قَوَّٰمُونَ est utilisé deux autres fois dans le Coran.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُونُوا قَوَّامِينَ بِالْقِسْطِ شُهَدَاءَ لِلَّهِ وَلَوْ عَلَىٰ أَنْفُسِكُمْ أَوِ الْوَالِدَيْنِ وَالْأَقْرَبِينَ ۚ إِنْ يَكُنْ غَنِيًّا أَوْ فَقِيرًا فَاللَّهُ أَوْلَىٰ بِهِمَا ۖ فَلَا تَتَّبِعُوا الْهَوَىٰ أَنْ تَعْدِلُوا ۚ وَإِنْ تَلْوُوا أَوْ تُعْرِضُوا فَإِنَّ اللَّهَ كَانَ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرًا
Ô ceux qui croient, soyez “de ceux qui sont droit” pour la justice, temoins devant Allah, quand même cela serait contre vous mêmes, ou vos enfants ou vos proches. Qu’il soit riche ou pauvre, Allah a priorité sur eux. Ne suivez pas la passion, afin que vous soyiez justes. Et si vous deviez ou vous en détourner, Allah est informé de ce que vous faîtes.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُونُوا قَوَّامِينَ لِلَّهِ شُهَدَاءَ بِالْقِسْطِ ۖ وَلَا يَجْرِمَنَّكُمْ شَنَآنُ قَوْمٍ عَلَىٰ أَلَّا تَعْدِلُوا ۚ اعْدِلُوا هُوَ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَىٰ ۖ وَاتَّقُوا اللَّهَ ۚ إِنَّ اللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ
Ô ceux qui croient, soyez de ceux qui se tiennent droit vers Allah. Des témoins avec justice. Et que ne vous rendent pas criminels la haine contre un peuple injuste. Soyez juste, celà est plus proche du respect. Et respectez Allah, Allah est informé de ceux que vous faîtes.
Ces deux seules autres occurences du termes permettent de cerner le sens premier du terme, se tenir droit devant Allah, pour la justice, “standing firm” en anglais traduit bien l’idée de rester debout, droit. Cette justice, قِسْطِ, revient les deux fois, avec une sens d’équité, qui dépasse les notions de richesse, de proches, ou mêmes d’ennemis. L’équité est placée devant Dieu au dessus des contingences mondaines qui semblent plus importantes aux hommes.
Dans le premier segment de 4.34, ce terme est aussi utilisé en comparaison des proches (les femmes) et de la richesse (des hommes). On reprendra cette notion d’équité par dela le relation et l’argent, intègre semble correcte en français, même si l’on perd la notion de se tenir droit, liée au sens premier de la racine.
ٱلرِّجَالُ قَوَّٰمُونَ عَلَى ٱلنِّسَآءِ
بِمَافَضَّلَ ٱللَّهُ بَعْضَهُمْ عَلَىٰ بَعْضٍ
وَبِمَآ أَنفَقُوا۟ مِنْ أَمْوَٰلِهِمْ
Les hommes doivent être intègres envers les femmes
en raison de ce que Allah a accordé aux uns par rapport aux autres,
et en raison de ce qu’ils dépensent de leurs richesses
Le premier et le dernier membres parlent d’un cas particulier, le rapport des hommes aux femmes, et l’argent que ceux ci dépensent pour elles. Traduire par “responsabilité” cache que la responsabilité est sur eux mêmes, de ce qui leur a été confié, plutot que sur elles. Intègre rend mieux ici la notion. Se dégage un devoir, ne traduit pas une supériorité naturelle ou une autorité absolue, mais bien un devoir constant d’agir avec droiture et équité.
En effet le membre central “en raison de qu’Allah a accordé aux uns par rapport aux autres”. Il y a une notion d’égalisation par rapport à une nature injuste : en fonction de ce qui on reçu plus de Dieu, par exemple la force physique, ici la richesse, il y a devoir d’équilibrer, d’etre juste. L’égalité n’est pas un donné, elle est une transcendance d’une situation injuste. “De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins” semble cohérent avec « en raison de ce que Allah a accordé aux uns par rapport aux autres » au centre du segment.
Le second segment vient en parrallèle du premièr ( بِمَا حَفِظَ ٱللَّهُ ,بِمَا فَضَّلَ ٱللَّهُ). Si les choses sont distribuées inégalement, il en est une qui est cachée (غَيْبِ). Ce qui n’est pas connu de l’homme. Là encore, l’intégrité individuelle, volontaire, transcende ce qui n’est pas naturellement égal, en prolongeant l’action divine : préserver ce qu’Allah préseve.
فَٱلصَّٰلِحَٰتُ قَٰنِتَٰتٌ
حَٰفِظَٰتٌ لِّلْغَيْبِ
بِمَا حَفِظَ ٱللَّهُ
Et les bien agissantes sont fidèles,
préservant ce qui est caché
de ce qu’a préservé Allah
Les deux morceaux indiquent aux deux sexes une voie, de respectez la justice et l’équité dans les rapports, même si celle-ci, n’est pas immanente, déjà présente dans la nature. Allah demande la justice, l’équité.
Comment traduire نُشُوزَهُنَّ ? Il y a un autre parallèle, à la fin de la même sourate, marqué par une reprise de la forme et du vocabulaire. Hamidullah voit l’importance de traduire deux fois de la même façon. Il donne comme sens “abandon” ou “infidélité”. Ici, nous avons un couple, probablement d’opposés (نُشُوزًا أَوْ إِعْرَاضًا), au sens premier se dresser (comme قَوَّمُ) et se détourner. Infidélité fait echo à la fidélité au segment précédent, je pense que c’est ce qu’il faut garder.
وَإِنِ امْرَأَةٌ خَافَتْ مِنْ بَعْلِهَا نُشُوزًا أَوْ إِعْرَاضًا فَلَا جُنَاحَ عَلَيْهِمَا أَنْ يُصْلِحَا بَيْنَهُمَا صُلْحًا ۚ وَالصُّلْحُ خَيْرٌ ۗ وَأُحْضِرَتِ الْأَنْفُسُ الشُّحَّ ۚ وَإِنْ تُحْسِنُوا وَتَتَّقُوا فَإِنَّ اللَّهَ كَانَ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرًا {128}
128. Et si une femme craint de son mari (ba’alha) infidélité ou abandon, alors ce n’est pas un péché pour les deux s’ils restaurent entre eux deux une restauration (صُلْحًا), et la restauration est un bien. Et les âmes sont portées à l’envie. Et si vous faîtes mieux et respectez… Allah est de ce que vous faites informé.
On reprendra le même terme qu’en 4.128, avec également la même vision de restaurer, et celle qui est portée au dessus de s’élever vers la justice.
وَٱلَّٰتِى تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ
فَعِظُوهُنَّ
وَٱهْجُرُوهُنَّ فِى ٱلْمَضَاجِعِ
وَٱضْرِبُوهُنَّ
Et celles dont vous craignez l’infidélité,
alors conseillez-les,
éloignez-vous d’elles dans le lit,
donnez-leur des exemples
ٱضْرِبُوهُنَّ est bien entendu de donner des exemples, comme en 2.26 (إِنَّ اللَّهَ لَا يَسْتَحْيِي أَنْ يَضْرِبَ مَثَلًا مَا بَعُوضَةً فَمَا فَوْقَهَا). En cela il fait parallèle avec “conseillez les” dans le premier membre. Le Coran ne marche pas avec une escalade progressive mais avec des formes parallèles et concentriques. Eloignez vous d’elles dans le lit, au centre, c’est progressivement mettre fin à la relation, trouver une solution à ce qui est caché, et ne pas faire reposer la relation sur une sexualité qui pose problème.
De plus cela prépare le paralllèle avec أَطَعْنَكُمْ dans le verset suivant (termes crochets, qui marque le passage d’une unité à une autre). أَطَعْنَكُمْ est un verbe qui est adressé en 3.50 par Jésus à ses disciples. Obeissez parait légèrement trop. Logiquement on le retrouve en syriaque dans l’Evangile (Mathieu 23:3, Jean 14:15, 2Pierre 3:17, 1Jean 5:21 ). Chez Jean : ܐܢ ܪܚܡܝܢ ܐܢܬܘܢ ܠܝ ܦܘܩܕܢܝ ܛܪܘ , « et si vous m’aimez observez mes commandements« . Observer est plus interessant qu’obeir. C’est un choix individuel, on fait quelque chose par ce que l’on adhère, pas par coercition. Le terme veut dire aussi “garder” et fait donc un parallèle avec حَٰفِظَٰتٌ plus haut.
فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ
فَلَا تَبْغُوا۟ عَلَيْهِنَّ سَبِيلًا
إِنَّ ٱللَّهَ كَانَ عَلِيًّا كَبِيرًا
Et si elles observent,
ne cherchez pas envers elles de voie.
Certes, Allah est Transcendant et Grand.
La question posée dans le segment précédent est réglée entre les deux, par la discution. Comme dans 4.128 où la relation est restaurée. La fidélité et l’équité sont mises en avant sur les contingences immanentes au mondes qui provoquent inégalités et discorde. Dieu met en avant le bon comportement (salihat) et l’équité (qist) comme solutions possibles. Il convient surement de traduire ici عَلِيًّا, hauteur, par transcendance. Notons l’assonance avec عَلَيْهِنَّ .


Le verset est composé de quatre segments dans un chiasme ABB’A’. Les deux premiers segments mettent en avant l’égalité transcendance qui doit être appliquée par les les hommes et les femmes respectivement, rapport à une situation donnée qui ne l’est pas. Intégrité et bien agir.
Les deux derniers segments montrent un problème, l’infidélité, qui sera reprise pour l’homme dans le verset 128 de la même sourate. S’écarter du probleme est conseillé, en esperant sa résolution.
Le lien entre les deux morceaux sont fait par l’opposition entre intègre et infidélité, deux verbes don’t la racine est s’élever. Il est fait par l’opposition entre les deux paragraphes centraux, et la reprise des versets où Dieu est mentionné, Dieu créateur dans le premier morceau, Dieu transcendant dans le second.