Les banu Israel en Egypte

« Nous te racontons, en toute vérité et à l’intention des gens qui croient, une partie de l’histoire de Moïse et de Pharaon. Pharaon s’était érigé [en despote arrogant], sur terre, et avait divisé son peuple en castes (distinctes). Il opprimait l’une d’elles, dont il faisait tuer les enfants mâles, tout en épargnant les femmes. Il était vraiment de ceux qui sèment la corruption. Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur terre et faire d’eux des exemples (à suivre) et des héritiers. Nous voulions les établir fermement sur terre et réaliser sous les yeux de Pharaon, de Haman et de leurs troupes ce qu’ils redoutaient tant de leur part. » (Coran 28:3-6)

Les hyksos, peuple asiatique semi nomade venu en immgration en Egypte. L’hypothèse développée ici, c’est que l’expulsion des hyksos est la version égyptienne et que le récit biblique est la version des banu Israel d’une même histoire. Depuis une immigration venue progressivement du levant, jusqu’à leur expulsion violente par Kamose. C’est la seule fois ou des sémites sont présents massivement en Egypte.

L’arrivée dans la vallée du Nil de bédouins sémite remonte a bien avant la période Hyksos proprement dite. Une immigration progressive de levantins vers l’Egypte, qui a un moment, pendant la seconde periode intermédiaire, devient majoritaire et s’autonomise.

Bien que l’origine levantine de ces dirigeants ne soit pas remise en question en raison de leurs noms, de leur architecture et de leur culture matérielle, ces résultats remettent en question le récit classique des Hyksos en tant que force envahissante. Au lieu de cela, cette recherche soutient la théorie selon laquelle les dirigeants Hyksos n’étaient pas originaires d’un lieu d’origine unifié, mais étaient des Asiatiques occidentaux dont les ancêtres se sont installés en Égypte pendant le moyen empire, y ont vécu pendant des siècles, puis ont régné sur le nord de l’Égypte. Le large éventail de valeurs dans l’assemblage de Tell el-Dab”a suggère que les non-locaux, que ce soit avant ou pendant le règne des Hyksos, ne venaient pas d’une seule patrie unifiée, mais d’une grande variété d’origines.Who were the Hyksos? Challenging traditional narratives

Ils ont des noms sémitiques comme Yaqoub-her ou Khyan (amorite?).

Plutôt qu’une « invasion », il semble qu’à mesure que l’autorité centralisée des rois égyptiens déclinait, les élites de Tell el-Dab’a augmentèrent leur pouvoir local jusqu’à ce que, par un coup d’État ou simplement un processus lent et pacifique, on voit l’installation d’un gouvernement autonome autour d’Avaris, que les egyptiens enregistreront dans leurs termes en 15 et 16e dynastie.

Les relations directes et intenses entre le royaume d’Avaris et le souverain de Kouch, mentionnées dans les stèles de Kamose, sont attestées par les découvertes de poteries de Basse-Égypte dans les cimetières de Kermac et dans les forteresses de Basse-Nubienne, des sceaux portant les noms de dirigeants asiatiques et des motifs Tell el-Dabaa ou cananéens trouvés dans des contextes Kerma en Nubie.

La ville d’Avaris

La ville d’Avaris, (qui deviendra bien plus tard Pi-Ramses, la capitale de Ramses II) est la capitale et le lieu principal de l’immigration levantine en Egypte.

Manfred Beitak est le responsable des fouilles de la ville d’Avaris. Il en propose un résumé ici, où l’on peut lire entre autres :

Située entre la branche la plus orientale du NIL et une branche latérale, Avaris était entourée d’eau et se trouvait au début de la route d’Horus vers le Sinaï et la Palestine.

Il semble y avoir eu des troubles plus tard, avec des statues brisées et des demeures abandonnées. Peu de temps après, un modèle de peuplement égalitaire est visible au sommet des manoirs et dans la ville de l’Est (zone A/II, phase G/1-3 (vers le 17e siècle). Les parcelles étaient vastes et les enterrements étaient effectués à l’intérieur des cours. Pendant cette période, le pourcentage de poteries de l’âge du bronze moyen importées et fabriquées localement est passé du niveau précédent de 16 pour cent à près de 20 pour cent, et peu après à 40 pour cent. Le processus d’acculturation aux normes égyptiennes non seulement s’est arrêté, mais il semble également y avoir eu une augmentation des traits et des attributs culturels cananéens.

Il existe des preuves de cultes cananéens. Un sceau cylindrique en hématite avec une représentation du dieu de la tempête de la Syrie du Nord Hadad/Ba’al Zephon date de la 13e dynastie et a été découpé localement. Dans la Ville de l’Est (A/II), un grand temple proche-oriental à larges salles a été construit, qui s’est développé peu de temps après, au cours de la phase E/3, pour devenir une formidable enceinte sacrée qui date probablement de l’époque du roi Nehesy du début 14e dynastie (vers 1720 avant notre ère). Le temple principal (III) (avec des dimensions finales de 32,5 × 21,5 m), avec un autel de feu devant, fut le premier sanctuaire à être construit. Comme les parallèles architecturaux les plus proches d’Alep, d’Alalakh et de Hazor étaient consacrés au dieu syrien de la tempête, il est probable qu’il était également la divinité titulaire de ce temple.

Sous la 14e dynastie, les animaux sacrificiels de la période Hyksos étaient des bovins, des moutons et des chèvres. Les os de porc, bien que pas rares dans les déchets des colonies, étaient largement absents. Il semble qu’une sorte de tabou du porc à des fins rituelles ait déjà été établi parmi les Cananéens vivant en Égypte.

Couches stratiagraphiques M-N
Amenemhet I (12e dynastie) a planifié une colonie, appelée Hutwaret, située dans le 19e Nome, vers 1930 avant JC. C’était une petite ville égyptienne jusqu’à environ 1830 avant JC, date à laquelle elle commença à se développer grâce à l’immigration des Cananéens (Levant âge du bronze moyen IIA). En 1800 avant JC, c’était une colonie commerciale beaucoup plus grande sous contrôle égyptien. Au cours des 100 années suivantes, l’immigration a accru la taille de la ville.[26] Des scarabées portant le nom de « Retjenu » (proche orient actuel) ont été trouvés à Avaris, datant également de la 12e dynastie (1991-1802 avant notre ère).[27]

Asiatiques entrant en Égypte à l’époque de Khnumhotep II qui régna entre l’époque de Amenemhat II et Sésostris III (12e dynastie – 19e siècle).

Couches stratiagraphiques G
Vers 1780, un temple dédié à Seth fut construit. Les Cananéens vivant à Avaris considéraient le dieu égyptien Seth comme le dieu cananéen Hadad. Tous deux dominaient la météo.[26]

Couches stratiagraphiques F
Vers 1700 avant JC, un quartier de temples dédiés à Asherah cananéenne et à Hathor égyptienne a été construit dans la partie orientale de la ville. À partir de 1700, la stratification sociale commence et une élite apparaît.[26]

Couches stratiagraphiques E
En 1650 les Hyksos arrivent et la ville s’étend jusqu’à 250 ha. On pense qu’Avaris était la plus grande ville du monde de 1670 à 1557 avant JC. Une grande citadelle fut construite vers 1550.[26]

Schéma de l’occupation de la ville. L’expansion a partir de l’immigration du levant commence bien avant la période Hyksos a proprement parler.

Une population levantine

La période hyksos proprement dite, de 1650 à 1530 commence avec des arrivées massives, constatables sur la strate E. Les travaux de Manfred Bietak montrent des liens dans l’architecture, la céramique et les pratiques funéraires cohérents avec une origine nord-levantine des Hyksos. S’appuyant particulièrement sur l’architecture des temples, Bietak montre de forts parallèles entre les pratiques religieuses des Hyksos à Avaris avec celles de la région autour de Byblos, Ougarit, Alalakh et Tell Brak, définissant la « maison spirituelle » des Hyksos : « à l’extrême nord de la Syrie ». et le nord de la Mésopotamie”. Le terme égyptien Retjenu suggère également une origine nord-levantine.

On pense qu’Avaris était la plus grande ville du monde de 1670 à 1557 avant JC. Cette ville, qui est un port sur le Nil avec accès direct à la mer, a des connections marquées avec la mer égée et la civilisation minoéenne, ainsi qu’avec le nord du levant comme on l’a vue. Ce systeme commercial méditerannéen peut être vue comme un précurseur de ce que fera par la suite la Phénicie.

Cet ensemble aussi se retrouve dans les textes : la légende d’Io, pélasge d’Argos “enlevée par des Phéniciens” et fécondée par Zeus, engendrant de là toute une descendance qui régnera sur l’Égypte… autant que la “Phénicie”, et la Crète (par Europe), prend tout son sens. De même que la légende égyptienne du Papyrus d’Astarté qui associe cette sombre période de domination étrangère au dieu levantin MARIN Yam. D’une certaine manière les légendes et l’association aux divinités, tout comme les filiations reconstruites dans le monde sémite, sont une façon de garder l’histoire des peuples.

Cependant ces immigrés levantins, dont le commerce maritime est Pendant ces 300 ans d’immigrations progressive, la ville a aussi acceulli des immigrés bédouins (la culture bédouine est largement attestée) de mésopotomie et probablement aussi des arabes. Une telle ville a forcement accueilli des marchands, des réfugiés (famines), des voyageurs, etc.


Le temple de seth

Pendant la periode Hyksos on note la présence d’un temple au Dieu Seth. Une version Hyksos de Seth, qui prend des aspects levantins est alors construite. Certains aspects font penser au dieu des tempêtes que sont les divinités principales teshub des hurrites, ou adad des amorites, ou peut etre encore le sumérien dumuzi. Vu la diversité d’origine des hyksos, il est possible qu’à travers le seth égyptiens, la population asiatique importe ses dieux suprèmes de leurs religions respectives. Les egyptiens accusent d’ailleurs les hyksos d’avoir “corrompu” seth. Le nouvel empire en fera le dieu des étrangers. Au cours de ce processus le dieu égyptien Seth a progressivement commencé à incorporer ces traits d’altérité religieuse et à assumer les caractéristiques à la fois mauvais et asiatique, également un dieu du désert.

La vidéo d’Allan Arsnann là dessus, mais il faut le corriger : ils n’adoraient pas Seth, ils ont traduit leur Dieu en Seth pour les egyptiens. Alla Arsnann fait trop de concordisme, en oubliant souvent de s’attacher aux différences, au modifications, aux prises de partis conflictuels à l’intérieur du systeme religieux antique. A l’époque des hyksos, (conc contrairement à son hypothèse) le serpent représente-t-il l’ennemi du dieu seth ? Moise le tenant dans sa main et en faisant un bout de bois semble plutot une remise en cause du serpent comme figure egyptienne, une maitrise de leurs symboles, réduits à rien. Il donne cependant des liens interessants, comme la destruction des idoles (d’après Flavius Joseph).

Apopi vs Seqenenre

Un dernier hyksos Apopi est un candidat interessant pour le Moïse historique. “”Le roi Apophis a choisi pour son seigneur le dieu Seth. Il n’adorait aucune autre divinité dans tout le pays à l’exception de Seth.” The Quarrel of Apophis and Seqenenre

Durant son règne long de plus de quarante ans, Apophi entre en guerre contre le roi thébain Seqenenrê Tâa.

« Qu’un messager aille vers le chef de la ville du Midi pour lui dire : Le roi Râ-Apôpi, (vie, santé, force), t’envoie dire : Qu’on chasse sur l’étang les hippopotames qui sont dans les canaux du pays, afin qu’ils laissent venir à moi le sommeil, la nuit et le jour»

La référence aux hippopotames est un detournement de la culture egyptienne, puisque celui-ci, une des représentations de seth, est aussi connu pour avoir tué le premier roi egyptien, Menes. Ce qui peut expliquer le malaise de Seqenre décrit par la suite. Ce roi a été tué violemment, probablement par une hache “duckbill” couramment utilisée par les asiatiques. Son premier fils meurt jeune. Pour le témoin de Jehovah Gerard Gertoux qui a fait de longues recherches sur l’histoire biblique, c’est le pharaon de l’exode. Moise, et l’exode, quelle évidence ?

La stèle de la tempête

La stèle de la tempête, écrite pendant le règne d’Ahmose marque une terrible tempête et ses conséquences sur l’Egypte. Celle-ci pourrait être liée à l’eruption de Thera et ses conséquences sur l’est de la méditerranée (voir A Storm in Egypt during the Reign of Ahmose), bien que des débats sur la chronologie continue à ce propos. Si l’on considère comme Gertoux qui appuie son analyse sur d’autres documents, comme lesTeaching for King Merikare (voir ref plus haut), que celle ci a lieu avant son règne, les dates commencent à se rapprocher, vers le début ou la mmoitié du 16e siècle.

Guerre

Kamose, le frère de Seqenenre va ensuite mener la guerre contre les hyksos et les chasser d’Avaris puis les combatre jusqu’à Sharuhen. Cependant aucune mention d’Apopi n’est faite dans ses campagnes.

Nous verrons par la suite que cette campagne et la fuite des hyksos correspondent au passage du bronze moyen II (-2000 a 1550) au fer ancien (1550 -1200) en Palestine, qui marque le début des conflits des banu Israel contre les cités états canaanites, suite de notre étude.

Y-a-t-il equivalence entre les banu Israel et les hyksos ?

Dans les textes bibliques, on ne parle pas encore d’un peuple à ce moment, mais simplement d’une famille qui va y trouver refuge. Au moment où le pouvoir égyptien commerce et est favorable aux étrangers.

La formation d’un peuple, une alliance de douze tribues autour du Dieu monothéiste, n’a lieu qu’avec Moïse. Au moment du conflit entre la population immigrée et un nouveau pharaon. Seqenenre puis Ahmose.

La Torah formule qu’une “multitude mélangée” (Ex12.38 : עֵ֥רֶב רַ֖ב) sort d’egypte. Le peuple est alors en formation, il se forme par cet évenement, avant de s’exiler de cette ville par le désert, vers Madyan. Il y a une alliance qui se forme dans la reconnaissance du Dieu de Moïse, qui rassemble, par le conflit avec le pouvoir égyptien, une multitude d’habitants, qui deviennent un peuple.

Si la présence sémite massive en Egypte fait de cette période la seule possible pour l’histoire des banu Israel en Egypte, il reste des questions a explorés:

  • ceux qui partiront avec Moise sont ils l’ensemble de la population sémitique ou une partie seulement ? y-a-t-il des conflits ou des différences entre eux ?
  • Comment comprendre les divinités Hyksos ? Dans les textes monothéistes Dieu est révélé à Moïse dans le désert de Madian, puis Moïse revient en Egypte. Le Seth/Adad des Hyksos est-il une figure hyksos de ce Dieu monothéiste avant Moïse ? Ou bien est il une forme des ba’al, les idoles moyen oriental de cette époque ?
  • Apopi n’aurait-il pas été associé à Seth, une divinité négative, par les égyptiens plus tard, pour décrire en mauvais termes le Dieu monothéistes des sémites ?
  • Qui est l’amalek en gueerre sur la voie du nord ? Une partie des hyksos, pourrait elle avoir été en opposition avec l’alliance des banu Israel qui s’enfuit ? ce que signifierait alors le probleme d’amalek sur la route du nord, un conflit entre les égyptiens de Kamose et une partie hourrite (indo européenne) des élites hyksos ? Un conflit interne aux hyksos est la théorie de cette vidéo https://youtu.be/As7DJIIUYCc?si=HSYOHdUHvqg_k6Uv&t=1009 et elle mérite d’être étudiée. La question des constructions en brique (mais qui ont lieu deux fois), y est également importante.
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