Le marxisme ne se contente pas de parler de salaires. Derrière le salaire, il y a les relations de dominations, que l’argent montre et cache. Si un sans papier ou un travailleur dans un pays colonisé gagne moins, ce n’est pas parce que son travail vaut moins, mais que les rapports de force, souvent militaire, qui lui sont appliqués permettent de le payer au lance pierre. Ces rapports de domination sont exprimés jusque dans le droit, comme des rapports racistes.
Le racisme ne permet pas seulement de payer moins, il instaure une hierarchie du travail, des papiers au plafond de verre. Du racisme social à la négrophobie, il est l’expression de la domination. Il créé une difference de fait entre les travailleurs, ceux qui sont élevés, et ceux qui sont rabaissés. Il fait partie de la superstructure. Pour déformer Hegel, l’état nation rationalise les rapports de dominations. Sous une forme raffinée.
Cette différenciation des travailleurs se retrouve jusque dans chaque file d’attente, ou une femme, payée au SMIC, elle même dominée sous d’autres aspects, se retrouve à nous trier. Qui a accompagné une femme voilée dans n’importe quel service a vu ce rapport de domination sous ses yeux. Ces services ne sont pas une auto organisation populaire, mais une institution descendante.
Voici une contradiction dans les services publiques, invisible pour la gauche, entre service de la popualtion et relation descendante sur la population. Le racisme permet de comprendre cette conradiction structurelle. Avant même de parler de la fin de l’AME, et de la destruction de la sécurité sociale par l’exclusion des « autres », le racisme renforce déjà un rôle de contrôle et de gestion, qui dénature les organisations de nous par nous mêmes. Le montre et le cache.
Le probleme de la gauche française, outre son étatisme forcené, c’est de representer une classe dont la fonction est de gérer la population. Les profs, les fonctionnaires, les employés. Etant l’expression de cette classe en bas de l’echelle dont la fonction sociale est de gérer les autres, elle ne peut defendre une égalité de fait. Ce drame est rejoué tous les jours à l’école, ou surgit sans surprise le probleme du voile.
Alors la gauche en crise finit inexorablement par opportunisme sur ce social chauvisnisme dont parle Lénine. Elle est incapable de formuler une solution aux contradictions que vivent les travailleurs pour rassembler ce que le racisme divise : la classe populaire. Elle n’a rien à proposer que la réaction ne fasse mieux : restaurer les rapports de domination traditionnels, gérer la violence aux guichets.
Un parti communiste devrait formuler l’alliance des travailleurs divisés par le racisme. Non pas l’état et les professeurs contre les familles, comme le pronent les formations laïcité, mais les professeurs au service des familles, pour organiser une éducation populaire. Une école transfigurant les associations de soutient. Dans tous les secteurs de la société, un communiste devrait avoir pour tache unique de dissoudre les relations de dominations par l’égalité, dans une internationale locale des travailleurs. Anti imperialiste jusque dans son rapport aux autres.
Le marxisme n’a pas vocation a defendre les salaires, mais à abolir les relations de dominations, et abolir l’état, pour les dépasser par une organisation de la population pour et par elle même. Le marxisme comme dépassement/abolition ne fonctionne pas à partird’une classe populaire divisée. La classe la plus aliénée à vocation par sa lutte à liberer les autres. Et pas l’inverse : les positions moralistes de la gauche ne sont qu’une posture, visant à preserver des rapports de dominations entre les travailleurs et leur pretrise.
Il n’est donc pas possible de constituer un parti communiste qui n’ai pas pour base les luttes décoloniales et les luttes féministes, qui se libèrent par elles mêmes. Ces luttes ne sont pas des detournements, mais la condition même de la liberation des travailleurs par eux mêmes. La preuve par le fait que l’égalité vient d’en bas.
Mettons un stop définitif aux injonctions moralistes de la gauche, pour imposer l’inversion des rapports de force, par la lutte contre l’islamophobie, pour la liberation de la Palestine et pour la régularisation de tous les sans papiers, qui sont des conditions sine qua none de la lutte des classes en france.
Contrairement au discours dominant à gauche, cela ne divise pas les travailleurs, mais a vocation à rassembler, sur un pied d’égalité de fait, l’ensemble des forces révolutionnaires. Tant que la gauche choisit l’opportunisme social chauviniste, nous n’avons rien à faire avec elle,et elle n’a rien à opposer à la reaction fasciste.
Si le salaire est une expression des rapports de force dans lequel les travailleurs sont inclus, le capital lui même n’est qu’une formalisation des rapports de domination construits par les bourgeoisie euroépennes lors de son expansion vers le monde (colonisation) et vers les campagnes (exode rural). D’où les attaques théoriques sur l’accumulation primitive, quand la propriété privée est créée, les porteurs de bois et d’eau volés des biens communs, en Afrique, comme en Europe.
La radicalité ne consiste pas à désigner des multinationales criminelles que l’on devrait contraindre à payer de bons salaires, mais l’égalité radicale entre tous les humains. En pratique par le depassement de toute institution verticale par l’auto organisation par en bas. C’est ce qui définit un parti communiste. Qui voit les rapports racistes, étant lui même l’expression de la lutte pour la destruction des relations de dominations.
« Lorsque Marx a fait la célèbre déclaration selon laquelle « un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre », il ne s’agissait pas seulement d’un jugement moral. Il voulait également dire que dans une société dont les dirigeants oppriment un autre peuple, la classe exploitée qui ne s’oppose pas activement à cette oppression en devient inévitablement complice. Même si cette classe ne tire aucun profit direct de cette oppression, elle devient sensible à l’illusion qu’elle a un intérêt commun avec ses propres dirigeants à perpétuer cette oppression. Une telle classe a tendance à suivre ses dirigeants plutôt qu’à les défier. Ceci est encore plus vrai lorsque l’oppression n’a pas lieu dans un pays lointain, mais « chez nous », et lorsque l’oppression nationale et l’expropriation forment les conditions mêmes de l’émergence et de l’existence de la société oppressive. ».
Moshe Machover et Akiva Orr. 1969, « The Class character of Israel » cité par A2C « Pourquoi la classe ouvrière israélienne n’a pas intérêt à la fin de l’apartheid«
« Ce qui distingue la situation actuelle, c’est l’existence de conditions économiques et politiques qui ne pouvaient manquer de rendre l’opportunisme encore plus incompatible avec les intérêts généraux et vitaux du mouvement ouvrier : d’embryon, l’impérialisme est devenu le système prédominant; les monopoles capitalistes ont pris la première place dans l’économie et la politique; le partage du monde a été mené à son terme; d’autre part, au lieu du monopole sans partage de l’Angleterre, nous assistons maintenant à la lutte d’un petit nombre de puissances impérialistes pour la participation au monopole, lutte qui caractérise tout le début du XXe siècle. L’opportunisme ne peut plus triompher aujourd’hui complètement au sein du mouvement ouvrier d’un seul pays pour des dizaines et des dizaines d’années, comme il l’a fait en Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle. Mais, dans toute une série de pays, il a atteint sa pleine maturité, il l’a dépassé et s’est décomposé en fusionnant complètement, sous la forme du social-chauvinisme, avec la politique bourgeoise. »
Lénine, « L’impérialisme stade suprême du capitalisme. »
Dans ces deux textes, leurs auteurs pointent directement que le chauvinisme aboutit essentiellement à suivre les dirigeants, à renier sa propre indépendance politique, durement conquise, pour remettre en place l’autorité des relations de domination.
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