Document publié originellement sur https://www.religion.info/2008/12/14/etude-conversion-islamisme-des-maos-du-fatah/ disponible à la fin de l’article.
La Brigade étudiante du Fatah naît en 1974, de deux tendances. D’une part, de jeunes étudiants libanais sortis de l’Organisation d’action communiste au Liban (OACL), qui fondent, en décembre 1972, une petite formation maoïste, le Noyau du peuple révolutionnaire ( Nouwat ash-Sha’ab ath-Thaouri). La politique d’implantation populaire, sur la ligne de masse, se joue dans les camps palestiniens du Fatah, dans l’usine Ghandour, près de Saïda, dans la banlieue populaire de Naba’a, près de Beyrouth. D’autre part, des dirigeants politiques palestiniens, opposés au nouveau cours politique du Fatah palestinien de Yasser Arafat : en 1973-1974, le Fatah réoriente peu à peu son projet stratégique en acceptant tacitement, sous le vocable « d’autorité nationale » sur l’ensemble ou la partie libérée des territoires palestiniens, le principe des deux états palestiniens et israéliens, à l’encontre de la Charte de l’OLP de 1969, et du principe d’un seul état démocratique sur l’entièreté de la Palestine historique. La Brigade étudiante sera donc le fruit d’une rencontre palestino-libanaise, d’un maoïsme inspiré des expériences d’implantation populaire de la Gauche Prolétarienne et de la Révolution culturelle chinoise, et de cadres palestiniens désireux de réorienter le Fatah sur une ligne de gauche nationaliste. La Brigade étudiante s’alliera à d’autres mouvements : la Résistance populaire (al Mouqawama ash-Sha’abiya) de Khalil Akkaoui notamment, elle aussi inspirée, en partie, des expériences tiers-mondistes maoïstes, vietnamiennes et latino-américaines. Leader charismatique d’un quartier populaire de Tripoli, Bab at-Tabbané, Libanais d’origine palestinienne, Khalil Akkaoui symbolisera, a posteriori, les interrogations et les chemins complexes de militants palestiniens et libanais ayant eu à cœur de faire émerger, dans les pas de la Révolution iranienne, et dans l’héritage d’un marxisme radical, un islam à la fois populaire, tiers-mondiste et anti-impérialiste. Jeune leader de l’OACL, proche amie à l’époque de Khalil Akkaoui, Nahla Chahal rapporte que « la quête de Khalil, pendant toutes ces années, était de trouver une idéologie qui soit, comme il le disait, évidente et populaire. Il est parti du marxisme pour arriver à l’islam. Mais cet islam était proche de son marxisme : Khalil me disait toujours que l’islam, dans cette région, est l’idéologie évidente, celle qui parle aux plus pauvres. C’était le projet de Khalil : un islam des pauvres, un islam des déshérités, un islam qui soit retiré des mains des pouvoirs en place, et un islam qui ne soit pas intégriste. C’était cela, la véritable utopie de Khalil.11»