An Nahl – Sequence 1

بِسْمِ اللَّـهِ الرَّ‌حْمَـٰنِ الرَّ‌حِيمِ

Sourate An Nahl

 

 

Plan de la sourate

 

Sequence 1

 

Allah descend les anges avec l’esprit            et créé les cieux et la terre en vérité

Il a créé les bestiaux                                       pour porter vos fardeaux vers un pays

 

Allah ordonne les choses                          pour que vous vous guidier

 

La générosité d’Allah est infinie,                   et il connait à travers l’apparence

Ils adorent ce qui est créé                             leurs cœurs sont arrogants

 

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Sequence 2

 

Ils confondent ce qu’Allah a fait descendre avec les légendes des anciens

Ils rejettent les messagers,                            comme les anciens avant eux

 

La promesse d’Allah                                       s’avérera sur eux

 

Vers Allah prient tous les animaux,               toute générosité vient de Lui

Ils attribuent à Allah                                      de ce qui a été créé pour eux

 

 

Sequence 3

 

Allah donne l’exemple des abeilles           qui suivent Son chemin        pour donner de la bonne nourriture.

Allah donne l’exemple de ceux                 qui ne partagent pas              Sa générosité

Allah donne l’exemple d’hommes            qui ne peuvent rien faire       et de celui qui suit Son chemin

 

Allah créé des protections pour les hommes,    qui ne croient pas         en Sa générosité

Allah envoie vers toute les communautés         des témoins

 

 

Sequence 4

 

Respectez l’alliance d’Allah

Lisez le Quran qu’Allah                         a descendu en vérité

 

Allah est misericordieux envers      ceux qui ont émigré

 

Mangez de ce qu’Allah                         a descendu de bon

Suivez l’engagement d’Abraham       sur le chemin des pieux

 

 

 

 

 

 

 

La première partie

 

1a            أَتَىٰ       أَمْرُ                   اللَّـهِ

 1b     فَلَا         تَسْتَعْجِلُو     هُ

 

 1c *                  سُبْحَانَ         هُ

1d *      وَ          تَعَالَىٰ          عَمَّا يُشْرِكُونَ

 

2a       يُنَزِّلُ     الْمَلَائِكَةَ        بِالرُّوحِ     مِنْ أَمْرِ        هِ

2b        عَلَىٰ      مَن يَشَاءُ                         مِنْ عِبَادِ       هِ    

 

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2c +       أَنْ         أَنذِرُوا

2d +      أَنَّهُ        لَا إِلَـٰهَ    إِلَّا أَنَا

2e +       فَ        اتَّقُونِ

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3a ::      خَلَقَ      السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ       بِالْحَقِّ 

3b *      تَعَالَىٰ    عَمَّا يُشْرِ‌كُونَ

 

4a ::      خَلَقَ      الْإِنسَانَ                          مِن نُّطْفَةٍ

4b ::      فَإِذَا       هُوَ                                 خَصِيمٌ مُّبِينٌ

 

 

 

1a       Il a donné     un ordre       Allah  

1b       Alors ne pas hâter              lui

 

* 1c                               Gloire             à Lui

* 1d      Et                     surpasse       ce à quoi ils associent

 

2a       Il descend     les anges                          avec l’esprit       de Son ordre

2b       Sur                   qui Il veut                                                       de Ses serviteurs

 

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+ 2c      ainsi :       "Avertissez

+ 2d      qu’             il n’y a pas de dieu       sauf Moi"

+ 2e      alors         devenez pieux

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:: 3a      Il a créé         les cieux et la terre      en vérité

:: 3b      Il surpasse    ce à quoi ils associent

 

:: 4a      Il a créé         l’homme                                                   d’une goute

:: 4b      Alors               celui-ci                                                       un disputeur évident

 

 

La partie est construite de trois morceaux concentriques selon une forme ABA’. Les deux morceaux extérieurs décrivent deux formes d’action du Dieu, tandis que le morceau central est une adresse à l’humanité.

Le premier morceau est également de forme concentrique. Dans les deux segments exterieurs Allah agit, par la parole : le terme "ordre" se retrouve dans les deux. Son autorité est renforcée par l’injonction "ne pas précipiter" et le côté arbitraire du choix divin "sur qui Il veut". Une action est passée et définitive, c’est l’ordre, donné dès le début du monde et qui concerne la fin, l’autre est une action continue, comme la pluie qui tombe, Allah envoie constamment des anges. Ces actions sont en effet dirigées vers le monde, comme l’indique le terme "descend". Ainsi l’ordre et les anges, les deux objets, sont envoyés vers le monde et l’homme, que l’on trouve ensuite. Au centre du morceau se trouve une louange, accompagnée d’une remarque sur la supériorité d’Allah en regard des divinités des hommes.

 

Le dernier morceau est composé de deux segments bimembres, fortement parallèles. Dans leurs deux premiers membres, Allah créé, d’abord le monde, puis l’homme. Dans leurs deux second membres, nous lisons l’association de divinités avec Allah, puis l’aspect disputeur de l’homme. Dans chaque segment, le parallèle entre les deux segments suggère un sens, par parataxe [cf M. Cuypers, ] :

          dans le premier, le parallèle entre les cieux et la terre avec "ce à quoi ils associent" rappel que l’homme se choisit des divinités parmi ce qu’il voit, ce qui existe. Or pour l’auteur, ceux-ci font parti du monde créé par Allah. En ceci il leur évidement supérieur.

          dans le second segment, la mise en paralèle entre "d’une goutte" et "disputeur évident" tend à ramener l’homme à sa condition et à opposer celle-ci au rôle qu’il se donne en désignant des divinités : l’homme n’a été créé que d’une petite chose, il se comporte pourtant comme un dieu. Ce second segment renforce l’idée du premier : Allah qui a créé le monde et l’homme, est incomparable à ceux-ci.

 

Le morceau central n’a pas la même forme que les deux autres, il y a un seul segment, trimembre. L’ordre donné aux anges "Avertissez" dans le premier membre fait echo à l’ordre donné aux hommes dans le dernier "Itaqou", c’est-à-dire "soyez pieux". Au centre du morceau, la déclaration de l’unicité divine, ici à la première personne.

 

Ce second morceau est mis en valeur par plusieurs aspect du texte : il n’y a qu’un seul segment, trimembre, alors que la partie est composée partout ailleurs de segments bimembre, les deux autres morceaux décrivent une action, alors que nous avons ici un discours, Allah parle à la première personne. Ces aspects textuels mettent en valeur le discours divin, au centre d’une description de deux mondes distincts. Au niveau de sa place, il fait séparation entre les deux. Mais on remarquera qu’au niveau du sens, il créé un lien, puisque c’est un discours transmis par les anges du premier monde, et "Ina", presque "pour qu’ils" ici, fait grammaticalement le lien entre le premier morceau et le morceau central. Et c’est un discours adressé au monde du dernier morceau "devenez pieux". Remarquez que l’homme, qui peut être "de Ses serviteurs" ou "un disputeur évident" est présent dans les deux morceaux, ce sont donc "Ses serviteurs" qui comme les anges, font le lien entre les deux mondes et transmettent le discours divin. Ce morceau joue un rôle de centre entre les deux, par la forme il marque la séparation entre les deux mondes. Mais il est aussi par le sens ce qui fait le lien entre les deux, l’invitation d’Allah à le reconnaître et à la "taqwa", descendu par les anges vers les hommes.

 

Deux mondes distincts

 

L’existence du monde réel est ici attestée, "avérée" : "bil haq" donne une notion de réalité. Le texte parle "des cieux et la terre", c’est-à-dire l’univers dans sa totalité (comme dans l’expression "des pieds à la tête", l’utilisation de deux opposés est utilisé pour décrire l’ensemble) également décrite comme créée. Ainsi le discours coranique reconnait la réalité du monde : il a été créé et existe "bi lhaq", c’est-à-dire en vérité, en réalité. Ainsi que l’humanité, qui existe charnellement dans le monde.


Au dessus, un Dieu est présenté ici, qui créé, ordonne, puis agit en envoyant ses anges vers ses serviteurs, dans le monde. Son action se fait [par, avec, en] "esprit". Cet "esprit" est en miroir avec "vérité". C’est un monde différent de la réalité observable du monde créé. C’est celui qui donne la vérité du monde : il a été créé par Allah, qui n’y est pas inhérent. C’est un dieu unique, et la divinité est présentée comme surpassant l’univers, puisqu’elle l’a créé. La divinité est en dehors de l’univers observable, à l’opposé des divinités choisies par l’homme, qui elles en font parti.


On retrouve ici deux mondes distincts : l’univers dans sa totalité, dans lequel l’homme évolue, la réalité, et un monde supérieur, duquel Allah, par l’intermédiaire de ses anges, abreuve le monde réel d’esprit. Ces deux mondes sont séparés, bien qu’une descente puisse être opérée de l’un vers l’autre. [alors que le chemin inverse est barré par des meteores].

 

L’association

 

Le terme "youshrikoun", de la racine sharik, partager, décrit une action des hommes, qui "partagent", divisent, "associent" la divinité. Pour ceux là, la divinité est associée à des objets pris dans le monde réel, il y a une confusion entre le monde réél et le monde spirituel. En effet, si l’on reprend le texte du point de vue de l’homme, il y a deux actions opposées décrites :

 

          Les serviteurs de la première partie, qui réçoivent dans la réalité l’esprit venu d’un Dieu qu’ils reconnaissent unique, c’est-à-dire exterieur. Il y a là une transcendance qui "par l’esprit" contemple le monde "en vérité", et appel "à craindre", c’est-à-dire à devenir pieux, humble. L’univers n’est plus un monde clos, il existe un ailleurs, qui permet de contempler l’univers pour ce qu’il est.

 

          L’homme de la seconde partie, qui élève des choses réelles en les confondant à la divinité. Il y a là une immanence qui ne connait pas une divinité unique, mais la partage et l’associe à des choses materielles, qui sont idéalisées. Cet homme ne voit pas la différence entre les deux mondes, marquée par la partie centrale, qu’il ne reconnait pas. Il vit dans un univers clôt, duquel il choisit des idoles auquelles il confère des pouvoirs divins.

 

Il y a ici une idée paradoxale et typiquement monothéiste : la transcendance est dans l’ordre reçu par le serviteur et l’acceptation de la réalité, alors que l’immanence est ici contestation de l’ordre et idéalisation de la réalité. Le monde est bien réel, mais l’homme est invité à le dépasser [n’est qu’un lieu, réel mais temporaire, il est invité à considérer le futur des choses, voir al naba, voir Paul]. L’association, en niant l’aspect exterieur de la divinité, créé une confusion entre le monde réel et le monde spirituel, elle adore le monde pour lui-même, en niant un ailleurs. C’est une vision caractéristique du monothéisme, nous verrons si la sourate permet d’éclairer ce paradoxe, mais la partie centrale donne un indice : l’humilité du serviteur. 

 

 

 

 

La seconde partie

 

 

5a        وَ              الْأَنْعَامَ       خَلَقَ      هَا      

5b              لَكُمْ       فِيهَا         دِفْءٌ وَمَنَافِعُ

5c        وَ              مِنْهَا         تَأْكُلُونَ

 

6a        وَ  لَكُمْ       فِيهَا         جَمَالٌ       

6b                           حِينَ            تُرِ‌يحُونَ

6c        وَ             حِينَ            تَسْرَ‌حُونَ

 

7a =      وَ              تَحْمِلُ        أَثْقَالَ كُمْ      إِلَىٰ بَلَدٍ

7b =      لَّمْ              تَكُونُوا       بَالِغِي           هِ        

7c =      إِلَّا             بِشِقِّ         الْأَنفُسِ

 

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7d +      إِنَّ       رَ‌بَّكُمْ          لَرَ‌ءُوفٌ رَّ‌حِيمٌ

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8a        وَ        الْخَيْلَ وَ الْبِغَالَ وَ الْحَمِيرَ‌

8b        لِ          تَرْ‌كَبُ   هَا               

8c        وَ          زِينَةً 

 

8d ::      وَ        يَخْلُقُ             مَا   لَا تَعْلَمُونَ

 

9a =      وَ           عَلَى اللَّـهِ         قَصْدُ السَّبِيلِ

9b =      وَ        مِنْهَا              جَائِرٌ‌

9c =      وَ        لَوْ شَاءَ           لَهَدَا كُمْ             أَجْمَعِينَ

 

 

 

5a       Et                            les bestiaux          il a créé     eux     

5b             Pour vous       en eux                    chaleur et avantages

5c           Et                            d’eux                     vous mangez

 

6a       Et   pour vous       en eux                    une beauté

6b                    quand        vous les ramenez

6c           Et         quand        vous les sortez

 

= 7a       Et                            ils portent             vos fardeaux               vers un pays

= 7b          vous                       n’atteindriez pas                                       celui-ci

= 7c       Sinon                      par la division      de l’âme

 

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+ 7d       Ainsi    votre Seigneur    est gentil et misericordieux

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8a           Et                les chevaux et les mules et les ânes

8b           Pour          que vous les chevauchiez    

8c           Et                un ornement

 

:: 8d         Et                Il créé              ce que vous ne connaissez pas

 

= 9a          Et                sur Allah         la direction du chemin

= 9b          Et                de celui-ci       ja’ir

= 9c       Et                si Il voulait      il vous guiderai           tous ensembles

 

 

La partie se compose de trois morceaux, deux trimembres à l’exterieur et un morceau central unimembre. Les deux morceaux exterieurs parlent l’un des bestiaux, le betail, l’autre des animaux que l’on peut monter. Le morceau central loue l’attention du Seigneur.

Le premier morceau est composé de trois segments. Les deux premiers décrivent ce que l’homme trouve dans les bestiaux, marqué par la répétition de "pour vous" dans les deux segments et l’insistance sur "en eux" (fiha, minha).

 

Les avantages sont materiels, de la chaleur (d’eux-mêmes, et de leurs peaux ou de la laine comme vêtments) et de la nourriture dans le premier segment.

 

Le deuxième segment introduit deux choses nouvelles, à travers une parataxe très suggestive. Le premier membre reprend une forme du premier segment, cependant au lieu d’avantages, nous avons la beauté, tandis que les deux derniers membres, semblable par la forme et opposés par le sens, introduisent l’idée de déplacement. Ces deux membres évoquent l’idée du travail avec les animaux et les déplacements dans les montagnes pour les amener paître. Jusqu’au voyage des populations nomades ou semi nomades. La beauté devient celle des animaux et des paysages, la contemplation, et à travers elle la satisfaction du travail accompli, un mode de vie pastoral.

 

Le troisième morceau est de forme différente, et les bestiaux deviennent sujet. Ce sont eux qui portent les fardeaux des hommes. Les deux premiers membres mettent en opposition les bestiaux, qui portent et les hommes qui ne pourraient pas arriver à destination avec leur fardeaux. Fardeaux est placé dans le premier membre, objet de l’action des bestiaux, alors qu’il n’a pas d’équivalent dans le second membre. mais dans le troisième membre, "âme", induisant l’idée que ce sont ces fardeaux, trop lours pour l’homme seul, qui brisent son âme et l’empêchent d’atteindre le pays/la ville.

 

Le dernier morceau est plus hétérogène. C’est le déplacement qui le structure : le premier segment décrit les animaux que l’on chevauche, le troisième segment parle de la direction à suivre sur le chemin. Au centre se trouve l’inconnu, connu d’Allah seul. C’est bien l’objet de ce passage, plutôt que l’ornement, le visible inutile (8c), Allah déteint la clef de l’inconnu (8d), et est en conséquence le plus apte à guider sur le chemin(9c). [Il pourrait être le gardien de cette direction, si l’on accepte de voir un chiasme en 9a-b : "Et sur Allah / la direction du chemin / Et de celle-ci / un protecteur".]

 

Si la structure du dernier morceau est plus relâchée, le lien entre le premier et le dernier morceau est très structuré. Les animaux montés font echo au bétail, dans les deux premier morceaux. La beauté des uns (6a) se retrouve dans la valeur d’ornement des autres(8c), les premiers portent les fardeaux (7a) tandis que les seconds portent les hommes (8b). Les deux derniers segments sont liés par "la direction", subliminale dans le voyage "vers" une ville (7a), est développée dans le dernier morceau, quand Allah devient le guide. Celui-ci est présenté en connaisseur de l’inconnu dans le segment central du dernier morceau (8d), peut-être en lien avec le voyage évoqué par le déplacement du second segment du premier morceau (6b-c). Enfin, si le chemin et les fardeaux provoquent "la division", Allah pourrait "assembler", restant l’enigmatique s"il voulait", qui sera développé au cours de la sourate.

 

Dans le morceau central, la divinité est proche de l’homme, s’en occupe. C’est par sa création qu’elle se dit perceptible. Les hommes sont invités à trouver dans leur monde ce dont ils ont besoin, une aide, et finalement une direction vers une ville/un pays, dont Allah connait le chemin.

 

Les fardeaux de l’âme

 

2.286, voir aussi la charge de la terre 99, et le sens parallèle de wezr, que l’on retrouvera plus loin dans la sourate.

 

Hébreux 11;12;13 : 16 – 19

Mathieu 11:28-30 les fardeaux de l’âme.

Luc 21 19 Possédez vos âmes par votre patience. 20 Et quand vous verrez Jérusalem …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage 1

 

1أَتَىٰ أَمْرُ‌ اللَّـهِ  فَلَا تَسْتَعْجِلُوهُ

 سُبْحَانهُ  وَ تَعَالَىٰ عَمَّا يُشْرِ‌كُونَ

2 يُنَزِّلُ الْمَلَائِكَةَ  بِالرُّ‌وحِ مِنْ أَمْرِ‌هِ عَلَىٰ مَن يَشَاءُ مِنْ عِبَادِهِ  

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أَنْ   أَنذِرُ‌وا أَنَّهُ     لَا إِلَـٰهَ     إِلَّا أَنَا فَاتَّقُونِ

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3خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْ‌ضَ  بِالْحَقِّ تَعَالَىٰ عَمَّا يُشْرِ‌كُونَ

4خَلَقَ الْإِنسَانَ مِن نُّطْفَةٍ فَإِذَا هُوَ خَصِيمٌ مُّبِينٌ

 

 

 

5وَ الْأَنْعَامَ خَلَقَهَا لَكُمْ فِيهَا دِفْءٌ وَمَنَافِعُ وَ  مِنْهَا تَأْكُلُونَ

6وَ لَكُمْ فِيهَا جَمَالٌ حِينَ تُرِيحُونَ وَحِينَ تَسْرَحُونَ

7وَ تَحْمِلُ أَثْقَالَكُمْ   إِلَىٰ بَلَدٍ لَّمْ تَكُونُوا بَالِغِيهِ إِلَّا بِشِقِّ الْأَنفُسِ 

————————————————-

إِنَّ   رَ‌بَّكُمْ      لَرَ‌ءُوفٌ رَّ‌حِيمٌ

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8وَالْخَيْلَ وَالْبِغَالَ وَالْحَمِيرَلِتَرْكَبُهَاوَزِينَةً 

وَ يَخْلُقُ مَا لَا تَعْلَمُونَ

9وَعَلَى اللَّـهِ قَصْدُ السَّبِيلِ وَمِنْهَا جَائِرٌ وَلَوْ شَاء لَهَدَاكُمْ  أَجْمَعِينَ

 

 

 

1 Il a donné un ordre, Allah, alors, ne le hâtez pas.

Gloire à Lui, et Il surpasse ce à quoi ils associent.

2 Il descend les anges avec l’esprit, par Son ordre, sur qui Il veut de Ses serviteurs,

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ainsi :  "Avertissez qu’il n’y a pas de dieu sauf Moi, alors devenez pieux".

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3 Il a créé les cieux et la terre en vérité, Il surpasse ce à quoi ils associent.

4 Il a créé l’homme d’une goute, ensuite celui-ci devient un disputeur évident.

 

 

 

5 Et les bestiaux, il les a créé. En eux chaleur et avantages pour vous, et d’eux vous mangez.

6 Et pour vous en eux une beauté quand vous les ramenez et quand vous les sortez.

7 Et ils portent vos fardeaux vers une ville, que vous n’atteindriez pas sinon l’âme déchirée,

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ainsi votre Seigneur  est gentil et misericordieux

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8 Et les chevaux et les mules et les ânes, pour que vous les chevauchiez, et un ornement.

Et Il créé ce que vous ne connaissez pas.

9 Et sur Allah, la direction du chemin, et de celui-ci un protecteur. Et s’il voulait, il vous guiderai tous ensembles.

 

 

Le passage est composé de deux parties à la structure quasi identique (seul détonne le deuxième morceaux de la première partie, unique morceau bimembre). Le terme Allah fait inclusion, il se troue dans le premier et le dernier membre du passage. Il est aussi présent dans les deux morceaux centraux, d’un seul segment ; l’importance de ceux-ci est redoublée par leur parallèlisme, qui décrivent la divinité. L’action d’Allah structure les morceaux externes, avec la répétition de "Il a créé", à l’exception du premier, où l’action par la parole, qui agit sur la création est ainsi mis een valeur.

 

Une autre incusion se trouve dans la répétition du verbe "yacha", vouloir, en terme finaux des premièrs et derniers morceau du passage. La différence entre les deux membres fait deviner un choix : celui des serviteurs, choisis parmi l’ensemble. Semble alors opposé l’homme, contestataire évident, qui n’arriverai pas seul à sa destination. On trouve d’ailleurs deux mouvements. Dans la première partie il s’agit des anges, qu’Allah envoye avec l’esprit vers le monde. La mise en parallèle des deux parties y voit une réponse dans le voyage de l’homme vers une ville, destination mystérieuse. Certes, "Il créé ce que vous ne connaissez pas".

 

 

 

 

 

 

 

Passage 2

 

Première partie

 

10a –      هُوَ        الَّذِي أَنزَلَ     مِنَ السَّمَاءِ   مَاءً

10b –                  لَّكُم             مِّنْهُ              شَرَ‌ابٌ

10c –      وَ                              مِنْهُ              شَجَرٌفِيهِ تُسِيمُونَ

 

11a –      يُنبِتُ      لَكُم             بِهِ               الزَّرْ‌عَ وَ الزَّيْتُونَ

11b –      وَ                                                النَّخِيلَ وَ الْأَعْنَابَ

11c –      وَ                                                مِن كُلِّ الثَّمَرَ‌اتِ 

 

11d +     إِنَّ         فِي ذَٰلِكَ         لَآيَةً             لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ

 

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12a –      وَ           سَخَّرَ‌            لَكُمُ              اللَّيْلَ وَالنَّهَارَ

 

12b =     وَ           الشَّمْسَ        وَالْقَمَرَ‌         وَالنُّجُومُ

12c =                 مُسَخَّرَ‌اتٌ      بِأَمْرِهِ 

 

12d +     إِنَّ         فِي ذَٰلِكَ         لَآيَاتٍ           لِّقَوْمٍ يَعْقِلُونَ

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13a =     وَ           مَا ذَرَأَ           لَكُمْ             فِي الْأَرْضِ          مُخْتَلِفًا أَلْوَانُهُ 

13b +     إِنَّ         فِي ذَٰلِكَ             لَآيَةً             لِّقَوْمٍ يَذَّكَّرُ‌ونَ

 

 

 

10a Lui,                        celui qui descend      du ciel              l’eau

10b                               pour vous                    d’elle               une boisson

10c Et                                                                 d’elle                un arbre dans lequel pâturage

 

11a Il fait pousser      pour vous                    par elle            la céréale et l’olive

11b Et                                                                                          la datte et le raisin

11c Et                                                                                          de tous les fruits

 

+ 11d Ainsi                    en cela                         des signes   pour un peuple qui réfléchit

 

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12a Et                           Il a assujetti                pour vous       la nuit et le jour

 

= 12b Et                          le soleil                        et la lune        et les étoiles

= 12c                              assujettis                     par Son ordre

 

+ 12d Ainsi                    en cela                         des signes   pour un peuple qui use de logique

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= 13a Et                          ce qu’Il multiplie        pour vous       sur terre,             

= 13b                              différentes                  ses couleurs

 

+ 13c Ainsi                     en cela                         des signes   pour un peuple qui se rappel

 

 

C’est une partie concentrique, en trois morceaux. Le ciel dans le premier, puis les astres celestes dans le second servent de termes initiaux, les signes, et le membre qui le contient (11d, 13c, répété en 12b) servent de termes finaux. Au centre, le jour et la nuit, phénomène astronomique.

 

Le premier morceau est composé de 3 segments, selon un arrangement AA’B. Les deux premiers ont pour cause l’eau, qu’Allah fait descendre du ciel. Les deux morceaux décrivent ce qui sort "d’elle", "pour vous". Outre une boisson, celle-ci produit une végétation qui nourrit les animaux (premier morceau), puis des fruits (second morceau). Le troisième est plus énigmatique, et invite à réfléchir pour trouver des "signes" ("ayat", même terme que "ayat", les versets) dans la description du phénomène naturelle.

 

Cette phrase est repris et structure les deux segments trimembres du dernier morceau. Dans ceux-ci les atres du ciel, puis la terre elle-même, servent de termes initiaux, et notre phrase est reprise comme membre final des deux segments, mettant l’emphase sur la logique, puis le rappel. L’action d’Allah est omniprésente dans l’univers décrit, il assujetti les astres (probablement à leur course) et invite à user de logique (à leur sujet). Il mutltiplie les choses les sur la terre, et invite à se souvenir de leur différentes couleurs.

 

Différentes ses couleurs

 

On trouve dans ces deux mots un sens omniprésent dans la partie. Au-delà de la nuit et du jour, qui forment une paire (toutes choses Nous avons créé par paire), nous avons là une invitation à contempler la multitude. Dans le ciel, les astres : au-delà du soleil et de la lune, encore une paire, il y a la multitude des étoiles, et un astre unique parmi eux, la terre où nous sommes. Il y a la végétation et sa multitude, les fruits (sont-ils donnés par deux ?) et leur multitude. Tous sont différents, notamment par leur couleur, tout comme les étoiles.

 

On retrouve les trois nombres de la grammaire arabe : la multitude (la végétation, les étoiles), le duel (la nuit et le jour, le soleil et la lune) et le singulier (la terre). Que faire de l’eau ? Le lecteur est ainsi invité à contempler la diversité de la création, sa multitude, et les particularités de chaque chose parmi la multitude, que signifient les couleurs. Pour s’en rappeler. En particulier ici, la particularité de la terre.

 

Des signes

 

L’affirmation des signes, par son aspect énigmatique, est une invitation à chercher un sens. Celui-ci n’est pas donné immédiatement, le lecteur est donc invité à le trouver. Nous avons regardé ensemble celui des couleurs.

 

Dans le premier paragraphe, nous sommes invités à contempler le cycle de l’eau, et comment on s’en nourrit : il produit à boire et des fruits. Outre un pâturage indistinct pour les animaux, il y a des fruits, que l’homme aussi peut manger. Cela nous rappelle la distinction dans la génèse, les arbres avec leur semence en eux et ceux qui produisent du fruit. C’est l’eau qui le nourrit, comme cet arbre du premier psaume, repris dans le Coran. Cette eau, qui descend du ciel, qui fait vivre la terre en faisant pousser la végétation est souvent repris, c’est le verset 7:57 qui nous paraît le plus éclairant ici : "C’est Lui qui envoie les vents comme une annonce de Sa Miséricorde. Puis, lorsqu’ils transportent une nuée lourde, Nous la dirigeons vers un pays mort [de sécheresse], puis Nous en faisons descendre l’eau, ensuite Nous en faisons sortir toutes espèces de fruits. Ainsi ferons-Nous sortir les morts. Peut-être vous rappellerez-vous." Non seulement il reprend l’ensemble des fonctions que nous avons attribué à l’eau, mais ici les vents / comme annonce de Sa miséricorde / transportent une nuée lourde, nous invitent à voir un parallèle entre l’eau descendue et la miséricorde annoncée. N’irait-on pas chercher dans l’esprit descendu avec les anges au début de la sourate l’explication du signe donné ici ? L’esprit, descendu continuellement, qui fait vivre la terre, et sortir d’elle des plantes et des fruits ? Nous avons vu dans la sourate Al-Naba, que c’est justement la présence ou l’absence de cette eau qui fait la différence entre la géhenne et le jardin.

 

Reste donc à chercher quels signes la logique permet-elle de chercher dans les astres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seconde Partie

 

14a –      وَ    هُوَ الَّذِي سَخَّرَ       الْبَحْرَ

14b –                  لِتَأْكُلُوا            مِنْهُ            لَحْمًا       طَرِيًّا

14c –      وَ           تَسْتَخْرِجُوا       مِنْهُ           حِلْيَةً       تَلْبَسُونَهَا

 

14d    وَ           تَرَ‌ى             الْفُلْكَ            مَوَاخِرَ    فِيهِ

14e    وَ           لِتَبْتَغُوا                             مِن        فَضْلِهِ

14f ::    وَلَعَلَّكُمْ    تَشْكُرُونَ

 

 ————————————————————–

 15a +   وَ           أَلْقَىٰ             فِي الْأَرْ‌ضِ   رَ‌وَاسِيَ  

15b +    أَن         تَمِيدَ            بِكُمْ

 

15c =    وَ           أَنْهَارًا          

15d =    وَ           سُبُلًا

15e ::   لَعَلَّكُمْ      تَهْتَدُونَ

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16a =    وَ           عَلَامَاتٍ

16a =    وَ           بِالنَّجْمِ   

16a ::    هُمْ         يَهْتَدُونَ

 

 

 

14a Et        Lui,             celui qui assujeti             la mer

14b                               pour que vous mangiez  d’elle         une viande fraiche   

14c Et                           que vous sortiez               d’elle         des parures que vous portez

 

14d Et                           vous voyez                        le navire   fendre elle

14e Et pour                 que vous cherchiez         de Sa grâce

 

:: 14f Et afin que vous remerciez

 

————————————————————–

+ 15a Et                          Il a lancé                      dans la terre  des sommets

+ 15b Qu’                       elle (ne) tremble        avec vous

 

= 15c Et                          des rivières

= 15d Et                          des chemins

 

:: 15e Afin que vous    vous guidiez

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= 16a Et                          des indications

= 16b Et                          par les étoiles

:: 16c Ils                          se guident

 

 

Toujours sur le même modèle, trois morceaux ABA’. Les mers et les rivières sont les termes initiaux des deux morceaux externes. L’homme est l’objet de cette partie, encore, marqué par "Afin que vous" qui revient dans les deux morceaux externes, "avec vous" dans la partie centrale et finalement "ils" dans le dernier membre.

 

Les deux segments du premier morceau présentent ce que l’homme trouve dans la mer. De la nourriture et l’apparat dans le premier segment, dans le second le voyage, le déplacement, dont la finalité sera de chercher la Grâce et de remercier, ce qui sera développer plus tard dans la sourate. 

 

Dans le second, des rivières fait inclusion avec les étoiles. Avec les rivières des chemins sont tracès pour l’homme sur la terre, tandis que dans le ciel les étoiles cotôient les indications. "Guider" fait terme final dans les deux segments. C’est la finalité, comme le marque la répétition de "la’alakoum" du premier morceau.

 

Au centre un seul segment bimembre, sort de la terre des montagnes, afin qu’elle ne tremble pas avec l’homme dessus. La négation n’est pas inclue dans la phrase originale en arabe, comme dans le verset 4.176 :" يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمْ أَنْ تَضِلُّوا" "Allah vous éclaire que vous (ne) vous perdiez (pas)". C’est la règle du "soukout el la", la négation n’est pas écrite car elle est trop évidente.

 

Le lien entre les deux morceaux externes est fait d’abord par l’inclusion entre deux aspects de la création, la mer, et les étoiles dans le ciel. Ces deux grandes étendues créent un espace où l’homme voyage, ici sur des navires. Le voyage est suggéré partout, par les navires d’abord, les chemins et les indications, au milieu de ces deux grandes étendues où l’homme est réduit à peu de choses et potentiellement perdu. Les étoiles sont le guide universel de l’homme, aussi bien pour les navires qui vogeuent sur l’océan que pour les caravanes à travers le desert, où le long de grands fleuves comme le Tigre et l’Euphrate, le long desquels Abraham est probablement allé d’Ur en Canaan.

 

La finalité, indiquée par la reprise de "la’alakoum", afin que. Allah attend ici une reconnaissance, que l’homme plus encore que la nourriture, Le cherche, à travers Sa grâce. Allah espère que l’homme le trouve en tirant de la nature et de ses efforts sa nourriture, Le reconnaisse dans les choses qu’Il lui donne . Ainsi que "vous vous guidiez" est aussi une finalité en soi. Que l’homme remercie ou se guide, c’est vers son Dieu qu’il se dirige.

 

Au milieu de ces immensités, les montagnes, pour éviter qu’elle ne tremble. Elle, c’est la terre ferme, bien sûr au milieu des flots et sous le ciel. Notre segment est isolé comme une île au milieu de ces immensités, comme la première terre qui se découvre quand l’eau est attiré. Afin d’assurer sa stabilité on y trouve des sommets. Alors que tout le reste est mouvant, la mer, assujetti à ses marées, comme les étoiles aux mouvements celestes, il y a là une idée de stabilité. Pour éviter d’ailleurs que la terre ne bouge, comme la mer, il y a aura donc des montagnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Second passage

 

 

10     هُوَ   الَّذِي أَنزَلَ مِنَ السَّمَاءِ مَاءً لَّكُم مِّنْهُ شَرَ‌ابٌ وَ مِنْهُ شَجَرٌ‌ فِيهِ تُسِيمُونَ

11     يُنبِتُ لَكُم بِهِ الزَّرْ‌عَ وَ الزَّيْتُونَ وَ النَّخِيلَ وَ الْأَعْنَابَ وَ مِن كُلِّ الثَّمَرَ‌اتِ 

        إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَةً لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُ‌ونَ

 

12     وَ سَخَّرَ لَكُمُ اللَّيْلَ وَالنَّهَارَ‌

        وَ الشَّمْسَ وَالْقَمَرَ‌ وَالنُّجُومُ مُسَخَّرَ‌اتٌ بِأَمْرِ‌هِ 

        إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَعْقِلُونَ

 

13      وَ مَا ذَرَ‌أَ لَكُمْ فِي الْأَرْ‌ضِ مُخْتَلِفًا أَلْوَانُهُ 

        إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَةً لِّقَوْمٍ يَذَّكَّرُ‌ونَ

 

 

 

14     وَ هُوَ الَّذِي سَخَّرَ‌ الْبَحْرَ‌   لِتَأْكُلُوا مِنْهُ لَحْمًا طَرِ‌يًّا وَ تَسْتَخْرِ‌جُوا مِنْهُ حِلْيَةً تَلْبَسُونَهَا

        وَ تَرَ‌ى الْفُلْكَ مَوَاخِرَ فِيهِ وَ لِتَبْتَغُوا مِن فَضْلِهِ

        وَلَعَلَّكُمْ تَشْكُرُ‌ونَ

 

 15    وَ أَلْقَىٰ فِي الْأَرْ‌ضِ رَ‌وَاسِيَ أَن تَمِيدَ بِكُمْ

        وَ أَنْهَارً‌ا   وَ سُبُلًا   

        لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ

 

16     وَ عَلَامَاتٍ

        وَ بِالنَّجْمِ هُمْ يَهْتَدُونَ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Second passage

 

 

10   C’est Lui qui descend l’eau du ciel, une boisson pour vous, de laquelle des herbes à pâturage

11   D’elle Il fait pousser pour vous la céréale, l’olive, la datte et le raisin, de tous les fruits

      Il y a en cela des signes pour un peuple qui réfléchit

 

12   Et Il a assujetti pour vous la nuit et le jour

      Le soleil et la lune et les étoiles, assujettis par Son ordre,

      En cela des signes pour un peuple qui use de logique

 

13   Et ce qu’Il multiplie pour vous sur terre, différentes ses couleurs,

En cela des signes pour un peuple qui se rappel

 

 

 

14   Et c’est Lui qui assujetti la mer, que vous mangiez d’elle une viande fraiche, et en tiriez des parures que vous portez

      Et vous voyez le navire la fendre, que vous cherchiez de Sa grâce,

Et afin que vous remerciiez 

 

15   Et Il a lancé dans la terre des sommets,     qu’elle ne tremble avec vous

Et des rivières et des chemins,                     Afin que vous vous guidiez

 

16   Et des indications.

Et par les étoiles, ils se guident

 

 

Les deux parties de notre passage commencent par un segment semblable (10, 14 a-c). Ces deux segments désignent Dieu comme celui qui active le monde. Dans ces premiers morceaux, c’est l’eau qui est ainsi manipulée, et qui donne la nourriture : les plantes qui poussent de la terre, les poissons de l’eau. Ce parallèle évoque le rôle primordial de l’eau comme source de vie dans le Coran (« et nous avons tiré toute vie de l’eau » 21.30, voir aussi 24.45, 25.54).

 

Le cadre du monde est réparti selon la 4e loi de Lund, le ciel et la terre qui font l’inclusion de la première partie et se retrouve (la terre) au centre de la deuxième. A l’inverse les étoiles au centre de la première partie sont à la fin de la seconde. Allah n’est pas seulement créateur ici, c’est lui qui l’ordonne le monde. Ainsi des verbes : « assujetti » se retrouve au centre de la première partie et au début de la seconde, l’opposition entre la descente de l’eau et l’élévation de montagnes, sont également répartis selon la 4e loi de Lund.

 

Comme nous l’avons vu précédemment, dans chaque partie, les morceaux sont terminés par un segment semblable : « des signes pour un peuple qui réfléchit » est répété trois fois dans la première partie. Dans la seconde, une partie de ces signes sont utilisés par l’homme pour se guider (15,16). Il y a un double mouvement : les signes sont placés par la divinité, les hommes se guident par ces signes. En particulier, les étoiles, qui indiquent le passage du temps et le chemin dans le désert et sur la mer, sont l’exemple type. Allah assigne un mouvement aux astres (12), qui à leur tour guident les hommes dans le monde (16b). Il y a pour l’homme une autonomie et de liberté que n’ont pas les astres, ainsi si les signes ont pour finalité de le diriger(15c), c’est l’homme qui se guide (16b). Détonne de cette régularité « afin que vous remerciiez » (14c). Comme 15c il indique la finalité de ces actions divines. Il y a une double équivalence : se guider, amène à voir par ces signes l’origine divine, donc à remercier le Dieu pour ses actions. Mais aussi, la façon de remercier Dieu pour ces signes, c’est de les utiliser. Ainsi le cadre de la bienveillance divine, notée dans les passages qui entourent celui-ci (v7, v18).

 

Assujettis par Son ordre

 

L’emphase est mise sur le Seigneur comme origine de toute chose (« C’est Lui qui », terme initial des deux parties), c’est par son ordre ici que tourne l’horloge cosmique des astres, qui matérialise dans les astres le passage du temps, et provoque son expression la plus sensible, le jour et la nuit. On peut probablement y voir également les marées, autre matérialisation visible du temps par l’effet des astres, si l’on prolonge le sens de "sakhara" tel qu’utilisé pour les astres à la mer. La traduction "assujetti" indiquant qu’Allah assigne ceux-là à un mouvement. C’est un mouvement d’ensemble : les astres se contiennent ensembles dans un même mouvement, dont sont issus le jour et la nuit et les marées. La descente de l’eau appartient elle aussi à un cycle ordonné par l’astre solaire. Les montagnes, également font partie des phénomènes que l’on observe, résultat de la mécanique mise en place. L’observation de cette mécanique céleste sert de repères dans l’espace et le temps, résumé dans le dernier vers : « et par les étoiles, ils se guident » de façon à la fois très prosaïque et poétique en ouvrant sur l’imaginaire des voyages. Seule la logique, appliquée aux choses visibles, permet à l’homme observant ces phénomènes de comprendre petit à petit les causes et les effets de l’ensemble. Ultimement, le Coran invite l’homme à considérer au-delà de ces phénomènes et de leur organisation, Celui qui en est à l’origine. Ainsi l’ordre du début, qui se matérialise dans les astres et le passage du temps, annonce l’avancée inexorable vers une fin, thème majeur du Coran, qu’il convient cependant de ne pas précipiter. 

 

Des signes afin que vous vous guidiez

 

« Les signes pour que vous raisonniez » de la première partie deviennent les finalités de la seconde (« afin que », 14c, 15c) et occupent précisément la même place, en derniers membres de chaque morceau. « Afin que vous vous guidiez » (15c) la finalité des signes. Ainsi, traversant terres et mers, dans le mode de vie nomade et pastoral décrit auparavant, dans la collecte des fruits, et sur ses navires, l’homme se guide par les étoiles, sens premier et très matériel. Cependant « Afin que vous remerciiez » (14c) semble la finalité des verbes attribués à l’homme dans la première partie (réfléchir, raisonner, se souvenir/méditer), il ouvre sur une autre finalité : le Coran invite ici l’homme à chercher Dieu, non seulement dans les bonnes choses (rezqan, nayma, qui seront un des thèmes principaux de la sourate), mais aussi dans l’agencement de la création, dans les signes et les chemins qui semblent baliser le monde (v. 15-16). Le voyage occupe ici une place importante, il est occasion pour l’homme de découvrir et de traverser l’univers, pour chercher son Créateur.

 

Nous avons vu aussi que le Coran invite à trouver des signes dans le texte lui-même, à travers ces descriptions naturalistes. Nous avons vu comment la descente de l’eau qui fait vivre la terre évoque celle de l’esprit, qui produit des fruits. Nous allons continuer cette réflexion en cherchant comment comprendre le parallèle proposé entre le passage du temps, la course de la nuit et du jour, et la stabilité apportée par les montagnes, qui sont respectivement aux centres de la première et de la seconde partie.

 

Pour ce faire, intéressons-nous à la racine du terme trembler, "myd". Cette racine n’est utilisée que 5 fois dans le Coran, trois fois exactement dans le même contexte (ici, 21.31 et 31.10), et deux fois pour désigner la table descendue du ciel dans la sourate Al-Mayda. Nous reproduisons le contexte de ces deux occurrences ci-dessous, en réutilisant le même choix de couleurs que dans celui étudier ici, pour montrer la proximité des termes entre les deux passages :

 

112 – C’est alors que les apôtres dirent : Ô Jésus, fils de Marie, ton Dieu peut-Il nous faire descendre une table garnie du ciel ? Il leur dit : Craignez Dieu si vous êtes croyants !113 – Ils dirent : Nous voulons manger à cette table de façon que nos âmes soient apaisées et nous saurons si tu nous as dit la vérité. Nous en témoignerons !

114 – Jésus, fils de Marie, dit : Ô Seigneur, fais descendre sur nous une table garnie du ciel, UNE FETE pour nous du premier au dernier. Un signe manifeste de Toi ! Répands sur nous Ta gratitude, Tu es le meilleur de ceux qui gratifient.115 – Dieu dit : Je vais la faire descendre sur vous. Celui qui, après cela, sera un incroyant, je le châtierai d’une façon qui n’a jamais été utilisée à l’encontre d’un humain dans tout l’univers.

 

Outre la proximité des termes, la proximité des deux textes est aussi renforcée par les trois idées de la discussion entre Jésus et ses apôtres, qui sont importantes à notre séquence, et soulignées ci-dessus, la crainte de Dieu (16.2), l’apaisement de l’âme (a contrario 16.7) et la vérité (16.3). L’injonction coranique « craignez Dieu », vue ici se retrouve au tout début de notre sourate Les Abeilles. Le désir des disciples de voir leurs âmes apaisées par la certitude de la vérité nous ramène également à notre premier passage, ou à l’inverse, les âmes étaient épuisées sur le chemin. Enfin, la vérité, de laquelle semblent douter les disciples, mais pour laquelle ils s’engagent. Cette conversation reprend de très près notre thème de la providence divine, qui fait descendre du ciel de la nourriture, comme un signe de sa part. Cependant le point de vue change : à la place d’un acte divin, offert gratuitement, c’est ici une demande de l’homme vers Dieu. Ainsi « pour nous » remplace « pour vous ». L’homme veut à manger et veut un signe. C’est exactement le discours de l’homme à Jésus, sur la montagne à l’approche de la Pâque, dans le 6e chapitre de l’Evangile de Jean : sur la montagne, à l’approche de la fête, l’homme cherche un signe et à manger, en retour de quoi Jésus distribue miraculeusement des pains et des poissons. En revanche, dans la sourate les abeilles, la nourriture est déjà là, la montagne aussi, l’homme n’a plus qu’à contempler les signes dans la création elle-même, sans l’évènement. Si dans l’Evangile c’est Jésus qui fait des signes (les miracles) pour convertir les hommes, dans notre passage c’est le monde, ou la description naturaliste du monde, trait particulier du texte coranique, qui contient ces signes.

 

Nous invitons chaleureusement le lecteur à lire l’analyse fructueuse qu’à fait Michel Cuypers de la sourate al ma’yda. Sa conclusion à propos du passage ci-dessus, est que le Coran fait une lecture particulière du discours sur le pain de vie fait à Capharnaüm, qui suit directement la distribution des pains, évoquée plus haut. La demande de cette nourriture fait référence par ricochet à celle des fils d’Israël, sur la capacité de Dieu à dresser une table dans le désert, dans le Psaume 78. La question de la foi en Dieu est alors centrale ! Comme on le voit dans le Coran, dans les réponses de Jésus et de Dieu aux apôtres (5.112-115). M. Cuypers remarque que le verbe descente dans la cinquième sourate fait référence à la nourriture aussi bien qu’aux textes bibliques. Le pain distribué par Jésus est alors une allégorie pour le pain de vie, c’est-à-dire les paroles de Dieu, en reprenant l’image de la manne descendue par Allah pour nourrir les fils d’Israël dans le désert. Le pain dans l’Evangile est signe des paroles d’Allah qui nourrissent ("et l’homme ne se nourrira pas seulement de pain, mais de toute parole de la bouche de Dieu"). Tout comme nous avons remarqué un parallèle entre la descente de l’eau et celle de l’Esprit dans la sourate Les Abeilles. Il s’agit alors d’une nourriture spirituelle autant que matérielle, comme l’ont noté les commentateurs musulmans.

 

Quel est le lien entre « mayda » et les montagnes pour que la terre ne tremble pas ? Regardons en détail le vers 114 :

 

114 – Jésus, fils de Marie, dit :   Ô Seigneur, fais descendre   sur nous    une table garnie        du ciel,

UNE FETE                    pour nous du premier au dernier.

un signe manifeste    de Toi !

 

Et approvisionne-                         nous

Tu es le meilleur de                      ceux qui nourrissent.

 

Cette table garnie, représente tout à la fois la Cène des évangiles, la distribution des pains puis le pain de vie chez Jean, la table dressée au désert des psaumes et la manne de l’Exode. C’est-à-dire la nourriture divine et, par analogie, la parole divine, répandue pour l’homme. Dans la sourate Al-Mayda, ce que Jésus demande à Allah est aussi bien une nourriture qu’une fête et un signe divin. Référence probable à l’eucharistie, et surtout la fête annuelle (‘ayd), la Pâque qui est à la fois la fête des fils d’Israël dans le désert, et fête des chrétiens qui se souviennent de Jésus et partagent le pain. Dans l’exode, c’est non seulement une fête à fêter d’année en année, mais aussi un signe entre Dieu et l’homme. (« Cette fête sera pour vous comme un signe sur votre main et comme une marque sur votre front pour que la Loi de l’Éternel soit l’objet de vos conversations, car c’est lui qui vous a fait sortir d’Égypte par sa puissance. Vous célébrerez ce rite d’année en année au temps fixé » (Exode 13.9-10).) 

 

C’est "un signe manifeste", voilà bien ce que nous recherchons ! Le contexte de la nourriture et des signes, c’est d’un côté une fête, ‘ayd. C’est un jour de l’année, un repère fixe dans le temps, que l’on retrouve par la course des astres. Et c’est un lieu dans l’espace, où les hommes se retrouvent pour rendre grâce à leur Dieu. C’est-à-dire un rendez-vous à un endroit et un moment précis, ou la nourriture est répandue pour l’homme, et un signe de l’intervention divine. L’autre contexte, c’est la montagne, un repère dans l’espace, le lieu de la théophanie par excellence. C’est le lieu ou Allah s’est approché de Moïse et lui a fait descendre la loi. Depuis 2.63 " quand Nous avons contracté un engagement avec vous et brandi sur vous le Mont, "Tenez ferme ce que Nous vous avons donné et souvenez-vous de ce qui s’y trouve afin que vous soyez pieux!", jusqu’à "Et le figuier et l’olivier, et le mont Sinai, et ce pays sûr". La montagne est un des lieux de culte par excellence. C’est d’ailleurs le lieu où Jésus se retire avec ses disciples et partage le pain et les poissons.

 

Les astres, dont la course régulière façonne le temps et la montagne, le lieu soulevé au milieu de la mer et du ciel, qui protège de la terre "qu’elle ne tremble avec vous", sont ainsi des signes naturels de la présence divine, un élément de stabilité, de la même façon que peuvent l’être les fêtes annuelles comme celle de Pâque. Dans l’Evangile comme dans la sourate Le Festin, la nourriture n’est pas finalité en elle-même, c’est un signe de la bienveillance divine à l’égard de l’homme, et de la réponse attendue de l’homme : la foi, la piété (5.112, 5.115, 16.2) peut-être l’application pratique du remerciement (16.14c). Voilà les piliers de l’alliance entre Dieu et l’homme. Cependant dans notre passage, au contraire de la sourate Al Ma’ida, cette alliance est sortie de son contexte historique et religieux, elle est présentée dans le cadre naturaliste créé par les descriptions géographiques et astronomiques telles qu’elles peuvent être perçues par un peuple nomade. Les astres et les montagnes décrits par le texte coranique remplacent les fêtes et les commémorations. L’aventure n’est plus religieuse, sociale, c’est celle du voyageur qui, à travers l’immensité du désert, des mers et de l’univers, rencontre son Créateur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage 3 Partie 1

 

17a –      أَفَ        مَن يَخْلُقُ

17b –      كَ          مَن لَّا يَخْلُقُ 

17c –      أَفَ        لَا تَذَكَّرُونَ

 

18a –      وَإِن        تَعُدُّوا            نِعْمَةَ اللَّـهِ

18b –                  لَا تُحْصُو      هَا

 

 ————————————–

18c –      إِنَّ   اللَّـهَ       لَغَفُورٌ   رَّحِيمٌ

—————————————          

 

19a –      وَ    اللَّـهُ يَعْلَمُ             مَا تُسِرُّونَ

19b –      وَ                              مَا تُعْلِنُونَ

 

 

 

17a      Fi                qui créé

17b     comme     qui ne créé pas

17a      Fi                vous ne vous souvenez pas

 

18a      Et si            vous calculiez                                la générosité d’Allah

18b                        Vous ne compteriez pas              elle

 

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18c      Certes Allah est gentil et misericordieux

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19a      Et   Allah    sait       ce que vous cachez

19b     Et                            ce que vous montrez

 

 

Cette partie est de forme concentrique ABA’.

 

Le premier morceau est composé de deux segments bimembres, la négation de vous ne vous souvenez pas et vous ne compteriez pas sert de terme finaux pour les deux segments. La répétition de Fi, qui inclue le premier segment, donne le ton du morceau, une critique de l’homme qui ne reconnait pas Allah. Il lui est reproché de ne pas se souvenir, d’oublier, la différence entre le créateur et la création (17). "Vous ne vous souvenez pas" part du principe que l’homme est capable de comprendre que les choses créée, dont il fait des dieux, ne sont pas comparable à Allah, qui les lui-même créées. A l’inverse l’homme n’est pas capable de mesurer l’ensemble des choses qu’Allah fait pour lui (18). S’il peut comprendre donc, l’immensité de la création lui échappe, il ne peut la saisir dans sa totalité. C’est justement par la création, son immensité incalculable et ce qu’elle contient pour lui, que l’homme devrait considérer son Créateur.

 

Dans le dernier morceau, à l’opposé de l’homme qui ne se souvient pas, ni ne peut compter, « Allah  sait ». L’unique segment repose sur le miroir entre ce que l’homme cache et met en avant. Si le premier morceau repose sur la capacité de l’homme à comprendre, ici il lui est implicitement reproché d’être malhonnête, en effet entre ces deux faire, cacher et révéler, se dévoile un souci de l’apparence et pas du fond des choses. C’est une démarche opposée à celle de comprendre qui est proposée dans le premier morceau. Ainsi, ces deux actions sont réduite à néant, car le savoir du Dieu transcende évidemment l’apparence.

 

Au centre, la reprise des noms d’Allah tempère le reproche. Allah est "généreux" et "il sait", ainsi il comprend l’homme, même si ce n’est pas réciproque. Son attitude reste "gentil et misericordieux".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partie 2

 

20a –          وَالَّذِينَ   يَدْعُونَ          مِنْ دُونِ اللَّهِ

20b –                             لَا يَخْلُقُونَ     شَيْئًا

20c –          وَهُمْ       يُخْلَقُونَ

 

21a =                  أَمْوَاتٌ

21b =                  غَيْرُ أَحْيَاءٍ

 

21c ::         وَ           مَا يَشْعُرُونَ  

21d ::         أَيَّانَ       يُبْعَثُونَ

 

——————————–

22a +         إِلَٰهُكُمْ     إِلَٰهٌ وَاحِدٌ

——————————–

 

22b –          فَالَّذِينَ    لَا يُؤْمِنُونَ     بِالْآخِرَةِ

22c –          قُلُوبُهُمْ    مُنْكِرَةٌ

22d –          وَهُمْ       مُسْتَكْبِرُونَ

 

23a =         لَا          جَرَمَ      

23b =        أَنَّ اللَّهَ   يَعْلَمُ              مَا يُسِرُّونَ

23c =          وَ                              مَا يُعْلِنُونَ

 

23d ::         إِنَّهُ         لَا يُحِبُّ         الْمُسْتَكْبِرِينَ

 

 

 

20a      Et ceux                  qu’ils invoquent               en dehors d’Allah

20b                                     ils ne créent rien

20c      Et eux-mêmes     sont créés

 

21a      Morts

21b     non vivants

 

21c      Et                            Ils ne perçoivent pas

21d     Quand                    ils sont ressuscités

 

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22a      Votre Dieu            un Dieu Unique

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22b     Quant à ceux        qui ne croient pas      en la dernière

22c      Leurs cœurs          déniant

22c      Et eux sont           arrogants

 

23a      N’est-il pas            tranché

23b     Qu’Allah                sait                               ce qu’ils cachent

23c      Et                                                                  ce qu’ils montrent

 

23d     Et Allah                  n’aime pas                  les arrogants

 

 

 

Le premier morceau a pour sujet les divinités que les homes se font. Elles sont l’objet du premier morceau (et ceux / eux) invoquées par les hommes / créées. L’opposition entre les deux derniers membres montrent leur impossibilité à être sujet : elles ne créent rien, mais sont créées. Ainsi, elles ne sont que des objets d’adorations, mais ne servent à rien. La même opposition se retrouve dans le dernier segment, elles sont ressuscités, mais ne perçoivent pas. Au centre vient une confirmation, ce sont des choses mortes, non vivantes, elles ne peuvent agir. On

 

Le troisième morceau s’attarde sur les hommes « qui ne croient pas ». Probablement ceux qui invoquaient les idoles. Ils sont sujets des deux premiers segments et objet des deux derniers. Dans le premier segment, les deux premiers membres mettent en parallèle « eux / ne croient pas » et « leurs cœurs / déniant », le troisième posant comme leur arrogance comme une conséquence de leur incroyance, sans que le lien soit explicité. Le mot est repris dans le dernier segment, comme une conclusion. Ainsi, la négation, « Allah n’aime pas » fait inclusion avec la première négation « ne croient pas » mais son objet porte sur l’arrogance, plutôt que directement sur l’incroyance. Allah et les incroyants sont mis en relation au centre, le Dieu monothéiste est ici révélateur des incroyants, de ce qu’il y a au-delà de leur paraître, comme le cœur évoquait déjà un intérieur véritable.

 

Au centre, un seul membre rappelant l’unicité d’Allah.

 

La même inclusion est faîte dans les deux premiers segments, avec les pronoms « Aladhin » (ceux) et « hum » (eux), qui servent ainsi de termes initiaux dans les deux morceaux externes. Chaque morceau est également encadré par deux négations (ne créent rien/ ne perçoivent pas) puis (ne croient pas / n’aime pas). Les idoles ne percevant pas la vie dernière, les hommes tournés vers elles n’y croient pas. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage 3

 

17   أَفَ  مَن يَخْلُقُ كمَن لَّا يَخْلُقُ  أَفَ لَا تَذَكَّرُونَ  

18   وَإِن تَعُدُّوا نِعْمَةَ اللَّـهِ لَا تُحْصُوهَا

      ————————————–

      إِنَّ اللَّـهَ لَغَفُورٌ‌ رَّ‌حِيمٌ

—————————————          

19   وَاللَّـهُ يَعْلَمُ مَا تُسِرُّونَ وَمَا تُعْلِنُونَ

 

 

 

20     وَالَّذِينَ يَدْعُونَ مِنْ دُونِ اللَّهِ لَا يَخْلُقُونَ شَيْئًا وَهُمْ يُخْلَقُونَ

21     أَمْوَاتٌ غَيْرُ أَحْيَاءٍ

          وَمَا يَشْعُرُونَ أَيَّانَ يُبْعَثُونَ

——————————–

22     إِلَٰهُكُمْ إِلَٰهٌ وَاحِدٌ

——————————–

          فَالَّذِينَ لَا يُؤْمِنُونَ بِالْآخِرَةِ   قُلُوبُهُمْ مُنْكِرَةٌ وَهُمْ مُسْتَكْبِرُونَ

23     لَا جَرَمَ أَنَّ اللَّهَ يَعْلَمُ مَا يُسِرُّونَ وَ مَا يُعْلِنُونَ

          إِنَّهُ لَا يُحِبُّ الْمُسْتَكْبِرِينَ

 

 

 

17   Fi, qui créé, comme qui ne créé pas ? Fi, vous ne vous souvenez pas

18   Et si vous mesuriez la générosité d’Allah, Vous ne la compteriez pas

————————————————————–

18   Certes Allah est gentil et misericordieux

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19   Et Allah sait ce que vous cachez, et ce que vous montrez

 

 

 

20   Et ceux qu’ils invoquent en dehors d’Allah, ils ne créent rien et eux-mêmes sont créés

21   Morts non vivants

      Et Ils ne perçoivent pas quand ils sont ressuscités

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22   Votre Dieu un Dieu Unique

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      Quant à ceux qui ne croient pas en la dernière, leurs cœurs déniant et eux arrogants

23   N’est-il pas tranché qu’Allah sait ce qu’ils cachent et ce qu’ils montrent

      Et Il n’aime pas les arrogants

 

 

Les deux parties sont similaires dans leur construction et les expressions qu’elles emploient. Reprise de créer au tout début des deux parties, répétition de « ce qu’ils cachent et ce qu’ils montrent » dans le dernier morceau, un morceau central unimembre avec Allah pour sujet. La seconde développe plus ses thèmes.

 

La première partie est focalisée sur Allah comme sujet (qui créé, Sa générosité, Il sait) alors que la seconde à pour sujet ceux qui nient la résurrection et ce qu’ils invoquent, c’est-à-dire leurs idoles. Si l’on regarde les deux premiers membres Allah est créateur et elles sont créées. Qu’elles ne créent rien est repris dans les deux parties. Elles n’ont semble-t-il d’existence que parce qu’elles sont invoquées par l’homme et comparées à Allah. Quand l’homme « ne se souvient pas » les idoles elles « ne perçoivent pas » la résurrection, à laquelle l’homme « ne croit pas », ne pouvant « mesurer la générosité d’Allah ».

 

On peut interpréter ici que l’arrogance de l’homme, sa volonté d’être plus grand que tout « moustakbiroun », l’amène à invoquer des idoles impotentes, plutôt que de contempler la générosité d’une divinité supérieure et la vie dernière et le jour du jugement. Ainsi la dénégation est dans « leur cœur ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1ere Séquence

 

1أَتَىٰ أَمْرُ‌ اللَّـهِ  فَلَا تَسْتَعْجِلُوهُ  سُبْحَانهُ  وَ تَعَالَىٰ عَمَّا يُشْرِ‌كُونَ يُنَزِّلُ الْمَلَائِكَةَ  بِالرُّ‌وحِ مِنْ أَمْرِ‌هِ عَلَىٰ مَن يَشَاءُ مِنْ عِبَادِهِ

أَنْ   أَنذِرُ‌وا أَنَّهُ لَا إِلَـٰهَ إِلَّا أَنَا فَاتَّقُونِ

3خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْ‌ضَ  بِالْحَقِّ تَعَالَىٰ عَمَّا يُشْرِ‌كُونَ  4خَلَقَ الْإِنسَانَ مِن نُّطْفَةٍ فَإِذَا هُوَ خَصِيمٌ مُّبِينٌ

               

 

 

5وَ الْأَنْعَامَ خَلَقَهَا لَكُمْ فِيهَا دِفْءٌ وَمَنَافِعُ وَمِنْهَا تَأْكُلُونَ  6وَ لَكُمْ فِيهَا جَمَالٌ حِينَ تُرِيحُونَ وَحِينَ تَسْرَحُونَ 7وَ تَحْمِلُ أَثْقَالَكُمْ    إِلَىٰ بَلَدٍ لَّمْ تَكُونُوا بَالِغِيهِ إِلَّا بِشِقِّ الْأَنفُسِ 

إِنَّ  رَ‌بَّكُمْ لَرَ‌ءُوفٌ رَّ‌حِيمٌ

8وَالْخَيْلَ وَالْبِغَالَ وَالْحَمِيرَ لِتَرْكَبُهَا وَزِينَةً  وَ يَخْلُقُ مَا لَا تَعْلَمُونَ 9وَعَلَى اللَّـهِ قَصْدُ السَّبِيلِ وَمِنْهَا جَائِرٌ وَلَوْ شَاء لَهَدَاكُمْ  أَجْمَعِينَ

 

   

 

10   هُوَ الَّذِي أَنزَلَ مِنَ السَّمَاءِ مَاءً لَّكُم مِّنْهُ شَرَ‌ابٌ وَ مِنْهُ شَجَرٌفِيهِ تُسِيمُونَ 11  يُنبِتُ لَكُم بِهِ الزَّرْ‌عَ وَ الزَّيْتُونَ وَ النَّخِيلَ وَ الْأَعْنَابَ وَ مِن كُلِّ الثَّمَرَ‌اتِ  إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَةً لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُ‌ونَ

12   وَ سَخَّرَلَكُمُ اللَّيْلَ وَالنَّهَارَ

وَ الشَّمْسَ وَالْقَمَرَ وَالنُّجُومُ مُسَخَّرَ‌اتٌ بِأَمْرِهِ إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَعْقِلُونَ 3 وَ مَا ذَرَأَ لَكُمْ فِي الْأَرْضِ مُخْتَلِفًا أَلْوَانُهُ إِنَّ  فِي ذَٰلِكَ لَآيَةً لِّقَوْمٍ يَذَّكَّرُ‌ونَ

 

 

 

14   وَ هُوَ الَّذِي سَخَّرَ الْبَحْرَ لِتَأْكُلُوا مِنْهُ لَحْمًا طَرِيًّا وَ تَسْتَخْرِجُوا مِنْهُ حِلْيَةً تَلْبَسُونَهَا  وَ تَرَ‌ى الْفُلْكَ مَوَاخِرَ فِيهِ وَ لِتَبْتَغُوا مِن فَضْلِهِ وَلَعَلَّكُمْ تَشْكُرُ‌ونَ

15  وَ أَلْقَىٰ فِي الْأَرْ‌ضِ رَ‌وَاسِيَ أَن تَمِيدَ بِكُمْ

وَ أَنْهَارًا وَ سُبُلًا لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ  16وَ عَلَامَاتٍ وَ بِالنَّجْمِ هُمْ يَهْتَدُونَ

 

 

 

17   أَفَ  مَن يَخْلُقُ كمَن لَّا يَخْلُقُ أَفَ لَا تَذَكَّرُونَ  18وَإِن تَعُدُّوا نِعْمَةَ اللَّـهِ لَا تُحْصُوهَا

      إِنَّ اللَّـهَ لَغَفُورٌ‌ رَّ‌حِيمٌ         

19   وَاللَّـهُ يَعْلَمُ مَا تُسِرُّونَ وَمَا تُعْلِنُونَ

 

 

 

20     وَالَّذِينَ يَدْعُونَ مِنْ دُونِ اللَّهِ لَا يَخْلُقُونَ شَيْئًا وَهُمْ يُخْلَقُونَ 21  أَمْوَاتٌ غَيْرُ أَحْيَاءٍ وَمَا يَشْعُرُونَ أَيَّانَ يُبْعَثُونَ

22   إِلَٰهُكُمْ إِلَٰهٌ وَاحِدٌ

فَالَّذِينَ لَا يُؤْمِنُونَ بِالْآخِرَةِ   قُلُوبُهُمْ مُنْكِرَةٌ وَهُمْ مُسْتَكْبِرُونَ 23 لَا جَرَمَ أَنَّ اللَّهَ يَعْلَمُ مَا يُسِرُّونَ وَ مَا يُعْلِنُونَ إِنَّهُ لَا يُحِبُّ الْمُسْتَكْبِرِينَ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1ere Séquence

 

 

1 Il a donné un ordre, Allah, alors, ne le hâtez pas. Gloire à Lui, et Il surpasse ce à quoi ils associent. 2 Il descend les anges avec l’esprit, par Son ordre, sur qui Il veut de Ses serviteurs,

ainsi :  "Avertissez qu’il n’y a pas de dieu sauf Moi, alors devenez pieux".

3 Il a créé les cieux et la terre en vérité, Il surpasse ce à quoi ils associent. 4 Il a créé l’homme d’une goute, ensuite celui-ci devient un disputeur évident.

 

 

 

5 Et les bestiaux, il les a créés. En eux chaleur et avantages pour vous, et d’eux vous mangez. 6 Et pour vous en eux une beauté quand vous les ramenez et quand vous les sortez. 7 Et ils portent vos fardeaux vers une ville, que vous n’atteindriez pas sinon l’âme déchirée,

ainsi votre Seigneur est gentil et miséricordieux

8 Et les chevaux et les mules et les ânes, pour que vous les chevauchiez, et un ornement. Et Il créé ce que vous ne connaissez pas. 9 Et sur Allah, la direction du chemin, et de celui-ci un protecteur. Et s’il voulait, il vous guiderai tous ensembles.

 

 

 

10 C’est Lui qui descend l’eau du ciel, une boisson pour vous, de laquelle des herbes à pâturage 11 D’elle Il fait pousser pour vous la céréale, l’olive, la datte et le raisin, de tous les fruits. Il y a en cela des signes pour un peuple qui réfléchit

12 Et Il a assujetti pour vous la nuit et le jour. Le soleil et la lune et les étoiles, assujettis par Son ordre, en cela des signes pour un peuple qui use de logique

13 Et ce qu’Il multiplie pour vous sur terre, différentes ses couleurs, en cela des signes pour un peuple qui se rappel

 

 

 

14 Et c’est Lui qui assujetti la mer, que vous mangiez d’elle une viande fraiche, et en tiriez des parures que vous portez    Et vous voyez le navire la fendre, que vous cherchiez de Sa grâce, et afin que vous remerciiez   

15 Et Il a lancé dans la terre des sommets, qu’elle ne tremble avec vous. Et des rivières et des chemins, afin que vous vous guidiez

16 Et des indications. Et par les étoiles, ils se guident

 

 

 

17   Fi, qui créé, comme qui ne créé pas ? Fi, vous ne vous souvenez pas 18 Et si vous mesuriez la générosité d’Allah, Vous ne la compteriez pas

18   Certes Allah est gentil et miséricordieux

19   Et Allah sait ce que vous cachez, et ce que vous montrez

 

 

 

20   Et ceux qu’ils invoquent en dehors d’Allah, ils ne créent rien et eux-mêmes sont créés 21 Morts non vivants Et Ils ne perçoivent pas quand ils sont ressuscités

22   Votre Dieu un Dieu Unique

Quant à ceux qui ne croient pas en la dernière, leurs cœurs déniant et eux arrogants 23 N’est-il pas tranché qu’Allah sait ce qu’ils cachent et ce qu’ils montrent Et Il n’aime pas les arrogants

 

 

Les deux passages externes encadrent la partie, en particulier par la récurrence du verbe « créer », alors que c’est le verbe « sakhara », assujettir qui domine le passage central. Les centres des 4 parties externes se correspondent exactement, de manière concentrique, on observe une forme de chiasme : « pas de dieu sauf Moi / votre Seigneur est gentil et miséricordieux / votre Seigneur est gentil et miséricordieux / un Dieu Unique ». Indiquant par-là que le passage est construit sur une forme AB ( CC’) B’A’.

 

Les deux parties externes abordent le thème des idoles (ce à quoi ils associent/ce qu’ils invoquent en dehors d’Allah). Dans le premier la description de l’action d’Allah montre Sa supériorité aux choses de l‘univers, puisqu’il le créé et y insuffle son esprit, tandis que les idoles dans la dernière partie sont-elles mêmes créées. Et celui d’un homme disputeur et arrogant : il dispute l’ordre donné, ne considère ni sa création à partir de pas grand-chose, ni qu’il sera ressuscité, se détournant d’Allah en associant ou invoquant des choses matérielles. Ce rejet s’exprime en particulier sur la fin du monde et sa recréation, objet du premier ordre donné au début de la sourate, qui revient à la fin.

 

La seconde et la cinquième partie sont liées par la reprise du verbe créer et leur centre, ainsi que par certains thèmes : l’ornement se retrouve dans « ce que vous montré », la générosité d’Allah reprend toute la description de ce que l’homme trouve d’utile dans la création.

C’est toute la description précédente de la création qui donne son argument à la question « qui créé comme qui ne créé pas ? », insistant sur la différance entre une divinité à l’orgine des choses, et des divinités choisies parmi ce qui existe.

 

L’ordre d’Allah pour la fin du monde opère aussi la descente des anges (1ère partie) et le mouvement celeste (3e partie), la descente de l’esprit (1ere partie) se retrouve dans la descente de l’eau (3e partie). En retour, le mouvement des hommes avec leurs animaux vers une ville (2e partie) se retrouve dans le mouvement des hommes sur leurs bateaux (4e partie). C’est Allah qui guide les hommes sur leur chemin (2e partie), les hommes trouvent des signes dans ce qu’Il créé, en particulier dans les étoiles et les astres, qui marquent également le passage du temps (3e et 4e partie). Il y a aussi à manger et à boire (2e, 3e et 4e parties). Tout cela marque la grâce (fadl) et la générosité (na’ima) d’Allah. Dans le 15e verset, ces thèmes du mouvement et de la grâce sont réunis (« Et vous voyez le navire la fendre, que vous cherchiez de Sa grâce, et afin que vous remerciiez »), dans une invitation à voyager pour contempler la création et y trouver des signes vers Le Créateur.

 

Antoine Menant 24.08.2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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