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« La violence de la fraternité », le dernier discours de Malcolm X

Le 16 février 1965, Malcolm X, l’un des plus grands militants et activistes afro-américain, livrait ce qui sera son dernier discours. Cinq jours plus tard, il fut assassiné à Harlem.

Ce dernier discours fut prononcé à l’église méthodiste de Corn Hill Rochester de New York. Malcolm X y parle ouvertement de la relation complexe entre la France et les noirs français : discours encore terriblement d’actualité aujourd’hui dans un climat où les médias français dépeignent une image peu flatteuse des immigrés et fils d’immigrés français. Le célèbre activiste met le doigt sur un sujet épineux : Il existe certes, une haine des blancs envers les noirs, mais il est aussi essentiel de prendre conscience de la haine des noirs envers eux même, véhiculée par la culture blanche :

« Avant toute chose, mes frères et sœurs, je tiens à vous remercier d’avoir pris le temps de venir ici ce soir, à Rochester, et surtout de m’avoir invité, à cette petite tribune informelle pour débattre de préoccupations communes à tous les membres de la communauté, de la communauté de Rochester dans son ensemble. Si je suis ici, c’est pour parler avec vous de la révolution Noire, en marche sur cette terre, des formes qu’elle prend sur le continent africain et de son impact sur les communautés noires. Non seulement ici, en Amérique, mais aussi aujourd’hui en Angleterre, en France, et dans toutes les anciennes puissances coloniales.

La plupart d’entre vous ont sans doute appris par la presse, la semaine dernière, que j’avais pris la peine d’aller à Paris et qu’on m’avait éconduit. Or Paris n’éconduit personne. Comme chacun sait, qui veut est supposé pouvoir se rendre en France ; ce pays a la réputation d’être très libéral. Pourtant, la France connaît des problèmes dont elle n’a pas fait grand étalage. L’Angleterre aussi, connaît des problèmes dont elle n’a pas fait grand étalage, parce que l’Amérique elle, étale ses problèmes. Mais ces trois partenaires, ces trois alliés, rencontrent aujourd’hui des difficultés communes, dont les Noirs américains, les Afro-américains, n’ont pas vraiment idée.


Afin que vous et moi connaissions la nature de la lutte dans laquelle vous et moi sommes engagés, nous devons connaître les différents éléments qui entrent en jeu, au niveau local et national, mais aussi sur le plan international. Les problèmes de l’homme Noir ici, dans ce pays, aujourd’hui, ne sont plus seulement le problème du Noir Américain, ou un problème Américain. C’est un problème devenu si complexe, aux implications si nombreuses, qu’il faut le considérer dans son ensemble, dans le contexte mondial ou international, afin de bien le voir tel qu’il est en réalité. Sinon, vous ne pouvez même plus prendre la mesure des problèmes locaux, à moins d’en saisir la portée dans le contexte international tout entier. Et quand vous l’observez en contexte, il vous apparaît sous un jour nouveau, mais avec plus de clarté.

Vous devriez vous poser cette question : pourquoi un pays comme la France devrait autant s’inquiéter de la venue d’un pauvre petit Noir américain, au point qu’elle lui en interdise ses frontières, quand tout un chacun ou presque peut s’y rendre quand bon lui semble ? C’est avant tout parce que ces trois pays font face aux mêmes problèmes. Or le problème est précisément celui-ci : dans l’hémisphère Ouest, vous et moi n’en avons pas pris conscience mais, nous ne formons pas précisément une minorité sur cette terre. Sur ce continent, il y a les … c’est le peuple brésilien, dont les deux-tiers ont la peau foncée, comme vous et moi. Ce sont les Africains par leurs origines, Africains sont leurs ancêtres ; Africain est leur passé. Et pas seulement au Brésil, mais à travers toute l’Amérique Latine, les Antilles, les États-Unis et le Canada, vous avez des gens d’origine africaine.

Beaucoup d’entre nous se pourvoient en imaginant que seuls sont afro-américains ceux qui se trouvent aux États-Unis… l’Amérique, c’est l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud. Quiconque a des ancêtres africains en Amérique du Sud, est afro-américain. Quiconque en Amérique Centrale a du sang africain, est afro-américain. Quiconque ici, en Amérique du Nord y compris au Canada, est afro-américain s’il a des ancêtres africains… et même jusqu’aux Antilles, c’est un Afro-américain. Quand je parle des Afro-américains, je ne parle pas seulement des vingt-deux millions d’entre-nous qui sommes ici, aux États-Unis. Les Afro-américains, c’est ce grand nombre d’être humains de l’hémisphère Ouest, depuis l’extrême sud de l’Amérique du Sud, jusqu’à la pointe la plus au Nord de l’Amérique du Nord. Tous ont un héritage commun, une origine commune, quand vous remontez jusqu’à leurs racines.


Aujourd’hui, il existe quatre sphères d’influence dans l’hémisphère Ouest, que subit le peuple noir. II y a l’influence espagnole, héritage du passé colonial de l’Espagne sur une partie du Continent. Il y a l’influence française qui concerne la région qu’elle a autrefois colonisée. La région que les britanniques ont autrefois colonisée. Et puis ceux d’entre nous qui sommes ici, aux États-Unis (…)

A cause de la mauvaise santé économique de l’Espagne, et parce qu’elle a perdu sa position prédominante sur la scène mondiale en termes d’influence, très peu de gens de peau noire ont émigré en Espagne. En revanche, le niveau de vie élevé en France et en Angleterre a poussé nombre de Noirs à émigrer des Antilles anglaises en Grande-Bretagne, et nombre de Noirs des Antilles françaises à émigrer en France, et puis vous et moi, déjà ici.

Ça signifie donc que les trois grands alliés, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont un problème aujourd’hui, un problème commun. Mais on ne nous a jamais donné suffisamment d’informations, ni à vous, ni à moi, pour comprendre qu’ils avaient un problème commun. Et ce problème commun, c’est ce nouvel état d’esprit qui est reflété dans la complète division du peuple Noir, en France métropolitaine, en Angleterre et ici, aux États-Unis. Et ce… c’est état d’esprit a évolué au même rythme que les transformations dans les mentalités, sur le continent africain. Donc, quand vous considérez le processus de la révolution africaine et par révolution africaine je veux dire que l’émergence des nations africaines dans l’indépendance qui a lieu depuis les dix ou douze dernières années, a absolument affecté l’état d’esprit des Noirs en occident. A tel point que lorsqu’ils émigrent en Angleterre, ils posent des problèmes aux anglais. Et lorsqu’ils émigrent en France, ils posent des problèmes aux français. Et quand ils… déjà ici aux États-Unis… mais une fois qu’ils s’éveillent, ce même état d’esprit se reflète chez l’homme Noir, aux États-Unis, alors il pose un problème à l’homme blanc, ici en Amérique.

Et ne pensez pas que le problème du blanc en Amérique soit unique. La France a le même. La Grande-Bretagne a le même. Mais la seule différence entre la France, la Grande-Bretagne et nous, c’est que de nombreux leaders Noirs se sont levés ici à l’Ouest, aux États-Unis, et ont créé une sorte d’engagement (militancy) qui a effrayé les américains blancs. Mais ça n’a pas eu lieu en France ou en Angleterre. Ce n’est que récemment que la communauté noire américaine et la communauté anglaise des Antilles, ainsi que la communauté africaine en France ont commencé à s’organiser entre elles. La France meurt de peur. C’est le même phénomène en Angleterre. Jusqu’à … très récemment, c’était la désorganisation complète. Et c’est seulement depuis peu qu’en Angleterre, les Antillais, la communauté africaine et les Asiatiques, ont commencé à s’organiser et à travailler en coordination et en étroite collaboration. Et cela a posé un problème très sérieux à l’Angleterre.

Il me fallait exposer cette situation afin que vous compreniez quelques-uns des problèmes actuels qui se développent ici sur cette terre. Et vous pouvez rapidement comprendre les problèmes entre les Noirs et les Blancs ici à Rochester, entre les Noirs et les Blancs du Mississippi, et entre les Noirs et les Blancs de Californie, à moins que vous ne compreniez le problème fondamental entre Noirs et Blancs… non limité à l’échelle locale, mais au niveau international et de la planète toute entière aujourd’hui. Si vous essayez de le considérer dans cette perspective, vous comprendrez. Mais si vous essayez uniquement de l’appréhender dans sa dimension locale, vous ne le comprendrez jamais. Vous devez considérer la tendance qui se dessine sur cette terre. Et le but de ma venue ici ce soir, est de vous en donner une vision aussi actuelle que possible.

Comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai quitté le mouvement des Black Muslims, et pendant l’été, j’ai passé cinq mois au Moyen-Orient et sur le continent africain. Pendant cette période, j’ai visité de nombreux pays dont le premier a été l’Égypte, puis l’Arabie, puis le Koweit, le Liban, le Soudan, le Kenya, l’Éthiopie, Zanzibar, le Tanganyika – qui s’appelle aujourd’hui la Tanzanie – le Nigeria, le Ghana, la Guinée, le Liberia, l’Algérie. Et pendant ces cinq mois, j’ai eu la chance de discuter longuement avec le président Nasser en Égypte, le président Julius Nierait en Tanzanie, Jomo Kenyatta au Kenya, Milton Obote en Ouganda, Azikiwe au Nigeria, N’krumah au Ghana et Sékou Touré en Guinée. Les nombreuses informations échangées avec les hommes et d’autres africains, sur ce continent, au cours de ces entretiens, ont élargi ma compréhension et, je le sens, mon acuité intellectuelle. Car, depuis mon retour, je n’ai eu aucun désir d’aucune sorte de me retrouver embourbé dans quelque querelle stérile avec des cervelles d’oiseaux, des esprits étroits qui font partie d’organisations. On y débat de faits trompeurs et qui ne mènent nulle part quand on essaie de trouver des solutions à des problèmes aussi complexes que le nôtre.

Je ne suis pas ici ce soir pour parler de certains de ces mouvements qui sont en désaccord total les uns avec les autres. Je suis ici pour vous parler du problème auquel nous sommes tous confrontés. Et pour avoir… et pour le faire de façon très informelle. Je n’aime pas être tenu à être formel dans ma méthode ou ma façon de procéder, lorsque je m’adresse au public, parce que je trouve qu’habituellement la conversation dans laquelle je m’engage tourne autour des problèmes de race ou de choses raciales, ce qui n’est pas de ma faute. Je n’ai pas créé le problème de race. Et vous le savez, je ne suis pas venu en Amérique sur le Mayflower ou de mon propre gré. Notre peuple a été conduit ici malgré lui, contre notre volonté. Donc, si nous posons le problème maintenant, ils ne devraient pas nous blâmer d’être ici. Ils nous ont amenés ici. (Applaudissement) (…).

Pour défendre ma propre position, tout comme je l’ai fait plus tôt aujourd’hui à Colgate, je suis Musulman, ce qui signifie simplement que ma religion est l’Islam. Je crois en Dieu, l’Être Suprême, le Créateur de l’Univers. C’est une forme de religion très simple, facile à comprendre. Je crois en un Dieu unique. Et c’est simplement bien mieux comme ça. Mais je crois en un Dieu et je crois que ce Dieu avait une religion, a une religion et aura toujours une religion. Et que ce Dieu enseigna la même religion à tous les prophètes, il n’y a donc pas à se quereller à propos de qui était le plus grand, ou qui était le meilleur : Moïse, Jésus, Mahomet, ou quelques autres. Tous étaient des prophètes et venaient d’un seul Dieu. Ils avaient une doctrine, et cette doctrine était conçue pour apporter la lumière sur l’humanité, de telle sorte que toute l’humanité pouvait voir qu’elle était Une et partager une sorte de fraternité qui pourrait être vécu ici sur cette terre. Je crois en cela.

Je crois en la fraternité des hommes. Mais en dépit du fait que je crois en cette fraternité, je dois être réaliste et comprendre qu’ici, en Amérique, nous sommes dans une société qui ne connaît pas la fraternité. Elle n’applique pas ce qu’elle prêche. Elle prêche la fraternité, mais ne l’applique pas. Et parce que… cette société n’applique pas la fraternité, ceux d’entre nous qui sont musulmans – ceux d’entre nous qui ont quitté le mouvement des Black Muslims et se sont regroupés en tant que Musulmans, dans un mouvement fondé sur l’Islam orthodoxe… nous croyons en la fraternité de l’Islam.

Mais nous comprenons aussi que le problème auquel sont confrontés les Noirs de ce pays est si complexe et si difficile, existe depuis si longtemps sans solution, qu’il nous est absolument nécessaire de former une autre organisation. Ce que nous avons fait, sous la forme d’une organisation non religieuse dans laquelle… est connue comme étant l’Organisation de l’Unité afro-américaine, et dont la structure est organisée de manière à permettre une participation active de tout Afro-américain, tout Noir américain, selon un programme conçu pour éliminer les maux politiques, économiques et sociaux auxquels notre peuple est confronté dans la société. Et nous avons mis cela en place parce que nous comprenons que nous devons nous battre contre les maux d’une société qui a échoué à créer la fraternité pour chaque membre de cette société. Ceci ne veut en aucun cas dire que nous sommes anti-blancs, anti-bleus, anti-verts ou antijaunes. Nous sommes anti-Mal. Anti-Discrimination. Anti-Ségrégation. Nous sommes contre quiconque désirant appliquer quelque forme de ségrégation, ou de discrimination contre nous, parce que nous n’avons pas la chance d’être d’une couleur acceptable à vos yeux… (Applaudissements)

Nous ne jugeons pas un homme à cause de la couleur de sa peau. Nous ne vous jugeons pas parce que vous êtes Blancs ; nous ne vous jugeons pas parce que vous êtes Noirs ; nous ne vous jugeons pas parce que vous êtes foncés de peau. Nous vous jugeons à cause de ce que vous faites et de ce que vous appliquez. Et aussi longtemps que vous appliquerez le mal, nous serons contre vous. Et pour nous la plus… la pire forme de mal, c’est le mal fondé sur la condamnation d’un homme à cause de la couleur de sa peau. Et je ne pense pas que quelqu’un ici puisse nier que nous vivons dans une société qui ne juge pas un homme uniquement en fonction de ses talents, de son savoir-faire, de sa possibilité… de son milieu, ou de son manque de diplôme. Cette société juge un homme seulement sur la couleur de sa peau. Si vous êtes blancs, vous pouvez avancer, et si vous êtes noir, vous devez vous battre à chaque pas, sans toute fois pouvoir avancer. (Applaudissements)

Nous vivons dans une société entièrement contrôlée par des gens qui croient en la ségrégation. Nous vivons dans une société entièrement contrôlée par des gens qui croient au racisme, et qui pratiquent la ségrégation, la discrimination et le racisme. Nous croyons en une… et je dis qu’elle est contrôlée non pas par des blancs bien intentionnés, mais contrôlée par les ségrégationnistes, les racistes. Et vous pouvez voir par le schéma que cette société suit partout dans le monde. A l’heure actuelle en Asie, l’armée américaine lance ses bombes sur des gens à peau sombre. Vous ne pouvez pas dire que… c’est comme si vous pouviez justifier le fait d’être si loin de chez soi et de lancer des bombes sur quelqu’un d’autre. Si vous habitiez tout près, j’en suis certain, mais vous ne pouvez pas partir si loin de ce pays, lancer des bombes sur quelqu’un d’autre, et justifier votre présence là-bas, pas avec moi. (Applaudissements)

C’est du racisme. Le racisme tel que l’Amérique le pratique. Du racisme qui entraîne une guerre contre le peuple à peau foncée d’Asie, un e autre forme de racisme réside dans le fait d’engager une guerre contre le peuple à peau foncée du Congo… tout comme il entraîne une guerre contre le peuple à peau foncée du Mississipi, de l’Alabama, de Georgie et de Rochester, État de New York. (Applaudissements)

Nous ne sommes pas contre les gens parce qu’ils sont blancs. Mais nous sommes contre ceux qui pratiquent le racisme. Nous sommes contre ceux qui lancent des bombe sur des gens parce que leur couleur a la malchance d’être d’une teinte différente de la vôtre. Et parce que nous sommes contre ça, la presse dit que nous sommes violents. Nous ne sommes pas pour la violence. Nous sommes pour la paix. Mais les gens contre lesquels nous nous battons sont pour la violence. Vous ne pouvez pas être pacifiques quand vous avez à faire à eux. (Applaudissements)

Ils nous accusent de ce dont ils sont coupables. C’est toujours ce que fait un criminel. Es vous lancent des bombes, puis vous accusent de vous les lancer vous-mêmes. Ils vous fracassent le crâne, puis vous accusent de vous frapper. C’est ce que les racistes ont toujours fait… le criminel, celui qui développe en une science son processus criminel. Ils appliquent l’action criminelle.
Puis, ils utilisent la presse pour faire de vous une victime… voyez comme la victime est le criminel et le criminel la victime. C’est ainsi qu’ils procèdent. (Applaudissements) (…)

Donc, ils n’aiment rien faire sans le soutien du public blanc. Les racistes qui ont habituellement beaucoup d’influence dans la société, ne font pas un geste sans l’opinion publique à leurs côtés. Alors, ils utilisent la presse pour mettre l’opinion publique de leur côté. Lorsqu’ils veulent supprimer ou opprimer la communauté noire, que font-ils ? Ils prennent les statistiques et, par le biais de la presse les communiquent au public. Es font apparaître que la criminalité est plus élevée dans la communauté noire qu’ailleurs.

Quel effet cela produit-il ? (Applaudissements). Ce message… c’est un message très astucieux utilisé par les racistes pour faire croire aux Blancs qu’ils ne sont pas racistes, que le taux de criminalité dans la communauté noire est très élevé. Cela maintient l’image de criminel de la communauté noire. Et dès que cette impression est donnée, alors on rend possible ou on trace la voie de l’instauration d’un État policier dans la communauté noire, tout en obtenant l’approbation complète du public blanc quand la police y entre et utilise toutes sortes de mesures brutales pour supprimer les Noirs, leur fracasse le crâne, leur lance des chiens, ou des choses de ce genre. Et les Blancs les suivent, parce qu’ils croient que tous là-bas sont des criminels. C’est ce que… la presse fait cela. (Applaudissements)

C’est de l’habileté. Et cette habileté s’appelle… cette science s’appelle : « faire de l’image ». Ils vous tiennent en échec par le biais de cette science de l’imagerie. Ils vous conduisent même au mépris de vous-mêmes en vous donnant une mauvaise image de vous. Certains d’entre nous ont ingurgité cette image, et l’ont digérée… jusqu’à ce que d’eux-mêmes, ils ne veuillent plus vivre dans la communauté noire. Ils ne veuillent plus approcher les Noirs eux-mêmes. (Applaudissements)
C’est une science qu’ils utilisent avec beaucoup d’habileté pour faire du criminel la victime et de la victime, le criminel. Par exemple : pendant les émeutes de Harlem j’étais en Afrique, heureusement ! (rires). Pendant ces émeutes, ou à cause de ces émeutes ou bien après ces émeutes, la presse, à nouveau, a dépeint les émeutiers avec une grande habileté, comme étant des truands, des criminels, des voleurs, parce qu’ils s’étaient approprié des biens.

Maintenant, figurez-vous, il est vrai que des biens ont été détruits. Mais considérons cela sous un autre angle. Dans ces communautés noires, l’économie de la communauté n’est pas entre les mains de l’homme Noir. L’homme Noir n’est pas son propre propriétaire. Les bâtiments dans lesquels il vit appartiennent à d’autres. Les magasins de la communauté sont tenus par d’autres. Tout, dans la communauté est hors de son contrôle. Il n’a rien à dire en la matière, il ne peut rien faire si ce n’est y vivre et payer le loyer le plus élevé en échange de l’habitation la plus médiocre, (applaudissements) payer les prix les plus élevés pour se nourrir, pour la plus mauvaise nourriture. Il est victime de cela, victime de l’exploitation économique, de l’exploitation politique et de tout autre type.
Aujourd’hui, il est si frustré, tellement sous la pression de cette énergie explosive qui l’habite, qu’il voudrait attraper celui qui l’exploite. Mais celui qui l’exploite n’habite pas dans son voisinage. Il est seulement le propriétaire de sa maison. Il est seulement le propriétaire de son magasin. Il est seulement le propriétaire du voisinage. Si bien que lorsque l’homme Noir explose, celui qu’il voudrait attraper n’est pas là. Alors, il détruit ses biens. Ce n’est pas un voleur. Il n’essaie pas de voler vos meubles ou votre nourriture de médiocre qualité. Il veut vous attraper, mais vous n’êtes pas là. (Applaudissements)
Au lieu que les sociologues n’analysent le vrai problème, tel qu’il est, n’essaient de le comprendre, tel qu’il est, ils utilisent la presse pour faire croire que ces gens sont des voleurs, des truands. Non ! ce sont des victimes du vol organisé, des propriétaires organisés qui ne sont rien d’autre, que des voleurs, des marchands qui ne sont rien d’autre que des voleurs, des politiciens qui siègent au gouvernement et qui ne sont rien d’autre que des voleurs complices des propriétaires et des marchands. (Applaudissements)

Mais, une fois de plus, la presse est habituée à faire de la victime le criminel et du criminel la victime… c’est de l’imagerie. Et tout comme cette imagerie est employée à l’échelon local, vous pourrez la comprendre mieux grâce à cet exemple pris au plan international : le meilleur exemple, et le plus récent témoignant de mes paroles se trouve dans la situation du Congo. Écoutez ce qui s’est passé : nous nous sommes trouvés dans une situation où des avions lançaient des bombes sur des villages africains. Un village africain n’a aucune défense contre les bombes ; un village africain ne constitue pas une menace suffisante pour être bombardé ! Les avions lançaient pourtant des bombes sur les villages africains. Et lorsque les bombes frappent, elles ne font pas la distinction entre les amis et les ennemis, elles ne font pas la différence entre les hommes et les femmes. Lorsque les bombes sont lancées sur les villages africains du Congo, elles sont lancées sur des femmes noires, sur des enfants noirs, sur des bébés noirs. Les êtres humains se retrouvent déchiquetés… Je n’ai entendu aucun cri de protestation, aucune compassion à l’égard de ces milliers de Noirs abattus par les avions. (Applaudissements)

Et pourquoi n’y eut-il pas de cris de protestation ? Pourquoi ne nous sommes nous pas sentis concernés ? Parce que une fois de plus, très habilement, la presse fait des victimes les criminels et des criminels, les victimes. (Applaudissements)

(…) Mais c’est une chose que vous devez considérer et à laquelle vous devez répondre. Parce qu’il y a des avions américains, des bombes américaines, des parachutistes américains armés de mitrailleuses. Mais vous savez, ils disent que ce ne sont pas des soldats, qu’ils sont simplement là-bas en services d’escorte, qu’ils ont commencé comme conseillers au Sud Vietnam. Vingt mille hommes uniquement conseillers et uniquement en « service d’escorte ». Ils sont capables de commettre ces tueries, et de s’en tirer à bon compte en les qualifiant d’ « humanitaires », d’actions humanitaires. Ou d’agir au nom de l’ « indépendance », de la « liberté ». Toutes sortes de slogans retentissants, mais c’est un crime de sang-froid, une tuerie. Et c’est fait si habilement, que vous et moi nous qualifions d’êtres subtils, en ce vingtième siècle, sommes capables d’en être les spectateurs et de l’approuver. Simplement parce que tout cela est perpétré contre des hommes à peau noire, par des hommes à peau blanche.

(…) Bien que je vous cite cet exemple, vous pourriez me dire : « Qu’est-ce que cela a-t-il à voir avec l’homme noir, en Amérique ? et qu’est-ce que cela a-t-il à voir avec les relations entre Noirs et Blancs, ici à Rochester ? »
Vous devez comprendre une chose. Jusqu’à 1959, l’image du continent africain fut créée par des ennemis de l’Afrique. L’Afrique était dominée par des puissances extérieures dominée par les européens. Et comme ces européens dominaient le continent africain, ils créèrent eux-mêmes l’image de l’Afrique qui fut projetée à l’étranger. Et ils projetèrent une image négative de l’Afrique et du peuple africain. Une image détestable. Ils nous ont fait croire que l’Afrique était un pays de jungles, d’animaux, un pays de cannibales et de sauvages. C’était une image détestable.
Et parce qu’ils réussissaient si bien à projeter cette image négative de l’Afrique, nous qui, ici à l’ouest, étions d’ancêtres africains, les Afro-américains, nous avons considéré l’Afrique, comme un lieu détestable. Nous avons considéré l’africain comme une personne détestable. Et, se référer à nous comme à des africains, c’était nous prendre pour des serviteurs, des enfants, ou parler de nous d’une façon dont nous ne voulions pas que vous parliez de nous.

Pourquoi ? Parce que ceux qui oppriment savent que l’on ne peut faire haïr les racines, sans faire haïr l’arbre. Vous ne pouvez pas haïr les vôtres, sans finir par vous haïr vous-mêmes. Et puisque nous avons tous des origines africaines, on ne peut nous faire haïr l’Afrique, sans nous faire nous haïr nous-mêmes. Et ils l’ont fait, très habilement.

Quel en a été le résultat ? Ils se sont retrouvés avec vingt-deux millions de Noirs, ici, en Amérique qui haïssaient tout ce qu’il y avait d’africain en eux. Nous haïssions les caractéristiques africaines, les caractéristiques africaines. Nous haïssions nos cheveux, nous haïssions notre nez, la forme de notre nez et celle de nos lèvres, la couleur de notre peau. Oui, nous les haïssions. Et c’est vous qui nous avez appris à nous haïr nous-mêmes simplement en usant de votre stratégie astucieuse pour nous faire haïr la terre de nos ancêtres et le peuple de ce continent…

Aussi longtemps que nous avons haï ce à quoi nous pensions qu’ils ressemblaient, nous avons haï ce à quoi nous ressemblions. Et vous dites que j’enseigne la haine ! Pourquoi ? C’est vous qui nous avez enseigné la haine de nous-mêmes. Vous avez enseigné au monde la haine de tout une race, et vous avez maintenant l’audace de nous blâmer parce que nous vous haïssons, simplement parce que nous refusons la corde que vous nous avez mise au cou. (Applaudissements)

Lorsque vous enseignez à un homme la haine de ses lèvres, des lèvres que Dieu lui a donné, de la forme de ce nez que Dieu lui a donné, de la nature de ces cheveux que Dieu lui a donnés, de la couleur de cette peau que Dieu lui a donnée, vous commettez le crime le plus hideux qu’une race puisse commettre. Et c’est le crime que vous avez commis.
Notre couleur est devenue une chaîne. Une chaîne psychologique. Notre sang… le sang africain… est devenu une chaîne psychologique, une prison parce que nous avions honte. Nous croyons… ils vous le lanceraient à la figure, et vous diraient que non. Mais si, ils en avaient honte ! Nous nous sommes sentis piégés parce que notre peau était noire. Nous nous sommes sentis piégés parce que nous avions du sang africain dans nos veines.

Voici comment vous nous avez emprisonnés. Non pas uniquement en nous émanant ici et en faisant de nous des esclaves. Mais l’image que vous avez créée de notre terre et l’image que vous avez créée de notre peuple sur ce continent était un piège, une prison, une chaîne, c’était la pire forme d’esclavage jamais inventée par une race soi-disant civilisée et une nation civilisée, depuis le commencement du monde.

Vous en voyez encore le résultat dans notre peuple, dans ce pays, aujourd’hui. Parce que nous haïssions notre sang africain, nous ne nous sentions pas à la hauteur, nous nous sentions inférieurs, impuissants et notre sentiment d’impuissance ne nous a pas été favorable. Nous nous sommes tournés vers vous pour vous demander de l’aide et vous avez refusé de nous aider. Nous ne nous sentions pas à la hauteur. Nous nous sommes tournés vers vous pour vous demander conseil et vous nous avez donné le mauvais conseil. Nous nous sommes tournés vers vous pour vous demander notre chemin et vous nous avez laissé tourner en rond.

Mais un changement est apparu. En nous. Et de quoi provient-il ? En 1985, en Indonésie, à Bandung, un rassemblement d’hommes de peau foncée fut organisé. Ces hommes d’Afrique et d’Asie sont venus ensemble pour la première fois depuis des siècles. Ils n’avaient pas d’armes nucléaire, pas d’aviation, pas de flotte. Ils ont discuté de leur situation et ont découvert une chose que nous tous en commun… l’oppression, l’exploitation, la souffrance. Et nous avions en commun un oppresseur, un exploiteur.
Si un frère venait du Kenya, il appelait son oppresseur, anglais. Si un autre frère venait du Congo, il appelait son oppresseur, belge. Si un autre venait de Guinée, il appelait son oppresseur, français. Mais, quand vous placiez les oppresseurs ensemble, ils avaient tous une chose en commun, ils venaient tous d’Europe. Et cet européen opprimait le peuple d’Afrique et d’Asie.

Et puisque nous pouvions voir que nous partagions l’oppression et l’exploitation en commun, le chagrin, la tristesse et la douleur, en commun, notre peuple a commencé à se rassembler et à décider, à la conférence de Bandung, qu’il était temps d’oublier nos différences. Nous avions des différences. Certains étaient bouddhistes, hindous, chrétiens ou musulmans, certains n’avaient pas de religion. D’autres étaient socialistes, capitalistes, communistes ou ne revendiquaient aucun système économique. Pourtant, malgré toutes ces différences, ils se mirent d’accord sur un point : l’esprit de Bandung était dès lors d’adoucir les ères de différence et d’accentuer les ères communes.
Et ce fut l’esprit de Bandung qui nourrit les flammes du nationalisme et de la liberté non seulement en Asie, mais particulièrement sur le continent africain. De 1955 à 1960, les flammes du nationalisme, de l’indépendance sur le continent africain devinrent si lumineuses et furieuses qu’elles pouvaient tout brûler et tout atteindre sur leur passage. Et ce même esprit ne resta pas en Afrique. Il se faufila subrepticement à l’ouest et pénétra l’âme et le cœur de l’homme Noir, sur le continent américain qui était séparé de l’Afrique depuis quatre cents ans.

Mais ce même désir de liberté qui avait bouleversé l’âme et le cœur de l’homme Noir sur le continent africain, commença à brûler dans l’âme et le cœur de l’homme Noir ici, en Amérique du sud, en Amérique centrale et en Amérique du nord, nous prouvant que nous n’étions pas séparés. Bien qu’il y ait un océan entre nous, nous étions toujours mus par le même battement de cœur.

L’esprit du nationalisme, sur le continent africain… il commença à retomber ; les puissances… les puissances coloniales ne pouvaient rester là. Les Britanniques eurent des problèmes au Kenya, au Nigeria, au Tanganyika, à Zanzibar et dans d’autres pays du Continent. Les Français eurent des problèmes dans toute l’Afrique du Nord équatoriale, y compris en Algérie, qui devient un point de tension extrême pour la France. Le Congo ne voulait plus tolérer la présence belge. Le continent africain tout entier devint explosif entre 1954 et 1955 et jusqu’en 1959. En 1959, ces puissances ne pouvaient plus rester.
Ce n’est pas qu’elles voulaient partir. Ce n’est pas que tout à coup elles devenaient généreuses. Ce n’est pas que tout à coup elles ne souhaitaient plus exploiter les ressources de l’homme noir. Mais, c’est cet esprit d’indépendance qui consumait l’âme et le cœur de l’homme noir.

Il ne s’autorisait plus à être colonisé, opprimé et exploité. Il ressentait cette volonté d’être maître de son existence et de prendre la vie de ceux qui essayaient de lui prendre la sienne. C’était cela, le nouvel esprit.
Ces puissances ne partirent pas, mais que firent-elles ? Lorsque quelqu’un joue au basket-ball, si… vous le regardez… les joueurs de l’équipe adverse le piègent et s’il ne veut pas se débarrasser de la balle, de la laisser entre les mains de l’autre équipe, il doit la passer à quelqu’un qui n’est pas dans une position dangereuse, qui est de la même équipe que lui. Et puisque la Belgique, la France, la Grande-Bretagne et les autres puissances coloniales étaient piégées… se trouvaient exposées en tant que puissances coloniales… elles devaient trouver quelqu’un qui n’étaient pas dans cette position dangereuse, et les seuls à ne pas être dans cette position à l’égard des Africains étaient les États-Unis. Donc, elles passèrent la balle aux États-Unis. Le gouvernement la ramassa et court comme un fou depuis. (Rires et applaudissements)
Dès qu’ils saisirent la balle, ils comprirent qu’ils étaient confrontés à un nouveau problème. Les Africains s’étaient réveillés, et n’avaient plus peur. Il était devenu impossible aux puissances européennes de rester sur le continent de force. Donc, notre ministère des Affaires Étrangères, tout en saisissant la balle, comprit dans sa nouvelle analyse, qu’il faudrait déployer une nouvelle stratégie, s’il fallait remplacer les puissances coloniales européennes.

Quelle fut sa stratégie ? L’approche amicale. Au lieu d’aller sur place, les dents serrées, il a commencé par sourire aux Africains : « Nous sommes vos amis » (…) C’était une approche pleine de bienveillance, philanthropique. Appelez cela du colonialisme bienveillant, de l’impérialisme philanthropique. De l’humanitarisme soutenu par le dollarisme. De la politique de pure forme (tokenism). C’est l’approche qu’il choisit. Il ne s’est pas rendu là-bas avec de bonnes intentions : comment peut-on partir d’ici et se rendre sur le continent africain avec le « peace Corps », les « Cross roads » et d’autres organisations, lorsque l’on pend des Noirs dans le Mississipi ? Comment peut-on faire cela ? (Applaudissements)

(…) On peut considérer la période allant de 1954 à 1964 comme celle de l’émergence de l’État africain. Comme l’État africain a commencé à se dessiner entre 1954 et 1964, quel impact, quel effet cela eut-il sur les Afro-américains ? sur les Noirs américains ? Comme l’homme Noir en Afrique devenait indépendant, cela le mettait dans la position d’être enfin l’artisan de sa propre image. Jusqu’en 1964, lorsque vous et moi pensions à un Africain, nous l’imaginions nu avec des tam-tams et un os dans le nez. Oh oui !

C’était la seule image d’un Africain qui nous venait à l’esprit. Et depuis 1959, lorsqu’ils ont commencé à rejoindre les Nations-Unies et que vous les voyiez à la télévision, vous étiez sous le choc. On vous présentait un Africain parlant un anglais meilleur que le vôtre. Doué d’un raisonnement plus pertinent que le vôtre. Plus libre que vous. Pourquoi ces pays où vous ne pouviez vous rendre ? (Applaudissements. Ces pays où vous ne pouviez pas vous rendre, tout ce qu’il avait à faire était d’enfiler son costume et de marcher juste devant vous. (Rires et applaudissements)

Il devait vous ébranler et ce n’est qu’à ce moment-là, que vous avez commencé à vous réveiller. (Rires)

Donc, les nations africaines ayant gagné leur indépendance, et l’image du continent africain commençant à charger, les choses s’harmonisèrent, l’image de l’Afrique passant du négatif au positif. Inconsciemment. En Occident l’homme Noir commençait à s’identifier à l’image positive qui apparaissait.

Et lorsqu’il vit que l’homme noir du continent africain prenait une assise, il se sentit empli du désir de prendre une assise aussi.
La même image, la même… aussi négative… on entendait parler d’air servile, d’esprit de compromis, de regard empli de crainte… de la même façon. Mais, lorsque nous avons commencé à en savoir plus sur Jomo Kenyatta, Mau-Mau et les autres, on a trouvé des Noirs dans ce pays qui commençaient à suivre la même ligne. Et qui s’en retrouvaient plus proches que certains ne voulaient l’admettre.

Lorsqu’ils virent… tandis qu’ils devaient changer leur approche du peuple du continent africain, ils ont aussi commencé à modifier leur approche des Noirs sur notre continent. Comme ils appliquaient une politique de pure forme (tokenism) et toute une série d’approches amicales, bienveillantes, et philanthropiques du continent africain, qui n’étaient que des efforts de pure forme, ils commencèrent à faire la même chose avec nous, ici, aux États-Unis.

La politique de pure forme (tokenism)… Ils proposèrent toutes sortes de mesures qui n’étaient pas réellement conçus pour résoudre les problèmes. Chacun de leur mouvement n’était qu’un mouvement de pure forme. Ils n’ont jamais entrepris aucune action réaliste, pour réellement résoudre le problème. Ils proposèrent une décision visant à désagréger la Cour Suprême, qu’ils n’ont jamais appliquée. Pas même à Rochester et encore moins dans le Mississipi. (Applaudissements)

Ils ont grugé les gens du Mississipi en essayant de leur faire croire qu’ils allaient imposer la déségrégation à l’université du Mississipi. Ils y firent venir un Nègre, escorté d’environ six mille à quinze mille soldats, si je me souviens bien. Et je crois bien que ça leur a coûté six millions de dollars. (Rires)

(…) Cette politique de pure forme, consistait en un programme conçu pour protéger les avantages d’à peine quelques Noirs, soigneusement sélectionnés. On leur attribuait une importante situation, ce qui leur permettait ensuite de proclamer haut et fort : « Regardez comme nous faisons des progrès ! » Ils devraient plutôt dire, regarde comme il fait des progrès. Car, pendant que ces Nègres choisis avec soin, vivaient comme des princes, parmi les Blancs, siégeaient à Washington D.C., les masses d’hommes et de femmes noirs de ce pays continuaient à vivre dans des bidonvilles et dans le ghetto. Les masses, (applaudissements) les masses d’hommes et de femmes noirs dans ce pays demeuraient sans emploi et les masses d’hommes et de femmes Noirs de ce pays continuaient à fréquenter les pires écoles et à recevoir le plus mauvais enseignement.
C’est à cette même époque qu’apparut le mouvement des Black Muslims. Et voici ce qu’il fit : jusqu’à l’apparition du mouvement des Black Muslims , le NAACP était considéré comme un mouvement radical. (Rires). Ils voulurent faire une enquête à son sujet. CORE et tous les autres étaient suspects… étaient l’objet de suspicions. On n’entendait plus parler de King. Lorsque les Black, Muslims sont arrivés avec leur discours, l’homme blanc s’est écrié : « Heureusement que le NAACP existe ! » (Rires et applaudissements).

Le mouvement des Black, Muslims avait rendu le NAACP acceptable aux yeux des blancs. Il avait rendu ses leaders acceptables. Alors, ils commencèrent à se référer à eux comme à des leaders Noirs responsables. (Rires) Ce qui signifiaient qu’ils étaient responsables aux yeux des Blancs (applaudissements). Je ne suis pas en train d’attaquer le NAACP. Je vous en parle (rires). Et ce qui le rend si ridicule, vous ne pouvez pas le nier. (Rires).
(…) Le mouvement en soi, attire les éléments de la communauté noire, les plus militants, les plus insatisfaits, les plus intransigeants. Il attira aussi les éléments le plus jeunes de la communauté noire. Le mouvement se développant, il attira les éléments militants, intransigeants et insatisfaits.

Le mouvement était censé être fondé sur la religion de l’islam et par conséquent être un mouvement religieux. Cependant, parce que le monde de l’islam et le monde des musulmans orthodoxes, n’auraient jamais reconnu l’appartenance véritable des Black Muslims à l’islam, il prit ceux d’entre nous qui étaient dans une sorte de vide religieux. Il nous mit dans la position de nous identifier nous-mêmes par le biais de la religion, tandis que le monde dans lequel cette religion était pratiquée, nous rejetait parce ,que nous n’étions pas des pratiquants véritables, des pratiquants de cette religion.

Le gouvernement essaya de nous étiqueter comme politiques, plus que comme religieux de telle sorte qu’il pouvait nous accuser de sédition et de subversion. C’était la seule raison. Mais, bien qu’il nous ait étiqueté comme politiques, parce qu’aucun engagement politique ne nous a autorisé, nous étions dans le vide politiquement. Nous étions dans un vide religieux. Nous étions dans un vide politique. Nous étions aliénés, en fait, coupés de tout type d’activités, même avec le monde contre lequel nous nous battions.

(…) Nous pouvions alors comprendre qu’il nous fallait agir, et ceux qui, parmi nous, étaient activistes commencèrent à se sentir insatisfaits, désillusionnés. La dissension s’installa en définitive, et nous nous séparâmes. Ceux qui rompirent étaient les vrais activistes du mouvement. Ils étaient suffisamment intelligents pour vouloir un programme qui nous permettrait de nous battre pour les droits de tous les Noirs, ici, à l’Ouest.
Cependant, nous voulions aussi notre religion. Si bien que lorsque nous avons quitté le mouvement, la première chose que nous fîmes, fut de nous regrouper au sein d’une nouvelle organisation : « la Mosquée musulmane », dont le siège se trouve à New York. Dans cette organisation, nous avons adopté la religion musulmane, réelle et orthodoxe, qui est une religion de l’islam, une religion de fraternité. Tandis que nous acceptions cette religion et mettions en place cette organisation qui nous permettait de pratiquer cette religion… immédiatement, cette « Mosquée musulmane » particulière était reconnue et acceptée par les officiels religieux du monde musulman.

Nous avons compris en même temps que nous avions un problème dans cette société qui dépassait la religion. Et c’est pour cette raison que nous avons fondé l’Organisation de l’Unité Afroaméricaine, à laquelle tous pouvaient se joindre dans la communauté, grâce à un programme d’action visant à la reconnaissance et au respect des Noirs, en tant qu’être humains.

La parole d’ordre de l’Organisation de l’Unité Afroaméricaine est « Par tous les moyens nécessaires ». Nous ne croyons pas en une lutte menant à… dont les règles sont fixées par ceux qui nous suppriment. Nous ne croyons pas en une lutte dont les règles sont fixées par ceux qui nous exploitent. Nous ne croyons pas pouvoir continuer la bataille en essayant de gagner l’affection de ceux qui nous oppriment et nous exploitent depuis si longtemps.
Nous croyons en la légitimité de notre combat. Nous croyons en la légitimité de nos revendications. Nous croyons que les pratiques mauvaises à l’encontre des Noirs dans cette société sont criminelles et que ceux qui engagent de telles pratiques criminelles ne sont rien d’autre que des criminels. Et nous estimons être en droit de nous battre contre ce criminels, par tous les moyens nécessaires.
Ceci ne veut pas dire que nous sommes pour la violence. Mais nous… nous avons vu l’incapacité du gouvernement fédéral, son manque d’absolu de disposition à protéger les vies et les biens des Noirs. Nous avons vu où les Blancs racistes et organisés, les membres du Klu-Klux-Klan, ceux du Citizen’s Council et les autres peuvent aller dans la communauté noire, pour prendre un homme noir et le faire disparaître, sans que rien ne soit fait. Nous avons vu qu’ils peuvent y entrer. (Applaudissements).

Nous avons à nouveau analysé notre condition. Si nous remontons à 1939, les Noirs, en Amérique, étaient cireurs de chaussures. Les plus éduqués ciraient les chaussures dans le Michigan, à Lansing, la capitale, d’où je viens. Les meilleurs emplois que l’on pouvait trouver, étaient de porter les plateaux et les plats destinés à nourrir les blancs du Country club. Le serveur était toujours considéré comme ayant la plus enviable position, parce qu’il occupait un bon emploi, au milieu des « bons » blancs, vous voyez ! (Rires).

(…) Ça, c’était la condition du Noir jusqu’en 1939… jusqu’à ce que la guerre commence, nous étions confinés dans ce rôle domestique. Lorsque la guerre a éclaté, ils ne voulaient même pas que nous nous enrôlions dans l’armée. Un Noir n’avait pas le droit de s’engager sous les drapeaux. Le pouvait-il ou pas ? Non ! vous ne pouviez pas vous engager dans la marine. Vous vous souvenez ? Ils n’en prenaient pas un seul. C’était en 1939, aux États-Unis d’Amérique !

Ils nous ont appris à chanter : « Sweet land of liberty » et tout le reste. Mais non ! vous ne pouviez pas vous engager. Vous ne pouviez pas incorporer la marine non plus, ils ne voulaient pas que vous vous engagiez. Ils ne prenaient que des blancs. ils n’avaient pas le droit de nous incorporer, jusqu’à ce que les leaders noirs clament haut et fort. (Rires). Qu’ils disent : « Si les blancs doivent mourir, alors nous devons mourir aussi ». (Rires et applaudissements).

Les leaders noirs envoyèrent un bon nombre de noirs se faire tuer, pendant la Seconde Guerre mondiale. Si bien que lorsque l’Amérique entra dans la guerre, elle manqua très vite d’hommes. Jusqu’à la guerre, vous ne pouviez pas entrer dans une usine. J’habitais à Lansing où se trouvaient les usines Oldsmobile et Reo. Il y en avait environ trois dans toute l’usine, et chacun tenait son balai. Ils avaient fait des études. Us étaient allés à l’école. Je crois même que l’un d’entre eux était allé au collège. Il était diplômé de « balaillogie ». (Rires).

Lorsque la vie est devenue difficile, et que l’on a manqué d’hommes, alors, ils nous ont laissé entrer à l’usine. Sans que nous ayons fait le moindre effort. Sans aucun réveil moral soudain. Ils avaient besoin de nous. Ils avaient besoin de main-d’œuvre, de toutes sortes d’ouvriers. Et lorsque la situation devint désespérée et que le besoin se fit sentir, ils ouvrirent tout grand les portes de l’usine et nous firent entrer.

Alors, nous avons appris à faire fonctionner les machines, lorsqu’ils avaient besoin de nous. Ils firent entrer nos femmes ainsi que nos hommes. Comme nous commencions à faire marcher les machines, nous avons commencé à gagner plus d’argent. Comme nous gagnions plus d’argent, nous pouvions vivre dans un meilleur quartier. Comme nous avions changé de quartier, nous allions dans une école un peu meilleure. Comme nous étions dans une école un peu meilleure, nous voulions recevoir un enseignement un peu meilleur, et nous nous trouvions dans de meilleures dispositions pour trouver un emploi un peu meilleur.

Ceci ne provenait pas d’un changement d’inclination de leur part. Ceci ne correspondait à un réveil soudain de leur conscience morale. C’était Hitler. C’était Tojo. C’était Staline. Oui, c’était la pression de l’extérieur, mondiale, qui nous donnait cette possibilité de faire quelques pas en avant.

Pourquoi ne nous autorisèrent-ils pas à nous engager dans l’armée, dès le début ? Ils nous avaient si mal traités, ils avaient peur qu’en nous plaçant dans l’armée, en nous donnant un fusil et en nous montrant comment l’utiliser (rires)… ils avaient peur de ne pas avoir à nous dire sur quoi tirer ! (Rires et applaudissements).

Ils n’auraient probablement pas eu à le faire. C’était leur conscience. Je fais remarquer cela pour insister sur le fait que ce n’est pas un changement d’inclination de la part d’Oncle Sam qui permit à certains d’entre nous de faire quelques pas en avant. C’était la pression mondiale. C’était la menace qui provenait de l’extérieure, le danger venant de l’extérieur qui provoqua… qui occupa son esprit et qui l’obligea à nous autoriser, à vous et à moi, de nous lever un peu plus. Ce n’est pas parce qu’il voulait que nous levions. Ce n’est pas parce que qu’il voulait que nous avancions. Mais parce qu’il était forcé de le faire.
Une fois que vous analysez correctement ces éléments qui ont ouvert les portes, même si elles le furent de force, quand vous considérez leur nature, vous comprendrez mieux votre situation, aujourd’hui. Et vous comprendrez mieux la stratégie que vous devez suivre aujourd’hui. tout mouvement vers la liberté du peuple Noir, s’il est limité à la seule Amérique, est voué à l’échec. (Applaudissements).
Aussi longtemps que votre problème ne sera de portée américaine, vos seuls alliés seront les Américains. Aussi longtemps qu’il paraîtra sous la dénomination de droits civiques, il demeurera un problème intérieur dépendant de la juridiction du gouvernement des États-Unis. Le gouvernement des États-Unis est constitué de ségrégationnistes et de racistes. Les hommes les plus puissants du gouvernement sont-ils racistes. (…).
Maintenant, qu’allons-nous faire ? Comment allons-nous trouver justice avec un Congrès qu’ils contrôlent, un sénat qu’ils contrôlent, une Maison Blanche qu’ils contrôlent une Cour Suprême qu’ils contrôlent ?

Regardez cette décision déplorable rendue par la Cour Suprême. Mes frères, regardez donc ! Ne savez-vous pas que ces messieurs de la Cour Suprême sont passés maîtres dans l’art du juridique… pas uniquement du droit, mais de la phraséologie juridique. Ils sont devenus si bons maîtres en l’art du langage juridique, qu’ils ont pu sans difficulté rendre un décret sur la déségrégation scolaire, et en termes si bien choisis que personne n’aurait pu le contourner. Ils ont proposé cette chose tournée de si belle manière, que dix années plus tard, on y trouve toutes sortes de vides. Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient. Il feignent de vous donner quelque chose, tout en sachant à chaque fois que vous ne pourrez jamais l’utiliser.

L’année dernière, ils ont déposé un projet de loi sur les Droits Civiques à grand renfort de publicité, un peu partout dans le monde, comme si cela devait nous conduire à la Terre Promise de l’intégration. Oh oui ! La semaine dernière, le Bon Révérend Martin Luther King est sorti de prison et s’est rendu à Washington D.C., disant qu’il demanderait chaque jour une nouvelle loi sur la protection du droit de vote des Noirs en Alabama. Pourquoi ? Vous venez à peine d’obtenir une loi. Vous venez à peine d’obtenir le projet de loi sur les Droits Civiques. Vous voulez dire que cette loi dont les mérites furent si longtemps vantés, ne donne même pas suffisamment de pouvoir au gouvernement fédéral pour protéger les Noirs d’Alabama qui n’ont qu’un seul désir, celui de s’inscrire sur les listes électorales ? Pourquoi cette autre ruse infecte, parce qu’ils… nous ont eu par la ruse, année après année. une autre ruse infecte. (Applaudissements).

Donc, depuis nous voyons… je ne veux pas que vous pensiez que je professe la haine. J’aime tous ceux qui m’aiment. (Rires). Mais je peux vous assurer que je n’aime pas ceux qui ne m’aiment pas. (Rires).

Donc, depuis que nous avons compris ce subterfuge, cette supercherie, cette manipulation… non seulement au niveau fédéral, mais national, local, à tous les niveaux. La jeune génération de Noirs qui arrive peut voir qu’aussi longtemps que nous attendrons le Congrès, le Sénat, la Cour Suprême ou le Président pour résoudre nos problèmes, nous serons relégués à être serviteurs pendant encore mille ans. Or, ces temps sont révolus.

Depuis la proposition du projet de loi sur les Droits Civiques… j’ai vu des diplomates africains aux Nations-Unies exprimer haut et fort leur indignation contre l’injustice perpétrée contre les Noirs au Mozambique, en Angola, au Congo et en Afrique du Sud et je me suis demandé comment et pourquoi ils pouvaient rentrer à leur hôtel, allumer la télévision et voir des chiens mordre des Noirs, juste au coin de la rue, des policiers saccager des magasins de Noirs à coups de matraques, juste au coin de la rue, et diriger vers les Noirs leurs lances à eau de pression si forte que leurs vêtements s’en trouvaient mis en pièces, juste au bas de la rue. Je me demandais comment ils pouvaient dire tout ce qu’ils disaient sur ce qui se passait en Angola, au Mozambique et ailleurs, voir ce qui se passait juste au coin de la rue, et montrer à la tribune des Nations-Unies sans rien permettrait un règlement de la situation, avant qu’elle ne devienne en dire explosive et incontrôlable. Je vous remercie. (Applaudissement).
Je suis donc allé en discuter avec certains d’entre eux. Ils (Traduit par Pascale About).

m’ont alors dit qu’aussi longtemps que le Noir d’Amérique appellerait sa lutte, une lutte pour les Droits Civiques… que dans le contexte des Droits Civiques, cela resterait intérieur et demeurerait partie intégrante de la juridiction des États-Unis. Et que, si quiconque se permettait d’émettre le moindre commentaire à ce sujet, il serait considéré comme une violation des lois et des règles du protocole. La différence avec les autres est qu’ils ne considèrent pas leurs revendication comme des revendications concernant les Droits Civiques, mais les Droits de l’Homme. Les Droits Civiques appartiennent à la juridiction de leur pays, tandis que les Droits de l’Homme font partie de la Charte des Nations Unies.

Toutes les nations qui ont signé la Charte des Nation-Unies, ont voté la Déclaration des Droits de l’Homme et quiconque considère ses revendications comme étant une violation des Droits de l’Homme, peut les porter devant les Nations-Unies et les faire ainsi porter à la connaissance du Monde. Car, aussi longtemps que vous les considérez comme Droits Civiques, vos seuls alliés seront les membres de la communauté avoisinante, dont la plupart sont responsables de l’injustice causée. Mais dès lors que vous les considérerez comme Droits de l’Homme, leur portée deviendra internationale et vous pourrez les porter devant la Cour Mondiale. Vous pourrez les porter à la connaissance du Monde. Et chacun, partout sur cette terre, pourra devenir votre allié.

L’une des premières dispositions que nous ayons prise, pour ceux d’entre nous qui ont rejoint l’Organisation de l’Unité Afro-américaine, était de présenter un programme qui donnerait à nos revendications une portée internationale et qui montrerait au monde que notre problème n’est plus un problème Noir, ou un problème américain, mais un problème humain. Un problème qui concerne l’humanité. Et un problème qui devrait concerner tous les aspects de l’humanité. Un problème si complexe pour l’Oncle Sam, qu’il lui fut impossible de le résoudre. En conséquence, nous aimerions créer un corps et entrer en consultation avec ceux dont la position nous aiderait à trouver une forme d’ajustement qui permettrait un règlement de la situation, avant qu’elle ne devienne explosive et incontrôlable. Je vous remercie. » (Applaudissement).

(Traduit par Pascal About) source : https://www.nofi.media/2015/02/la-violence-de-la-fraternite-le-dernier-discours-de-malcolm-x/11238

Vers une victoire palestinienne ? Genocide, Insurrection et Ethique, une breche ouverte dans la muraille

Introduire cet article par un hommage à l’insurrection dans les camps. Non pas pour pour tirer un anachronisme entre deux époques, mais exprimer dans le cadre de ww2, qui reste la constitution de notre imaginaire mythique, ce qui se passe à Gaza : pourquoi personne ne nous avait raconté les insurrections dans les camps de concentration ? S’ensuit les résultats de l’offensive palestinienne que tout le narratif sur les bébés morts s’emploie à masquer : personne ne semble réaliser les points marqués sur le terrain. Pour finir, tenter une sortie du sacrificiel : quelle religion porte la victoire de l’ethique ?

L’INSURRECTION JUIVE

On présente toujours les juifs comme un peuple conduit à l’abattoir sans resistance. c’est faux, il faut leur rendre l’honneur de la resistance et de l’insurrection.

Et se demander pourquoi on les a présenter comme un peuple sans défense, alors qu’ils ont participer activement à l’effort de guerre sur les arrières. Pourquoi le culte des victimes l’emporte dans les récits sur le droit à l’insurrection, et les victoires materielles ?

LA RÉSISTANCE DANS LES CAMPS

Dans certains camps nazis, malgré des conditions des plus défavorables, des prisonniers juifs réussirent à organiser la résistance et des soulèvements. Les travailleurs juifs survivants s’insurgèrent dans les centres de mise à mort de Treblinka, Sobibor et Auschwitz-Birkenau. Dans le premier, ce sont environ 1 000 prisonniers qui participèrent à la révolte. Le 2 août 1943, ils s’emparèrent de toutes les armes qu’ils purent trouver — des pioches, des haches, et quelques armes à feu volées dans l’armurerie — puis mirent le feu au camp. Environ 200 parvinrent à s’échapper. Les Allemands en reprirent et abattirent environ la moitié.

Le 14 octobre 1943, des prisonniers de Sobibor tuèrent 11 gardes SS et auxiliaires de police, puis mirent le feu au camp. Environ 300 prisonniers s’échappèrent en ouvrant une brèche dans les barbelés.

Il y eut d’autres soulèvements à Kruszyna (1942), Minsk-Mazowiecki (1943) et Janowska (1943). Dans des dizaines de camps, les prisonniers organisèrent des évasions afin de rejoindre des unités de partisans. Certaines aboutirent, comme dans le camp de travail de la rue Lipowa, à Lublin.

La suite ici : https://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00157.pdf

LES INSURGES (DEFIANCE 2008) https://www.dailymotion.com/video/x2lbmnc

en dehors d’une légère imagerie sioniste en arrière plan, ce film est très important. il raconte comment une poignée de juifs a réussi à prenre le macquis et tenir la dragée haute à l’armée allemande, rajoutant un fort groupe de partisans en support de l’armée rouge sur les arrières gardes de la wermacht, et comment cette resistance armée a sauvé ses participants .

ce film montre aussi que dans la rupture de la normalité,des personnes qui paraissaient criminels, ici des contrebandiers, se révèlent être les humains dignent de confiance.

LA VICTOIRE PALESTINIENNE


Il faudra revenir sur l’analyse détaillée de l’operation du 07 octobre, quand on aura suffisemment d’analyses completes de l’opération militaire et des morts civiles qui y sont liées. Un article est en préparation.

Le demarrage du génocide de Gaza, envisagé et mis en place trop rapidement après le 07 octobre, montre qu’il était déjà pensé et que l’arbre tombe du côté où il penche. la resistance n’a fait que précipiter ce qui avait déjà lieu a petit feu, en Cisjordanie et à Gaza.

Un axe d’analyse pourait être de comparer les objectifs du front unifié palestinien et de l’armée d’occupation.

Objectifs Palestiniens

1. faire un maximum de prisonniers pour les échnagers contre les palestiniens dans les geoles de l’occupation. Des premiers échanges ont eu lieu. Révélant au monde la présence d’enfants dans les geoles. Et choquant le monde sur la difference de traitement entre les otages palestiniens et les prisonniers arbitraires palestiniens. Cependant les forces d’occupation ont depuis arrêté autant de palestiniens qu’ils en ont relaché. Les palestiniens demandent maintenant un échange global : tous les prisonniers de guerre contre tous les prisonniers palestiniens. Ce sujet divise la société israélienne et cause de nombreuses manifestations.

2. Mettre un stop à la situation terrible en cosjordanie, ou plus de 200 palestiniens dont 70 mineurs ont été assassinés par l’armée d’occupation et les colons en 2023 avant le 07 octobre. La situation a empiré depuis.

3. Montrer qu’il n’y ni defaite ni ni mpuissance des palestiniens, mais que la resistance continue. et qu’en conséquence ils doivent etre respectés. Le statut de victime sans defense cette année n’a fait que renforcer la violence et ammenanit à enteriner la situation palestinienne racontée ici : Des rapports de dominations en Palestine occupée . On le verra plus bas, l’état sioniste est aujourd’hui dans une situation intenable et son avenir à moyen terme est remis en cause.

4. Mettre en opposition les régimes et la rue arabe. La questions palestinienne rejoint dans ces pays les questions sociales et politiques. La lutte palestinienne et le génocide de Gaza vont ils exarceber un nouveau printemps arabe ? Les régimes jordaniens et égyptiens étaient dans une situation très tendue au début de la révolte, mais les choses semblent enterrées depuis. Va-t-on voir un nouveau printemps arabe ? Rien ne le dit pour l’instant. La normalisation de l’état sioniste et des pays arabe a pris un grand coup. Si des régimes comme l’Arabie Saoudite ou les Emirats assument de continuer leurs relations, celles ci sont remises en question partout ailleurs. La normalisation est remise en cause par la lutte et la réaction génocidaire.

5. Jouer sur les dissensions politiques interne de l’état sioniste. Haaretz titre aujourd’hui que le seul responsable de l’opértion c’est Netanyahu. ils ont bien compris que l’escalade cette année n’a pour seul but que de masquer les changements de constitution et la corruption.

6. Remettre en cause la place de l’état sioniste dans les échanges mondiaux. La remise sur la table de la question palestinienne, la remise en question de l’invicibilité israélienne remettent en cause sa position dans les nouvelles routes de la soie et sa capacité à les protéger. Le projet de canal semble compromis sans une victoire sur Gaza qui ne vient toujours pas après deux mois et semble irréaliste à toutes les chanceleries.

Objectifs Sionistes

  1. Détruire la bande de Gaza. Les sorties génocidaires des ministes ne sont plus à rappeller tellement elles sont choquantes et formalisent l’intention de génocide.
  2. Cet objectif permettrait surtout la mise en place du canal évoqué ci dessus. On a donc un grand projet inutile de plus, construit le génocide d’un peuple.
  3. Pareil pour le Gaz de Gaza. Un gisement énorme off shore. A l’heure de blocus des gisements, l’état sioniste pourrait capturer celui-ci par le génocide et l’utiliser pour répondre aux besoins européens. Derrière la guerre à Gaza : gaz, pétrole et pipelines.

La Situation de l’état colonial

La situation de l’état colonial, et maintenant génocidaire, était en situation de normalisation, elle n’a jamais été aussi catastrophique qu’après la confrontation avec les palestiniens et leurs soutient dans la région. L’armée d’occupation ne tient ni à Gaza ni sur la frontière libanaise qui a du être évacuée. La situation à moyen terme de l’occupation est mise à mal. Redisons le. L’armée d’occupation ne rentre dans les extrémités de Gaza city qu’au prix d’énormes pertes en chars 🔻.

Gaza peut devenir le Stalingrad sioniste. Un combat ou les ruines deviennent protection et où le courage prevaut sur les moyens. Les Merkava IV🔻 sont progressivement remplacé par les III, les troupes d’élite🔻par la reserve. Et tojours aucune réponse n’est opposée pour rendre le nord viable, ce qui interroge les medias israéliens. Au rythme des pertes matérielles, leur armée n’aura rapidement plus les moyens de faire face à une guerre de haute intensité.

Donc les américains interviennent, envoient les mercenaires d’ukraine sur place, négocient la trève avec le Qatar, veulent imposer la paix après pour éviter une escalade avec l’Iran dont les prémices lui coutent déjà très cher en en materiel et en hommes en Iraq et en Syrie. L’autonomie du gouvernement sioniste est en train de fondre à vue d’oeil. Les ministres fascistes menacent de demissioner🔻 si la guerre ne reprend pas après la trève. Il n’est pas sur que les américains les laissent jouer à nouveau avec une escalada régionale, voir mondiale.

La crise est profonde. En un mois ils sont passé d’une victoire definitive à la remise en cause du projet sioniste🔻.

Globalement deux doctrines se font face. La doctrine sioniste Dahiya qui vise à prevenir toute réponse par la violence sur les civils. En face l’escalation progressive menée par les forces libanaises, syriennes, iraquiennes et yéménite, qui fera l’objet d’un article à part. Elle vise à faire payer la violence sioniste sur la Palestine par des frappes ciblées (camps militaires en Galillée, bases américaines en Iraq, navire israéliens en mer rouge) qui augmentent progressivement sans jamais être suffisantes pour provoquer une guerre avec les USA, en laissant à l’ennemi la possibilité d’un retour à la normal s’il se retire de Gaza. L’escalade a repris dangereusement depuis la rupture de la trève, et il est difficile de comprendre pourquoi les USA tolèrent le génocide de Gaza au pris de la remise en cause de leurs positions en Iraq. Le problème pour les sionistes est que jusqu’à présent s’arreter sans résultats présenterait une perte seche difficilement justifiable. Nonobstant les crimes sur les civils, leur armée est battue et le nord de la Palestine décolonisé jusqu’à présent.

RESISTER A L’HORREUR

Les atrocités à Gaza sont insoutenables. et il faut se positionner. La loi se positionne : contre le génocide. Les autres attitudes, y compris celles que l’on observe aujourd’hui en France, vont droit à la CPI, et il faudra “enforcer” cette règle. La présidente de l’assemblée a du revenir officiellement sur son soutient inconditionelle. C’est la première femme politique quantique ; s’est-elle ou non rendu sur place en notre nom pour soutenir le génocide de Gaza ? Difficile de prédire si la CPI prendra en charge Gaza ou si elle se désavoura à jamais, cedant son droit moral de couvrir les interventions militaires. Cependant, le simple dépot d’une plainte, et ses potentiels retombés sur les positions politico-médiatique française montre à quel point cette classe est instinctivement partie loin au dela du droit international.

Génocide à Gaza: une armée d’avocats saisissent la CPI

Soutient-on les palestiniens uniquement lorsqu’ils perdent ?

S’il faut montrer et déoncer le génocide à Gaza, je me méfie du culte des bébés morts, de l’effet des images et du culte des morts. Dieu est le Dieu des vivants. Je ne nie pas l’horreur ni le crime, mais ne dites pas des martyrs qu’ils sont morts.

Faites vous parti de ceux qui n’ont vu que Gaza détruite et pas ses exploits ? Ni compris la maitrise de l’escalade qui a permi le cessez le feu et d’arreter l’horreur ?

J’invite plutot à regarder pour ceux qui le peuvent, et regardent déjà les exploits militaires incontestables des palestiniens et des libanais, à regarder les vidéos du 7 et à comprendre l’erreur du hamas.

Il faut séparer les crimes du 7 ocobre en deux parties :

– les tirs de tanks et d’hélicoptères sur des maisons de kibbutz et des voitures en fuite, la question d’une application possible de la doctrine hannibal

– les executions de civils par les palestiniens. j’ai cherché des videos et j’en ai vu. on voit des tirs directs qui ne sont pas justifiés.

Il faudra attendre que des enquêtes sérieuses soeint menées pour mesurer l’ampleur des uns et des autres, et leur usage systematique ou non. Mais on ne peut pas nier en l’état qu’il y eu des crimes.

Il ne s’agit pas de “condamner le khamas”, mais de soutenir la resistance palestinienne. Et rappeller qu’on ne peut généraliser le comportement de l’individu à celui du groupe ni celui du groupê à l’individu. le droit s’applique exclusivement à celui qui commet une action.

On sait, et Fanon le dit bien, l’inevitable du surgissement de l’oppressé dans le réel, et que sa forme sera sauvage. Je defend notre innocence face à l’ennemi.

Mais je rappel l’Islam, je rappel le droit de la guerre dans le Coran, et je rappel l’importance de la discipline révolutionnaire, en soi et pour la victoire. les peuples reconnaissent la resistance, et ils exigent aussi la droiture.

Si la peur de la defaite avait ammené aux fatwa de Qardawi, la victoire militaire incontestable des palestiniens montre qu’elles étaient une erreur. La brêche ouverte dans la muraille, le succès de la stratégie militaire et le retournement sioniste du narratif prouve la justesse du Coran. La victoire du 07 sans les meurtres n’aurait elle pas brillé de l’orient à l’occident ?

Que penses-t-on de l’invocation d’Isaïe pour justifier le génocide par l’intervention d’un “peuple de lumière” qui produit l’horreur ? Quel rôle doit jouer le religieux ?

Merci à tous les gazaoui que l’on a vu et que l’on n’a pas vu, et qui ont montré l’honneur de l’Islam, en soignant une veuve, en extrayant un orphelin du massacre. celui qui sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité. et certainement il a montré la voie, al din lillah.

Des rapports de dominations en Palestine occupée

l’oppression n’est pas idéologique. c’est une structure materielle qui trie les humains. portiques, cameras, murs, barbelés, infrastrcuture, bulldozers, …

vous pouvez enlever toutes les idées et les drapeaux que vous voulez, l’oppression reste. les constructions idéologiques ne font que chapeauter un système d’oppression materiel.

quand l’occident dit defendre inconditionnellement le droit d’israel a se defendre, il signifie dans le réel, le droit de cette structure à faire feu sur la population pour se maintenir.

L’Occupation de la Palestine située dans le bloc occidental :

( beaucoup me demandent l’origine de la carte : https://bigthink.com/strange-maps/walled-world/ )


[on voit bien ici que l’argent est une force d’illusion. si le travail payait, la redistribution des pib ne serait pas celle de la carte. l’argent represente le pouvoir extractiviste d’une minorité sur les autres. l’argent ne fait que refleter l’état de la lutte des classes. et le conflit nord sud est une des modalités de cette lutte des classes au niveau mondial]

L’analyse de S. Bouamama : la tricontinentale avait designé trois luttes cruciales pour tout le sud. Des luttes dans lesquelles les victoires faisaient avancer tout le monde et les défaites reculer tout le monde. Le vietnam, la Palestine et l’Afrique du sud. Chaque victoire ou defaite dans un des trois affecte la lutte partout ailleurs.

La position stratégique de la palestine en fait un avant post crucial, pour le bloc capitaliste occidental. Avant post militaire – “un porte avion au proche orient -, route du gaz, controle du canal de suez et possible depassement via Eilat-Gaza, et récemment le gas de Gaza, dont le besoin est crucial pour l’Europe.

Se faisant soldats, les sionistes ont abandonné toute véléité de liberation et se soumettant à etre les soldats de l’occident, tout leur est passé.

Quand l’occident demande inconditionnellement la reconnaissance de l’état colonial, il introduit une confusion volontaire entre la structure coloniale et ses habitants. l’état sioniste leur importe beaucoup plus que les israéliens. or la possibilité pour toutes les populations présente de vivre en paix et d’ete sur un plan d’égalité au sens de l’état de droit, c’est justemlent la disparition de la structure coloniale au profit d’une aure entité.

Domination économique

« Israël utilise systématiquement les Palestiniens comme un marché colonial captif, pour acheter ses marchandises, travailler dans ses usines, et refuse aux Palestiniens le droit à l’indépendance économique et à l’autodétermination, tout comme il a refusé aux Palestiniens le droit à l’indépendance politique et l’autodétermination. Et briser ce contrôle économique est au cœur de tout mouvement pour mettre fin à l’occupation. […] Au cours de la première Intifada, les Palestiniens se sont organisés pour boycotter les marchandises israéliennes, boycotter les taxes israéliennes et développer l’autodétermination palestinienne, développer collectivement et construire une économie palestinienne qui était en dehors du cadre de l’occupation israélienne », Israël utilise les Palestiniens comme un marche colonial captif

Olivia Elias démontre que « la paix par le progrès économique » proposée par les dirigeants israéliens est illusoire dans un contexte d’occupation-colonisation. …Conjuguée aux destructions massives opérées lors de la seconde Intifada et lors des opérations punitives contre Gaza, soumise à blocus depuis 2006, à l’accaparement croissant des ressources et aux restrictions / obstacles à l’activité économique, la fragmentation territoriale des TPO renforce la dépendance à l’égard de l’aide internationale. … Le constat que dresse l’auteur au terme de ces vingt années est accablant : forte régression de l’industrie et de l’agriculture, exportations anormalement faibles par rapport au produit intérieur brut (PIB), notamment celles des biens à forte valeur ajoutée, prédominance des très petites entreprises cantonnées au marché domestique, déficits structurels des finances publiques et contrôle du commerce extérieur dans lequel Israël se taille artificiellement la part du lion. Le coût de l’occupation apparaît exorbitant pour l’économie palestinienne : 6,9 milliards de dollars en 2010, soit 85 % du PIB… L’intitulé de la conclusion, « La souveraineté politique, préalable au développement », s’impose alorsLe dé-développement économique de la Palestine

“Mais la rente palestinienne est, à la différence de la rente perçue par les monarchies pétrolières, politique, en ce sens qu’elle ne résulte pas de l’échange d’une quelconque production marchande, mais de la tâche spécifique qui a été assignée à l’AP dans le cadre du « processus de paix », à savoir le containment des revendications palestiniennes durant une période transitoire au terme de laquelle un hypothétique État indépendant verrait le jour. La mise sous dépendance économique des zones autonomes palestiniennes est le fruit d’un long processus et ses implications sont éminemment politiques puisqu’elles freinent toute velléité d’indépendance réelle.” Le « développement économique » palestinien : miracle ou mirage ?

La contre insurrection

Cette doctrine contre révolutionnaire a été élaborée par la France suivant les défaites en Indochine puis en Algérie. Forcée par les faits, elle s’inspire beaucoup de l’approche stratégique soviétique : voir la guerre comme un prolongement de la politique et pas seulement des interets économiques. Elle vise à défendre les intérets coloniaux en intégrant la population et la propagande idéologique au maintient de l’ordre colonial et aux stratégies militaires. Pour contrer la mobilisation politique de la population dans les luttes coloniales et le support qu’apporte la population à la resistance.

Cette doctrine est reprise à sa manière par l’état sioniste qui est confrontée en permanence par la lutte palestinienne de libération. L’état sioniste et l’état français vont non seulement mettre en place cette doctrine mais aussi l’exporter en formant les troupes des dictatures coloniales en Afrique et en Amerique du Sud. L’opération condor est un exemple de la violence que prend ces stratégies. La micronie l’a mise en place dès son arrivée sur le territoire metropolitain, suscitant des inquiétudes y compris au sein de l’armée qui s’interroge de porter cette stratégie coloniale sur le territoire national. On pourrait y voir une application dans la violence de la repression contre les gilets jaunes. On n’est pas surpris d’y voir une importation des experiences sionistes d’un héritage commun.

“Depuis l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en juin 1967, l’objectif principal d’Israël a été de faire respecter son pouvoir en gérant et en contenant la population palestinienne, en réprimant ses ambitions politiques et en dissuadant les Palestiniens de soutenir les activités de résistance. En plus de s’engager dans des interventions militaires, des démolitions de maisons, des assassinats ciblés et des arrestations, Israël a eu recours à deux autres méthodes mesurées pour museler les Palestiniens.” Pacification Without a Political Horizon: Why Israel’s Strategy to Control the Palestinians Is Failing

Le Problème du sionisme

Le sionisme n’est pas le judaisme. l’état sioniste, c’est une entité, sur toute la palestine. qui par le droit a construit une société divisée. les européens en haut, y compris non juifs, les sepharades, les ethiopiens, les arabes de l’interieur, les immigrés asiatiques, les arabes de jerusalem, les arabes des colonies. On trouve même quelques croyants juifs à chaque étage. Cette distinction entre les êtres humains, et les conflits qui en decoulent, sont définis par le droit. Pas par la religion. Avant la création du sionisme religieux, le judaisme était strictement opposé à ce nationalisme de type européen.

Que les attaques de ceux sous le murs soient ressenties comme des attaques contre les juifs, c’est certain. D’autant que l’idéologie du hamas elle même s’est longtemps baigné dans cette confusion, jusqu’en 2017. Mais on aurait été à rio, ça aurait été pareil. Le même mur. cette distinction religieuse et raciale appliquée sur la construction sociale est une confusion organisée par le sionisme. Ett qui a construit son monstre : le sionisme religieux. il y a donc une manipulation évidente e l’affect et de la mémoire collective orchestrée par le pouvoir.

Autre probleme : le sionisme n’a jamais été un mouvement de libération. Il ne s’est pas opposé aux pouvoirs, mais souvent opposé, de façon très bourgeoise, aux mouvements de resistance juive. Son oeuvre fut d’allé chercher des grandes puissances (d’abord les turcs !) pour se mettre à leur service. Et aujourd’hui que les puissances leur ont confié l’avant post qu’il désirait, il est pris au piège. il n’y a pas de lobby juif aux USA. il y a des retro commissions versées aux sénateurs pour les remercier de leur généreux financement. Les évangélistes americains ne demandent pas la permission pour faire des discours antisémites au king georges à Jerusalem. Et le sionisme a remplacé la france dans le developpement de la contre insurrection au niveau mondial.

Le sionisme n’est pas seulement pris au piège de la colonisation. il est enfermé dans la guerre imperialiste. les US ne laisseront jamais leur avant poste qui controle le commerce entre l’asie, l’afrique et l’europe. ils sont condamnés à être des soldats en guerre contre le monde arabe. le racisme vient de là. il est inamovible au niveau de l’état à cause de cette situation de guerre permanente. quelque soit la pertinance des idéologies sous le mur, elles ont raison de vouloir dégager cet état. la liberation des juifs en Palestine, comme la possibilité pour les israéliens de vivre en paix, repose sur la capacité des palestiniens à detruire la racialisation du conflit.

Pourquoi la paix est impossible, alors que c’est l’interet immédiat de toute la population, que partout ou israéliens et arabes travaillent ensemble ils tissent des liens normaux ? C’est bien le sionisme qui a interdit les arabes dans les syndicats. Il y a bien un conflit constant entre l’interet et une ethique populaire avec une structure politique de domination qui veut se preserver elle même. c’est elle qui s’appelle sionisme, qui est la réalisation historique du projet sioniste.

Et c’est bien parceque cette structure sioniste est intégrée dans l’infrastructure occidentale qu’elle est forcée à la guerre. qu’elle est coloniale et donc raciste. sans le sionisme les israéliens, dans leur grande diversité, pourraient vivre en paix en palestine avec les autres.

Structure Politique

On parle souvent de la resistance israélienne à Netnayhau comme la solution au probleme. Sans jamais dire d’ailleurs que les camps de réfugiés sont en conflit armé constant avec l’Autorité Plaestinienne. Séparemment, peut-on dire qu’ils font respectivement le travail contre leur gouvernement ? Et que cela suffit ?

Certes il y a des israéliens qui participent aux manifestations en cisjordanie, ou tournent sur les collines pour protéger les palestiniens des colons. mais ils sont malheureusement peu nombreux. les colons, armés, qui pourchassent les palestiniens, coupent leurs arbes, voir les assassinent, comme a huwara il y a qqs mois. 200 morts palestiniens en 2023 avant le 07.10 (40 enfants), +200 en cisjordanie depuis le 07.10. tous civils.

La lutte des israéliens contre leur gouvernement se porte sur des affaires de démocraties, de corruption, de cout de la vie. Sans parametres antiracistes, égalitaires, ni pour mettre fin au rapport de domination entre les deux structures. Avec parfois à gauche un vague désir de paix et de laicité. Et un coalition Hadashu, une alliance parlementaire de gauche radicale israélienne juive et arabe, qui des organisations, autour du parti communiste israélien. Malheureusement minoritaire, avec 5 sièges. Comem aprtout dans le monde.

A Jerusalem la situation est très tendue, et la grande majorité des habitants sont des colons, très agressifs avec les palestiniens. ils les delogent de chez eux et s’implantent de force dans les quartiers arabes dont les maisons sont rasées. Là encore, l’effort est appuyé sur l’infrastructure, c’est la construction du tramway par Alsthom qui a permi l’invasion de la vieille ville par les colons. Il y a des juifs religieux radicaux style amish a mea shearim qui sont contre le sionisme et voudraient vivre dans un état palestinien. sympa, mais la condition des femmes parmi eux laisse vraiment à désirer.

C’est surtout dans les autres grandes villes, comme tel aviv et haifa que des israéliens juifs et arabes cohabitent et surtout travaillent ensemble (à l’hopital par exemple). et se tissent des liens. Accompagné d’une sous classe de travailleurs qui viennent legalement ou pas de cisjordanie. le travail illégal permet (comme ici) bas salaire et zero droits. Le mlur n’empeche pas les travailleurs de passer même illégalement. Il valide la construction politique, le deni de droit et l’enclave palestinienne.

Il est difficile pour la population de tisser des liens syndicaux égalitaires, ou des constructions sociales populaires mélangées et les status politiques sont très différents. Le probleme n’est pas ethnique, il est ethnicisé : le droit israélien constitue des strates, des castes – y compris parmi les juifs – qui hierarchisent la société. la première lutte est donc pour l’égalité des droits. et cela signifie la fin de l’état sioniste dans sa forme actuelle, qui institutionalise une racialisation de la société.

Les deux structures sionistes et palestiniennes ne sont pas en concurence. en aucun cas. la structure palestinienne est intégrée et dominée par l’entité sioniste. ce ne sont pas deux structures en guerre, mais un rapport colonial de peiplement entre un état capitaliste moderne et son économie indigène captive. Ces deux structures ne sont pas indépendantes, il n’y a pas deux imperialismes en guerre, avec des interets contradictoire. Qui seraient également manipulés par leurs extremes.

Ce deux structures forment un seul bloc économique et politique. la cisjordanie est une economie captive, en tant que reserve de main d’oeuvre, séparée par un mur qui marque la fin du droit, comme a rio de janeiro. c’est aussi un marché capti pour les productions du territoire de 48 : l’import de toute marchandise étrangère qui serait en concurence avec des marchandises produites dans 48 est interdite.

il n’y a pas d’état ni sur la cisjordanie, ni sur gaza qui puisse representer defendre et organiser la production de marchandises. La Palestine est officiellement dirigée par une bourgeoisie compradore corrompue par les donations internationales, qui a pour unique fonction des fonctions de police sur la population palestiniennes. elle n’a ni état, ni interets capitalistiques. Sauf à Gaza, ou le Hamas, un parti national conservateur, a resisté à l’eviction et gère la bande de Gaza, avec le minoritaire FPLP, le JI et les restes du Fatah réunits dans sarayat al Quds.

La lutte des camps palestiniens contre l’AP contient la lutte contre la corruption, la lutte pour l’égalité et le droit et surtout la lutte contre l’occupant. les camps demandent explicitement la fin de la cooperation sécuritaire de l’AP avec l’occupant. si l’on replace cela dans la structure de domination entre les deux entités, cette demande exprime clairement la fin des rapports de domination colonial, economiques, politiques.

Enfin, la réponse aux questionnement sur le progressisme ou le reactionnaire des palestiniens a déjà été formulée mille fois par les LGBT : le premier et plus urgent combat est celui contre l’occupation. “mirage gay à tel aviv” + “derrière les fronts” formulent exactement la même réponse et le même constat : le racisme colonial s’applique également aux gays palestiniens à tel aviv. la société palestinienne ne peut pas avancer sous l’occupation. Un tribune féministe récente va dans le même sens.

Tout est écrit, documenté, explicité depuis longtemps. il n’y a pas égalité, il n’y pas partage des fautes, il n’y a pas des extremistes bourgeois des deux camps qui manipuleraient les proletariats respectifs. Cette lecture est la dernière ligne de défense de ceux qui defendent la Palestine sans en défendre la libération. Comme par exemple le très bon canard refractaire issu des gilets jaunes, qui malheureusement reste bloqué sur la thèse complotiste qui verrait dans le Hamas une seule création de Netnayhau. Or ce n’est pas un conflit inter-imperialiste c’est un conflit colonial.

Un état pour solution ?

plusieurs solutions proposées par les difféerents parti communistes :
▪️ un seul état qui ne distinguent plus ses populations
▪️ deux états sur les frontières de 67
▪️ deux états par autodetermination des populations

les contraintes :
▪️ égalité des êres humains
▪️ démentellement des colonies y compris à Jerusalem Est.
▪️ autodetermination des palestiniens
▪️ autodefense des juifs


▶️Solution possible : un seul état égalitaire avec droit à l’auto organisation et auto defense des citoyens juifs ? ce serait quasiment la situation pendant les premiers temps de l’Islam, quand fut restauré la présence juive en Palestine et à Jerusalem contre les byzantins, jusqu’à l’arrivée des croisées qui tuèrent indifféremment les populations juives et arabes.

Recemment H. Bouteldja exprime assez bien certaines idées fortes. Dans un live il y a quelques jours :
– le nationalisme n’est pas une solution en soi, il nous est imposé par le colonialisme et la resistance au colonialisme. Vers 53′ de la discution ci dessous :

https://twitter.com/ParolesDHonneur/status/1726305180528845100


Hanafyah et Intertextualité

Notre comprehension du rapport avec les textes précédents est prise entre la tradition musulmane et les recherches orientalistes. Il convient de répondre aux deux à la lumières des informations.

Pour ce qui est des recherches, athées ou non, elles sont faites parfois avec beaucoup de respect pour le texte et permettent d’en savoir plus (sur l’intertextualité Gobillot, Al Badawe, Zeellentein). C’est d’ailleurs un gage pour nous en France que le plus sérieux (Deroche) propos aussi des résultats qui confirment l’histoire que nous connaissont. C’est aussi le cas en Allemagne (Neuwirth). Par contre il existe toujours des publications orientalistes, qui sont plus de l’ordre de la vulgarisation que de la recherche, et dont le but est politique. J’ai déjà formuler une réponse à Dye Moezzi là dessus (https://collectif-attariq.net/wp/approche-hyper-critique-de-lislam-un-usage-politique-et-relativiste-des-sources/). Si on doit leur répondre, et s’y opposer, la quête de la vérité ne peut cependant pas nous permettre de prendre leur point de vue comme excuse pour rejeter tout ce qu’ils disent. Il faut répondre point à point, et prendre ce qui est juste. Donc répondre sur la proximité des textes qui est soulevée.

” la présence d’écrits antérieurs, quel que soit la forme ou le fond retenu dans le Coran, puissent être un “problème” pour de nombreux musulmans”

Je vais même un peu plus loin que vous sur ce sujet : “les textes antérieurs sont une richesse pour la comprehension du Coran.” car c’est là qu’on arrive, indépendemment de tout conflit politique. La recherche fournit des arguments solides sur la proximité des textes. Moi, qui ai lu ces textes, je le confirme. Et rien n’oblige à en tirer les conclusions qu’ils tirent bien au contraire. Il ne s’agit jamais d’un héritage hérétisant, mais le Coran est bien un texte autonome qui en propose une relecture (Cuypers), parfois corrige (naskh, Gobillot, https://www.academia.edu/52646298/Labrogation_n%C3%A2sihk_et_mans%C3%BBhk_dans_le_Coran).

Le problème, et il faut avoir le courage de présenter à nos frères et soeurs les trouvailles, quand il est bien ancré dans les esprits qu’on peut regarder dysney à la télé mais que les textes monothéistes sont le diable incarné. Je peux donner un exemple important. Le texte de Matthieu 23 est necessaire pour comprendre qui sont les hypocrites, “qui ont des yeux pour voir mais ne voient pas” (Isaïe). Si vous devez en lire un, lisez juste celui là. Il est une attaque frontale contre ceux là même :

فَوَيْلٌۭ لِّلْمُصَلِّينَ
5
ٱلَّذِينَ هُمْ عَن صَلَاتِهِمْ سَاهُونَ
6
ٱلَّذِينَ هُمْ يُرَآءُونَ
7
وَيَمْنَعُونَ ٱلْمَاعُونَ

La malediction وَيْلٌۭ est le même terme utilisé en syriac (malheur) dans “14 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.” Le propos est le même. Le chapitre entier (https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthieu%2023&version=LSG) permet de comprendre toute la rhétorique du Prophète Muhammad contre les hypocrites. “Le texte dit aussi être “la confirmation de ce qui a été révélé auparavant.”” Cherchons donc en quoi avant que quelqu’un d’autre s’en empare et ne l’utilise contre nous.

Le rapport textuel est comme beaucoup d’autres cas indéniable. Une théorie qui chercherait à le nier ne resistera pas au passage du temps. Il faut donc l’expliquer, et c’est dans l’explication que nous pourrons combattre l’orientalisme. Et gagner une comprehension accrue de l’Islam. Si nous croyns que notre religion est vraie, c’est qu’elle parle du réel, et la comprehension du réel ne peut nous inquiéter. On ne peut rester dans un domaine séparé que sous peine de retomber dans le domaine des légendes, des contes. C’est d’ailleursoù veu tnous emmener Chaabi, qui elle veut dire que le Coran est un texte paien destiné simplement aux bédouins, et qu’il faut en dégager le coté monothéiste qui n’est qu’un rajout posterieur. Donc affrontons nous au réel et à la recherche par nous même.

En fait on connait la proximité des arabes avec le monothéisme. La “jahilya” est un mythe, ou peut etre signifie autre chose que ce que l’on en comprend aujourd’hui. Beaucoup d’arabes du nord sont chrétiens. On sait les ghassanides et les lakhmides, mais ça va plus loin. Beaucoup de tribues sont convertis, et cela vient jusqu’au Prophète. Les Banu Kalb pâr exemple (Zayd fut parmi eux longtemps). L’histoire de la “hanafyah” merite d’être relue. Les voyages de Zayd Ibn Amr pour apprendre le monothéisme sont d’autant plus important que son fils Said ibn Zayd est l’un des premiers convertis, qu’il épouse Fatma bint Al Khattab et va finir par ramener sa belle famille dans l’Islam. On est au coeur de la oummah naissante, et il y a des chrétiens.

Et au sud c’est encore plus important. “L’Esprit vient du Yemen” dit le Prophète à propos de Abu Musa al Ashari revenant à La Mecque. Et le Yemen est chrétien. On sait que le prophète assiste à un prêche à Najran, ville qui rassemble des chrétiens arabes de trois différentes version du christianisme. Et le christianisme Ethiopien (et pas copte) a la corpus textuel le plus interessant, qui contient parmi les plus anciens textes (la didache) et beaucoup d’apocryphes, dont ceux mentionnés par le Coran. On est donc très loin de l’hypothèse syriacisante.

Ce qui se dégage, c’est que le Prophète Muhammad est en contact direct avec les plus anciennes formes du christianismes. Celles qui historiquement ont resistés à l’empire romain. Celles de l’Iraq : nazarenes, ebionites, el kasaites (les elkasaies sont probablement les sabéens du Coran). Qui sont des formes de christianisme qui remontent facilement au Ier siècle, puisqu’elles combattent Trajan et sont décimés par lui. Et l’Eglise Ethiopienne qui conserve les plus anciennes traditions. Donc il ne s’agit pas de “sectes”, mais du christianisme originel, qui bon gré mal gré a survecu à travers certaines traditions jusqu’au VIe à La Mecque.

La réalité et Le Coran convergent. On n’a pas besoin d’isoler le Coran du réel pour le préserver, ni d’écrire une réalité qui le remettrait en cause. De toute façon, Dieu qui demande de lire les textes, les connaissait Lui même. Il n’y a pas besoin de chaine de transmission si le Coran est revelé. Et ces chaines existent. Quand Muhammad prêche l’Islam, au moins une partie des mecquois, dont ses proches, connaissent les textes auxquels il fait référence. Il y a donc pertinance à les citer.

Sarkozy frappa à coup de marteau sur “la gauche” avec la loi de 2004

Sarkozy frappa à coup de marteau sur “la gauche” avec la loi de 2004. L’effet obtenu, la fracture sociale, la division politique, l’immobilisation de l’adversaire, fut que ce coup fut ré utilisé ad nauseam. Jusqu’à devenir un moyen de gouvernance.

La “droite la plus bête du monde” a rendu définitivement inopérante toute resistance de masse. Elle a beau marteler maintenant contre le wokisme, la division des luttes et des communautés est maintenant un fait avéré. Le terme “allié” décrit une réalité insupportable, dans lequel mon frère, ma soeur, mon camarade sont potentiellement un ennemi. Pourtant c’est une réalité ancienne, qui fait surface. Qu’elle devienne visible montre qu’on en vient à la dépasser.

Nous sommes passés d’une mise à l’écart politique des pauvres et des étrangers, telle que nous la vivions encore dans les années 90 – malgré les efforts du MiB qui passaient pour des extra terrestres – à cette division des identités qui fragmentent les lutes. Et devient une nouvelle réalité qu’il faut prendre en compte.

Les gilets jaunes, puis la révolte de 2023 ont pourtant apporté un vent frais et une union nouvelle, avec une jeunesse bien plus au fait des problemes de racisme, de féminisme, d’écologie, de violences policières. Des mouvements qui rassemblent 80% de la population voient le jour. Et détournent les parcours individuels vers une réalité commune, une réalité de classe, de plus en plus partagée par tous.

Pourtant cette droite menaçante est toujours capable d’inonder le débat public. Et Sophie Binet de le rejoindre. Leur capacité à forcer le débat sur des problématiques racistes doit etre combattue.

Ces dernières semaines ont vu la fin du grain deal et l’indépendance de la françafric. Le prix des céréales et de l’energie explose, l’uranium va manquer, les ports de Bolloré sont définitivement menacés. L’option militaire s’affirme, en même temps que son impossibilité diplomatique et logistique.

Le contexte historique et international est bien plus proche de la victoire, en tout cas de la lutte, que le débat et l’idéologie en france ne le montrent. Nous devons, car nous pouvons, rassembler sur des lignes radicales. Peut importent les directions politiques et syndicales, les troupes sont bien plus proches de se rassembler que ne le montre le débat.

C’est l’heure d’être exigeant, de dépasser les lignes imposées par en haut. Nous voulons et nous devons marcher ensembles, exiger les positions les plus combatives sur tous les fronts. Car c’est le discours que nous les pions attendons et que c’est l’heure de les prononcer.

Malgré leurs discours démobilisateurs, ils seront obligés de nous rassembler à nouveau, car c’est leur programme que de nous attaquer tous de fronts. Préparons nous à intervenir dans le débat et dans le réel, quand ce sera le moment. A nous de faire vivre une ethique et une stratégie des pions.

Hasta la victoria, siempre.

Le Ramadan et la réification du football

Il y a tellement de présupposés derrière le discours sur le ramadan au football, on va essayer d’en debunker quelques uns.

1. L’efficacité

Le plus gros argument, qui devrait faire le plus réagir, c’est celui de la forme physique. Un joueur perdrait de sa forme et serait moins bon. Quelques dixièmes de perdu sur la course justifient des lois (réglements) liberticides. Le joueur est donc un ouvrier à la chaine, astreint à la productivité. Le but c’est de gagner (et donc faire du fric), pas de jouer ou regarder un bon match. Sa vie doit s’articuler là dessus, sur sa fonction. Le fait que certains excellent (Benzema) pendant le ramadan est un bon argument, parce que jouer, ce n’est pas que des stats, c’est aussi un état d’esprit, le calme dans la tension, et que l’esprit lui n’est pas quantifiable. Donc les commentateurs qui pensent qu’une equipe de joueurs doit être gérées dans un tableau excel ou dans une simulation style jeux vidéo ont tout faux. Mais ce n’est pas l’essentiel, la vie ne s’arrete pas au système technicien marchand, et la façon dont l’individu y est pris au piège.

2. L’autorité

L’entraineur décide, l’état légifère, la fédération réglemente. Le joueur se soumet. Pourquoi ce n’est pas la fédération des joueurs, ou l’equipe, qui décide de comment ils veulent jouer ? On nous accuse régulièrement d’être soumis à un ami imaginaire, mais dans les faits les soummissions concrètes sont tellement ancrées dans l’inconscient colletif qu’elles en deviennt obligatoires. C’est totallement anti démocratique, et il conviendront de laisser les joueurs, ceux qui font, décider. Ce qui parait insensé dans un tableau excel est logique dans la prise sur le réel : celui qui fait comprend les enjeux. Là disparaissent les fantasmes sur la nutrition au profit de la réalité de la pratique et de qui est important.

3. Disparition du cadre idéologique

Les commentateurs n’ont aucune idée qu’ils sont mobilisé bien plus par les enjeux du discours franco français qui leur paraissent “le cadre naturel” que par les résultat. Il suffit de dezoomer pour voir que ce n’est un problème qu’en France. Aucun d’entre eux n’a la conscience que discours anti religieux, reification, soumission à l’argent, racisme et autoritarisme fonctionnent ensemble pour réaliser notre intégration dans le tissu économique en tant que maillons privés d’existence, sous une apparence de réalisme. Le cadre imposé leur parait être le réel, et ça c’est dangereux, parcequ’ils font vivre cet aveuglement idéologique.

Voilà quelques billes pour montrer que cette énième version de l’islamophobie véhicule le même discours autoritaire (totalitaire dans leur langiage ?), qu’elle révèle en fait surtout la corruption de la FFF avec ses problèmes d’argent et de harcelement sexuels, corruption masquée par sa soumission au pouvoir politico économique et sa capacité à propager encore et toujours les pratiques racistes de controle de la population.

POURQUOI LES IDEES DE LA CLASSE DOMINANTE S’IMPOSENT ELLES ?

Il reste de nos jours la préconceptions que les idées sont deconnectées du réel. L’exemple fort, sur laquelle la classe dominanté insiste durablement, est celui des religions, qui sont présentées comme de pures croyances, inutiles, spirituelles. Or l’on sait que, en pratique, les attaques contemporaines sur le religieux sont l’avant garde des attaques sur les resistances.

Il existe deux façons de voir la chose. Soit d’un point de vue néo platonicien, où le monde lui même est illusion, et le ciel des idées est la réalité. Seul la subjectivité humaine est réelle, puisque l’on vit dedans. Soit d’un point de vu positiviste, ou le ciel des idées est faux par principe, et seule la partie positivement attesté du réel existe. Ce qui est aussi enfermement dans la subjectivité humaine, puisque seul ce qui nous parvient du monde est considéré réel.

Ce débat est pourtant réglé définitivement, le ciel des idées est produit par l’humanité à partir du réel, comme formalisation de son interaction avec le monde, la praxis. Et pour envisager sa condition réelle. Ces représentations du monde sont toutes fausses dans l’absolue, Hartmann parle de la dureté du réel, sa resistance à notre comprehension (ghayb). Mais ces représentations ont une utilité pratique, elles nous permettent de comprendre le monde et d’agir sur lui. C’est cette direction qui va nous interesser, la passable performativité du ciel des idées, la retro action de la pensée sur le réel.

Prenont un débat connu, savoir si la concurence où la solidarité sont le plus efficace. Le monde sera demain différent, selon les réponses choisies par le plus grand nombre. Il ne s’agit pas seulement de savoir ce qui est vrai par le passé. Il convient de s’interroger quel monde nous produiront suivant que nous sommes convaincu que la competition ou la cooperation sont le plus efficace.

Dans un monde construit autour de la mise en compétition des individus, la pensée de la classe dominante, qui a construit ce monde, est que la compétition est le moteur de l’histoire. C’est la critique que Marx et Engels font à Darwin. Transposer les valeurs de la classe dominante anglaise dans le savoir. Le trucage est invisible, parceque si quelqu’un cherche à vérifier dans le monde moderne, capitaliste, cette idée, il va inévitablement la vérifier. La compétition donne du résultat quand la coopération est hasardeuse. Ainsi la pensée de la classe dominante, qui produit l’idéologie, se vérifie empiriquement dans le monde où elle est dominante.

Précisons quand même que toute société est coopération, les entreprises “régits par la concurence” sont une forme de cooperation (parmi d’autres possibles). L’état au sens large, y compris oles services publiques, est une forme évoluée de coopération, qui légifère les formes de coopération. Occulté cela, c’est faire disparaitre que ces formes sont choisies, construites, et pas “naturelles”.

On remarquera que la solidarité s’impose pourtant où les moyens manquent. La pauvreté renforce la nécessité de cooperation. Les quartiers populaire et les zones rurales sont marquées par la solidarité comme necessité et la compétition comme réalité. Il y a ainsi une idéologie de classe qui différe. L’opposition de classe dans le réel produit un conflit de classe dans le ciel des idées. On reposera ici la question du religieux. Quel choix font les religions, y compris monothéistes, entre competition et cooperation ? Donc quelles situations ont produit le monothéisme ? Les textes sont clairs : la situation d’immigration en egypte, les guerres judéo-romaines, le conflit contre les marchands quraysh. Y-a-t-il un conflit en france entre l’egyptologie et le monothéisme ? de quel côté des barricades sont ils aujourd’hui ? Fermons la parenthèse religieuse.

Attaquons nous à la question du coaching et de la vulgarisation de la psychologie. La résolution des problèmes est abordée de façon quasi unilaterale sous le prisme de l’individualisme, qui est la pensée dominante. On peut accepter que l’individu est une echelle passablement autonome, à laquelle la pensée se fait et les décisions sont prises. Les religions, et l’ensemble des idéologies, sont des phénomènes collectifs qui s’adressent à l’individu. Le ciel des idées est une réalité collective à l’echelle de l’humanité, mais a comme principal ancrage pratique l’individu. Avec également les relations interpersonelles, les bibliothèques, les productions culturelles, les réseaux, etc. Autres produits de l’humanité.

Le problème du coaching c’est qu’il va s’adresser à l’individu d’un point de vue individualiste, en faisant abstraction de la réalité collective comme produit modifiable et ayant pouvoir sur l’individu. Le coaching intègre que le monde moderne, capitaliste, (dunya) est une réalité intangible, naturelle. Ce qui est vrai à son echelle. C’est un des points où la pensée dominante se vérifie en pratique. Il va donner des conseils d’actions sur ce postulat, et ces conseils fonctionnent immédiatement, donnent un résultat, améliorent la condition immédiate. Le coaching résoud les problèmes psychologiques d’une dissonance d’avec le monde, de choix individuels en décalage avec la réalité capitaliste. Ou de liens sociaux empathiques, sympathiques, de relations sociales sans mediation tarifées ou technique, dont le maintien pose des contradictions dans notre réalité. Le discours est clair : abandonne ce qui ne marche pas, fait fonctionner selon les codes imposés. La pensée dominante s’impose en pratique.

A courte vue, la pensée de la classe dominante fonctionne dans un monde fait pour elle. Elle améliore l’intégration individuelle. Elle possède les mêmes points aveugles, et donc n’entre pas à première vue avec le réel, du moins avec la perception du réel. Il suffit d’ignorer tous les echecs, ou de remettre ces echecs sur la faute individuelle. Faisant abstraction du choix d’organisation des réalités sociales. Malheur necessaire, survie des plus aptes, donc pensée circulaire.

De fait, l’autre alternative, la solidarité, peut donner lieu à des dissonances cognitives : je nage à contre courant, je travail contre moi même. Un humain qui choisit la solidarité dans un monde qui fonctionne sur la compétition va créer des problemes psyhologiques. La psychologie resulte en grande partie des relations sociales. De l’interaction, des conflits. Un humain pacifié par une société visiblement sécurisée, mais réellement conflictuelle, se prépare des nervous breakdown. Nous sommes traversés par des contradictions, entre tissu social, solidarités populaires et competition capitaliste. Et ces contradictions, males comprises, males vécues, provoquent des nevroses. Or il existe un choix alternatif au coaching individualiste, la solidarité interpersonnelle et le conflit de classe assumé. Plus ce choix est partagé, donc rendu possible, plus il existe une solution pratique alternative au coaching. C’est le dilemne du prisonnier, un choix collectif.

Qu’est-ce qu’une pensée qui resiste à la pensée dominante ? Alors que le choix proposé par la pensée dominante est intégration ou conflit, civilisé ou barbare (hanif), la proposition collective est solidarité ET conflit. Prenons l’exemple d’un bateau qui se dirige vers sa destination. Imaginer des desinations autres sont des fantasmes, ou des yakafokons sans qu’on voit comment. La normalité est claire, le coaching de chacun fait sa tache au mieux pour lui même parait évident. Maintenant s’il apparait que le capitaine a décider d’emmener le navire dans le triangle des bermudes, parcequ’il est fou, ou que c’est l’interet de l’état ou la commande de la compagnie. Rentrer au port, s’arreter à Santiago de Cuba ou trouver une ile deserte deviennent des réalités concretes, et il devient de plus en plus évident que les ordres du capitaine sont l’obstacle à ce qu’il faudra faire inévitablement. Dans la tempête, la solidarité redevient une necessité et s’occuper de soi devient immédiatement un enjeu collectif. Partir à la nage est une illusion, il faut prendre le controle du navire. Ceux qui s’accrochent à la normalité sont devenus les fous, et sont dangereux pour les autres. D’où l’importance du groupe humain, d’une communauté qui donne sens à l’individu, qui voit des enjeux supérieures à ceux de l’état et accepte le conflit avec une organisation sociale néfaste. La mosquée, la maison de quartier, le rond point, le syndicat, où la solidarité prevaut sur la concurence et l’intégration. “Le communisme n’est pas pour nous un état de choses à créer, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui dépasse l’état actuel des choses.” qu’on pourrait traduire par “L’Islam n’est pas une organisation fixe du lien social, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons Islam l’ethique qui mise en pratique rétabli la fitra, permet le rôle d’Adam, l’humanité, sur la surface terrestre”.

L’existence d’une idéologie populaire repose sur le combat contre l’injustice, qui passe par le maintien de structures collectives, de lieux de vie irl, qui sont une réponse alternative à la dissoncance cognitive d’un monde qui fonctionne contre nous.

Approche hyper-critique de l’Islam, un usage politique et relativiste des sources ?

En réponse à « Pendant les premiers siècles de l’islam, il existait plusieurs versions du Coran »

Commençons par dire, que comme pour l’étude du christianisme et pour l’histoire des fils d’Israel, l’affirmation auto proclamée par une seule école d’historiens parmi d’autres d’être les nouveaux historiens, qui ont le droit de définir ce qu’est l’Islam, est un double tour de passe passe. En premier lieu parcequ’il y a plusieurs écoles d’historiens modernes, et que le courant franco français autour de Dye-Mozzi est une particularité hyper critique dans le monde des historiens et nous allons le situer dans le rappport français actuel à l’Islam. Avec du retard en érudution et en travail même sur les historiens hyper critiques anglo saxons, plus complexes, et dont la tête de file P. Crone a déjà admis qu’elle était aller trop loin, que finalement la réalité obligeait à plus de concessions sur les données traditionelles1. Et en faisant totalement abstraction des éminents chercheurs que sont Montgomery Watt en Angleterre, Angelika Neuwirth en Allemagne et François Déroche en France. En second lieu parce qu’il profite d’une position de vulagrisateur pour se présenter gratuitement comme la science contre l’obscurantisme, s’autojustifiant, plutot que comme des historiens qui apportent une théorie soumise à la confrontation avec ses pairs. Nous allons voir que son rapport à la tradition est plus ambivalent que ce qui est affirmé.

Pour l’écriture du Coran, le spécialiste français de la question est François Deroche2. Il mène une étude sérieuse et précise, appuyée sur l’ensemble des connaissances disponibles sur lesquelles des recherches sont constemment menées et présentées au public. F. Deroche dit autre chose, lisez le et comparez.

Certes, il y a un conflit connu depuis toujours dans la tradition sur la mise en place d’unification du texte du Coran, successivement par Abu Bakr, Othman et Abd el-Malik. Cette histoire, où la politique est liée à la mise en écrit du Coran, reflète le drame fondateur de l’Islam, la fitna sa division profonde qui persiste jusqu’à nous. Nous savons tous, et nous allons expliquer pourquoi, il n’est pas possible de dire qu’ Abd al Malik ai inventé la fitna, au contraire il doit l’atténuer comme naissance de la dynastie Omeyyade, pour être en mesure de proposer une réconciliation. Si Moezzi voulait comme il le dit restaurer l’histoire contre la tradition, c’est là qu’il appuirait. Or comme elle, nous allons voir qu’il fait disparaitre le combat contre le proto-capitalisme marchand mecquois que les Omeyyades représentent et contre lequel est né l’Islam3. Donnons juste un nom qui conjugue version ancienne du Coran et réécriture de l’histoire : Ibn Mas’ud, son recueil du Coran, sa mort. Les érudits le savent, Moezzi le sait. Mais l’histoire impériale française n’enseigne que l’histoire impériale du passé, et certainement pas celle de ses opposants bédouins, hébreux ou arabes, qui restent un impensé notable de l’orientalisme.

Continuons avec le christianisme. On nous refait le coup du receuil syriaque, et cela a déjà fait long feu par le passé4. Le passage sur les influences bibliques n’est pas catastrophique, sur ce point c’est plutot la tradition et son rejet des textes chrétiens pourtant cités par le Coran qui est pris en défaut. Mais affirmer sans contexte que “Le mot « Coran » lui-même viendrait de qiriyâna, qui désigne un « livre de prières » en syriaque.” fait références aux vulgarisations très médiatisées et très contestées par les chercheurs des thèses de Luxemberg, qu’il passe discrètement, sans note critique. Or, il n’y a pas que le syriaque et un seul christianisme, toutes les variations du christianisme sont présentes en Arabie : monophysites, nestoriens, jacobites, aryens, eunomiens, probablement nazaréens et ebionites, dont l’oncle de Khadija qui traduit l’évangile depuis l’hébreu (peut etre le syriaque). On devrait mentionner aussi les références coraniques au manichéisme et au zoroastrisme. Le Coran fait des références croisées sur toutes les religions présentes à la fin du monde antique. Rappellons une église insuffisemment évoquée, qui garde des traditions anciennes du christianisme, l’Eglise Ethiopienne du royaume d’Aksoum, avec ses répercussions au Yemen, avec un canon et des traditions très proche de l’Islam5. Le Ge’ez au moins autant que le syriaque doit être étrudié pour les emprunts.

Il n’est donc pas possible de le situer dans un seul de tous ces corants juifs ou chrétiens : le texte opère une reprise, une synthèse et une correction ORIGINALE, en deux temps. Dans un premier temps à La Mecque la reprise du monothéisme (déjà iconoclaste comme le montre l’histoire de Zayd ibn Haritha, le fils adoptif du prophète Muhammad) comme principe de justice contre le proto capitalisme mecquois qui avait précédemment détruit l’ethique et les solidarité tribale3, éthique bédouine que le Coran intègre également dans sa synthèse7. Dans un second temps à Médine dans la formation d’une synthèse nouvelle du monothéisme qui confronte et rassemble les traditions monothéistes, ainsi que des références au zoroastrisme. Donc il est vain de présenter une filiation supposée avec le passé qui oublierait le travail de synthèse, et les réponses nouvelles apportées par Muhammad. Rappellons qu’une influence est toujours un choix parmi toutes les influences possibles, et que quand le Coran reprend le terme nazarène pour désigner l’ensemble du christianisme, il prend à contrepied les courants majoritaires auxquels il est exposé. C’est donc un choix volontaire, une prise de parti. En particulier en Coran 5.82-83, dans un contexte ou la primauté de l’Ecriture s’oppose au clergé, les larmes des “nazarènes” accompagnent la reconnaissance du discours coranique et témoignent de siècle d’oppressions et d’attentes de la résolution du dilemne entre la loi et la conscience que le Coran propose enfin.

L’Islam traditionel fait une évidente impasse sur le sujet, mais nos auteurs syriacisant aussi, semblant relever un sujet, l’hypothèse judéo chrétienne, ils inversent ses conséquences. Rappellons que le judéo-christianisme que l’on dit “hérétique” est une survivance du christianisme “primitif”. En le défendant, le Coran prend à contrepied juifs et chrétiens de leur époque. Ce judéo-christianisme est malheureusement le grand absent de l’histoire moderne : les trois guerres judéo romaines puis les tribues ariennes qui trois siècles plus tard mettent à bas l’empire romain d’occident alors en déclin. Ayant pour conséquence le passage du centre du monde vers Constantinople puis Baghdad, qui représente au bas mot les lumières du moyen age. C’est donc un plaisir que l’on retrouve son histoire à travers l’islamologie. Notons que le “judéo christianisme”, raison d’être de l’antisémitisme chrétien par le passé, reste dans son acception moderne, cette base commune du monothéisme, oubliée mais culturellement persistante dans son iconoclasme et désir de justice. Elle sera traduite en philosophie par la “morale des esclaves”, l’une des raisons d’être de l’antisémitisme moderne, qui l’inclut dans le même sac que le socialisme et les lumières de la révolution française6. C’est évidemment un raccourci, mais il révéle un conflit non dit qui persiste de manière savante dans l’orientalisme et l’islamologie, et nous allons voir, dans un passage de l’article. Surtout, les auteurs qui proposent une filiation judéo chrétienne de l’Islam, n’arrivent jamais jusqu’à dire que c’est un choix qui permet à l’auteur du Coran de confronter ce que sont deux devenus Judaisme et Christianisme à leur dernier ancêtre commun, Jésus et la première église, qui est une synagogue (ekklesia, synago et jama’a ont le même sens, rassembler).

Enfin sur le Coran lui même, Moezzi se reserve le droit de faire une sélection sur ce qui ferait ou non parti du Coran, en se centrant grosso modo sur la partie mecquoise. Attribuant de façon peremptoire un rôle purement spirituel au Prophète, il fait disparaitre le discours sur la justice et les solidarités, ainsi que la critique coranique du discours religieux, cad les conséquences concrètes sur le monde réel. L’Islam selon Moezzi est une dimension purement spirituelle qui n’intervient pas dans la société (d’où vient ce concept ? des références ?). Or les toutes premières sourates sur lesquelles il s’appuit sont celles qui rentrent directement en conflit avec l’injustice de la société mecquoise. Aucune biographie moderne ne loupe ce point. Paiement de la zakat, partage de la nourriture, défense du droit, défense des démunis, respect des liens de solidarités, c’est le propos du conflit mecquois qui aboutira plus tard à l’interdiction de l’intérêt. Il est impossible de le passer sous silence et dire que Muhammad pronnait une reflexion spirituelle désincarnée. L’auteur esquive l’essentiel de la sira mecquoise, la violence des marchands mecquois contre le discours du Prophète qui les interroge dans la sphère publique.

Et cela, il est impossible que ce soit le discours impérial des Omeyyades qui l’ait rajouté. Dans la période mecquoise les puissants Banu Omeyya, Abu Sufyan ibn Harb et Uqba ibn Abi Mu’ayt, font partis des clans dominants en conflit avec Muhammad et la première communauté musulmane. Le fait que ces thèmes soient plus présents dans le Coran que dans la tradition interroge la position de la tradition omeyyade, et pourrait être justement ce qui a poussé l’auteur à éloigner le Coran mecquois d’une retouche omeyyade. Mais alors pourquoi l’occulter ? En oubliant le conflit social initial, l’auteur peut reformuler le jihad comme conquêtes militaires. Or les persécutions puis la guerre contre Quraysh qui aboutira à la conquête de La Mecque, sont la raison du jihad selon la lecture traditionnel de la chronologie du Quran. Le jihad du Coran est réponse proportionnée contre l’injustice quand elle se fait violente, et non conquête. Comment alors faire coexister tradition et écriture du Coran par Abd el-Malik ?

Abd el-Malik aurait selon l’auteur transféré sa refonte du Coran sur Othman. Or cela signifirait rappeler un des arguments du conflit de succession d’Othman, comme lui Banu Omeyya. Il a au contraire du les atténuer pour légitimer et son pouvoir, car le califat d’Othman est le point de rupture de l’histoire musulmane. Toutes les différences entre les différentes traditions musulmanes prennent leur origine dans le conflit de succession, la Fitna, qui continue violemment à cette époque. Abd el-Malik n’a pas pu écrire une tradition qui dit que les soldats d’Othman se sont introduits par la force chez Ibn Mas’ud pour bruler sa recension du Coran. A fortiori pour légitimer ses réformes du Coran imposées par la force par al Hajjaj. Au contraire il devait tout faire pour rendre Othman légitime.

Alors pourquoi l’auteur le choisit ? Parceque la découverte des nouveaux manuscrits et leur connaissance grandissante par le public rend impossible les spéculations passées sur des ré écritures tardives du Coran. Pour se conformer aux datation au carbonne 14 des premiers manuscrits complets du Coran8, utiliser comme dates 685 à 705, avec un pouvoir reconnu par la tradition (qui tout d’un coup devient valable comme source historique), c’est inespéré. Et permet de choquer le sunnisme sur le Coran en respectant ses fondements historiques, le califat Omeyyade.

Toutes les recherches viennent au contraire à montrer qu’il n’y a eu que de très faibles variations du texte. A savoir : un verset sur l’envie, l’ordre des sourates, deux sourates en remplacement des deux dernières sourates du corpus8, ainsi que les propositions chiites visant à souvent lire Ali. Les différentes lectures, y compris Hamza comme survivance de la lecture d’Ibn Mas’ud confirment le texte. Ce qui aurait été rajouté à l’époque d’Abd al Malik par Al Hajjaj et Hassan al Basri sont les points de séparations des versets.

S’il faut faire la critique de l’écriture de l’histoire, l’hermeneutique franco française autour de la laïcité, qui vise à prevenir l’intervention des discours critique des grands récits dans la vie publique, explique les propositions historiques des hyper critiques français, qui nie à l’Islam son rôle social de critique des injustices. Nous rappelons alors cette filiation avec le passé orientaliste, et une époque, la fin du XIXe et son rejet des monothéismes, des lumières et de la Révolution Française pourtant cadre toujours proclamé mais constemment remanié de notre république, et le socialisme, auquels on oppose le cadre economique et politique présenté comme “naturel” et bastion de la “nature humaine”, inchangeable et qui serait responsable de tout les maux actuels. L’orientalisme aime donc les Omeyyades et comme eux occulte la critique sociale de l’Islam.

On pourra donc légitimement s’étonner qu’un courant semblant si fortement positiviste dans son approche ne propose que de la sépculation fondée sur elle même, relisant à sa guise et selon sa propre hermenteutique les données disponibles. Nous laissons le lecteur estimer à quel point il s’oppose de façon progressiste à la tradition.


Notes et références
1. Quraysh and the Roman army: Making sense of the Meccan leather trade, Cambridge University Press: 26 March 2007
2. Voir La voix et le calame. Les chemins de la canonisation du Coran (5) – François Deroche (2014-2015) et Recherches actuelles sur les manuscrits coraniques (12) – François Déroche (2021-2022)
3. Le dernier évenement pre Islam connu dans l’hsitoire de Muhammad est le Hilf al-Fudul. Lire aussi Le capitalisme mecquois et la révolution de l’Islam, et ses références, en particulier Wolf, The Social Organization of Mecca and the Orgins of Islam, et Ibrahim, « Social and Economic Conditons in Pre-Islamic Mecca », International Journal of Middle East Studies, dont le livre, Merchant Capital and Islam, est le fil conducteur de l’article sur Oumma.
4. Pour une lecture érudite et intelligente des références coraniques au judéo christianisme et aux révélations précentes, lire :
– Emran El Badawe, “The Qur’an and the Aramaic Gospel Traditions” (Routledge, 2013), la seule introduction vaut bibliographie sur le sujet.
Holger Zellentin, The Qurʾān’s Legal Culture: The Didascalia Apostolorum as a Point of Departure (Tübingen: Mohr Siebeck, 2013), ainsi que ses écrits disponibles en ligne.
– Catherine Pennaccio, Les emprunts à l’hébreu et au judéo-araméen dans le Coran, Collection « Itinéraire poétique, Itinéraire critique », Librairie d’Amérique et d’Orient, Jean Maisonneuve, Paris, 2014.
5. Le Canon éthiopien contient des textes anciens et apocryphes dont le rapport au Coran est souvent cité, entre autre des versions eunomiennes de la Didaché et la consitution apostolique, Enoch, 4Esdras, le livre des Jubilés, etc. Les pratiques de l’Eglise Ethiopienne témoignent aussi ancienneté et proximité avec l’Islam, les ablutions, les interdits alimentaires, le voile, le sabbat. L’impasse sur ce sujet est incomprehensible et mérite des recherches nouvelles.
6. On en trouvera une critique magistrale, partisane et sans finesse (à coup de marteau ?) chez Luckacs. Voir l’excellente recension de Nicolas Tertulien, La destruction de la raison trente ans après. Notons à sa suite et trop rapidement l’importance d’Aristote dans le réalisme. Que l’on retrouve dans l’eunomianisme.
7. En particulier dans la préservation des liens sociaux et familiaux, malgré le rejet monothéiste du culte des ancêtres, également présent dans le Coran. Pour l’importance de l’Islam comme survivance des pratiques bédouines pour les tribues qui rejoignent le mouvement, voir Marco Demichelis, Kharijites and Qarmatians: Islamic Pre-Democratic Thought, a Political-Theological Analysis, p.109-110 et les références qu’il fournit.
8. Voir l’ensemble évoqué dans Sadeghi, B., Goudarzi, M., Ṣan‘ā’ 1 and the Origins of the Qur’ān, Sadeghi, , Behnam / Goudarzi, , Mohsen, Der Islam. Et la compilation importante d’A. Jeffery, Materials for the History of the Text of the Qur’?n, Leyde, 1937, p. V-VI. Rappelons que l’on parle de mushafs complet possédés par les compagnons, qui manquent de variation significatives hormis celles évoquées plus haut. A ce propos il serait interessant de rappeler le gros effort de la première communauté musulmane, qui enseigne à ses membres la lecture et l’écriture. Ainsi, à Dar al-Suffa, annexe de la mosquée de Médine où les compagnons apprennent la récitation du Coran, ils apprennent aussi à l’écrire.