Ou les finalités de l’Islam, d’après notre lecture du Coran
Autodétermination de l’homme
- L’humanité vis et agit à partir des ressources de la nature (rizq, na3ima). Reconnaissance de l’apport de Dieu qui nous pousse vers le haut par les dynamiques internes à la nature.
- L’homme ne peut pas se satisfaire de profiter des apparences et de l’amour des richesses, mais accepte cette poussée vers le haut de la vie, de l’intelligence. Refus du mondain (dunya) au profit du réel qui tend vers des réalités supérieures.
- L’homme ne doit pas se soumettre à des parties de la nature, ni à des systèmes sociaux, ni a des symboliques. Le ciel des idées doit être nourrit par l’homme, mais pas son maitre. Le refus de l’association c’est le refus de l’humanité de se souemttre à ce qu’elle a construit elle même. Le Dieu monothéiste n’est pas une partie du réel mais un Dieu transcendant (unicité), qui nous permet à notre tour de transcender notre réalité. Lire aussi : Réification, aliénation, le capital comme ordre supérieur
- L’homme voyage et se guide par les étoiles, les ruines des civilisations, la nature, le texte révélé : le ciel des idées permet à l’homme de s’orienter au delà du mondain, de surnager au dessus de l’experience vécue. Les mots et l’intelligence permettent d’échanger au delà des déterminismes naturels ou sociaux.
- Par la praxis, le travail de l’humanité sur la réalité terrestre, l’humain participe de la réalité naturelle, mais s’en extrait. De même part de la réalité sociale et la dépasse. La dualité sujet-object émerge de la dialectique entre la nature et la société, puis entre la société et l’individu. (IMMANENCE et TRANSCENDANCE Le chemin vers la liberté et l’autodétermination de l’humanité)
- C’est seulement à travers Dieu que l’homme se met au service d’idéaux. Dieu qui leur donne leur cohérence. L’égalité, la justice, la vérité sont des principes metaphysiques, qui ont des fondements réels, sont révélés par la pratique.
Al Khalifa : la responsabilité sur le monde
- Par cette distance prise, au dessus la réalité, l’humanité essaye de surnager en haut du réel. (Sabi7). L’humanité progressivement devient capable de khalifa sur terre : prendre devant Dieu la responsabilité de la vie et de l’intelligence, accepter d’accomplir le projet de Dieu, l’Islam, le Royaume de Dieu.
- La réalisation de l’humain vient par la réalisation du plan divin : le chemin vers l’autodétermination est le chemin vers une coordination adéquate de l’individu, du groupe, de l’humanité, de la vie sur terre. L’émancipation ne peut se faire que par la transformation de la société, et du rôle collectif dans la réalité de la vie sur terre. Rendu intelligible : CALIFAT ou OUMMA L’Islam comme sujet de l’histoire
- Cette réalisation de l’humain est la poursuite du processus d’hominisation, lorsque l’humanité prend conscience d’elle même, devient son propre objet, et travail volontairement à son progrès. Passer de l’humanité en soi à l’humanité pour soi en prennant la responsabilité consciente du rôle de l’humanité sur la vie terrestre, et de l’appareil de production, qui est la réalité de la praxis, l’action de l’homme sur la nature et sur lui même.
Salam, l’homme est appelé à s’extraire des conflits.
- Partage des fruits. – Patience, foi et actions salutaires – Respect de la vie
- Les conflits sont une réalité de l’Histoire du monothéisme et de la révélation, qui s’est faite en large part dans la resistance culturelle et vécue de populations nomades et pastorales (Abel) contre les cités empires de différentes époques (Cain). Le départ d’Abraham de Ur, les hyksos, shasous, apirous (hébreux) contre l’Egypte, le judéo christianisme contre Rome, les bédouins arabes contre les marchands Quraysh puis partant libérer les populations des empires byzantins et sassanides.
- Par l’experience de ces conflits et de la resistance à ces empires, ces bédouins produisent une critique du religieux mystique et autoritaire. Cette critique permet l’élaboration d’une ethique pratique, libératrice, fondée sur un Dieu unique. Comprendre l’histoire du monothéisme comme resistance à l’injustice, permet de comprendre l’élaboration des idéeaux de justice, de partage, de vérité présente dans la révélation.
- Remplacement des conflits mimétiques pour l’appropriation (médiation interne, l’objet du conflit n’est pas partageable) en construisant une communauté dont la finalité est le travail de la Terre (partageable) selon le projet divin (partagé => médiation externe). Un exemple dans les débuts de l’Islam : Omar, les qurra; et la conquête de l’Iraq
Réalisation de l’homme
« Lève ta face vers la religion en hanif, la conception de Dieu selon laquelle il a conçu l’homme »
- La pratique du système éthico-pratique du Coran force l’homme au travail sur lui-même, jihad al nafs. Lui sont révélés par cette pratique des mécanismes internes et sociaux, qu’il transforme. Début d’une certaine objectivité par le respect de soi, respect de l’autre, respect de la nature. La Taqwa: le respect de l’engagement. Réponse à Rachid Benzine : Trois découpages possibles
- Les limites naturelles, testées et validées par le jeûne, sont prises en compte, et révèlent la possibilité d’une certaine volonté propre, indépendantes des besoins naturels. Agir par et pour soi. Les liens sociaux sont révélés également par : les interdits alimentaires (séparation de soi du groupe), le sabbat (séparation de soi de la production), la zakat (compréhension de l’autre et confrontation avec les problèmes du groupe social).
La oumma, résolution du conflit entre le groupe et l’individu
- Découverte des limites de l’affranchissement solitaire de soi : les autres, l’ordre social. La normalité quotidienne. Nécessité d’une action collective.
- Problème de la confrontation du groupe social par la mise en évidence de la vérité, la révélation des problématiques du fonctionnement social dans ses effets réels. Confrontation entre l’idéologie d’une société et le constat objectif expérimenté par les individus opprimés ou en marge. Schéma prophétique des difficultés à faire passer le message, à changer la société humaine.
- Mise en branle d’un groupe minoritaire par une pratique commune visant à transformer le groupe large : la oumma.
- Transformer le monde réel par des pratiques dont la visée est en même temps émancipation de l’individu, la formation du collectif, la réalisation du projet. La fin se trouve dans les moyens mis en œuvre.
- Constituer une communauté dont l’intérêt permette la généricité du groupe humain, visant la place adéquate de l’humanité entre Dieu et Nature.
- L’Islam fournit un système ethico pratique à l’échelle individuelle plutot qu’une réflexion sur le collectif. Pourtant la réalisation individuel de ce système semble générer des effets collectifs et la constitution d’un groupe, de sorte que le religieux semble toujours une pratique collective. De fait la réduction du religieux à une pratique individuelle et son interdiction dans l’epace publique revient à le rendre inopérant, et à substituer l’état comme absolu à la place des valeurs humaines construites dans le ciel des idées.