An Nahl Sequence 1

Première Partie
versets 1 à 4
Allah descend les anges avec l’esprit et créé les cieux et la terre en vérité

Arabe

Français

La partie est construite de trois morceaux
concentriques selon une forme ABA’. Les deux morceaux extérieurs décrivent deux
formes d’action du Dieu, tandis que le morceau central est une adresse à
l’humanité.

Le premier morceau est également de forme concentrique. Dans les deux segments
exterieurs Allah agit, par la parole : le terme “ordre” se retrouve
dans les deux. Son autorité est renforcée par l’injonction “ne pas
précipiter” et le côté arbitraire du choix divin “sur qui Il veut”.
Une action est passée et définitive, c’est l’ordre, donné dès le début du monde
et qui concerne la fin, l’autre est une action continue, comme la pluie qui
tombe, Allah envoie constamment des anges. Ces actions sont en effet dirigées
vers le monde, comme l’indique le terme “descend”. Ainsi l’ordre et
les anges, les deux objets, sont envoyés vers le monde et l’homme, que l’on
trouve ensuite. Au centre du morceau se trouve une louange, accompagnée d’une
remarque sur la supériorité d’Allah en regard des divinités des hommes.

 

Le dernier morceau est composé de deux segments
bimembres, fortement parallèles. Dans leurs deux premiers membres, Allah créé,
d’abord le monde, puis l’homme. Dans leurs deux second membres, nous lisons
l’association de divinités avec Allah, puis l’aspect disputeur de l’homme. Dans
chaque segment, le parallèle entre les deux segments suggère un sens, par
parataxe [cf M. Cuypers, ] :

–         
dans le premier, le parallèle entre les cieux et la
terre avec “ce à quoi ils associent” rappel que l’homme se choisit
des divinités parmi ce qu’il voit, ce qui existe. Or pour l’auteur, ceux-ci
font parti du monde créé par Allah. En ceci il leur évidement supérieur.

–         
dans le second segment, la mise en paralèle entre
“d’une goutte” et “disputeur évident” tend à ramener
l’homme à sa condition et à opposer celle-ci au rôle qu’il se donne en
désignant des divinités : l’homme n’a été créé que d’une petite chose, il se
comporte pourtant comme un dieu. Ce second segment renforce l’idée du premier :
Allah qui a créé le monde et l’homme, est incomparable à ceux-ci.

 

Le morceau central n’a pas la même forme que les
deux autres, il y a un seul segment, trimembre. L’ordre donné aux anges
“Avertissez” dans le premier membre fait echo à l’ordre donné aux
hommes dans le dernier “Itaqou”, c’est-à-dire “soyez
pieux”. Au centre du morceau, la déclaration de l’unicité divine, ici à la
première personne.

 

Ce second morceau est mis en valeur par plusieurs
aspect du texte : il n’y a qu’un seul segment, trimembre, alors que la partie
est composée partout ailleurs de segments bimembre, les deux autres morceaux
décrivent une action, alors que nous avons ici un discours, Allah parle à la
première personne. Ces aspects textuels mettent en valeur le discours divin, au
centre d’une description de deux mondes distincts. Au niveau de sa place, il
fait séparation entre les deux. Mais on remarquera qu’au niveau du sens, il
créé un lien, puisque c’est un discours transmis par les anges du premier
monde, et “Ina”, presque “pour qu’ils” ici, fait
grammaticalement le lien entre le premier morceau et le morceau central. Et
c’est un discours adressé au monde du dernier morceau “devenez
pieux”. Remarquez que l’homme, qui peut être “de Ses serviteurs”
ou “un disputeur évident” est présent dans les deux morceaux, ce sont
donc “Ses serviteurs” qui comme les anges, font le lien entre les
deux mondes et transmettent le discours divin. Ce morceau joue un rôle de
centre entre les deux, par la forme il marque la séparation entre les deux
mondes. Mais il est aussi par le sens ce qui fait le lien entre les deux,
l’invitation d’Allah à le reconnaître et à la “taqwa”, descendu par
les anges vers les hommes.

 

Deux mondes distincts

 

L’existence du monde réel est ici attestée, “avérée”
: “bil haq” donne une notion de réalité. Le texte parle “des
cieux et la terre”, c’est-à-dire l’univers dans sa totalité (comme dans
l’expression “des pieds à la tête”, l’utilisation de deux opposés est
utilisé pour décrire l’ensemble) également décrite comme créée. Ainsi le
discours coranique reconnait la réalité du monde : il a été créé et existe
“bi lhaq”, c’est-à-dire en vérité, en réalité. Ainsi que l’humanité,
qui existe charnellement dans le monde.


Au dessus, un Dieu est présenté ici, qui créé, ordonne, puis agit en envoyant
ses anges vers ses serviteurs, dans le monde. Son action se fait [par, avec,
en] “esprit”. Cet “esprit” est en miroir avec
“vérité”. C’est un monde différent de la réalité observable du monde
créé. C’est celui qui donne la vérité du monde : il a été créé par Allah, qui
n’y est pas inhérent. C’est un dieu unique, et la divinité est présentée comme
surpassant l’univers, puisqu’elle l’a créé. La divinité est en dehors de
l’univers observable, à l’opposé des divinités choisies par l’homme, qui elles
en font parti.


On retrouve ici deux mondes distincts : l’univers dans sa totalité, dans lequel
l’homme évolue, la réalité, et un monde supérieur, duquel Allah, par
l’intermédiaire de ses anges, abreuve le monde réel d’esprit. Ces deux
mondes sont séparés, bien qu’une descente puisse être opérée de l’un vers
l’autre. [alors que le chemin inverse est barré par des meteores].

 

L’association

 

Le terme “youshrikoun”, de la racine
sharik, partager, décrit une action des hommes, qui “partagent”,
divisent, “associent” la divinité. Pour ceux là, la divinité est
associée à des objets pris dans le monde réel, il y a une confusion entre le
monde réél et le monde spirituel. En effet, si l’on reprend le texte du point
de vue de l’homme, il y a deux actions opposées décrites :

 

–         
Les serviteurs de la première partie, qui réçoivent
dans la réalité l’esprit venu d’un Dieu qu’ils reconnaissent unique,
c’est-à-dire exterieur. Il y a là une transcendance qui “par
l’esprit” contemple le monde “en vérité”, et appel “à
craindre”, c’est-à-dire à devenir pieux, humble. L’univers n’est plus un
monde clos, il existe un ailleurs, qui permet de contempler l’univers pour ce
qu’il est.

 

–         
L’homme de la seconde partie, qui élève des
choses réelles en les confondant à la divinité. Il y a là une immanence qui ne
connait pas une divinité unique, mais la partage et l’associe à des choses
materielles, qui sont idéalisées. Cet homme ne voit pas la différence entre les
deux mondes, marquée par la partie centrale, qu’il ne reconnait pas. Il vit
dans un univers clôt, duquel il choisit des idoles auquelles il confère des
pouvoirs divins.

 

Il y a ici une idée paradoxale et typiquement
monothéiste : la transcendance est dans l’ordre reçu par le serviteur et
l’acceptation de la réalité, alors que l’immanence est ici contestation de
l’ordre et idéalisation de la réalité. Le monde est bien réel, mais l’homme est
invité à le dépasser [n’est qu’un lieu, réel mais temporaire, il est invité à
considérer le futur des choses, voir al naba, voir Paul]. L’association, en
niant l’aspect exterieur de la divinité, créé une confusion entre le monde réel
et le monde spirituel, elle adore le monde pour lui-même, en niant un ailleurs.
C’est une vision caractéristique du monothéisme, nous verrons si la sourate
permet d’éclairer ce paradoxe, mais la partie centrale donne un indice :
l’humilité du serviteur. 

 

Seconde Partie
versets 5 à 9
Il a créé les bestiaux pour porter vos fardeaux vers un pays

La partie se
compose de trois morceaux, deux trimembres à l’exterieur et un morceau central
unimembre. Les deux morceaux exterieurs parlent l’un des bestiaux, le betail,
l’autre des animaux que l’on peut monter. Le morceau central loue l’attention
du Seigneur.

Le premier morceau est composé de trois segments. Les deux premiers décrivent
ce que l’homme trouve dans les bestiaux, marqué par la répétition de “pour
vous” dans les deux segments et l’insistance sur “en eux” (fiha,
minha).

 

Les avantages
sont materiels, de la chaleur (d’eux-mêmes, et de leurs peaux ou de la laine comme
vêtments) et de la nourriture dans le premier segment.

 

Le deuxième
segment introduit deux choses nouvelles, à travers une parataxe très
suggestive. Le premier membre reprend une forme du premier segment, cependant
au lieu d’avantages, nous avons la beauté, tandis que les deux derniers
membres, semblable par la forme et opposés par le sens, introduisent l’idée de déplacement.
Ces deux membres évoquent l’idée du travail avec les animaux et les
déplacements dans les montagnes pour les amener paître. Jusqu’au voyage des
populations nomades ou semi nomades. La beauté devient celle des animaux et des
paysages, la contemplation, et à travers elle la satisfaction du travail
accompli, un mode de vie pastoral.

 

Le troisième
morceau est de forme différente, et les bestiaux deviennent sujet. Ce sont eux
qui portent les fardeaux des hommes. Les deux premiers membres mettent en
opposition les bestiaux, qui portent et les hommes qui ne pourraient pas
arriver à destination avec leur fardeaux. Fardeaux est placé dans le premier
membre, objet de l’action des bestiaux, alors qu’il n’a pas d’équivalent dans
le second membre. mais dans le troisième membre, “âme”, induisant
l’idée que ce sont ces fardeaux, trop lours pour l’homme seul, qui brisent son
âme et l’empêchent d’atteindre le pays/la ville.

 

Le dernier
morceau est plus hétérogène. C’est le déplacement qui le structure : le premier
segment décrit les animaux que l’on chevauche, le troisième segment parle de la
direction à suivre sur le chemin. Au centre se trouve l’inconnu, connu d’Allah
seul. C’est bien l’objet de ce passage, plutôt que l’ornement, le visible
inutile (8c), Allah déteint la clef de l’inconnu (8d), et est en conséquence le
plus apte à guider sur le chemin(9c). [Il pourrait être le gardien de cette direction,
si l’on accepte de voir un chiasme en 9a-b : “Et sur Allah / la direction
du chemin / Et de celle-ci / un protecteur”.]

 

Si la structure
du dernier morceau est plus relâchée, le lien entre le premier et le dernier
morceau est très structuré. Les animaux montés font echo au bétail, dans les
deux premier morceaux. La beauté des uns (6a) se retrouve dans la valeur
d’ornement des autres(8c), les premiers portent les fardeaux (7a) tandis que
les seconds portent les hommes (8b). Les deux derniers segments sont liés par
“la direction”, subliminale dans le voyage “vers” une ville
(7a), est développée dans le dernier morceau, quand Allah devient le guide.
Celui-ci est présenté en connaisseur de l’inconnu dans le segment central du
dernier morceau (8d), peut-être en lien avec le voyage évoqué par le
déplacement du second segment du premier morceau (6b-c). Enfin, si le chemin et
les fardeaux provoquent “la division”, Allah pourrait
“assembler”, restant l’enigmatique s”il voulait”, qui sera
développé au cours de la sourate.

 

Dans le morceau
central, la divinité est proche de l’homme, s’en occupe. C’est par sa création
qu’elle se dit perceptible. Les hommes sont invités à trouver dans leur monde
ce dont ils ont besoin, une aide, et finalement une direction vers une ville/un
pays, dont Allah connait le chemin.

 

Les fardeaux de
l’âme

 

2.286, voir
aussi la charge de la terre 99, et le sens parallèle de wezr, que l’on
retrouvera plus loin dans la sourate.

 

Hébreux
11;12;13 : 16 – 19

Mathieu
11:28-30 les fardeaux de l’âme.

Luc 21 19
Possédez vos âmes par votre patience. 20 Et quand vous verrez Jérusalem …

 

Premier Passage
versets 1 à 9

Le passage est composé de deux parties à la structure quasi identique (seul détonne le deuxième morceaux de la première partie, unique morceau bimembre). Le terme Allah fait inclusion, il se troue dans le premier et le dernier membre du passage. Il est aussi présent dans les deux morceaux centraux, d’un seul segment ; l’importance de ceux-ci est redoublée par leur parallèlisme, qui décrivent la divinité. L’action d’Allah structure les morceaux externes, avec la répétition de “Il a créé”, à l’exception du premier, où l’action par la parole, qui agit sur la création est ainsi mis een valeur.

Une autre incusion se trouve dans la répétition du verbe “yacha”, vouloir, en terme finaux des premièrs et derniers morceau du passage. La différence entre les deux membres fait deviner un choix : celui des serviteurs, choisis parmi l’ensemble. Semble alors opposé l’homme, contestataire évident, qui n’arriverai pas seul à sa destination. On trouve d’ailleurs deux mouvements. Dans la première partie il s’agit des anges, qu’Allah envoye avec l’esprit vers le monde. La mise en parallèle des deux parties y voit une réponse dans le voyage de l’homme vers une ville, destination mystérieuse. Certes, “Il créé ce que vous ne connaissez pas”.

Troisième Partie
versets 10 à 13

Allah ordonne les choses pour que vous vous guidier

C’est une partie concentrique, en
trois morceaux. Le ciel dans le premier, puis les astres celestes dans le
second servent de termes initiaux, les signes, et le membre qui le contient
(11d, 13c, répété en 12b) servent de termes finaux. Au centre, le jour et la
nuit, phénomène astronomique.

 

Le premier morceau est composé de
3 segments, selon un arrangement AA’B. Les deux premiers ont pour cause l’eau,
qu’Allah fait descendre du ciel. Les deux morceaux décrivent ce qui sort
“d’elle”, “pour vous”. Outre une boisson, celle-ci produit
une végétation qui nourrit les animaux (premier morceau), puis des fruits
(second morceau). Le troisième est plus énigmatique, et invite à réfléchir pour
trouver des “signes” (“ayat”, même terme que “ayat”,
les versets) dans la description du phénomène naturelle.

 

Cette phrase est repris et
structure les deux segments trimembres du dernier morceau. Dans ceux-ci les
atres du ciel, puis la terre elle-même, servent de termes initiaux, et notre
phrase est reprise comme membre final des deux segments, mettant l’emphase sur
la logique, puis le rappel. L’action d’Allah est omniprésente dans l’univers
décrit, il assujetti les astres (probablement à leur course) et invite à user
de logique (à leur sujet). Il mutltiplie les choses les sur la terre, et
invite à se souvenir de leur différentes couleurs.

 

Différentes ses couleurs

 

On trouve dans ces deux mots un
sens omniprésent dans la partie. Au-delà de la nuit et du jour, qui forment une
paire (toutes choses Nous avons créé par paire), nous avons là une invitation à
contempler la multitude. Dans le ciel, les astres : au-delà du soleil et de la
lune, encore une paire, il y a la multitude des étoiles, et un astre unique
parmi eux, la terre où nous sommes. Il y a la végétation et sa multitude, les
fruits (sont-ils donnés par deux ?) et leur multitude. Tous sont différents,
notamment par leur couleur, tout comme les étoiles.

 

On retrouve les trois nombres de
la grammaire arabe : la multitude (la végétation, les étoiles), le duel (la
nuit et le jour, le soleil et la lune) et le singulier (la terre). Que faire de
l’eau ? Le lecteur est ainsi invité à contempler la diversité de la création,
sa multitude, et les particularités de chaque chose parmi la multitude, que
signifient les couleurs. Pour s’en rappeler. En particulier ici, la
particularité de la terre.

 

Des signes

 

L’affirmation des signes, par son
aspect énigmatique, est une invitation à chercher un sens. Celui-ci n’est pas
donné immédiatement, le lecteur est donc invité à le trouver. Nous avons
regardé ensemble celui des couleurs.

 

Dans le premier paragraphe, nous
sommes invités à contempler le cycle de l’eau, et comment on s’en nourrit : il
produit à boire et des fruits. Outre un pâturage indistinct pour les animaux,
il y a des fruits, que l’homme aussi peut manger. Cela nous rappelle la
distinction dans la génèse, les arbres avec leur semence en eux et ceux qui
produisent du fruit. C’est l’eau qui le nourrit, comme cet arbre du premier
psaume, repris dans le Coran. Cette eau, qui descend du ciel, qui fait vivre la
terre en faisant pousser la végétation est souvent repris, c’est le verset 7:57
qui nous paraît le plus éclairant ici : “C’est Lui qui envoie les vents
comme une annonce de Sa Miséricorde. Puis, lorsqu’ils transportent une nuée
lourde, Nous la dirigeons vers un pays mort [de sécheresse], puis Nous en
faisons descendre l’eau, ensuite Nous en faisons sortir toutes espèces de
fruits. Ainsi ferons-Nous sortir les morts. Peut-être vous
rappellerez-vous.”
Non seulement il reprend l’ensemble des fonctions
que nous avons attribué à l’eau, mais ici les vents / comme annonce de Sa
miséricorde / transportent une nuée lourde, nous invitent à voir un parallèle
entre l’eau descendue et la miséricorde annoncée. N’irait-on pas chercher dans
l’esprit descendu avec les anges au début de la sourate l’explication du signe
donné ici ? L’esprit, descendu continuellement, qui fait vivre la terre, et
sortir d’elle des plantes et des fruits ? Nous avons vu dans la sourate
Al-Naba, que c’est justement la présence ou l’absence de cette eau qui fait la
différence entre la géhenne et le jardin.

 

Reste donc à chercher quels
signes la logique permet-elle de chercher dans les astres.

 

 

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