que la conquête de Canaan par les Israélites a eu lieu au 13e siècle en liant les destructions de Beitin, Hazor, Lakish.
Ce modèle est devenu obsolète, il est totalement remis en cause car il représente une conquête rapide et totale de Canaan qui ne correspond ni à l’archéologie ni au texte biblique. Les destructions qui leur servaient d’exemple ont eu lieu à des moments trop espacés pour faire partie de la même campagne. En particulier la destruction de Jéricho est bien trop précoce pour ce modèle.
1962 – Théorie de la révolte paysanne
George Mendenhall propose ce modèle en 1962. Selon lui, l’apparition d’un mouvement religieux rendit possible la révolte des paysans cananéens contre les collecteurs de taxe venus des villes. Ce serait l’apparition d’un petit groupe d’esclaves venant d’Égypte qui aurait permis le soulèvement de tout un pays contre ses rois. C’est un constat sociologique et culturel qui l’amène à cette conclusion. Cette idée est reprise par Norman Gottwald dans The Tribes of Yahwe, qui, au grand dam de Medenhall inscrit cette théorie dans une version plus marxiste de l’histoire. Gottwald sera sévèrement critiqué par Niels Peter Lemche, qui reprend l’idée de Medenhall, proposant les Israélites comme descendant des Apirous, mais en fait une évolution progressive, dépourvue de la dimension sociale.
Plus récemment, dans Moïse l’insurgé (résumé interessant, qui présente bien la vision de ce camps historiographique) , Jacob Rogozinski reprend cette thèse. “Pour lui, le « dispositif mosaïque », contrairement aux autres religions de l’Antiquité, n’est au service d’aucun pouvoir royal, mais au contraire porteur de l’idée que « les asservis ont la possibilité de se soulever contre leurs maîtres et de marcher vers une terre de liberté » .“
Si ces théories vont assez loin, s’ancrant notemment dans la spécificité du Fer I et ses populations shasous et du conflit social des apirous avec les cités états, elles insistent beaucoup plus sur le caractère politique, important, que sur l’aspect religieux. Perdant la spécificité de la période de formation en Egypte, du conflit hyksos et de l’importance du désert et d’un Dieu nouveau. Elle réduise à un petit groupe isolé l’apport de l’exode.
1981 – Entrée en Canaan puis occupation tardive
Ce modèle, proposé dans différentes variantes (conquête à différents moments du Bronze récent, entre le xve et le xiiie siècle av. J.-C.) s’appuie sur une relecture des textes bibliques et les avancées de l’archéologie.
Le livre de Josué indique précisément que seules trois villes sont détruites pendant la conquête, sans toutefois être occupées par les Israélites par la suite : Jéricho, Ai et Hazor. Cette conquête aurait eu pour seul effet de tuer les chefs cananéens et une partie de la population. La Bible hébraïque raconte l’échec de cette conquête rapide et les difficultés des Israélites pour s’installer en Canaan, dans un conflit long, raconté par les egyptiens et les canaanéens dans les lettres d’El Amarna.
Pour John J. Bimson, la conquête correspond à la destruction de certaines villes cananéennes qui marque la fin du Bronze Moyen, tandis que l’histoire des populations nomades et tribales correspond au Bronze Récent. C’est définitivement la thèse qui sera défendue ici, nous expliquerons pourquoi ci dessous.
1990 à aujourd’hui – Théorie de la resédentarisation
C’est une théorie de Yohanan Aharoni, développée principalement par Israël Finkelstein et William G. Dever. C’est celle du “sionisme de gauche”, qui fait disparaitre la conquête et présente les banu Israel comme autochtones, le peuple canaanéen qui serait revenus après une periode de nomadisation. Ce qui est difficile à comprendre, vu qu’il y a continuité de l’occupation canaanéene à cette période.
Si I. Finkelstein est définitivement le grand chercheurs de la sédentarisation des banu Israel à partir du 12e siècle, ses travaux de vulgarisation ont fait beaucoup de mal, en présentant avec beaucoup de support médiatique une thèse qui sous pretexte d’archéologie fait disparaitre l’aspect religieux et politique, pourtant omniprésent, voyant le succès économique des Omrides (après -950) comme seul parametre interessant.
Le modèle repose sur l’idée que la population qui se sédentarise au Fer I est une population indigène, issue de la population cananéenne du Bronze récent. Israël Finkelstein s’appuie sur la similarité de la culture et des modes de vies du Bronze récent avec ceux du Fer I, également sur le fait que les villes du Nord retrouvent une culture cananéenne au 10e siècle. La continuité des cultures montre que la population se sédentarisant était déjà présente en Palestine pendant le Bronze récent.
D’après A. Mazar, les traditions cananéenne sont générales à toutes les populations du Fer I et ne pointent pas nécessairement vers l’origine cananéenne d’Israël. La Bible décrit également un mélange culturel, les Israélites adoptant les traditions de ceux qui les entourent. Cette théorie de la resédentarisation repose sur les Shasous, or, certains shasous ont émigré en Égypte, comme le Jacob biblique. Dans un document égyptien, leur territoire est nommé « Yahu ».
Résumé
Ce qui est prouvé archéologiquement, grâce à Finkelstein, c’est la sédentarisation des Banu Israel au Fer I, après -1200, après qu’Israel soit mentionné comme un peuple nomade sur la stèle de Merenptah. C’est la sédentarisation d’un peuple nomade dans les colines autour de la vallée du Jourdain.
Les différentes théories varient sur l’origine de ce peuple, dont on sait qu’il formera le royaume de David et Salomon plus tard (les thèses sur leur inexistance se sont effondrées).
Tout le monde se réfère à ce qui est connu auparavant au 14e et 13e : les populations nomades que sont les bédouins Shasous des textes egyptiens et les Apirous des lettres d’El Amarna. En insistant ou en réduisant leur importance. Certains lieux de culte, comme Shilo et Beth-El sont à la fois utilisés par cette population nomade des hautes terres et expressément mentionnés dans la Bible comme lieus de culte des Israélites.
La destruction des villes fortifiées en Canaan, lors passage du bronze moyen au bronze récent en Palestine, n’a pas d’autre explication historique que l’expulsion des hyksos (Ben Tor), la campagne egyptienne elle même n’a pas dépassé Sharuhen.
A partir de là, la société canaanéenne décline, mais devient culturellement plus prolixe. cette destruction ne va pas marquer la fin des canaanéens, mais leur chute progressive, en accord avec le texte biblique. Le livre de Josué ne parle pas d’une destruction massive, mais de trois villes détruites, puis l’installation et la repartition des terres entre les tribues. Les livres suivants décrivent la cohabitation difficile entre les canaanéens et les banu israel, dont un conflit religieux, et la permabilité des banu israel aux idoles canaanéennes, ce que confirme l’archéologie.
La civilisation cananéenne était particulièrement développée au Bronze Moyen, et formait un ensemble conséquent de cités-États fortifiées. De nombreuses villes, comme Hazor, la ville cananéenne la plus importante, Lakish, Jéricho, sont détruites à la fin du bronze moyen, dans ce qui est appelé un effondrement systémique, daté au carbone 14 aux alentours de -1550. Ces cités sont rapidement reconstruites dès le début du Bronze Récent et connaîtront pour la plupart une nouvelle prospérité. Cependant ces villes ne sont plus fortifiées au Bronze Récent. Que se passe-t-il au XVe siècle dans l’archéologie canaanéenne ? Les villes à haute murailles (Jericho, Hazor, …) sont détruites et laissent place à des villes bien plus petites, sans fortifications. La culture canaanéenne change à ce moment. Le récit biblique ne raconte pas un conquète immédiate, mais seulement la destruction de trois villes canaanéennes : Jericho, Ai et Hazor. Puis l’installation des israélites dans les marges, en conflit avec les canaanéens.
Voici les dates de destructions généralement acceptées, telles que proposées par les personnes en charge des fouilles respectives des villes concernées :
Le schéma montre une première strate de destruction vers -1500 qui marque le passage du bronze moyen au bronze récent en Palestine. Les cités sont reconstruites, mais sans leurs murs. La période suivante est celle des lettres d’el amarna, qui relate un combat continue entre ces cités et les rebelles ‘apirous’, qui est le pendant egyptien du conflit raconté par les ‘hébreux’ dans le livres des juges. Et relate le combat culturel entre le polythéisme sédentaire canaanéen et les semi nomades monothéistes. Vers 1200 ceux-ci se sédentarisent puis fondent leur propre “royaume” vers -1000.
-1500 à -1200 L’émergence en Palestine d’une communauté de bédouins shasous dans les montagnes autour du Jourdain. On a une mention partielle d’Israel dans une stèle présente en Allemagne et surtout la mention des Shasous de Yahwah. On a aussi le témoignage des lettres d’el Amarna qui montre au 14e siècle des combats acharnés entre les cités canaanéennes et des bandes de “renegats” nomades qui les entourent. au 14e siècle conflit entre les apirous et les cananéens vassaux des egyptiens. Le terme “apirou” n’est pas un terme ethnique, mais social, ce sont des marginaux nomades en conflit avec les autorités (lire “gitans” donnera une bonne aproximation). si l’on regarde le texte biblique avec attention, c’est bien le terme “hébreu” qui est toujours pejoratif et donner par des étrangers aux banu israel (voir Nadav Na’aman, « Habiru and Hebrews, the transfer of a social term to the literary sphere »). On observe de nouvelles destructions, étalées dans le temps qui marquent la fin de la periode, canaanéennes, les villes seront par la suite occupée par les banu israel, façon campement d’abord, avec des puits, puis reconstruction.
-1200 l’archéologie parle de la sédentarisation de tribues nomades pré existante au 12e siècle. et on a avant la sédentarisation la stèle qui donne le nom d’israel a des nomades présents. donc le 12e siècle est un terminus “ante quem”, on a la preuve qu’ils sont déjà présents à ce moment. les canaanéens ont progressivement disparu. L’archéologie décrit au XIIe siècle la sédentarisation de tribues nomades !préalablement existantes!. La stele de merenptah décrit avant la sédentarisation la présence des banu israel comme popuilation nomade. au Xe siècle se forme le royaume de David. Arrivées des philistins en Palestine (qui lui donneront leur nom). Ce sont des peuplades grecques parti s’sinstaller sur toute la méditerannée, jusqu’en Egypte. Peut etre après la fin de la guerre de Troie. D’eux font partie le fameux Goliath.
1000 la fondation d’un petit royaume dont les fondateurs sont David et Salomon. Et du temple d’Al Quds.